Le fils

Dans une longue lettre adressée à son fils, un père se raconte.

Le fils de Georges Simenon
Mais cette confession qui semble peine d’humilité tire en longueur. A force de circonvolutions et de rajouts biographiques sur sa famille, Simenon lasse et s’enlise pour donner un portrait de vieux sage aux blessures mal cicatrisées.Certes, la fin est très impressionnante et pourrait rattraper ce livre qui m’a quand même fait bâiller à plus d’une page

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mon fils,
Est-ce que ces deux mots-là te font sourire ? Suffisent-ils à trahir ma gêne ? Je n'ai pas l'habitude de t'écrire. Au fait, je me rends soudain compte que je ne t'ai plus écrit depuis le temps où, enfant, tu partais en vacances plus tôt que moi avec ta mère et où je t'envoyais de courts billets.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peu après la mort de son père, Alain Lefrançois décide de se raconter par lettre à son fils, Jean-Paul, au moment où il va devenir un homme. Il lui parle de la vie de ses grands-parents, gens de la haute bourgeoisie, de son métier, qui le satisfait, et de sa vie conjugale, qui n'est qu'une demi-réussite. Au rappel de récentes disputes familiales relatives à la succession, il remonte à la période de ses études de droit à Poitiers, de sa mobilisation, de son mariage ; il évoque ses réactions lorsqu'il apprit qu'il allait être père. Enfin, Lefrançois en arrive, « malgré sa répugnance », à parler de son adolescence et de sa jeunesse. Celle-ci est lourde d'un secret.

Cour d’assises

Petit Louis est un coupable idéal ! Alors, quand elle en tient un comme ça, la justice ne le lâche pas facilement !

Il ne pouvait pas se douter que ses moindres faits et gestes, désormais, deviendraient quasi historiques, ni que, près d'une année durant, il aurait à expliquer des actes qu'il ne s'expliquait même pas au moment où il les accomplissait.
Cour d’assises de Georges Simenon
Dans cette cour d’assises, Simenon brosse un portrait bien peu reluisant des machines policières et judiciaires, bien plus occupées à trouver un coupable que la vérité.

Un roman plutôt bien foutu, avec un petit voyou un peu gigolo, un peu souteneur accusé de meurtre. Une sorte de pied de nez au commissaire Maigret et à toutes ses enquêtes où la vérité triomphe

Le 40e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pour les autres, pour tous ceux qui étaient là, hormis Petit Louis, il n'y avait rien d'exceptionnel au ciel ou sur la terre, rien qu'une heure enluminée, comme elles le sont le soir au Lavandou, avec le calme qui tombe soudain du ciel refroidi, figeant les objets et les sons, un souvenir assez pittoresque, en somme, à conserver parmi les cartes postales et les coquillages.
Ce qu'il faisait bon vivre !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petit Louis, un jeune voyou, mène la belle vie sur la Côte d'Azur, entretenu par Constance, sa vieille maîtresse fortunée. Il va même jusqu'à installer chez elle une prostituée en la faisant passer pour sa sœur. Un jour Constance est assassinée ; paniqué, Petit Louis fait disparaître son corps avant d'essayer de s'accaparer sa fortune. Mais la police ne tarde pas à la rattraper, et le jeune imprudent se retrouve pris dans un terrible engrenage judiciaire...

Le destin des Malou

Voilà un bien joli roman dur. Dur ? oui !

Un roman sur la transmission d’un père à son fils, sur le devenir d’un homme. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un homme en 1947 ?
Un livre qui commence avec le suicide du père, laissant femme et enfants désargentés, en pleine faillite.

Les Dorimont avaient débarqué la veille, et il avait fallu leur installer des lits dans la maison. Jeanne, la sœur de Mme Malou, avait pleuré une bonne partie de la soirée, à la fois sur les malheurs de sa sœur et sur les siens.
Si on les examinait de près, les deux femmes se ressemblaient presque trait pour trait. À cette différence que, chez Jeanne, tout était plus épais, plus vulgaire, ce qui faisait d'elle comme la caricature de sa sœur.
Par exemple, Mme Malou avait les cheveux légère-ment acajou, alors que ceux de Jeanne étaient d'une vulgaire teinte cuivrée, avec déjà quelques mèches blanches. Toutes les deux avaient de grands yeux, mais ceux de Jeanne lui sortaient de la tête. Ce qui, chez l'une, n'était qu'un léger empâtement devenait carrément double menton chez l'autre, et enfin on n'avait jamais pu comprendre comment Jeanne - tante Jeanne, ainsi que l'appelaient les enfants - s'y prenait pour se maquiller aussi mal, se faire une bouche saignante dont les contours ne correspondaient pas avec les lèvres et dessiner deux demi-lunes d'un drôle de rose au sommet des pommettes.
Le destin des Malou de Georges Simenon

