Confessions à un ficus

Roman absurde sur l’absurde ou roman drôle sur la tristesse ?

Ces confessions à un ficus sont un peu de tout ça tout en parlant de rupture, du monde du travail, de psychothérapie et de théâtre contemporain.

Foulerai-je un jour la terre d'un pas léger, délesté du fardeau qui m'encombre, et que je peine à définir ? Le docteur Somme ne m'a rien promis, sans me décourager non plus. « Pensez-vous pouvoir faire quelque chose pour moi ? » lui ai-je demandé lors de notre deuxième rendez-vous. L'air dubitatif, il a affirmé que « oui, si vous pouvez faire quelque chose pour vous ».
Il ignore que j'ai frappé à la porte d'un psychiatre par inadvertance, alors que j'espérais un généraliste disposé à me fournir de puissants somnifères.
Confessions à un ficus de Catherine Logean

Et c’est brillant ! Comme les feuilles d’un ficus qu’on aurait cirées
S'il ne répondait pas aux Pourquoi, le docteur Somme acceptait le Comment, sans se montrer très explicite cependant.
 - Comment faire, Docteur ?
 - Essayez.
 - Essayer quoi ?
 - Autre chose.

Un petit livre très (vraiment très) drôle qui se joue de Geoffroy qui peine à jouer. Paumé, largué, inadapté… mais sincère et touchant. Et capable, comme nul autre, de démontrer l’absurde par lui-même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je me lève, mais je reste assis

Avant de revoir la lumière du jour devant un parterre de voisins curieux, compatissants, atterrés ou furieux - « mais que fait la régie ? » -, je suis resté coincé deux heures dans l'ascenseur. J'avais pour me distraire une facture, un prospectus annonçant une promotion sur les matelas Bico, au confort de couchage inégalé, et mon reflet dans le miroir: un individu ni grand ni petit, ni gros ni maigre, ni beau ni laid ; un compromis entre Laurel et Hardy.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand nous découvrons Geoffroy, le héros de ce roman, il est coincé dans un ascenseur, simple métaphore de l'existence pour cet employé timoré qui échoue superbement à faire son chemin. Doté d'un jumeau à qui tout réussit, il végète dans une entreprise d'emballage dont il va claquer la porte pour se consacrer au tri des pommes. Repéré par une metteuse en scène d'avant-garde qui porte haut l'art du vide, il subit les autres sans cesser de s'interroger, tant sur son absurde parcours que sur sa capacité à tout supporter.

Il faudra un ficus compatissant pour qu'il ose enfin sortir du cadre. Car il suffit parfois d'une plante de salon pour révéler une tragédie intime et bouffonne.

Catherine Logean, qui signe ici son premier livre, possède ce dont rare de faire rire avec un personnage aussi navrant que sincère.

Azincourt par temps de pluie

Avec Jean, c’était souvent truculent, picaresque, avec du gras sur la viande, du bruit en mangeant la soupe, une bonne claque dans le dos et une chopine de gros rouge en fessant la bonniche.

Alors que ça s'engueule à l'intérieur de la tente pour savoir où foutre les arbalétriers et les canons, à l'extérieur ça cause chiffon (de fer) :
 - Moi, pour la cotte de mailles, j'aime bien les anneaux rivés. C'est plus souple.
 - Je les préfère soudés, c'est plus compact. 
Pendant que des valets douchés tendent des lanières de cuir autour de leur personne, deux nobles de moindre importance que ceux qui entourent Charles d'Albret, sous la pluie diluvienne, comparent leurs armures :
 - Je voulais que la mienne ait une influence italienne mais aussi avec le style allemand; italienne dans ses formes plus seyantes mais allemande dans le décor de ses cannelures destinées à renforcer le métal.
 - Pour n'être pas directement à même la peau, au contact des plaques de tôle qui m'écorcheraient, j'ai demandé qu'on garnisse la face interne de ma carapace de drap et de velours.
 - Et moi je l'ai fait bourrer de coton et de soie. Avez-vous remarqué que mon épée, que j'ai baptisée « Douce », porte la marque d'un atelier d'Augsbourg ?
Azincourt par temps de pluie de Jean Teulé

