Sfumato : je n’ai jamais vu la Joconde en vrai

Curieuses-eux, vous aimez l’art ? Vous ne prenez pas tout ça trop au sérieux ? Un petit peu de fiction (ou d’auto-fiction) ne vous déplaît pas ?

Art&Fiction est là pour vous !

Combien j'ai pu être émue par des concepts, enfin, émue n'est peut-être pas le bon terme, disons stimulée, quand j'ai découvert la fameuse Fountain de Duchamp, à savoir un urinoir, un ready-made de 1917.
Une œuvre qui n'est œuvre que parce que c'est l'artiste qui le décide, il n'a qu'à la pointer du doigt et, du haut de son statut, la transformer en œuvre d'art.
Sfumato : je n’ai jamais vu la Joconde en vrai de Florence Grivel

Florence Grivel nous parle d’art avec amour et humour. Décalée et intime elle parle d’elle au travers d’œuvres, de voyages, de rencontres et d’anecdotes

Parfois ce vocabulaire par capillarité ou porosité (!) fait irruption dans celui de tous les jours.
 - L'autre jour, on s'est offert un délire en plein air, total land art gourmand style, quand on a terminé, les gosses ont fait une danse des détritus, so esthétique relationnelle.
 - Ah, tu veux dire que vous avez fait un pique-nique ?

Un petit voyage artistique de la Joconde à la Fontaine, doux, drôle et poétique

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sous de faux airs de divagation autour de la formation artistique de l'auteure, "Sfumato" est un conte alchimique, un récit initiatique où la narratrice passe d'une quête de ses besoins vers celle de son désir. Dans une succession de vignettes visuelles et richement colorées, elle est tantôt déboussolée par son bagage d'historienne de l'art et tantôt orientée par des rencontres qui la prennent au dépourvu et qui lui indiquent que l'énergie vitale qu'elle cherche dans son commerce avec l'art n'est pas où elle le pense. D'une écriture enjouée, l'auteure s'échappe des salles de musée vers les collines toscanes, flâne au marché et plonge dans les eaux vivifiantes d'une plage marseillaise. Au passage, elle aura pris des nouvelles de Vermeer et de Duchamp, se sera souvenue de Rosemarie Castoro et d'Yves Klein, mais n'aura toujours pas vu "La Joconde" en vrai

La colère de Maigret

Voilà donc un excellent Maigret ! Une intrigue pas trop compliquée, quelques chausses-trappes, un commissaire qui doute, un Maigret humain, véritable !

 - Cela fait un bout de temps... s'exclamait-il en regardant autour de lui, sa casquette à la main. Vous vous souvenez du Tripoli et de la Tétoune?
A deux ou trois ans près, les deux hommes devaient avoir le même âge.
- C'était le bon temps, dites donc!...
Il faisait allusion à une brasserie qui existait jadis rue Duperré, à portée de pierre du Lotus, et qui avait eu, avant la guerre, tout comme sa patronne, son heure de célébrité.
La Tétoune était une opulente Marseillaise qui passait pour faire la meilleure cuisine méridionale de Paris et qui avait l'habitude d'accueillir ses clients par de gros baisers et de les tutoyer.
C'était une tradition, en arrivant, d'aller la voir dans sa cuisine, et on rencontrait chez elle une clientèle inattendue.
La colère de Maigret de Georges Simenon

Et aussi un petit polar de rien du tout qui raconte Paris, un vieux Paris avec ses cabarets, sa faune interlope, ses petits brigands, et le milieu presque gentillet de Paris la nuit.

Avec une bonne grosse colère qui lui donne son titre… et sa saveur

Maigret 89/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était midi et quart quand Maigret franchit la voûte toujours fraîche, le portail flanqué de deux agents en uniforme qui se tenaient tout contre le mur pour jouir d'un peu d'ombre. Il les salua de la main, resta un moment immobile, indécis, à regarder vers la cour, puis vers la place Dauphine, puis vers la cour à nouveau.
Dans le couloir, là-haut, ensuite dans l'escalier poussiéreux, il s'était arrêté deux ou trois fois, faisant mine de rallumer sa pipe, avec l'espoir de voir surgir un de ses collègues ou de ses inspecteurs. Il était rare que l'escalier soit désert à cette heure mais cette année, le 12 juin, la P.J. avait déjà son atmosphère de vacances.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La colère de Emile Boulay, patron de plusieurs cabarets montmartrois, est découvert étranglé près du Père-Lachaise. Avec qui avait-il rendez-vous ? Pourquoi, quelque temps plus tôt, cet homme habituellement si économe a-t-il retiré 500 000 francs de son compte bancaire ? Peu à peu, Maigret reconstitue les faits et découvre que Boulay est soupçonné de n'être pas étranger à la mort d'un racketteur du nom de Mazotti. Et, lorsqu'il s'apercevra que son nom a été cité, dans une sordide escroquerie, comme celui d'un policier corruptible, sa colère éclatera...

