Le lambeau

L’attentat de Charlie Hebdo, c’est ça. Un événement qui semblerait indicible et pourtant. C’est ça. Tout va très vite.

Et après

Des policiers sont entrés et ils se sont penchés sur moi. Ils enquêtaient sur les frères Kouachi et ils voulaient savoir ce que j'avais vu. Ils étaient doux, attentifs. Ils étaient deux. Je cherchais au fond de leurs yeux une réponse qu'ils n'étaient pas venus trouver et que j'étais incapable de leur donner. Avec mes trois doigts, j'ai dessiné sur un carnet le plan de la salle de conférence. Des rectangles représentaient les corps dont je me souvenais. J'ai pensé que tout cela était bien mal dessiné et je me sentais coupable de n'avoir pas grand-chose à dire. Comme toujours, ai-je pensé. Jusque dans cette affaire, tu restes un mauvais journaliste, un type qui n'a rien à apprendre aux autres. Aucune info à donner, rien d'inédit. Juste quelques traits sur une page de carnet. Tu ne feras pas avancer l'enquête.
Le lambeau de Philippe Lançon

Philippe Lançon y a été défiguré, la mâchoire. La main aussi. Le lambeau c’est histoire de la reconstruction. Les chirurgiens, les médecins internistes, les infirmières, les physios, psys, ergos… mais aussi la famille, les amis… L’adieu à la vie d’avant. L’impatience et la douleur, les échecs thérapeutiques, les nouvelles tentatives, les greffes. L’humain et le corps. Et aussi l’enquête et la protection policière.

J'ai vite appris, grâce à ce cours particulier d'après nature, que la chirurgie est du grand art et du bricolage incertain : mélange de technique, d'expérience et d'improvisation. On ne choisissait généralement pas entre deux solutions, la bonne et la mauvaise, mais entre plusieurs possibilités qui présentaient toutes des inconvénients. Il fallait les mettre en balance avec les avantages. La balance était équilibrée par un fléau en alliage composite : l'état physique et mental du patient, le suivi postopératoire, les incertitudes cellulaires. Je suis assez vite devenu le chroniqueur en chambre de ma chirurgienne. Puisqu'elle refaisait de moi un homme avec un visage, tous ceux qui passaient devant moi devaient faire d'elle une héroïne. À elle l'action ; à moi le récit. Les romans de chirurgie sont des romans de chevalerie.

Et au milieu, un homme dont la vie a basculé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La veille de l'attentat, je suis allé au théâtre avec Nina. Nous allions voir aux Ouartiers d'Ivry, en banlieue parisienne, La Nuit des rois, une pièce de Shakespeare que je ne connaissais pas ou dont je ne me souvenais pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je me souviens qu'elle fut la première personne vivante, intacte, que j'aie vue apparaître, la première qui m'ait fait sentir à quel point ceux qui approchaient de moi, désormais, venaient d'une autre planète - la planète où la vie continue." Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo. Les balles des tueurs l'ont gravement blessé. Sans chercher à expliquer l'attentat, il décrit une existence qui bascule et livre le récit bouleversant d'une reconstruction, lente et lumineuse. En opposant à la barbarie son humanité humble, Le lambeau nous questionne sur l'irruption de la violence guerrière dans un pays qu'on croyait en paix

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan

Roland Perez est né avec un pied bot dans une famille juive marocaine à Paris. Ce livre, c’est son enfance, l’amour de sa mère, sa vie, son handicap et sa guérison, sa famille, son père, ses frères et soeurs, la cuisine juive, les voisins, Sylvie Vartan, ses études, sa femme et ses enfants, la télévision… Tout ça emmêlé, avec les parfums de la cuisine, l’odeur du métro et celle du lino du salon.

Jamais je ne me suis senti différent, jamais dans le regard de ma famille je n'ai lu de pitié ni de peine. Tout leur amour, tellement immense, me portait et effaçait toute trace de tristesse ou de frustration. Je marchais dans ma tête, tout simplement. C'était mon domaine, j'étais comme tout le monde, même si je ne savais pas à quoi ressemblait le monde. Car on veillait bien à me protéger des regards extérieurs. Dehors, oui, j'étais différent. Toujours dans les bras de ma mère à cinq ans, je devenais un objet de curiosité pour les voisins, les commerçants et les autres enfants. Ma mère déployait toujours la même rengaine à destination de ceux qui l'interrogeaient, ne serait-ce que du regard :
 - Vous savez, Roland il ne se plaint jamais, il se met devant la télé, il adore chanter, faire la conversation, il ne s'ennuie pas ! Et puis bientôt, il va marcher. On a rendez-vous avec un grand médecin qu'on nous a donné.
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Roland Perez