Un beau roman pourtant qui raconte la (re)naissance d’un fils

Le 59e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le garçon, Gabriel, n'avait rien à faire. Sa serviette à la main, il se tenait debout, face à la rue, dont les vitres légèrement embuées du café encadraient un tronçon. Il était trois heures de l'après-midi et il faisait sombre, dedans comme dehors. Dedans, c'était une pénombre riche, de la richesse des boiseries patinées qui recouvraient les murs et le plafond, de la richesse du velours pourpre des banquettes, avec, dans l'eau profonde des glaces biseautées, les reflets de quelques ampoules électriques déjà allumées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Eugène Malou est un brasseur d'affaires dynamique et malchanceux. Son suicide d'une balle dans la tête, sur le seuil de la demeure du comte Adrien d'Estier qui lui a refusé une nouvelle avance de fonds, déclenche la crise familiale qui couvait chez les Malou. C'en est fini du train de vie qu'ils affichaient.

Le clan des Ostendais

Alors qu’il a écrit des années 30 à 70, Simenon parle assez peu de la guerre, et ce, tant dans ses romans durs qu’avec Maigret. Ce clan des Ostandais, par contre, est en plein dedans, en pleine débâcle, même. Des familles de marins flamands fuyant la guerre qui arrivent en Belgique à bord de cinq bateaux. Coincés à la Rochelle, Simenon raconte leur cohabitation – difficile – avec les locaux et l’occupation allemande.

Comment s'arrangeaient-ils, là-dedans, on n'en savait rien. Il y eut quelques paysannes pour offrir leurs services :
 - Dank u... leur répondait-on plus sèchement.
Est-ce qu'ils avaient demandé à être là ? Avaient-ils sollicité la charité ? Ils s'en allaient tranquillement, par leurs propres moyens, pour fuir l'Allemand qu'ils avaient assez vu en 1914, et c'étaient les Français qui les empêchaient d'aller plus loin, parce qu'ils se croyaient plus malins que les autres, parce qu'ils s'imaginaient encore qu'ils al-laient arrêter la marée grise.
On ne se bat pas contre un mur et les règlements constituent le plus implacable des murs.
Le clan des Ostendais de Georges Simenon

Et comme presque toujours dans ses romans durs… une tension malsaine qui s’installe…

Un bon Simenon, plus socio que psychologique avec un personnage central tout en force tranquille

Le 56e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Comme une grosse mouche bleue bourdonne entre les murs blanchis à la chaux d'une cuisine vide, il n'y avait, dans les trois étages de bureaux déserts de la Préfecture, qu'un petit appareil noir, le téléphone, à vivre sa vie rageuse, à faire entendre sa sonnerie qui n'en finissait pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En juin 1940, en pleine débâcle, alors que la bataille de France est déjà perdue et que les réfugiés se bousculent vers le sud, une flottille de cinq chalutiers venue des Pays-Bas arrive à La Rochelle.

A la tête de ces navires ayant bravé l'aviation et les mines allemandes se trouve Omer accompagné de ses fils. Ils ont mis meubles, femmes et enfants dans les cales et pris la mer en hommes libres qui ne céderont rien à l'occupant.

Leur place est sur la mer. Ils veulent travailler, ne parlent pas français et refusent la panique. Sans effort sinon celui d'être fidèles à eux-mêmes, mais avec un héroïsme certain, ces hommes vont résister. Ils en payeront le prix...

La cage de verre

Émile n’aime pas les gens et les fuit autant que possible. Il a épousé une veuve, pas trop belle et discrète qu’il évite – autant que possible – de toucher. Au boulot, idem. Correcteur dans une imprimerie, il s’enferme dans sa cage de verre pour travailler seul.

Des bribes de passé, comme ça, au hasard des pensées d'une femme âgée. Le père écoutait, à califourchon sur sa chaise à fond de paille.
 - Cela ne t'use pas de vivre à Paris? Il y a longtemps que je n'y suis pas allée mais il paraît que la vie est devenue infernale... Et toutes ces bagarres avec la police!... Ton quartier est tranquille, au moins?
 - Oui.
Il fallut manger de la tarte aux abricots. Émile n'en avait pas envie. Il fit ce sacrifice. Quand ils partirent, il n'en pouvait plus et il se promettait, comme il l'avait fait précédemment, de ne plus revenir.
Le soleil baignait la cour aux murs d'un jaune clair et pourtant il se sentait imprégné de grisaille. C'était comme s'il respirait la poussière d'un passé qu'il n'aimait pas.
Qu'est-ce qu'il aimait, en définitive ? Il aurait eu de la peine à répondre. Jeanne ? C'était pratique de vivre avec elle. Il s'y était habitué. Il serait ennuyé si elle mourait.
La cage de verre de Georges Simenon
Mais la vie va se charger de lui jeter bien des encombrants sur son chemin. À commencer par sa sœur et son beau-frère volage en pleine crise, puis, sa jeune voisine, insouciante et… fort envahissante.