Une confidence de Maigret

Derrière sa bonhomie, il y a chez Maigret une sorte d’humilité et de résignation face à l’imperfection du système judiciaire. Cela l’amène – lorsqu’il le faut – à s’arranger avec la justice, la loi, les juges et les textes…

Elle lui serra le bras plus fort.
 - Ce n'est pas ta faute...
 - Je sais...
Il y avait aussi quelques affaires dont il n'aimait pas se souvenir et, paradoxalement, c'étaient celles qu'il avait prises le plus à cœur.
Une confidence de Maigret de Georges Simenon

Car parfois, il se retrouve bien impuissant face à une affaire qui lui échappe pour tomber dans les mains d’un juge pressé, des médias impatients, d’une foule avide…

Tout était décevant. Les géraniums étaient bien à leur place, mais c'était le seul détail à correspondre à l'image que le commissaire s'était faite. Le logement, était banal, sans une touche personnelle. La fameuse cuisine-salle à manger, où avaient lieu les dînettes, avait des murs d'un gris terne, des meubles comme on en trouve dans les meublés à prix modeste.
Annette ne se changeait pas, se contentait de se donner un coup de peigne. Elle aussi décevait. Elle était fraîche, certes, de la fraîcheur de ses vingt ans, mais banale, avec de gros yeux bleus à fleur de tête. Elle rappelait à Maigret les photographies qu'on voit à la vitrine des photographes de province et il aurait juré qu'à quarante ans ce serait une femme énorme, aux lèvres dures.

Au profit d’une soirée chez les Pardon, alors que son ami le médecin se désole de son impuissance, Maigret se confie

Maigret 82/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le gâteau de riz de Mme Pardon.
La bonne venait de poser le gâteau de riz au milieu de la table ronde et Maigret était obligé de faire un effort pour prendre un air à la fois surpris et béat, tandis que Mme Pardon, rougissante, lui lançait un coup d'œil malicieux.
C'était le quatrième gâteau de riz, depuis quatre ans que les Maigret avaient pris l'habitude de dîner une fois par mois chez les Pardon et que ceux-ci, la quinzaine suivante, venaient boulevard Richard-Lenoir, où Mme Maigret, à son tour, mettait les petits plats dans les grands.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'affaire, au départ, semblait banale. Adrien Josset avait connu une belle réussite sociale. Il avait une jeune maîtresse. Il n'en fallait pas plus pour faire de lui, après l'assassinat de son épouse, le suspect numéro un...
D'autres éléments, surgissant au fil de l'enquête, allaient non seulement accroître les soupçons, mais en outre le rendre odieux à l'opinion publique. Et aux jurés. Des années plus tard, Maigret raconte à son ami, le Dr Pardon, cet épisode qui continue à le troubler. Jamais il n'y a eu de preuves, ni d'aveux. Et jamais il n'est parvenu à se convaincre de la culpabilité de Josset... Il n'y a pas que des triomphes dans la carrière du commissaire Maigret. Des doutes, aussi.
Mais qu'y peut-on ?
Certaines existences et certains drames gardent définitivement leur secret

Album sans famille

David Gagnebin-de-Bons est photographe, et, tombant sur un album photo dans lequel en manquent certaines, il entreprend de le décrire.

Ce doit être à nouveau un site de la guerre. Pas un champ de bataille, mais une plaine commémorative, comme celles qui s'étendent d'ouest en est sur la ligne de l'acien front. Je peux le dire par la végétation rase et primitive que foulent au pied les marcheurs équipés pour parcourir une distance de plusieurs heures. Visible, l'horizon paraît très abaissé, écrasé par le stratus et incertain dans la brume qui se lève sur l'étendue plate et herbeuse, presque sans collines ni vallon. Assurément, si des hommes se sont battus ici, ce n'était que pour mourir.
Album sans famille de David Gagnebin-de-Bons

Avec un style poétique et intemporel, il raconte, les paysages, les personnage, les natures mortes… Un album dont la vie s’est enfuie.

