Du beau avec du moche

Une petite BD de rien du tout qui tente (et réussi très bien, même) à raconter l’impossible, l’indicible. Les attentats de Paris et… la vie après.

Du beau avec du moche de Kek

Comment se reconstruire après un choc pareil ?

Une histoire très touchante de petites boites

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Non, non, non.
Non, pas comme ça.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
13 novembre 2015, Paris, Xe. Des coups de feu dans la rue.

Descendus porter secours aux blessés, Kek et son amie Amélie se retrouvent vite désemparés.

Les jours d'après ne sont guère plus faciles à gérer. Traumatisme, colère, sentiment de solitude, errance médicale, le quotidien se mue en tragédie.

Et si l'art pouvait aider à se reconstruire ?

La fantaisie des dieux : Rwanda 1994

Voilà près de trente ans s’est déroulé un génocide en Afrique.
Plus de 800 000 morts en cent jours !

La fantaisie des dieux : Rwanda 1994 de Patrick de Saint-Exupéry, dessins de Hippolyte

Et la France, Mitterand, décidait de regarder ailleurs.

Témoin du génocide, Patrick de Saint-Exupéry raconte ici les événements, mis en dessins par Hippolyte. C’est dur et violent, voir parfois onirique quand les mots ne suffisent plus. Une brillante réussite en tant que bande dessinée, un choc comme témoignage.

Le récit d’une infamie

A lire pour aller plus loin : L’inavouable : la France au Rwanda

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
En 1994, il se produisit un génocide au Rwanda.
Un génocide est un crime contre l'humanité.
Monsieur le président.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il n'y avait plus de mots. Juste ce silence. Épais, lourd. C'était un génocide, celui des Tutsis du Rwanda, le troisième du XXe siècle.

Il faisait beau, il faisait chaud. Nous avions pénétré le monde du grand secret.

Sur les collines de Bisesero, des instituteurs tuaient leurs élèves, des policiers menaient la battue. C'était la « grande moisson ».

François Mitterrand niait « le crime des crimes ». Comment raconter ?

Une vie heureuse

Ginette a invité Marion pour une causerie dans son salon. On les imagine très bien avec un thé et des spéculos (ou un petit verre de blanc ?)

Souvent, on me pose la question : comment avez-vous fait pour survivre ? 
Je ne sais pas.
Une vie heureuse de Ginette Kolinka et Marion Ruggieri

Et derrière cette apparente légèreté, Ginette Kolinka (la maman du batteur de Téléphone) raconte sa vie, sa jeunesse, la déportation à Auschwitz-Birkenau, le camp, la faim, la maladie, la violence, le retour et surtout : la vie qui reprend !

On a porté l'étoile dès qu'il a fallu la porter.
Papa, né à Paris, et qui était français, avait combattu en 1914, nous n'avions rien à craindre selon lui. On a rendu nos vélos, les postes de TSF, on a évité les jardins publics, on n'est plus allés au cinéma ni à la piscine car c'était interdit aux Juifs. Mes sœurs ont dû arrêter de travailler. Et notre père a dû quitter son atelier.

C’est tendre et doux, même joyeux. Malgré un numéro tatoué sur le bras.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'ai 97 ans, ça fait quatre-vingt-sept ans que je monte ces escaliers. Les marches me connaissent. Je les ai usées.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ginette Kolinka, qui va fêter ses 98 ans, habite le même appartement depuis qu'elle a dix ans. Elle a toujours vécu là, au cœur de Paris, à l'exception de trois ans : de 1942 à 1945.

Dans cet appartement, il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus de Birkenau : son père, son petit frère, son neveu. Les disques d'or de son fils, Richard, batteur du groupe Téléphone. Les photos de famille : petits-enfants, arrière-petits-enfants. Les dessins des écoliers, à qui elle raconte son histoire aux quatre coins de la France. Et même les meubles qu'ont laissés les « collabos ».

Ginette nous fait la visite.

On traverse le temps : l'atelier du père, les cinq sœurs, la guerre, ce mari adorable et blagueur. Les marchés, qui l'ont sauvée. Et les camps qui affleurent à chaque page, à chaque pas.

Mais Ginette, c'est la vie ! Le grand présent. « On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais parce que j'ai tout pour être heureuse ! »

Jan Karski : l’homme qui a découvert l’Holocauste

Soldat polonais pendant la 2e guerre mondiale, capturé, engagé dans la résistance, capturé, torturé, échappé, infiltré dans le volontaire ghetto de Varsovie et dans un camp d’extermination (possiblement celui de Bełżec), Jan Karski à témoigné de l’horreur de la solution finale nazie devant les dirigeants Anglais et États-uniens.

Jan Karski : l’homme qui a découvert l’Holocauste de Marco Rizzo et dessins de Lelio Bonaccorso

Avec l’espoir de mettre fin plus rapidement à l’horreur.