Une plongée un peu glauque et pourtant fascinante dans les méandres émotionnelles fort perturbées d’un misanthrope apathique

Le 115e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le bruit saccadé de la machine à écrire le réveilla et il vit, comme d'habitude, les draps pâles du lit de sa femme de l'autre côté de la table de nuit.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Emile Virieu est correcteur d'imprimerie à Paris. Il est venu d'Etampes, après son baccalauréat, a exercé quelques emplois médiocres et a fini par trouver dans la cage de verre, où il est enfermé avec ses jeux d'épreuves à longueur de journée, le lieu clos qui lui procure la sécurité dans l'éloignement de ses semblables.

Pour échapper à la vie d'hôtel, il a épousé, sans véritable amour, une jeune veuve de trois ans son aînée qu'il a connue comme dactylo à l'imprimerie. Après le mariage, Jeanne travaille à domicile en devenant traductrice pour une maison d'édition.

La monotonie de cette vie calme et plate, sans autres événements qu'un voyage de vacances en Italie et l'achat d'un jeune chien, est interrompue par l'ébranlement du ménage de Géraldine, sœur d'Emile, fixée depuis longtemps à Paris. Son mari, Fernand Lamarck, est un homme débrouillard et exubérant. Un jour, il s'éprend d'une jeune fille qu'il entend épouser après un divorce auquel Géraldine, mère de famille responsable, n'entend pas souscrire.

Faubourg

Un petit voyou, un peu souteneur, un peu arnaqueur et un peu instable arrive désargenté dans la petite ville de son enfance en compagnie d’une ex prostituée.

Il était dans le fiacre, en habit, le haut-de-forme sur les genoux, les traits plus fins, plus nerveux que d'habitude, et sa mère soupirait :
 - Cela me rappelle il y a vingt ans, quand ton cousin Jean s'est marié... Dans la voiture, il a avoué soudain à sa mère :
« - Maman, je marche à l'autel comme on marcherait au supplice ! Je n'ai jamais aimé Antoinette. Je ne l'aimerai jamais... »
De Ritter regardait les maisons qui défilaient dans le soleil et sa mère poursuivait après un nouveau soupir :
 - Hélas! il le fallait bien... Dis-moi, René... Avec moi, tu peux être franc... Avoue qu'il faut que tu te maries...
Faubourg de Georges Simenon
Le décor parfait de Simenon pour y tirer le portrait d’un homme tiraillé par ses rêves et ses frustrations dans un monde (une époque ?) où les hommes sont rois et les femmes à leur service, amoureuses, aimantes, soumises, travailleuses, sacrifiées

Le 21e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ils furent seuls à descendre du train et, dédaigneux du souterrain, ils attendirent le départ du convoi pour traverser les voies. Les wagons défilèrent, sans lumières, rideaux tirés. Tout le monde dormait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
René Chevalier revient avec une amie, Léa, dans sa ville natale qu'il a quittée vingt-cinq ans auparavant. Les gens ne le reconnaissent pas. Il erre dans les rues pendant plusieurs jours et Léa ne comprend les raisons pour lesquelles il a voulu venir habiter cette ville. Il se décide enfin à aller voir sa mère, sa tante et une jeune fille, Marthe, qui a toujours été amoureuse de lui. Il l'épouse, mais va chaque jour voir Léa dont les mœurs faciles provoquent un jour le drame inévitable...

Le déménagement

Et moi ? Pourquoi pas moi aussi ?

En entendant les ébats des voisins, tout se bouscule dans la tête d’Émile. Il ne sait même pas ce qu’il voudrait, mais il veut savoir, irrésistiblement attiré par le cabaret du Carillon-Doré.