La bataille d’Azincourt (vue du côté français), c’est une grosse défaite, la loose totale et une boucherie innommable. Une bataille qui sonnera la fin des guerres chevaleresques.
 - Je veux laver l'honneur de la France !
Au galop, épée au poing, il rejoint puis s'élance par-dessus la colline de percherons et d'hommes morts pour se jeter, seul, à l'assaut de l'armée ennemie tandis que le seigneur de Dammartin, qui l'observe, dit :
 - Quand même, il arrive bien tard, lui... 
Tué aussitôt, du crâne brisé d'Antoine de Brabant la cervelle se répand sur ses épaules alors que le comte d'Aumale précise au seigneur :
 - Oui mais juste à temps pour mourir !
Ben voilà, hein ! On s'emporte, on s'emporte...

Et les goguenards français partis pour ne faire qu’une bouchée des anglais décimés par la dysenterie. Nobles et nobliaux fanfaronnant en tête, pleins de leur bravoure et de leur supériorité, vont se prendre la pâtée !

Le matin précédant la bataille. Peinture de Sir John Gilbert (1884)

C’est gaulois, drôle et enlevé, mais c’est une boucherie. Il fallait Jean pour raconter ça

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Jeudi 24 octobre 1415
- Tiens, voilà aussi le poète !... Parmi les plis remuants de sa bannière trempée, on aperçoit un serpent couronné avalant un enfant. C'est celle du duc Charles d'Orléans!
- Oh, père, le neveu du souverain? Il semble jeune d'allure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose : grandiose !

Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.

Journal cru et trop intime d’une fille qui voulait se taper la terre entière

Glôdine est seule, depuis un peu trop longtemps. Elle veut changer ça !

Journal cru et trop intime d’une fille qui voulait se taper la terre entière de Sarah Treille Stefani

Ce livre est le journal de ses efforts pour rencontrer l’homme qui la serrera dans ses bras… Car bien sûr, ça ne sera pas aussi simple que ça.

C’est drôle et piquant, ça sent le désespoir et les incompréhensions. Et comme une toxico en manque, Glôdine est prête à toutes les compromissions pour une dose de câlins

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Samedi 18 avril, 23 h 35
Je m'appelle Glôdine.
Alors non, c'est pas une blague.
Et oui, c'est un prénom.
Glôdine.
Bon okay.
C'est pas Glodine.
C'est...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je fuis les hommes parce qu'ils ne m'aiment pas comme je voudrais qu'ils m'aiment. Avant, c était une stratégie pour qu'ils me courent après. Mais comme personne ne me rattrape jamais, maintenant, c'est une devise. »

Elle a 34 ans et elle s'appelle Glôdine.

Pas vraiment laideron mais un peu bougon, Glôdine est persuadée que son prénom lui porte la poisse avec les mecs qui la voient davantage comme une bonne pote que comme une target potentielle.

Un jour, Glôdine, passablement bourrée, retombe sur le carnet Diddle de ses 12 ans et décide de se lancer un défi : trouver l'homme de sa vie avant d'avoir noirci la dernière page du carnet.

Si c'est un échec, alors elle partira en transhumance estivale avec un troupeau de chèvres.

À travers ce récit cru et sans tabou, Sarah Treille Stefani nous fait entrer dans l'intimité d'une anti-héroïne qui ose tout.

Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français

Après être tombé sur Un certain Monsieur Blot, j’ai eu envie de relire ce bon vieux bestseller du Major. Et grand bien m’en a pris !

LES BEAUX DIMANCHES
Il n'est pas interdit de penser que, si l'Angleterre n'a pas été envahie depuis 1066, c'est que les étrangers redoutent d'avoir à y passer un dimanche.
Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français de Pierre Daninos

70 ans après, Marmaduke a bien pris quelques rides, mais l’humour de Daninos reste toujours aussi taquin. Et les deux côtés de la Manche prennent tour à tour quelques petites pichenettes bien ajustées.