Cette photographie est un dessin crépusculaire: des points et des lignes sur un plan sans perspective. Une idée de l'organisation du monde qui s'embrasse d'un regard. L'univers apaisé.
Hors champ: les luttes des hommes, le commerce, la clameur de l'histoire, le temps qui a passé si vite et les vies en morceaux. Mais sur l'image: les formes.

Mais on s’y ennuie un peu jusqu’à ce qu’il nous parle hors cadre, de ce qui n’est pas visible… hélas, trop rarement

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Album sans famille est un corpus uchronique d’images décrites où l’auteur tente de reconstruire un lien d’apaisement et d’espoir avec le monde. Dans une langue riche et jalonnée d’indices, le récit fait émerger des scènes définitives et sensorielles: celles d’une suite possible de notre monde, toujours imparfaite et incomplète, mais en apparence toujours inéluctable. Des images nous parviennent, racontées par une voix solitaire et perdue dans le temps. Celles de cet album de photographies retrouvé mais auquel manque pour toujours une famille. Cet album sans sorties dominicales, sans fêtes… Aucun enfant assis sur le muret, aucune grande roseraie; ni mariages, ni hasard d’un instant domestique.
Dans l’album, se révèlent entre les vides laissés par les pages arrachées, les plaines commémoratives d’une guerre trop proche, les mégapoles inhumaines et la présence insistante de sa créatrice, une femme, photographe comme l’auteur du livre. Parfois accompagnée, elle traverse ce «pays d’après», étonnamment semblable au nôtre, miroir familier de nos fantasmes littéraires d’un monde qui s’affaisse lentement et sans bruit sur sa fin. Dans ses photographies, pourtant, la force silencieuse des compositions semble tenir ses sujets dans un tout porteur, sinon d’espoir, du moins de sens

L’amie de madame Maigret

Un Maigret un peu compliqué, mais qui débute de façon plutôt amusante avec Madame Maigret, une grosse mémère [sic] au parc, coincée à garder un petit enfant alors que la poule du repas de Monsieur Maigret est sur le feu.

Un cadavre dans le calorifère ?
Ce que le public ignorait, ce qu'on avait eu soin de ne pas dire à la presse, c'est que l'affaire avait éclaté par le plus grand des hasards. Un matin, on avait trouvé dans la boîte aux lettres de la P.J., quai des Orfèvres, un méchant morceau de papier d'emballage sur lequel il était écrit:
Le relieur de la rue de Turenne a fait brûler un cadavre dans son calorifère.
L’amie de madame Maigret de Georges Simenon

L’histoire d’une comtesse, de deux dents dans un calorifère (les siennes ?) et d’une voiture en chocolat (enfin, couleur chocolat) que tout le monde cherche au Grand Turenne. Un Maigret dans lequel plusieurs remises à niveau sont nécessaire pour une compréhension fluide…

Au Grand Turenne

Une enquête un peu alambiquée qui ne manque pourtant pas d’alcool (ni de sandwichs)

 - Il est jaloux?
 - Il n'aime pas les familiarités.
 - Il vous aime?
 - Je crois que oui.
 - Pourquoi?
 - Je ne sais pas. Peut-être parce que je l'aime.

Maigret 59/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La petite dame du square d'Anvers
La poule était au feu, avec une belle carotte rouge, un gros oignon et un bouquet de persil dont les queues dépassaient. Mme Maigret se pencha pour s'assurer que le gaz, au plus bas, ne risquait pas de s'éteindre. Puis elle ferma les fenêtres, sauf celle de la chambre à coucher, se demanda si elle n'avait rien oublié, jeta un coup d'œil vers la glace et, satisfaite, sortit de l'appartement, ferma la porte à clef et mit la clef dans son sac.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un billet anonyme, une perquisition, des dents humaines retrouvées dans un calorifère... Maigret n'hésite pas à incarcérer Steuvels, un relieur belge établi rue de Turenne. Mais qui a été tué ? Et pourquoi ? La presse s'empare de l'affaire. Liotard, le jeune avocat de Steuvels, soigne sa publicité. Et l'enquête piétine. Cependant, Madame Maigret, en se rendant chez son dentiste, square d'Anvers, a lié connaissance avec une jeune femme italienne, accompagnée d'un enfant de deux ans. Le jour où celle-ci lui confie l'enfant durant deux heures, sans explication, elle s'ouvre à son mari. Or cette Gloria était au service d'une riche comtesse récemment assassinée à l'hôtel Claridge...
Et c'est finalement Madame Maigret qui va mettre son mari sur la piste. Une piste tortueuse qui, du Claridge au square d'Anvers, et du square d'Anvers à la rue de Turenne, le mènera à la vérité

