Après un Assemblage impressionnant, mes attentes étaient fortes pour le deuxième livre de Natasha Brown. D’où, possiblement mon appréciation en demi-teinte face à ce livre qui ne démérite pourtant pas.
Au travers d’un fait divers touchant un groupuscule autonome, les universalistes, cette histoire explore le wokisme et la discrimination positive qui empoisonnerait les entreprises et défavoriserait toute une partie de la population avec un racisme antiblanc.
Peut-être aurais-je préféré une vision plus caricaturale ? Même si finalement, c’est indéniablement la force de ce livre que d’inviter à la réflexion
On ne dirait pas, mais c'est sacrément lourd, un lingot d'or. Quatre cents onces, soit environ douze kilos et demi d'or pur moulé en une espèce de barre - à mi-chemin entre la brique étroite et la pyramide.
Dans une ferme isolée du Yorkshire, un homme est brutalement assommé à l’aide d’un lingot. Que faisait le principal suspect de cette attaque au milieu d’un groupe de squatteurs ? Qui est le propriétaire de cette demeure et de cette arme en or massif ? Hannah, une jeune journaliste, a mené l’enquête et interrogé tous les protagonistes pour nous livrer le récit précis des événements : un banquier cynique, une polémiste iconoclaste et un groupuscule anarchiste dont les chemins n’auraient jamais dû se croiser.
Mais lorsque se termine l’article d’Hannah, publié par un célèbre magazine, la caméra change soudain d’épaule et nous rencontrons les acteurs de ce drame devenu viral. Au centre de cette galaxie de personnages se trouve Lenny, chroniqueuse et autrice de deux livres viscéralement « anti-woke ». Grande gueule, maligne, drôle – et délicieusement détestable –, elle aussi connaît le pouvoir d’un récit efficace. Hannah avait besoin de l’histoire du lingot pour lancer sa carrière de journaliste, Lenny avait besoin de visibilité pour accroître sa surface médiatique. Mais à jouer avec les lecteurs, c’est toute la société qu’on risque de mettre à feu…
Les Universalistes explore le pouvoir du langage et questionne notre vigilance face à l’information. La plume de Natasha Brown est d’une férocité jouissive et nous rappelle que derrière une plaisanterie ou une métaphore bien sentie, se cachent parfois des discours dangereusement populistes. Un roman aussi addictif que brillant.