LES LOIS DE L'HOSPITALITÉ ET DE LA GASTRONOΜΙΕ
Les français peuvent être considérés comme les gens les plus hospitaliers du monde, pourvu que l'on ne veuille pas entrer chez eux.

Avec des dessins très fifties de Walter Goetz, ce petit chef d’oeuvre d’humour (aux nombreux clichés, certes) fera sourire encore bien longtemps sur les arts de la tables, l’éducation, le mariage, l’hospitalité, le tourisme… et bien d’autres différences culturelles.

Les carnets du major W. Marmaduke Thompson : découverte de la France et des français avec les illustrations de Walter Goetz

Alors, après toutes ces années, les français et les anglais ont-ils beaucoup changé ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
May I introduce myself ?...
Un anglais correct - si j'ose risquer ce pléonasme sans choquer mes honorables compatriotes - ne saurait, à moins de perdre du même coup toute dignité, parler de lui-même, surtout au début d'un récit. Mais, à l'instar des astronautes, qui, à partir d'une certaine distance, échappent aux obligations de la pesanteur, je ne me sens plus soumis dès que je suis projeté sur le Continent aux lois de la gravité britannique.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Abandonnant la chasse au tigre, le major W. Marmaduke Thompson décide d'explorer la jungle française et consigne ses observations sur les autochtones, leurs comportements, leurs manies, leurs qualités, leurs défauts... Les Carnets du major Thompson sont un des plus grand succès de ces dernières années. Traduit dans vingt-huit pays, ce chef-d'oeuvre d'humour fait l'objet d'éditions scolaires et universitaires en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suède, aux Etats-Unis, etc.

Un certain Monsieur Blot

Le célèbre auteur des carnets du major W. Marmaduke Thompson (que je m’en vais vite relire) s’est aussi penché sans miroir sur le français moyen. Oui, juste lui : le plus moyen des moyens ! Monsieur Blot, actuaire, gagnant du Grand concours du français moyen.

Un certain goût du tragique incite les femmes à choisir la nuit...
Un certain Monsieur Blot de Pierre Daninos

Guillaume Meurice ne renierait pas la première partie qui m’a fortement fait penser à son Petit éloge de la médiocrité. Alors, moyen ? c’est nul ou ce n’est pas si mal ?

Je ne peux pas dire que j'aie la passion des honneurs. Ce n'est pourtant pas faute de les célébrer avec ponctualité dans ces banquets au cours desquels patrons et employés de notre Société - gigantesque panier de crabes - apprennent que, du plus humble des appariteurs jusqu'au Président-Directeur général, ils ne forment qu'une seule et grande famille. (Il y a quelque chose de vrai là-dedans, du moins si l'on considère la famille comme un foyer-type de discordes.)

La seconde partie m’a rappelé Laure Murat et son Proust, roman familial avec la vacuité… que dis-je, le vide intersidéral aristocratique.

« Il me semble qu'un enfant de sept ans pourrait en faire autant... peut-être mieux... »
Erreur. Erreur fondamentale. Devant n'importe quel carré, quel cercle, quel pâté surtout, surtout ne jamais parler de l'enfant-qui-pourrait-en-faire-autant. Sous peine d'être aussitôt catalogué balourd, provincial, cul-terreux, primaire, en bref, car ce mot bref contient toutes les paysâneries bourgeois. Bourgeois inéluctablement embourgeoisé qui ne comprendra jamais rien à rien - surtout quand il s'agit d'un peintre dont les non-couleurs massives, contrastant avec les surfaces lisses, sont fondues dans le presque néant ou le peut-être rien.

Un livre des années 60 qui a franchement bien vieilli tant les situations décrites semblent toujours aussi actuelles !