Ceci n’est pas un fait divers

Un très beau livre, mais très affreux !

L’histoire racontée par un jeune de 19 ans qui apprend par sa soeur de 14 ans au téléphone que papa vient de tuer maman. Dans la cuisine.

Et puis, baissant la voix alors que personne ne pouvait m'entendre, j'ai posé la question: comment maman était-elle morte? Il a esquivé: « Vous ne préférez pas être sur place pour que je vous communique ces informations? » J'ai compris que ce qu'il avait à m'apprendre était atroce. J'ai insisté et il a cédé, recourant néanmoins à une formule policière, réglementaire, pour en atténuer la portée, probablement : « Utilisation d'une arme blanche ». Ma mère avait donc été poignardée. « À de multiples reprises. » Ma mère avait été lardée de coups de couteau.
Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson

Un féminicide raconté avec toute la douceur d’un jeune homme, au printemps de sa vie et qui voit son monde s’écrouler, dynamité !

Comment vivre encore, comment protéger ceux qui restent, comment se protéger, gérer la culpabilité, faire le deuil de la maman tuée et d’un père assassin ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au téléphone, d'abord, elle n'a pas réussi à parler.
Elle avait pourtant trouvé la force de composer mon numéro, trouvé aussi la patience d'écouter la sonnerie retentir quatre fois dans son oreille, puisque j'étais occupé à je ne sais quoi à ce moment-là et que j'ai décroché à la dernière extrémité.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils sont frère et sœur. Quand l'histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.

Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. »

Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.

Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d'un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre

Les caractères

Quelle déception, zut ! Alors qu’il y a tellement de talent !

Cette reprise mot-à-mot des vidéos que je regardais sur Insta n’apporte rien. Rien que le texte. Pourtant, les originales bénéficient de la voix, de l’image, du ton, des filtres image et son qui donnent toute la puissance à ses créations. Ici, elles semblent amputées, démembrées et seule ma mémoire m’a permis de reconstruire ces petites saynètes (au demeurant excellentes).

Sinon, bombombombom, plus léger ! Je vais avoir un cabernet franc. C'est un vieux cépage ligérien avec un beau travail de fermentation malolactique, une vinification en foudre qui est vraiment hyper intéressante... Franchement les mecs sont hyper bons quoi et les cuvées sont de plus en plus complexes au fil des ans. Moi je partirais là-dessus surtout si vous avez un peu envie de faire la différence ce soir, quoi, clairement. Surtout si vous accompagnez avec un petit chèvre type Chavignol, là devient ça carrément joueur. 
Vous savez ce que vous allez manger ce soir? 
Des Tuc? 
Ouais, ouais, ouais, ça s'y prête carrément, carrément, why not...
Les caractères de Lison Daniel

Alors, oui, si vous êtes rétifs à toute sorte de réseaux sociaux, que vous ne tolérez que l’écrit… pourquoi pas. Cela peut être une archive intéressante face à la volatilité du web. Mais alors, tentez a minima de jeter une oreille sur France-Inter, vous serez, j’en suis sûr, absolument conquis.