Une bande-dessinée aux traits malheureusement inégaux, alternant entre réalisme froid et personnage de comics.

L’histoire d’un Juste parmi les Nations

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Monsieur, je n'ai pas dit que ce jeune homme mentait. J'ai dit que je suis incapable de le croire.
Ce n'est pas la même chose»
1939. Jan Kozielewski, jeune Polonais de bonne famille, catholique, est happé par la guerre.
Sous le nom de Jan Karski, il devient un agent de la résistance.
Sa mission : s'introduire au coeur du ghetto de Varsovie puis dans un camp d'extermination et transmettre son rapport au Président des États-Unis.
Peu de livres relatent l'histoire extraordinaire, incroyable et passionnante de Karski.
Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso lui ont rendu hommage à travers ce roman graphique

Le lambeau

L’attentat de Charlie Hebdo, c’est ça. Un événement qui semblerait indicible et pourtant. C’est ça. Tout va très vite.

Et après

Le lambeau de Philippe Lançon

Philippe Lançon y a été défiguré, la mâchoire. La main aussi. Le lambeau c’est histoire de la reconstruction. Les chirurgiens, les médecins internistes, les infirmières, les physios, psys, ergos… mais aussi la famille, les amis… L’adieu à la vie d’avant. L’impatience et la douleur, les échecs thérapeutiques, les nouvelles tentatives, les greffes. L’humain et le corps. Et aussi l’enquête et la protection policière.

Et au milieu, un homme dont la vie a basculé

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La veille de l'attentat, je suis allé au théâtre avec Nina. Nous allions voir aux Ouartiers d'Ivry, en banlieue parisienne, La Nuit des rois, une pièce de Shakespeare que je ne connaissais pas ou dont je ne me souvenais pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Je me souviens qu'elle fut la première personne vivante, intacte, que j'aie vue apparaître, la première qui m'ait fait sentir à quel point ceux qui approchaient de moi, désormais, venaient d'une autre planète - la planète où la vie continue." Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon était dans les locaux de Charlie Hebdo. Les balles des tueurs l'ont gravement blessé. Sans chercher à expliquer l'attentat, il décrit une existence qui bascule et livre le récit bouleversant d'une reconstruction, lente et lumineuse. En opposant à la barbarie son humanité humble, Le lambeau nous questionne sur l'irruption de la violence guerrière dans un pays qu'on croyait en paix

Dessiner encore

Le jour des attentats de Charlie, Coco était là. Et maintenant, elle doit vivre encore.

Dessiner encore de Coco

Mais comment vivre avec ça ?

Une bande dessinée autobiographique, un témoignage intime. Un livre pour dire et peut être pour panser ou cesser d’y penser encore et encore, pour calmer tout ce bruit et cette fureur, soigner, tenter de survivre

Une horreur absolue et la vie qui doit continuer. Mais comment ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des fois ça va.
Des fois ça me submerge.
Ça m'emporte.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'attentat du 7 janvier 2015 tourne en boucle dans ma tête. Tout fout le camp en moi mais le dessin résiste...

Mon fils en rose

Camilla a un fils qui s’habille en rose depuis tout petit… Et alors ?

Elle raconte ici les difficultés et les joies qu’elle rencontre en Italie, avec la famille, les amis, l’école, les psy et les médecins, les groupes de personnes concernées, des sites spécialisées, des réseaux…

Mon fils en rose de Camilla Vivian

Une mère qui tente d’accompagner au mieux son enfant en l’écoutant sans figer ses points de vues, en protégeant, en se renseignant et en évitant de projeter ses à priori. Et c’est probablement dans ses questionnements et ses remises en questions qu’elle touche au plus juste.

Un livre magnifique sur l’amour et le respect et qui, humblement, pose peut-être plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Et c’est probablement une de ses plus grandes qualités.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'appelle Camilla et mon fils s'habille en rose.
Vous l'aviez surement déjà compris puisque c'est le titre de ce livre, mais voilà bien la question : pourquoi mon fils s'habille-t-il en rose ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Camilla Vivian vit seule avec ses trois enfants. Federico, son deuxième fils, manifeste depuis l'âge d'un an et demi le désir d'être - aussi - une fille.
Elle choisit de ne pas l'en empêcher et d'être plutôt à l'écoute.
Elle se documente, lit, trouve sur internet des histoires similaires à la sienne et découvre l'existence de la dysphorie de genre, des enfants gender fluid, transgender, non-binaires et d'autres encore.
Avec détermination, délicatesse et ironie, Camilla Vivian raconte son propre cheminement à travers l'histoire de Federico, un petit garçon serein et conscient de sa différence, avec ses cheveux longs, ses habits et son vernis à ongles roses.
Elle évoque le quotidien de sa famille, à l'école et à la piscine, pendant les courses et les fêtes d'anniversaire, la pression sociale et familiale, tout en partageant ses propres doutes et interrogations

Dieu était en vacances

Comment écrire l’horreur, l’enfer, Auschwitz ?