Un bijou de clairvoyance et d’humour avec bon nombre de pépites

j’aime aller dans les boîtes de nuit : cela me guérit de l’envie d’y retourner pendant un an

Et la claire démonstration que l’abrutissement devant les instagrameur-euse-s-x date de bien avant l’apparition des réseaux sociaux

Rien de tel pour cela que les journaux en général et les hebdomadaires en particulier. Il faut bien en convenir : sans eux, pas de célébrité assurée ; impossible de connaître par le détail la vie privée des princes. L’hebdomadaire, les potins et le cinéma sont devenus les mamelles de la jeunesse (cela fait trois, d’accord mais n’est-ce pas une jeunesse monstrueuse ?). La couverture de Paris-Match ou de Elle pèse plus lourd dans la destinée d’une jeune fille que les deux bachots et l’agrégation philo. Ma fille et ses amies diront d’une autre : « Elle a eu la couverture de Match ! » comme je me serais écrié jadis : « Elle a été première au Concours général ! »

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Encore un concours.... Un Grand, bien entendu, puisqu'en ce pays de la grandeur un journal ou un poste émetteur ne saurait patronner un concours sans le qualifier de Grand.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Miné par sa vie de bureau, par sa vie conjugale, par sa vie extra-conjugale, par ses enfants, par la hantise de retrouver chaque matin les mêmes têtes, M. Blot, un jour, éclate. Plus exactement, un « concours du Français Moyen » organisé par un journal lui permet de faire éclater ses sentiments. En marge de ses brèves réponses aux questions posées, il se livre à l'inventaire de sa vie. Actuaire dans une compagnie d'assurances, accoutumé aux calculs de probabilités, il est favorisé dans les estimations statistiques : il gagne le Concours, et vingt millions. Devenu Français Moyen n°1, M. Blot, de transparent devient opaque, célèbre, adulé. L'homme tel qu'il vit selon qu'il est noyé dans l'anonymat ou éclairé par les feux de « l'actualité » - tel est un des thèmes de cet ouvrage à la fois grave et empreint de l'humour propre à l'auteur des Carnets du Major Thompson. Un livre dont Le Monde a écrit : « Il contient des observations sur l'homme de notre temps qui dépassent considérablement les procédés de l'humour.

Développement personnel

Mais quelle maladie touche les auteurs après leurs grandes créations ? Pourquoi ce besoin de combler ce vide en parlant d’eux ?

Cela me fait penser à ces pensées de Haruki Murakami (qui, lui non plus) n’a pas évité ce travers

Écrire un roman n’est pas très difficile. Écrire un roman magnifique n’est pas non plus si difficile, je ne prétends pas que c’est simple, mais ce n’est pas non plus impossible. Ce qui est particulièrement ardu, en revanche, c’est d’écrire des romans encore et encore. Tout le monde n’en est pas capable. Comme je l’ai déjà dit, il faut disposer d’une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple « talent ».
Profession romancier de Haruki Murakami

Olivier Bourdeaut n’y déroge pas. Mais, il faut bien le reconnaître, il est un bien drôle de bonhomme bien drôle

Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas. C'est une de mes citations favorites. Elle est attribuée à Sainte Thérèse d'Avila. La première fois que je l'ai lue, elle m'a semblé un peu cryptique. En quoi réaliser un rêve peut-il rendre malheureux? C'est pourtant bien ce qu'annonce cette sentence. Exaucez votre prière, réalisez votre rêve, accomplissez votre fantasme et vous allez pleurer toutes les larmes de votre corps. Reconnaissons-le, tout ça n'est pas très développement personnel. Si un gourou du bien-être recommandait de tracer son chemin, de suivre sa route, de poursuivre son destin pour finir comme une merde dans un océan de larmes, il n'aurait pas une grande carrière, pas beaucoup d'adeptes, ne vendrait aucun livre. Et finalement, il mourrait seul, noyé lui-même dans un océan de larmes. 
Namasté.
Développement personnel de Olivier Bourdeaut

Et dans ces souvenirs autobiographiques, Olivier Bourdeaut se dépeint – avec beaucoup d’humour et d’autodérision – sous les traits d’une sorte de looser dilettante au bagout bien assuré attendant (par quelle grâce ?) de réaliser son Grand-Oeuvre

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Benirrás m'a-t-on glissé à l'oreille comme s'il s'agissait d'une formule magique.
Benirrás ai-je entendu, avec la même intonation que B.B. susurrant Almería à l'oreille de Gainsbourg. Benirrás, un code secret.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai la chance de gagner ma vie en racontant des histoires. Du moins jusqu'à présent. Car j'ai un problème, un problème de taille : je n'ai plus d'imagination. Je ne comprends pas pourquoi, je ne sais pas comment cela est arrivé mais j'ai beau froncer les sourcils, serrer mes petits poings, rien ne vient. Alors j'ai décidé de parler de moi.

