La petite conformiste

C’est plein d’humour, de lutte des classes, de confusion des religions, de famille un peu berzingue et d’enfance.

La petite conformiste de Ingrid Seyman

C’est chou

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Esther est une enfant de droite née par hasard dans une famille de gauche, à Marseille, au mitan des années 70. Chez elle, tout le monde vit nu. Et tout le monde - sauf elle - est excentrique.

Sa mère est une secrétaire anticapitaliste qui ne jure que par Mai 68. Son père, Juif pied-noir, conjure son angoisse d'un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir. Dans la famille d'Esther, il y a également un frère hyperactif et des grands-parents qui soignent leur nostalgie de l'Algérie en jouant à la roulette avec les pois chiches du couscous. Mais aussi une violence diffuse, instaurée par le père, dont les inquiétantes manies empoisonnent la vie de famille.

L'existence de la petite fille va basculer lorsque ses géniteurs, pétris de contradictions, décident de la scolariser chez l'ennemi : une école catholique, située dans le quartier le plus bourgeois de la ville.

La petite conformiste est un roman haletant, où la langue fait office de mitraillette. Il interroge notre rapport à la normalité et règle définitivement son sort aux amours qui font mal. C'est à la fois drôle et grave. Absurde et bouleversant.

« J'avais mon rond de serviette chez les Robert, les Lafond et les Barthélemy de Saizieu. Chez eux, je menais la vie de château, une existence sans représailles, faite de gâteaux au yaourt confectionnés par des mères au foyer et par ailleurs profs bénévoles de catéchèse, de dîners en famille sans les couilles de mon père avec des miettes de pain dessus (on ne mangeait jamais nu chez les Robert), de parents qui s'aimaient sans briser d'assiettes sur les murs et jamais en levrette sur le clic-clac du salon. »

Le sentiment d’imposture

Imposteurs réels ou fantasmés, de nombreuses tensions les travaillent.

Le sentiment d’imposture de Belinda Cannone

Belinda Cannone tente de démêler tout ça et d’aller au plus profond de ce sentiment. Pourtant, la facette féminine de ce concept beaucoup traité dans les questionnements féministes aujourd’hui n’est malheureusement effleurée ici et aurait sûrement mérité une plus grande place… Pour autant, n’oublions pas que cet essai date de 2005 et que cette vision de l’imposture n’était pas autant réfléchie qu’aujourd’hui.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Par « imposteurs », Belinda Cannone ne désigne pas les escrocs de la confiance, ceux qui en imposent ou qui usurpent une place. L'auteur décrit un sentiment très commun mais qu'on a toujours grand soin de cacher : l'intime conviction de ne pas être celle bu celui qu'il faudrait être pour occuper légitimement la place dans laquelle on se trouve, et la crainte d'être démasqué. Si ce trouble met en cause l'identité, il n'engage pourtant, pas la question : « qui suis-je ? », mais : « suisje celle ou celui que je devrais être pour me trouver à cette place ? ». Et toutes nos ambitions, quelle qu'en soit la nature (professionnelle, amoureuse, existentielle, etc.), peuvent susciter cette inquiétude. En trente-six allègres chapitres qui vont de la littérature à la psychanalyse en passant par le cinéma, la politique ou nos expériences quotidiennes, cet essai propose récits et réflexions sur l'origine et les manifestations de ce sentiment d'imposture

La loi du rêveur

Daniel Pennac nous emmène dans ses rêves et dans les rêves de ses rêves à la rencontre de son enfance, de la légèreté et d’un peu de folie. Un voyage avec Federico Fellini et de tous les possibles.

La loi du rêveur de Daniel Pennac

A l’âge ou les articulations se font sentir, Pennac plonge et s’envole…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'ampoule du projecteur a explosé en plein Fellini. Minne et moi regardions Amarcord du fond de notre lit.

- Ah ! Non ! Merde !

J'ai flanqué une chaise sur une table et je suis monté à l'assaut pour changer l'ampoule carbonisée. Explosion sourde, la maison s'est éteinte, je me suis cassé la figure avec mon échafaudage et ne me suis pas relevé.
Ma femme m'a vu mort au pied du lit conjugal.
De mon côté je revivais ma vie. Il paraît que c'est fréquent. Mais elle ne se déroulait pas exactement comme je l'avais vécue

Petites misères de la vie conjugale

Balzac observe le mariage d’Adolphe et Caroline, des premiers rapprochements économiques avec la dot et les rentes jusqu’au pacte final de bonne entente en passant par toutes les ruses, les duperies, les jalousies et les fiertés d’Adolphe.