Il se souvenait d'un été, quand il avait sept ou huit ans. Les petites gens, à cette époque, ne se précipitaient pas encore vers les plages ni au-delà des frontières.
Certains ne prenaient pas de vacances du tout. D'autres se rendaient dans quelque village où ils avaient des parents et où la principale distraction était de pêcher la grenouille dans les mares. Tout sentait le fumier. Les chambres aussi. On était éveillé, tôt matin, par le beuglement des vaches.
Il allait encore, une fois par semaine, au Kremlin-Bicêtre, pour embrasser son père qui était veuf et à la retraite après avoir été instituteur pendant quarante ans. Trois pavillons en pierre meulière subsistaient entre des immeubles locatifs et, dès qu'on avait poussé la porte, on entendait le tic-tac de la pendule de cuivre dans la salle à manger.
Le déménagement de Georges Simenon
Une peinture assez piquante des lotissements de banlieue alors qu’ils faisaient encore rêver (quoique…) et de la vie de famille des années 60…

…et des tentations qui brouillent l’esprit des âmes pures

Le 109e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était la seconde nuit. Il était resté éveillé aussi longtemps qu'il avait pu, gardant longtemps les yeux ouverts. Les volets métalliques laissaient passer entre leurs lattes un peu de la lumière crue des deux lampes électriques qui éclairaient la rue, au-delà de la pelouse.
Blanche dormait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Emile Jovis quitte le vieil appartement de la rue des Francs-Bourgeois où il habitait depuis des années, pour s'installer, avec les siens, à Clairevie, lotissement moderne de la banlieue. De cette nouvelle installation, Jovis se promet beaucoup de bonheur. Bientôt, il doit convenir que Clairevie, où chacun s'isole dans l'anonymat, remplace difficilement son ancien quartier de Paris. Mais Jovis fait, à la faveur d'une cloison mal insonorisée, une singulière découverte.

Les autres

Plus une nouvelle qu’un roman, les autres dissèque les liens familiaux à l’occasion du suicide du grand oncle avec, en point de mire, l’héritage. Un décès opportunément accompagné du retour du fils prodigue.

Son regard a toujours l'air de vous faire une confidence, d'établir, dès le premier abord, un lien entre elle et vous.
Son corps est souple, délicatement charnu et, de la voir se mouvoir dans la rue, on ne peut s'empêcher de l'imaginer dans sa chambre à coucher. Jusqu'à ses cheveux noirs, rebelles, dont une mèche retombe sans cesse sur sa joue pleine, qui sont les cheveux les plus voluptueux que je connaisse.
Je l'ai désirée aussi. Tout le monde l'a désirée. Et ce que ma mère appelle sa folie, son instabilité, ses frayeurs subites, cette façon qu'elle a de se replier soudain sur elle-même comme une bête qui flaire un danger, ajoute encore à son attrait.
On voudrait lui faire un rempart contre le monde, protéger des autres et d'elle-même. C'est le genre de femme qu'on aurait envie d'enfermer avec précaution, comme une chose précieuse, dans l'atmosphère raffinée d'un harem.
Les autres de Georges Simenon
Une nouvelle racontée – une fois n’est pas coutume – par un des protagoniste (un des trois frères en vue pour le partage), dans un journal pour un récit détaché, sans surprises ni envolées et pourtant d’une grande acuité

Le 99e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'oncle Antoine est mort mardi, la veille de la Toussaint, vers onze heure du soir vraisemblablement. La même nuit Colette a tenté de se jeter par la fenêtre À peu près dans le même temps, on apprenait qu'Édouard était revenu et que plusieurs personnes l'avaient aperçu en ville.
Tout cela a créé des remous dans la famille qu'on a vue hier, à l'enterrement, pour la première fois au complet depuis des années. Ce soir, dimanche, il pleut à nouveau.
Des rafales secouent les volets, font vibrer les vitres et l'eau coule intarissablement dans la gouttière qui descend à un mètre de ma fenêtre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Deux événements survenus en même temps déterminent Blaise Huet à en relater les péripéties, tout en les rattachant à l'histoire de sa famille : d'une part, la mort de son oncle Antoine, juriste éminent, âgé de 72 ans, qui s'est empoisonné la nuit précédant la Toussaint ; d'autre part, le retour inopiné de son cousin Edouard, disparu depuis des années.

L’assassin

Le Dr Kuperus ne se sent pas considéré comme il le faudrait, il en tire une certaine humiliation. Alors, le jour où il apprend que sa femme le trompe avec le numéro un de la ville, il vrille et décide de les tuer tous les deux.