Selon des chercheurs de Harvard, nous passerions soixante pour cent de notre temps à parler de nous. Parler de soi stimulerait les mêmes zones du cerveau que la cocaïne, le sexe ou un bon plat. Et si Harvard dit que ça fait du bien, je n'ai aucune raison d'en douter. Après tout, Mark Zuckerberg en est diplômé et il a toujours su, mieux que tout le monde, ce qui est bon pour l'humanité... »

Avec une franchise pleine d'autodérision, Olivier Bourdeaut revient sur son enfance compliquée, sa courte et chaotique scolarité et le périlleux apprentissage du métier d'écrivain. L'auteur d'En attendant Bojangles se dévoile, et sa vulnérabilité nous touche.

La fabrique du prince charmant : plus grande arnaque depuis l’invention du jacuzzi

Woaw !

Tout y est : de l’humour au discours, de la forme au fond, de l’anecdote amusante à l’exaspération définitive, du langage à l’image !

La fabrique du prince charmant : plus grande arnaque depuis l’invention du jacuzzi de Ovidie et Sophie-Marie Larrouy

En partant d’un roman photo (symbole du romantisme cucul à la papa-maman), Ovidie et Sophie-Marie Larrouy mettent en images le sexisme contemporain. C’est génial et hilarant.

Comme une illustration au protoxyde d’azote de La chair est triste hélas paru l’année passée.

A mettre entre toutes les mains !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Et pendant ce temps-là, à Stalingrad, juste au-dessus du Mondial Relais angle rue de Tanger et rue Riquet.
Sonia s'est endormie dans les miettes de Gerblé en attendant un date qui a texté « j'arrive » il y a 1h40.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Imaginez le prince charmant des années 70, celui des romans-photos aux sourcils circonflexes, brushing « nuque longue » et assurance à toute épreuve dans son pattes d’éléphant. Plongez-le dans un monde post #metoo où les femmes sont parvenues enfin à reprendre le contrôle, et vous aurez La Fabrique du prince charmant, une suite d’histoires savoureuses et hilarantes où Ovidie et Sophie-Marie Larrouy racontent l’évolution des rapports entre les hommes et les femmes.

Helvetic park

Imaginez une sorte de Koh-Lanta préhistorique au milieu du Jura, un parc d’attractions sans attractions, duquel il ne serait possible de sortir qu’au bout d’un an. Un stage d’une année de survie dans lequel il n’y aurait rien à gagner, si ce n’est peut-être, quelques kilos en moins.

Helvetic Park jour 30 :
Lucie malaxait la peau douce et rugueuse à la fois. Elle sentait l'organe se raidir et se ramollir sous ses doigts et soudain, le liquide blanc gicla par saccades. C'était son film porno du jour : essayer de traire la vache. De plus, il fallait viser dans la gamelle, ce qui était objectivement plus difficile que de viser les ennemis dans un jeu vidéo sur la Wii de Bertrand.
Helvetic park : une (pré)histoire de couple de Martina Chyba

Et c’est là que Martina Chyba dépose Lucie et Bertrand (et quelques autres…) pour d’aventureuses aventures aventurières.

Et c’est très, très drôle ! Alors, certes, la deuxième partie m’a peut-être un poil moins emballé, mais quel humour, quelles trouvailles.

L’occasion de rire de nos helvétitudes désarçonnées sous une plume très aiguisée !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Si vous ne connaissez pas la Suisse ce n'est pas grave, c'est juste un pays dans lequel on s'emmerde un peu plus qu'ailleurs.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La Suisse est un pays anesthésié par le confort et l'ennui. Plus personne ne sait ce que c'est que d'avoir faim, froid, peur ou envie de faire l'amour.