C’est truculent, très drôle et ça déborde d’amour, c’est beau comme tout. C’est doux comme un cigare au miel (la pâtisserie, donc !), ça déborde de sucre et ça fait même pleurer tellement c’est bon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma mère était persuadée qu'avec des cigares au miel on pouvait tout acheter. Avant chaque visite de l'assistante sociale, elle s'enfermait des heures durant dans sa cuisine. Assis par terre, je la regardais rouler les petites bûches, tandis que l'appartement s'emplissait des parfums d'amande et de fleur d'oranger.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Roland vit dans un HLM du 13e arrondissement de Paris, au sein d'une famille juive séfarade d'origine marocaine. A 5 ans, il ne marche toujours pas. Gardé à l'écart du monde par une mère très croyante et surprotectrice, l'enfant se passionne pour les émissions de télévision et pour Sylvie Vartan

Mon père, ma mère et Sheila

Comme un albums de souvenirs, cette petite collections d’instants parle d’enfance, de la famille, de l’école, d’homosexualité et de Sheila.

Curieusement, mon grand-père espérait que mes parents lui feraient une petite-fille. Si son vœu avait été exaucé, je me serais prénommé Christine. Fâché que l'aîné de ses petits-enfants ait un zizi, il n'est pas venu voir ma bobine à la clinique.
Je m'appelle Éric.
Mon père, ma mère et Sheila de Éric Romand

C’est souvent très drôle mais cette drôlerie un peu triste, comme si en dépit de tout, il fallait quand même garder le sourire.

La majeure partie de ma cagnotte me servait à acheter les quarante-cinq tours que Sheila sortait à une fréquence effrénée. J'écrivais mon prénom sur les pochettes et les classais dans le range-disque de la table de mon électrophone.

Et c’est très touchant

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Londres, 1er janvier 2012. Je suis heureux. J'ai bien l'intention de jouir de ce premier voyage avec toi. De retour à l'hôtel après une longue balade, nous faisons l'amour et nous endormons l'un contre l'autre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C’est l’album d’une famille, issue d’un milieu populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux, dans les années 70 et 80. Le narrateur y raconte son enfance solitaire au milieu des turbulences. Pour son entourage, il a des goûts bizarres, des attitudes gênantes, des manières qui provoquent la colère de son père et la désolation de sa mère. Il dessine des robes et coiffe les poupées de sa sœur. Il fait son possible pour ne pas ajouter au malaise. Pour s’échapper, il colle son oreille à son mange-disque. Regarde les émissions de variétés scintillantes… Et admire une célèbre chanteuse dont il aime les robes à paillettes, les refrains joyeux. Il voudrait être elle. Il voudrait être ailleurs. Un premier roman tout en sensibilité sur fond de nostalgie douce amère et d’humour salutaire

Le jeune homme

Une petite (toute petite) histoire vécue par Annie Ernaux dans les années 2000, une aventure avec un jeune homme de trente ans de moins qu’elle.

Il y a cinq ans, j'ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m'écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer. Souvent j'ai fait l'amour pour m'obliger à écrire. Je voulais trouver dans la fatigue, la déréliction qui suit, des raisons de ne plus rien attendre de la vie. J'espérais que la fin de l'attente la plus violente qui soit, celle de jouir, me fasse éprouver la certitude qu'il n'y avait pas de jouissance supérieure à celle de l'écriture d'un livre.
Le jeune homme de Annie Ernaux

Un livre qui se ressent comme le besoin d’en parler, de le mettre sur la table !

Avec lui je parcourais tous les âges de la vie, ma vie.

Mais après cette description sur une trentaine de pages que reste-t-il ? Que voulait-elle nous dire et qu’en penser ?

Oui… et ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y a cinq ans, j'ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m'écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la "fille scandaleuse" de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.Ce texte est une clé pour lire l'oeuvre d'Annie Ernaux - son rapport au temps et à l'écriture

Persepolis, tome 4

Après 4 ans en Autriche, Marjarne est de retour à Téhéran où les choses ne se sont pas arrangées et les droits des femmes se sont encore réduits (tous les droits, en fait). La guerre Iran-Irak s’est terminée et bientôt arrivera celle du Koweït.

Persepolis, tome 4 de Marjane Satrapi

Dans cet univers Marjane se reprend en main et devient prof d’aérobic (si, si, vraiment !). Puis elle rencontre Réza et retourne à l’université en arts graphiques et… se marie !

Un quatrième épisode sur la vie d’une femme dans une dictature religieuse, entre fêtes de nuit et interdits du jour, une vie schizophrène à la recherche d’un filet d’air libre

Persepolis 1
Persepolis 2
Persepolis 3

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le retour
Après quatre années de vie à Vienne, me revoilà à Téhéran. Dès mon arrivée à l'aéroport de Mehrabad et à la vue du premier douanier, je sentis immédiatement l'air répressif de mon pays.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Inconnue trois ans avant la fin de la saga, notre Prophète préférée est devenue entretemps un phénomène littéraire et médiatique qui dépasse les frontières habituelles de la bande dessinée. Ce quatrième Tome relate le retour de Marjane Satrapi dans l'Iran islamique et ses années de Beaux-Arts, jusqu'au moment de son exil en France

Persepolis, tome 3

Pour la protéger, les parents de Marjane l’envoient dans une école catholique francophone à Vienne.

