In violentia veritas

Comme un écho à La serpe de Jaenada, qui questionnait le jugement de Henri Girard accusé du triple meurtre à la serpe, Catherine Girard propose sa vérité. Celle que lui avait confiée son père, l’assassin.

Parce qu'un enfant n'a ni les moyens, ni la force, ni le choix, parce qu'il aime ses parents inconditionnellement, le crime contre l'enfant peut prospérer. Son père l'avait criblé de terreurs vertigineuses vues de son âge et de sa taille et de son poids et de l'enfance qu'on ne lui avait pas permis d'avoir. Il avait injecté en lui cet autre venin : la peur. Le gosse l'avait combattue de toute son âme, de toute sa force d'enfant que la disproportion d'avec celle de son père avait faite impuissance, et que son caractère - parce qu'il en avait un - avait récupérée, accumulée et transformée en haine. L'enfant cache ses peines, il les écrase tout au fond de lui. Parce qu'elle lui fait honte, il enterre sa douleur vivante. Il pense que c'est sa faute. Vrai pour le viol, vrai pour les coups, vrai pour l'inceste, vrai
In violentia veritas de Catherine Girard
Pour autant, les deux livres semblent ne raconter ni la même histoire, ni les mêmes personnages et le tout d’un point de vue totalement différent. Et c’en devient vraiment fascinant.

Une histoire de violence familiale et d’amour, comme un nœud qui ne pourrait se défaire qu’au ciseau (ou à la serpe).

Mais surtout, racontée par la fille de ! Et c’est probablement de là que ce livre (à l’écriture magnifique) tire toute son intime puissance

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Allongée sur le divan, face à la fenêtre, j'attends les questions d'Olivier, assis derrière moi dans le fauteuil du roi son père. Nous sommes en quatrième dans le même lycée et il me tanne depuis des semaines pour une séance de psychanalyse dans le cabinet de papa qui ne travaille pas le mercredi, avec lui dans le rôle du psy, moi dans celui de l'analysée. Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais il a tant insisté que j'ai fini par céder.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsqu'elle découvre à quatorze ans qu’on la surnomme « la fille de l’assassin », Catherine Girard interroge son père Henri Girard ─ plus connu sous son nom de plume, Georges Arnaud, auteur notamment du célèbre roman Le Salaire de la peur. L'horreur de ce que le vieil homme lui apprend plonge l'adolescente dans le déni. Un demi-siècle plus tard, dans un geste d'amour, elle se confronte à ce passé abyssal.
Le matin du 24 octobre 1941, au château d'Escoire, le père d’Henri Girard, sa tante et leur servante sont retrouvés morts, atrocement massacrés à la serpe. Seul survivant, Henri est inculpé, emprisonné dix-neuf mois dans l’un des cachots les plus insalubres de France et promis à la guillotine. Il est finalement acquitté.
L’énigme du triple assassinat d'Escoire, tant de fois revisitée, ne fut jamais élucidée.

Dans ce magnifique récit littéraire d’investigation familiale, Catherine Girard nous offre enfin sa vérité. D'une puissance exceptionnelle, In violentia veritas marque la naissance d’une écrivaine.