Un étrange milliardaire a donc créé le parc d'attraction ultime, dans lequel on ne va pas passer une journée mais une année. Il s'agit d'un lieu unique, permettant à l'homme moderne de retourner aux origines de lui-même.

Un couple en crise y entre pour repartir de zéro. Leurs expériences dans le parc dépasseront toutes leurs attentes !

Cela vous tente ? Allez-y, laissez à la consigne tout ce que vous avez accumulé en 3 500 000 ans d'histoire et redevenez un Homo sapiens comme à l'époque préhistorique. Vous saurez qui vous êtes, si votre mariage est solide, si votre corps fonctionne bien, si vous possédez l'instinct de survie, si vous êtes heureux et si vous êtes vraiment sapiens.

Vous pouvez aussi ne jamais en revenir.

Phallers

Voilà un petit bouquin qui vaudrait bien 5 étoiles rien que pour son trigger warning hilarant ! Merci Chloé de penser à nous, petites choses fragiles !

Calmez-vous, Messieurs, ça va bien se passer
Le trigger warning est un avertissement au public. Il prévient qu’une œuvre contient des éléments pouvant déclencher le souvenir d’un traumatisme.
Personnellement je ne suis pas pour, mais il faut tout envisager tant la situation est actuellement tendue.
Certaines diront que, une femme étant agressée sexuellement ou violée toutes les sept minutes, ce qui se passe dans cette fiction relève du cathartique.
Certains agiteront Freud, tous les petits garçons connaissent « l’intense angoisse de castration ».
C’est par égard pour eux que se trace cet encadré.

Et si certaines femmes, par la grâce du fantastique, devenaient des super héroïnes ?

Marcia a beau parler de légitime défense autant que de protection, Violette reste lucide : faire imploser les bites, elle sait que c'est illégal. Mutilation génitale d'un humain, quand bien même en réponse à un viol ou une agression sexuelle, quelque chose dans sa tête lui hurle que si la police, suivie par la justice, suivie par les médias, découvrait ce qu'elle a fait et tout ce qu'elle pourrait faire, ses chances de s'en sortir seraient égales au néant.
Phallers de Chloé Delaume

Une bonne blague, (zut, c’est juste une blague ?) sans beaucoup plus de prétentions, mais qui m’a bien fait rigoler !

… Et derrière la blague… toutes les sept minutes !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Noël se meurt dans les vitrines de la galerie marchande.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comment cela a été rendu possible, personne n'en sait rien. C'est en train d'arriver, c'est tout. Ainsi, très soudainement, un certain nombre de filles et de femmes ont la capacité psychique de faire imploser les phallus. Ces super-héroïnes d'un genre particulier ont pour nom les Phallers.

Violette a dix-sept ans et se serait bien passée de cet étrange pouvoir. Mais elle aimerait, comme toutes, apporter une réponse à cette question cruciale qui hante notre société : comment faire pour que les hommes cessent de violer ?

Pensées profondes

Vous êtes un peu timide, vous n’arrivez pas à dire « NON », vous culpabilisez sans cesse, vous vous laissez envahir ?

Cette bande dessinée est là pour vous !

Pensées profondes de Anne-Laure Reboul, dessins et couleurs de Régis Penet

Oh ! Elle ne vous proposera aucun traitement, aucune solution. Tout au plus, vous sentirez vous moins seul-e-s

C’est drôle (très), léger, un peu sexy, et ça raconte les affres de Louise qui, c’est décidé, commence à s’affirmer ! Maintenant !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Échec cuisant, très chère.
Nous avions pourtant tout bien préparé, et ce, depuis des jours.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Surmoi tyrannique
Injonctions sociétales
Plans machiavéliques
Échecs retentissants
Stratégie bienveillante
Affirmation de soí
Sororité douloureuse
Victime de l'univers
Conquête du monde
Belle personne
Ambition dévorante