Persepolis, tome 3 de Marjane Satrapi

Elle y découvre la solitude de l’exil, la difficulté de lier des amitiés, la barrière de la langue et des cultures, le racisme à l’âge des grands bouleversement du passage à l’âge adulte. Et ce n’est pas simple du tout.

Et l’amour ? Ah, l’amour ?

Une suite à la créativité un peu moins époustouflante, pour une période moins innocente, moins protégée et… complètement paumée en fait

Persepolis 1
Persepolis 2
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La soupe
Novembre 1984. Je suis en Autriche. J'étais venue là dans l'idée de quitter l'Iran religieux pour une Europe laïque et ouverte et que Zozo, la meilleure amie de ma mère, m'aimerait comme sa propre fille.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pour ce troisième volume (prépublié dans le cahier d'été 2002 de Libération), nous découvrons l'exil de la petite Marjane en Autriche, ses expériences chez les bonnes sœurs et chez les autres exilés iraniens, l'apprentissage d'un Occident qui la surprend et l’amène à revendiquer haut et fort ses origines

Persepolis, tome 2

La révolution a renversé le Shah, les intégristes musulmans sont au pouvoir, le voile devient obligatoire pour les femmes, les contrôles des milices, de l’état et des fonctionnaires s’intensifient et les libertés s’amenuisent aussi vite que les stocks des magasins.

Persepolis, tome 2 de Marjane Satrapi

Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, c’est la guerre avec l’Irak ! Les Skuds ne vont pas tarder à tomber sur Téhéran.

Le moment de fuir ?

Une suite autobiographique dans l’enfance toujours aussi touchante et imaginative avec des planches incroyables et créatives

Persepolis 1
Persepolis 3
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le voyage
Oh, merde !
Ils ont occupé l'ambassade des États-Unis !!
Qui ça, ils ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Deuxième volet du best-seller incontournable de L'Association qui est avant tout le récit bouleversant d'une enfance iranienne dans les années 80, de la guerre à l'exil. Quand l’autobiographie dessinée rejoint l’Histoire

Persepolis, tome 1

Voilà bien un monument à côté duquel j’étais passé. L’enfance de Marjane Satrapi en Iran à la veille de la révolution. Alors certes, zut, on connait déjà la fin, mais !

Persepolis, tome 1 de Marjane Satrapi

Mais cette page de l’histoire est vue ici de l’intérieur et par les yeux d’une enfant devenue adulte. Et c’est très bien fait.

Le début d’une révolution d’intellectuels et de communistes qui, on le voit déjà, sera vite confisquée par les intégristes musulmans.

Une œuvre intense et drôle à la créativité folle

Persepolis 2
Persepolis 3
Persepolis 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le foulard
Ça, c'est moi quand j'avais dix ans. C'était en 1980.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Première bande dessinée issue de l'Iran, Persepolis de Marjane Satrapi a été la révélation que l'on sait. La chute du Shah, la révolution islamique et l'exil vécus par une fillette de dix ans, qui choisit vingt ans plus tard la bande dessinée pour livrer son histoire

Les strates

Un petit bijou de merveille de carnet d’enfance, des anecdotes, des histoires, du vécu, des « trucs de filles », des chats (j’ai pleuré), la vie, l’enfance, la famille et les copain-e-s…

Les strates de Pénélope Bagieu

Pénélope nous raconte son enfance avec humour et tendresse

Des premiers souvenirs, des premiers copains, des premières émotions… Et c’est magnifique !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Pourquoi tu as pas de chat ? Alors que tu adores les chats.
Effectivement, notre passion féline à ma grande sœur et moi, remonte à très très loin...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'autrice de Culottées signe pour la première fois un récit autobiographique.
Eisner Award 2019, elle livre ici son premier récit autobiographique, où histoires d'enfance et d'adolescence composent le portrait de l'adulte qu'elle est devenu

Dessiner encore

Le jour des attentats de Charlie, Coco était là. Et maintenant, elle doit vivre encore.

Dessiner encore de Coco

Mais comment vivre avec ça ?

Une bande dessinée autobiographique, un témoignage intime. Un livre pour dire et peut être pour panser ou cesser d’y penser encore et encore, pour calmer tout ce bruit et cette fureur, soigner, tenter de survivre

Une horreur absolue et la vie qui doit continuer. Mais comment ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des fois ça va.
Des fois ça me submerge.
Ça m'emporte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'attentat du 7 janvier 2015 tourne en boucle dans ma tête. Tout fout le camp en moi mais le dessin résiste...