L’escalier de fer

Ce roman dur annonce une fin fort prévisible et pourtant, Simenon arrive encore à en faire une fin remarquable. Mais ni par un twist invraisemblable, ou un grandiose retournement de situation. Non ! Juste une fin misérable à la hauteur du protagoniste.

Peut-être, sans la phrase de la concierge, cela se serait-il passé autrement. Cette phrase-là ne lui était jamais sortie de la mémoire et l'avait hanté pendant les trois jours qu'il avait passés dans son lit, après le jeudi que Louise avait emmené Mariette dans sa chambre et que les deux femmes étaient restées long-temps à chuchoter. S'il avait décidé de vivre, c'était probablement à cause de l'image qu'évoquaient les mots entendus jadis par la fenêtre ouverte.
 ─ Quand on l'a mis dans son cercueil, il ne pesait pas plus qu'un enfant de dix ans.
Il ne pouvait s'empêcher de voir Guillaume Gatin, avec son chapeau sur la tête, son demi-saison beige et ses moustaches, réduit à la taille et au poids d'un gamin de dix ans. Car, dans son esprit, il lui diminuait la taille aussi.
L’escalier de fer de Georges Simenon
Un livre sans grand éclat ni suspense, juste un couple dans un magasin avec, au fond, un escalier de fer qui monte à l’appartement. Un homme incapable de réagir et une femme… comment dire ? Superbe d’amoralité

Le 78e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La première note fut écrite au crayon, sur une feuille de bloc-notes de la grandeur d'une carte postale. Il ne crut pas devoir mettre la date complète.
« Mardi. Crise à 2 h 50. Durée 35 minutes. Colique.
Mangé purée de pommes de terre au déjeuner. »
Il fit suivre le mot déjeuner du signe moins, qu'il entoura d'un cercle, et, dans son esprit, cela voulait dire que sa femme n'avait pas pris de purée. Il y avait des années que, par crainte d'engraisser, elle évitait les féculents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Etienne Lomel ressent depuis quelque temps de vives douleurs à l'estomac, sans qu'on puisse déterminer chez lui une maladie. Il a peur. Sa femme Louise a été mariée une première fois et Etienne était son amant avant que le mari meure. Etienne, au début de son mariage, a entendu par inadvertance une phrase de la concierge disant que Guillaume, lors de sa mort, était devenu si maigre qu'il ne pesait pas plus lourd qu'un enfant de dix ans.

Les fiançailles de M. Hire

M. Hire, homme discret, un peu atypique, renfermé… Suspect idéal ! Pourtant, il semble savoir. Et la bonne, juste en face ?

Le kummel lui brûlait l'estomac. Ses genoux tremblaient comme chaque premier lundi du mois quand il avait joué aux quilles.
C'était comme un refroidissement lent. Petit à petit, M. Hire se mettait à la tempé- rature de l'auto. Sa nervosité, sa fièvre, son entrain s'évaporaient et il s'enfonça jusqu'au nez dans le col de son manteau. Sans bou- ger de son siège, sans ralentir, le chauffeur ouvrit la portière d'une main et cria en se penchant à peine :
Je prends par la porte d'Italie ?
Par où vous voudrez.
La portière claqua. La vitre descendit de deux centimètres et il y eut désormais un courant d'air glacial.
Monsieur le procureur de la République...
On longea le terrain vague où la femme avait été tuée. Le chauffeur devait le savoir, car il ralentit pour regarder la palissade. Au coin de la rue, il y avait une fille, comme tou- jours, qui suivit le taxi avec des yeux indiffé- rents.
Les fiançailles de M. Hire de Georges Simenon
Mais il faut un coupable !

Il n’en faut pas beaucoup plus à foule.

Un roman dur qui prend son temps et qui monte imperceptiblement vers l’inéluctable drame

Le 5e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La concierge toussota avant de frapper, articula en regardant le catalogue de La Belle Jardinière qu'elle tenait à la main :
- C'est une lettre pour vous, monsieur Hire.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
A Villejuif, on vient d'assassiner une femme dans un terrain vague. Un seul indice : le sac de la victime a disparu ; la police croit cependant au crime d'un sadique. La concierge de Mr. Hire, rendue méfiante par le comportement singulier de son locataire, signale qu'elle a entrevu chez lui une serviette tachée de sang. Mr. Hire est aussitôt pris en filature. Cet homme au physique disgracieux, au caractère insaisissable, vit d'expédients.