Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
La révolution a renversé le Shah, les intégristes musulmans sont au pouvoir, le voile devient obligatoire pour les femmes, les contrôles des milices, de l’état et des fonctionnaires s’intensifient et les libertés s’amenuisent aussi vite que les stocks des magasins.
Persepolis, tome 2 de Marjane Satrapi
Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, c’est la guerre avec l’Irak ! Les Skuds ne vont pas tarder à tomber sur Téhéran.
Le moment de fuir ?
Une suite autobiographique dans l’enfance toujours aussi touchante et imaginative avec des planches incroyables et créatives
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le voyage
Oh, merde !
Ils ont occupé l'ambassade des États-Unis !!
Qui ça, ils ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Deuxième volet du best-seller incontournable de L'Association qui est avant tout le récit bouleversant d'une enfance iranienne dans les années 80, de la guerre à l'exil. Quand l’autobiographie dessinée rejoint l’Histoire
Voilà bien un monument à côté duquel j’étais passé. L’enfance de Marjane Satrapi en Iran à la veille de la révolution. Alors certes, zut, on connait déjà la fin, mais !
Persepolis, tome 1 de Marjane Satrapi
Mais cette page de l’histoire est vue ici de l’intérieur et par les yeux d’une enfant devenue adulte. Et c’est très bien fait.
Le début d’une révolution d’intellectuels et de communistes qui, on le voit déjà, sera vite confisquée par les intégristes musulmans.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le foulard
Ça, c'est moi quand j'avais dix ans. C'était en 1980.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Première bande dessinée issue de l'Iran, Persepolis de Marjane Satrapi a été la révélation que l'on sait. La chute du Shah, la révolution islamique et l'exil vécus par une fillette de dix ans, qui choisit vingt ans plus tard la bande dessinée pour livrer son histoire
Un petit bijou de merveille de carnet d’enfance, des anecdotes, des histoires, du vécu, des « trucs de filles », des chats (j’ai pleuré), la vie, l’enfance, la famille et les copain-e-s…
Les strates de Pénélope Bagieu
Pénélope nous raconte son enfance avec humour et tendresse
Des premiers souvenirs, des premiers copains, des premières émotions… Et c’est magnifique !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pourquoi tu as pas de chat ? Alors que tu adores les chats.
Effectivement, notre passion féline à ma grande sœur et moi, remonte à très très loin...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'autrice de Culottées signe pour la première fois un récit autobiographique.
Eisner Award 2019, elle livre ici son premier récit autobiographique, où histoires d'enfance et d'adolescence composent le portrait de l'adulte qu'elle est devenu
Le jour des attentats de Charlie, Coco était là. Et maintenant, elle doit vivre encore.
Dessiner encore de Coco
Mais comment vivre avec ça ?
Une bande dessinée autobiographique, un témoignage intime. Un livre pour dire et peut être pour panser ou cesser d’y penser encore et encore, pour calmer tout ce bruit et cette fureur, soigner, tenter de survivre
Une horreur absolue et la vie qui doit continuer. Mais comment ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Des fois ça va.
Des fois ça me submerge.
Ça m'emporte.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'attentat du 7 janvier 2015 tourne en boucle dans ma tête. Tout fout le camp en moi mais le dessin résiste...
Après une première partie plutôt autobiographique, Michel Bussi entre dans le vif du sujet : que fait il ? Principalement une sous-branche des polars, les romans à twist. Qu’est-ce, comment ça fonctionne, à quoi faut-il être attentif ? Un petit manuel riche d’exemples tirés de ses propres livres et permettant d’en comprendre les mécanismes.
Pour l’anecdote, alors qu’il parle de la liberté qu’il laisse aux personnages de ses romans, il nous explique qu’en cas de dilemme entre un effet spectaculaire ou une justification cohérente, il préfère l’effet (quitte à ramer acrobatiquement par la suite pour rattraper les choses).
A ce sujet (attention spoil), il cite justement un point des Nymphéas noirs qui m’avait quelque peu chagriné. Et là, cher Michel, je ne suis pas vraiment d’accord avec vous !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai toujours vécu en Normandie. Né à Louviers, J'ai passe les dix premières années de ma vie au Manoir-sur-Seine, un village en bord de fleuve entouré de champs... et d'usines. Le bibliobus, qui passait dans la commune, a été ma première ouverture sur le monde des livres.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J'ai accumulé depuis quarante ans un nombre considérable d'histoires, d'embryons de récits, de points de départ intrigants... Tout un stock d'envies que j'ai développées pour mon seul plaisir, persuadé qu'elles ne deviendraient jamais des livres publiés. À ma plus grande surprise, année après année, ces histoires rêvées, ces personnages fantasmés, ces aventures qui me hantent depuis des décennies prennent vie. Ce stock de récits dormant dans ma mémoire est loin, très loin, d'être épuisé. »
Attiré bien sûr par la couv’ et le titre très tentants, je suis tombé sur un livre féministe des plus intimes et passionnants. Alors certes, il y a quelques longueurs, mais quel journal !