Petites misères de la vie conjugale de Honoré de Balzac illustrations de Bertall

Et Adolphe semble bien pauvre et Caroline fort niaise…

Puis vient une seconde partie, celle qui donne tout le sel et la force à ce livre, celle qui dévoile un Balzac (pas forcément féministe, tant le mouvement n’était alors qu’à ses premiers balbutiements en France) subtil et doué d’une grande sensibilité féminine et qui se plait à décortiquer l’institution du mariage.

Un livre drôlissime, illustration par l’exemple de la physiologie du mariage auquel il fait fréquemment référence, et dans lequel la femme suit son mari là où elle le mène.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Balzac se promène en observateur amusé dans l'intimité des couples : dans cette suite de saynètes sur la vie conjugale, il porte à son apogée le genre des physiologies - petites études de moeurs traitées avec légèreté.

L'essentiel est alors de saisir sur le vif les petites mesquineries et les grandes déceptions du mariage bourgeois - tout en gardant toujours un rire généreux. D'un côté, Adolphe, l'homme bourgeois, se signale par une aridité mentale désespérante ; de l'autre, la femme, Caroline, est réduite à être l'un des « plus jolis joujoux que l'industrie sociale ait inventés ».

Ensemble, les jeunes époux vont suivre pas à pas le chemin qui mène de la promesse de bonheur aux « misères » du mariage. Le narrateur, lui, se permet de délicieusement compter les points dans la guerre des sexes

Centre

Voilà un livre qui pourrait sembler bien profond mais qui ne rivalise guère qu’avec les maximes bouddhistes illustrant les photos des instagrameuses en collants lycra devant les couchers de soleil maldiviens.

Centre de Philippe Sollers

Et si ce prétentieux recueil de pensées paraîtrait sagace grâce à ses petits chapitres prometteurs… Il ne fait malheureusement qu’esquisser de vagues concepts sans prendre le risque de les fouiller. Qui plus est, l’auteur m’a franchement lassé à force de discréditer les gueux, incultes et pisse-froid qui oseraient le juger. Il ne s’agit finalement là que d’une ode à l’intellect de Monsieur Sollers et de sa si délicieuse et brillante maîtresse.

Un beau style, certes, un peu d’érudition, soit ! Et ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Nora, 40 ans, est psychanalyste. Son amant, un romancier français controversé peu nobélisable, s'intéresse de près à Freud et à Lacan. Il veut aussi comprendre pourquoi, récemment, contre toute attente, Paris est brusquement redevenu le centre d'un monde secret et nouveau.
Ph. S.

Les imparfaits

Ils sont vieux désormais, et elle est morte.

Les imparfaits de Sandrine Yazbeck

Un livre sous la forme de trois monologues qui s’entrecroisent au sein d’un triangle amoureux. Un livre d’egos trop forts, d’oublis de soi, d’incompréhensions, d’espoirs déçus, de culpabilités et de regrets. Les loupés de la vie.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Londres 2013. Gamal, ancien grand reporter de guerre et prix Pulitzer, n'a plus eu de nouvelles de sa femme depuis cinq ans. Aussi, quand il découvre qu'Howard, son meilleur ami, se rend en secret à Positano dont elle est originaire, tout se met à vaciller.

Entre mensonge et trahison, amour, amitié et rivalité, le puzzle d'un trio apparemment parfait s'ouvre sur leurs failles et leurs secrets. À la fois intimiste et ouvert aux grands enjeux du monde, Les Imparfaits entrelace avec une grâce et une subtilité rares les émotions, les relations, les leurres que nous entretenons autant avec ceux que nous croyons connaître qu'avec nous-mêmes

Jour de courage

Un jeune élève profite d’une conférence à l’école sur les autodafés pour aborder le traitement des homosexuels par le nazisme et ainsi, de manière détournée, faire son coming-out.