Donc, tout était faux, y compris cette maison trop bien tenue, le nouveau salon, le piano, le manteau de fourrure et le coussin grenat de Mia...
Voilà pourquoi il avait tué ! Parce que, désormais, il s'ennuyait à mourir, parce qu'il ne croyait plus à la bouteille de bourgogne qu'on mettait à chambrer les jours où l'on recevait Van Malderen, parce qu'il ne pouvait même plus entendre Mia jouer du piano !
On l'avait trompé ! Toute sa vie, il avait été un imbécile ! On ne le nommerait même pas vice-président de l'Académie !...
Pourquoi ne pas tuer Schutter, et sa femme par-dessus le marché ?
Après, tant pis ! Il se tuerait aussi. Ou bien il se laisserait prendre et il dirait à ses concitoyens ce qu'il pensait d'eux.
L’assassin de Georges Simenon
Pour autant… cela suffira-t-il pour qu’il retrouve sa sérénité et pour qu’il réussisse à devenir le calife à la place du calife ?

Un roman psychologique assez réussi sur les frustrations sociales

Le 19e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le mélange était si intime entre la vie de tous les jours, les faits et gestes conventionnels et l'aventure la plus inouïe, que le docteur Kupérus, Hans Kupérus, de Sneek (Frise Néerlandaise) en ressentait une excitation quasi voluptueuse qui lui rappelait les effets de la caféine, par exemple.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'homme est un colosse, habituellement placide, et la vie pourtant l'a changé. Il a dérogé à ses habitudes de médecin pour aller acheter un revolver qui maintenant déforme sa poche. Il n'ira pas manger chez sa belle-soeur et attend l'heure avant de frapper. Un an ! Cela fait un an que cette lettre anonyme est arrivée. Un an qu'il réfléchit. Pas de hasard. Les soupçons pourront se porter sur lui, la belle affaire ! À la disparition de sa femme, il feindra l'inquiétude. La rumeur pourra se répandre et chanter : "Attention ! V'la l'assassin...", il faudra des preuves pour le coincer. Retrouver les corps. Faire éclater le scandale du petit cabanon près du lac. Ils devront l'accuser, eux tous qui savaient, notables et faux amis, qui fermaient les yeux et ne lui avaient rien dit...

Le fond de la bouteille

Ce fond de la bouteille est très cinématographique et à sa lecture on imagine fort bien les canyons, la rivière en furie, l’ambiance moite rendue floue par l’alcool et la violence contenue de chaque instant.

 - Viens !
Il pousse une porte, une autre porte. Il traverse la chambre de Nora, toute bleue, la salle de bains de Nora, bleue aussi, et d'un luxe qu'on ne s'attendrait pas à trouver dans une vallée perdue de l'Arizona. Puis c'est chez lui, une chambre jaune et brune, avec une salle de bains jaune.
Il allume les lampes au fur et à mesure, ouvre un placard où pendent des complets.
 — Tu étais de la même taille que moi.
 — Je suis devenu un peu plus maigre.
Sans gêne, sans pudeur, comme quand ils étaient gamins, son frère retira sa chemise, découvrant une poitrine blanche, un torse puissant, bien musclé, que P. M. lui a toujours envié. Il laisse tomber son pantalon, son caleçon. Il est nu comme un ver.
Le fond de la bouteille de Georges Simenon
Pour autant, à sa lecture, le rythme m’a semblé lent, limite un peu poussif.

L’histoire de deux frères que tout sépare, contraints par des forces plus grandes qu’eux. Le fleuve et la famille

Le 66e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il tenait son verre à la main et regardait vaguement le fond de whisky pâle qu'il contenait encore. On aurait dit - et c'était sans doute vrai - qu'il reculait le plaisir de boire la dernière gorgée. Quand il l'eut enfin avalée, il continua un bon moment a fixer le
verre. Il hésitait à le poser sur le comptoir, à le pousser un tout petit peu, de deux ou trois centimètres.
Bill, le barman, qui paraissait pourtant plongé dans une partie de dés avec des cow-boys, comprendrait le signal, car il était aux aguets: il était toujours aux aguets. surtout avec un client comme P.M.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque les pluies diluviennes de juillet viennent gonfler la rivière Santa Cruz, qui traverse la petite ville frontalière de Tumacacori, il devient impossible de passer de l'Arizona au Mexique.

Donald, évadé de prison, a mal choisi le moment pour se réfugier temporairement dans le ranch de son frère Patrick Ashbridge, dit "P.M.". Rien n'a jamais rapproché les deux hommes, si ce n'est un goût immodéré de l'alcool et un étrange dégoût de la vie. Mais Patrick est devenu un riche propriétaire et "deputy sheriff". Donald, le frère prodigue et séduisant, un criminel en fuite. Celui-ci doit passer le fleuve à tout prix.

Simenon a construit ce drame de la solitude et de l'amour fraternel comme un western tragique et sanglant. A l'image du désert illimité qui en est le décor, c'est un de ses romans les plus désespérés.