Journal : l’histoire de mon coeur et de mon cul de Noémie de Lattre
Premièrement, c’est très drôle et Noémie se livre sans détours. Mais ce que j’ai trouvé vraiment bien foutu, c’est qu’elle débriefe son propre journal au fil de sa lecture. Et là, ça devient très intéressant.
On assiste à la naissance de sa conscience et de son activisme féministe dans une démarche très personnelle (et souvent absolument universelle). Le journal d’une femme qui se bat et qui apprend à s’aimer et se connaitre.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La Reine de la Pipe
12 mars 2005
Merde ! Mais qu'est-ce que j'ai ? C'est quoi le problème ? J'ai une odeur ? Un truc horrible caché dans le vagin ou tatoué dans le dos qui fait fuir tous ceux qui s'approchent trop près ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Me voici donc, toute nue, toute véhémente, toute dérisoire. Voici les méandres de ma tête et de mon cœur. Voici ma pulpe, le bois dont je suis faite. »
PS : À ma famille, mes ex et à leurs parents : s'il vous plaît, ne lisez pas ce livre. Je vous aime
Camilla a un fils qui s’habille en rose depuis tout petit… Et alors ?
Elle raconte ici les difficultés et les joies qu’elle rencontre en Italie, avec la famille, les amis, l’école, les psy et les médecins, les groupes de personnes concernées, des sites spécialisées, des réseaux…
Mon fils en rose de Camilla Vivian
Une mère qui tente d’accompagner au mieux son enfant en l’écoutant sans figer ses points de vues, en protégeant, en se renseignant et en évitant de projeter ses à priori. Et c’est probablement dans ses questionnements et ses remises en questions qu’elle touche au plus juste.
Un livre magnifique sur l’amour et le respect et qui, humblement, pose peut-être plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Et c’est probablement une de ses plus grandes qualités.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je m'appelle Camilla et mon fils s'habille en rose.
Vous l'aviez surement déjà compris puisque c'est le titre de ce livre, mais voilà bien la question : pourquoi mon fils s'habille-t-il en rose ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Camilla Vivian vit seule avec ses trois enfants. Federico, son deuxième fils, manifeste depuis l'âge d'un an et demi le désir d'être - aussi - une fille.
Elle choisit de ne pas l'en empêcher et d'être plutôt à l'écoute.
Elle se documente, lit, trouve sur internet des histoires similaires à la sienne et découvre l'existence de la dysphorie de genre, des enfants gender fluid, transgender, non-binaires et d'autres encore.
Avec détermination, délicatesse et ironie, Camilla Vivian raconte son propre cheminement à travers l'histoire de Federico, un petit garçon serein et conscient de sa différence, avec ses cheveux longs, ses habits et son vernis à ongles roses.
Elle évoque le quotidien de sa famille, à l'école et à la piscine, pendant les courses et les fêtes d'anniversaire, la pression sociale et familiale, tout en partageant ses propres doutes et interrogations
Quelle autrice ! Quelle écriture ! Un livre écrit en plusieurs étapes, rassemblé et publié après son suicide. Quelle tristesse !
Burqa de chair de Nelly Arcan
Nelly Arcan nous parle, presque sereine (en tout cas avec plus de distance et termine en parlant d’elle à la troisième personne), de sa relation au corps, à sa mère, à la beauté, à son image et au regard de l’autre.
Avec une préface émouvante et bienvenue de Nancy Huston sur l’importance de l’oeuvre de Nelly Arcan
Avec une préface de Nancy Huston
Et finalement, oui…
Se tuer peut nuire à la santé Nelly Arcan
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La robe de chambre
La vie est un scandale, c'est ce que je me dis tout le temps. Être foutue là sans préavis, sans permission, sans même avoir consenti au corps chargé de me traîner jusqu'à la mort, voilà qui est scandaleux.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Septembre 2001-septembre 2009 : en l'espace de huit ans, une jeune femme déploie son chant et disparaît. Huit ans seulement pour entrer avec fracas dans la littérature et pour s'échapper du monde tout aussi violemment. Nelly Arcan était une guerrière, sous les fragiles apparences d'un ange blond. Son courage intellectuel n'avait d'égal que son effroi de vivre, c'est-à-dire d'habiter un corps. Un corps de femme, exposé et convoité, prison et camisole, étendard et linceul. Burqa de chair, disait-elle dans une formule saisissante. Il semblerait que très tôt elle ait appris à poser les bonnes questions, celles qui dérangent, que s'emploie à détailler Nancy Huston dans sa préface. Les textes qu'on lira ici sont du meilleur Nelly Arcan. Dernières pierres blanches au bord d'une route interrompue, ils nous donnent l'occasion d'entendre encore une fois la beauté de cette langue inimitable, étourdissante, et qui laisse le lecteur hors d'haleine
Après le choc de Putain, j’ai directement entamé Folle, livre dans lequel Nelly Arcan annonce son suicide pour ses 30 ans (ce qu’elle réalisera tristement un peu plus tard). Elle y parle d’une déception amoureuse, de ses obsessions pour la « jeunesse-beauté » (duo indissociable selon elle et qu’elle voit s’échapper) et des rôles assignés aux femmes.