Dieu était en vacances de Julia Wallach et Pauline Guéna

Comme ça !

Avec l’apparente simplicité d’une histoire racontée, Dieu était en vacances dévoile la Shoah sans voyeurisme ni pudeur. Les pires horreurs de nos inhumanités.

Certes, née en 1927, Madame Wallach n’a plus toujours toute sa mémoire et parfois, certains prénoms s’échappent, mais qu’elle ne s’en excuse pas ! Quel revenant de l’enfer voudrait s’en souvenir ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Mes souvenirs d'enfance me précipitent tout droit dans la bouche des camps où mes parents ont été assassinés. Je ne peux pas penser à ma mère qui chante un opéra en yiddish dans la cuisine de notre petit appartement sans revoir aussi les policiers qui l'emmènent et elle qui les supplie de m'épargner. Je ne peux pas raviver en moi la haute silhouette de mon père, ses sourcils froncés alors qu'il parcourt le journal, sans l'apercevoir, hagard, déplacer une pierre trop lourde sur un chantier du camp, cherchant timidement autour de lui, espérant revoir sa femme, l'amour de sa vie. »

Julia Wallach a dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportée vers Birkenau. Pendant deux ans, elle connaît l'horreur des camps et la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir. Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim va, pas à pas, se reconstruire, tomber amoureuse et fonder une famille. Une longue marche vers la vie, ponctuée d'éclats de rire et de colère, drapée, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer

Sans alcool

Claire Touzard est alcoolique. Enfin… était ! Elle a décidé d’arrêter et ce livre suit son parcours à la manière d’un journal.

Sans alcool de Claire Touzard

Aidée par une rencontre et l’amour elle raconte ses prises de conscience, ses difficultés, les doutes, les interactions sociales et familiales, les alcooliques anonymes, les amis et les fêtes, l’alcool mondain, la pression sociale, la vie d’avant et la vie retrouvée… Puis vint la pandémie et l’isolement et le couple qui s’y confronte et…

J’avoue que je l’ai lu de façon un peu malsaine en attendant une rechute… Un témoignage d’une grande franchise et qui posera plein de questions à qui s’en est déjà posées sur sa propre consommation.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En France, on s'avoue rarement alcoolique. Quand on boit on est festif, irrévérent, drôle. Français. Un jour pourtant, Claire arrête de boire. Elle prend conscience que cet alcool, prétendument bon-vivant, est en vérité en train de ronger sa vie. Il noyaute ses journées, altère sa pensée, abîme ses relations. En retraçant son passé, elle découvre à quel point l'alcool a été le pilier de sa construction et de son personnage de femme.

Sans alcool est le journal de son sevrage. Un chemin tortueux, parfois rocambolesque, à travers son intimité. Une quête de libération complexe, dans un pays qui sanctifie le pinard. L'autrice affronte son passé, l'héritage familial, le jugement des autres.

Son récit interroge, au-delà de son expérience. Pourquoi boire est une telle norme sociale ? Alors qu'on lui a toujours vendu la sobriété comme le choix des cons et des culs bénis, elle réalise qu'on l'a sans doute flouée. Être sobre est bien plus subversif qu'elle ne l'imaginait

Et ces êtres sans pénis !

Mais comment, mais pourquoi ? Comment et pourquoi un système peut-il exister dans lequel la moitié de la population n’a aucun autre droit que celui de se taire, se voiler et subir ? Dans quels esprits malades une telle organisation a-t-elle pu voir le jour, comment fait-elle pour perdurer ?

Et ces êtres sans pénis ! de Chahdortt Djavann

Un livre qui, sur le fond, rappelle fortement Les putes voilées n’iront pas au paradis, tout en mixant avec brio l’auto fiction, le documentaire et le roman.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je ne respecte les règles d'aucun romancier » affirme Chahdortt Djavann. En effet, la voilà qui entre et sort de manière virtuose de son roman, comme si elle franchissait les frontières d'un pays. Narratrice de sa fiction, elle en devient aussi un des personnages.

Après « faute de naissance », un premier chapitre intime où l'auteur confesse son « indélicatesse d'être née sans pénis après un frère mort », elle nous raconte, de Téhéran à Ispahan, le destin de plusieurs femmes qui paient un prix effroyable pour avoir joué autour d'une fontaine, refusé un mariage arrangé en vivant un amour homosexuel, ôté son voile en public ou tenu tête a un mari puissant.

Dans le dernier chapitre aux allures de conte, l'auteur traverse l'Europe, l'Arménie et l'Azerbaïdjan et rentre clandestinement dans son Iran natal, au risque d'être arrêtée comme espionne. Elle y retrouve deux cousines, devenues grandes résistantes, qui vont changer le cours de l'Histoire.

Voici le roman le plus atypique, le plus poétique et le plus audacieux de Chahdortt Djavann dont la plume, limpide et puissante, nous surprend et nous transporte