Jour de courage de Brigitte Giraud

Un récit ou l’histoire se mêle au concret, comme une allégorie de la difficulté d’être soi, revendiqué devant le groupe.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lors d'un exposé en cours d'histoire sur les premiers autodafés nazis, Livio, 17 ans, retrace l'incroyable parcours de Magnus Hirschfeld, ce médecin juif-allemand qui lutta pour l'égalité hommes-femmes et les droits des homosexuels dès le début du XXe siècle. Homosexuel, c'est précisément le mot que n'arrive pas à prononcer Livio : ni devant son amie Camille, dont il voit bien qu'elle est amoureuse de lui, ni devant ses parents. Magnus Hirschfeld pourrait-il parler pour lui ? Sous le regard interdit des élèves de sa classe, Livio accomplit alors ce qui ressemble à un coming out.

Deux histoires se mêlent et se répondent pour raconter ce qu'est le courage, celui d'un jeune homme prêt à se livrer, quitte à prendre feu, et celui d'un médecin qui résiste jusqu'à ce que sa bibliothèque de recherche soit brûlée vive. À un siècle de distance, est-il possible que Magnus Hirschfeld et Livio se heurtent à la même condamnation ?

Ça raconte Sarah

Une passion, folle, qui emporte tout, qui crie, embrasse, mors, déchire, attend, baise, hurle, aime et aime encore plus que c’en est plus possible

Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard

Puis une deuxième partie ahurie d’avoir tant aimé

Deux femmes qui se rencontrent dans une tornade de passion

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d'une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l'allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l'étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d'une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.

Le sort tomba sur le plus jeune

Un livre sur les puants, les grosses merdes, les pédophiles, les abuseurs, les pères incestueux… Tous ces hommes qui, forts de leurs muscles, fric, statut ou pouvoir en profitent pour avilir, salir, déchirer et assassiner l’enfance et l’innocence pour leurs visqueuses jouissances.

Le sort tomba sur le plus jeune de Sophie Blandinières

C’est rude, pas toujours facile à lire, les phrases peuvent être aussi tortueuses que les hommes qu’elles décrivent, les consolations sont rares et les victimes trop souvent isolées dans leur douleur.

Un témoignage, un roman, un reportage ou une enquête, finalement, qu’importe…

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis là pour nager, pour couler, pour sortir de l'eau casquée et en colère. Je suis venue empêcher que des enfants soient inhumés avec les faits sans clairons. On leur doit bien une oraison funèbre. Je suis venue porter plainte. Je suis venue réveiller les petits cadavres, leur prêter ma voix de stentor, faire une chaîne avec eux et nous allonger sur les places, sur les routes, nous suspendre aux nuages, nous jeter avec la pluie, menacer enfin, troubler l'ordre public en étant simples et laids, pitoyables et repoussants, prêts à horrifier. »

C'est une histoire d'enfants, dont elle fut, qui ne grandiront jamais comme les autres, prisonniers à perpétuité de ces années où ils ont été les jouets de prédateurs, pédophiles ou parents incestueux. Pour les raconter tous, Sophie Blandinières livre un roman aussi brûlant qu'une déposition collective

Les inéquitables

En commençant ce Djian, j’ai craint un « encore même livre coké et désabusé de losers à la dérive », sorte de pâle imitation de Bret Easton Ellis dans ses mauvais jours… Et pourtant, très bonne surprise !

Les inéquitables de Philippe Djian

Djian prend son temps dans ce petit roman noir pour installer la déprime et ose la surprise et rebat (au sens propre et figuré) les protagonistes dans une peinture noire digne d’un Soulages dépressif.

Et s’il manque des éléments que l’auteur a dû probablement sacrifier au bénéfice du rythme, c’est tant mieux. Glauque et incisif

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Diana se remet progressivement de la mort de son mari Patrick survenue il y a tout juste un an. Marc, le frère de Patrick, vit chez elle pour veiller sur sa santé et sa sécurité. Mais la découverte fortuite par Marc de trois paquets de drogue échoués sur la plage vient soudain bousculer ce lent retour à la vie. Décidé à revendre la marchandise, Marc s'adresse au frère aîné de Diana, avec qui elle entretient de très mauvaises relations. Et les ennuis s'enchaînent aussitôt.

Les couples se trahissent, les amitiés se défont, l'amour flirte avec le meurtre, et, au milieu de ce vaste dérèglement, naissent bientôt de nouveaux sentiments. On retrouvera dans ce roman les thèmes chers à Philippe Djian et son écriture intransigeante et vive - ne laissant aucun temps mort et créant toujours la surprise