Folle de Nelly Arcan
Une fin de relation toxique et chaotique pleine d’aigreur et de regrets.
Des phrases plus courtes, posées, un style plus maîtrisé mais moins déconcertant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) À Nova rue Saint-Dominique où on s'est vus pour la première fois, on ne pouvait rien au désastre de notre rencontre. Si j'avais su, comme on dit la plupart du temps sans dire ce qui aurait dû être su au juste, et sans comprendre que savoir à l'avance provoque le pire, si on avait pu lire dans les tarots de ma tante par exemple la couleur des cheveux des rivales qui m'attendaient au tournant et si de l'année de ma naissance on avait pu calculer que plus jamais tu ne me sortirais de la tête depuis Nova...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) «Ensuite j'ai eu peur de tout, j'ai eu peur qu'il soit comme toi, qu'en naissant le bébé ait déjà un passé rempli d'autres femmes. [...] Il me semblait qu'en venant de toi, cet enfant me quitterait.»
Devenant son propre personnage, Nelly Arcan, jeune romancière sulfureuse, écrit une lettre à l'homme qui l'a quittée. Histoire de conquête et d'abandon, de désir et d'humiliation entre une jeune femme québécoise et son amant français, consommateur de cyber-sexe et de coke. Elle s'y révèle amoureuse folle, folle de jalousie, folle de son corps haï, folle de la dictature planétaire de l'image.
Après le succès éblouissant de Putain, Nelly Arcan plonge une nouvelle fois dans la beauté d'un désespoir absolu
Nelly Arcan raconte sa vie avec des phrases longues comme les pages pour tenter de décrire tout ce qu’elle n’arrive pas à dire. Une lecture hypnotique qui parle d’une société malade, de la valorisation et marchandisation du corps, de la beauté et des choses.
Putain de Nelly Arcan
Un texte glaçant qui se déroule sans fin pour tenter de trouver… Mais trouver quoi dans toute cette putasserie ou les hommes paient pour baiser des jeunes femmes de l’âge de leurs filles ? Qu’un bain de mousse et un sac Hermès peuvent apporter du bonheur ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je n'ai pas l'habitude de m'adresser aux autres lorsque je parle, voilà pourquoi il n'y a rien qui puisse m'arrêter, d'ailleurs que puis-je vous dire sans vous affoler, que je suis née dans un village de campagne à la lisière du Maine, que j'ai reçu une éducation religieuse, que mes professeurs étaient toutes religieuses, des femmes sèches et exaltées devant le sacrifice qu'elles faisaient de leur vie, des femmes que je devais appeler mères et qui portaient un faux nom qu'elles devaient d'abord se choisir, sœur Jeanne pour Julie et sœur Anne pour Andrée, des sœurs-mères qui m'ont enseigné l'impuissance des parents à nommer leurs enfants, à les définir adéquatement auprès de Dieu, et que voudriez-vous savoir de plus, que j'étais somme toute normale, plutôt douée pour les études, que dans cette campagne de fervents catholiques où j'ai grandi on renvoie les schizophrènes aux prêtres pour qu'on les soigne par exorcismes, que la vie y est très belle lorsqu'on se contente de peu, lorsqu'on a la foi ? Et quoi encore, que j'ai joué du piano pendant douze ans et que j'ai voulu comme tout le monde quitter la campagne pour habiter la ville, que depuis je n'ai plus joué une note et que je me suis retrouvée serveuse de bar, que je me suis faite putain pour renier tout ce qui jusque-là m'avait définie, pour prouver aux autres qu'on pouvait simultanément poursuivre des études, se vouloir écrivain, espérer un avenir et se dilapider ici et là, se sacrifier comme l'ont si bien fait les sœurs de mon école primaire pour servir leur congrégation ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Cachée derrière les rideaux de sa chambre, une prostituée patiente entre deux clients. L'attente se nourrit du souvenir : une famille dévote, une mère absente et un père distrait. Et parfois la jouissance éprouvée avec ces hommes auxquels elle fait l'amour, ces hommes qu'elle déteste peut-être autant qu'elle-même. Un récit obsessionnel qui ressemble à un exorcisme désespéré pour se maintenir en vie