Chère Lison Daniel, re-zut, c’est un peu gâché ici.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Gaëtan
(un cours de théâtre)
Ok, merci, ça suffit, on arrête le massacre. Attends, Maxence, reconvoque-toi s'il te plaît.
« Je demeurrrais longtemps errrrrant dans Césarrrrée »... Y'a rien qui t'interroge sur la rythmique ? Ceux qui ont suivi le module Racine avec moi, rien? Ouiii merci ! « Je demeurais / longtemps / errant / dans Césarée » : 4/2/2/4, merci Samia, je commençais à avoir peur là, sincèrement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Isabelle, grande bourgeoise confinée à Saint-Lu, appelle ses enfants pour se plaindre de Xav’, son mari, entre deux chapitres de La recherche. Franck, caviste intègre et sans filtre, refuse de vendre un Saint-Emilion à un client qui voulait « impressionner beau-papa ». Mélanie, cagole du Midi, alpague des touristes parisiennes qui ont eu le malheur de s’installer sur son banc. Et qu’adviendra-t-il des amours d’Adélaïde et Livio, son épicier italien ?
Tous ces personnages sont écrits, pensés et joués par Lison Daniel sur sa page Instagram « Les caractères », qui connaît un immense succès lors du premier confinement. Chacun a son vocabulaire, sa diction et son histoire qu’on suit de sketch en sketch. On rit aux éclats devant ces archétypes, on s’attache à eux et, parfois, on s’y reconnaît. L’humour moqueur de Lison Daniel est plein d’une tendresse qui n’est pas sans rappeler Riad Sattouf et La vie secrète des jeunes.
Follement douée, elle fait vivre dans ce recueil ses douze protagonistes phares et frappe par la justesse sociologique de son regard. Tout semble plus vrai que nature. Plus qu’une satire, c’est un portrait vif et ludique de la France d’aujourd’hui qui se dessine en creux : une France fragmentée de la diversité régionale, culturelle et sociale. Un livre à mettre entre toutes les mains

La danseuse du Gai-Moulin

Un polar à l’ancienne, avec des pleines pages d’explications finales pour bien comprendre… À l’ancienne, oui.

Victor fut magnifique. 
« Nous sommes frits! » dit-il simplement.
La danseuse du Gai-Moulin de Georges Simenon

Pourtant, ça commençait vraiment bien. Un Maigret sans Maigret, une surprenante surprise. Et qui fonctionne très bien jusqu’à ce que tout cela s’enlise dans une sorte de boulet liégeois qui tient un peu trop bien au ventre.

Alors Mme Maigret conclut :
« Les hommes sont tous les mêmes! »

Un Maigret avec des espions et des danseuses de cabaret

Maigret 10/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Adèle et ses amis
« Qui est-ce ?...
- Je ne sais pas ! C'est la première fois qu'il vient », dit Adèle en exhalant la fumée de sa cigarette. Et elle décroisa paresseusement les jambes, tapota ses cheveux sur les tempes, plongea le regard dans un des miroirs tapissant la salle pour s'assurer que son maquillage n'était pas défait.
Elle était assise sur une banquette de velours grenat, en face d'une table supportant trois verres de porto.
Elle avait un jeune homme à sa gauche,un jeune homme à droite.
« Vous permettez, mes petits ?... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un apprenti espion bien maladroit...
Deux jeunes Adolescents endettés – Delfosse, un bourgeois pervers et Chabot, le fils d'un employé comptable – fréquentent à Liège Le Gai-Moulin, une boîte de nuit où ils courtisent l'entraîneuse et danseuse Adèle. A la fin d'une soirée qu'elle a passée, à une table voisine de ces derniers, en compagnie d'un certain Graphopoulos arrivé le jour même dans la ville, ils se laissent enfermer dans la cave de l'établissement afin de s'emparer de la recette. Dans le noir, ils entraperçoivent ce qu'ils croient être un cadavre, celui de Graphopoulos, et prennent la fuite

Maigret à New-York

Alors que Maigret est à la retraite, pépouse, à la fraîche avec Madame, à Meung-sur-Loire et s’occupe de son jardin, le voilà qui se retrouve dans un transatlantique pour de farfelues lettres aux messages équivoques apportées par un jeune inconnu.

Il s'en fallait de peu, ce matin-là, pour qu'un homme vive ou meure, pour qu'un crime répugnant ne soit pas commis, et ce peu c'était une question de quelques minutes en plus ou en moins dans l'emploi du temps de Maigret.
Malheureusement, il l'ignorait. Pendant les trente années passées à la Police judiciaire, il avait l'habitude, lorsqu'une enquête ne le retenait pas la nuit dehors, de se lever vers sept heures du matin et il aimait parcourir à pied le chemin assez long séparant le boulevard Richard-Lenoir, où il habitait, du quai des Orfèvres.
Au fond malgré son activité, il avait toujours été un flâneur. Et, une fois à la retraite, dans sa maison de Meung-sur-Loir, il s'était levé plus tôt encore, souvent, l'été, avant le soleil qui le trouvait debout dans son jardin.
Maigret à New-York de Georges Simenon

Une histoire bien inutile à laquelle le commissaire ne semble pas croire plus que ça. Et ça se complique encore avec bien des personnages et plusieurs époques…

Si Dexter était un ivrogne triste, Parson, lui, était le type de l'ivrogne méchant, agressif.
Il se savait maigre et laid, il se savait sale, il se savait méprisé ou détesté et il en voulait à l'humanité tout entière, laquelle, pour le moment, prenait la forme et le visage de ce Maigret placide qui le regardait avec de gros yeux calmes, comme on regarde une mouche affolée par l'orage.

Un voyage à New-York bien superflu

Maigret 48/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le bateau avait dù atteindre la Quarantaine vers quatre heures du matin et la plupart des passagers dormaient. Quelques-uns s'étaient vaguement réveillés en entendant le vacarme de l'ancre, mais bien peu d'entre eux, malgré les promesses qu'ils s'étaient faites, avaient eu le courage de monter sur le pont pour contempler les lumières de New-York.
Les dernières heures de la traversée avaient été les plus dures. Maintenant encore, dans l'estuaire, à quelques encablures de la statue de la Liberté, une forte houle soulevait le navire... Il pleuvait. Il bruinait, plutôt, une humidité froide tombait de partout, imprégnait tout, rendait les ponts sombres et glissants, laquait les rambardes et les cloisons métalliques.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Paisiblement retiré à Meung-sur-Loire, le commissaire Maigret se laisse convaincre par un tout jeune homme, Jean Maura, de l'accompagner à New York. Maura s'inquiète pour son père, un homme d'affaires d'origine française, qui semble en proie à de graves soucis.
Maigret va se trouver aux prises avec une ténébreuse affaire. Le jeune Maura disparaît inexplicablement. Bien des années plus tôt, Maura Père a débarqué à New York avec un ami, Daumale, violoniste de son état. Qu'est-ce qui les a séparés ? Qu'est devenu l'enfant mis au monde par Jessie, à l'époque la maîtresse de Maura ? Un lourd secret expliquerait-il que l'homme d'affaires soit victime d'un chantage ?
L'affaire sera élucidée, mais le commissaire, sur le bateau qui le ramène en France, se demandera ce qu'il est allé faire, au juste, dans la métropole américaine qui ne l'a guère emballé...

Le pendu de Saint-Pholien

Une enquête de bric et de broc, qui ne part de rien tout en laissant le sentiment de n’arriver nulle part. Avec un commissaire qui ne sait pas trop derrière quoi il court, en Belgique, alors que la personne qu’il suivait se suicide d’une balle de revolver tirée dans la bouche.

« Je pourrai voir le corps de Jean ?... On l'a ramené ?...
 - Il arrivera à Paris demain...
 - On est sûr qu'il s'est vraiment tué ?... »
Maigret détourna la tête, gêné à l'idée qu'il en était plus que certain, qu'il avait assisté au drame, qu'il l'avait provoqué inconsciemment.
Son interlocuteur tortillait sa casquette, se balançait d'une jambe à l'autre, attendant qu'on lui donnât congé. Et ses yeux enfoncés dans les orbites, ses prunelles pareilles à de gris confetti perdues dans les paupières pâles rappelaient tellement les yeux humbles et anxieux du voyageur de Neuschanz que Maigret sentit dans sa poitrine un âcre pincement qui ressemblait à un remords.
Le pendu de Saint-Pholien de Georges Simenon

Un livre qui parle des remords et de la justice avec un commissaire plus intéressé par une énigme que par sa déontologie professionnelle.

Maigret 4/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le crime du commissaire Maigret
Personne ne s'aperçut de ce qui se passait. Personne ne se douta que c'était un drame qui se jouait dans la salle d'attente de la petite gare où six voyageurs seulement attendaient, l'air morne, dans une odeur de café, de bière et de limonade.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Parce que le commissaire Maigret a subtilisé la valise d'un voyageur rencontré par hasard et qui lui avait paru suspect, celui-ci se tue d'un coup de revolver dans la bouche.

Profondément bouleversé par les conséquences de son geste, Maigret va partir sur les traces de cet homme mort par sa faute