La vie continuée de Nelly Arcan

Nelly Arcan fascine pour beaucoup de raisons… certaines plutôt tordues. Toutefois, il me semble difficile de l’aborder en dissociant l’autrice de son oeuvre tant sa vie et ses livres se sont répondus dans une danse schizophrène.

La publication d'À ciel ouvert constitue un soubresaut médiatique. Certains s'amusent à exploiter le champ lexical érotique pour en rendre compte. Ils évoquent un quickie, sourient de ses vêtements sexy. L'allure un brin cagole de Nelly Arcan est évoquée dans chacune des rencontres. Le caractère irréconciliable de ce qu'elle dénonce dans ses livres et auquel elle prête pourtant le joug est reçu en paradoxe. Jamais il n'est affronté comme démonstration de son propos. Jamais il n'est traité pour ce qu'il est : le cœur du sujet.
La vie fait des farces.
Elle se charge de le prouver par l'exemple.
La vie continuée de Nelly Arcan de Johanne Rigoulot
Un grand écart, jamais satisfaisant entre le besoin de plaire et la douleur de cette injonction. Mais comment croire une victime aussi pratiquante ?

Une biographie pleine de tendresse et d’empathie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Blonde aux cheveux longs, les traits délicats, elle offre un sourire constant, éclairé par des dents parfaites. Une poitrine atomique surplombe sa taille de guêpe. Ses jambes de plastique tendre et légèrement articulé sont fuselées. Quant aux pieds, minuscules, ils ont la cambrure d'un stiletto Louboutin.

Elle est haute de 28 centimètres.

La poupée Barbie apparaît entre les mains des fillettes dans les années 1960. Son corps répond aux normes de perfection de l'époque.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une enquête intime dans l'oeuvre et la vie de Nelly Arcan, une réflexion sur l’écartèlement identitaire du féminin.

Dans un récit vif, interrogeant son propre rapport à la féminité et à l’évolution des codes de la séduction, Johanne Rigoulot explore les ferments que l’écrivaine Nelly Arcan nous a légués. Indissociable de la parution en 2001 de Putain, ovni littéraire sur son quotidien d’escorte à Montréal, et d’une image ultra-travaillée de blonde fatale, Nelly Arcan, qui s’est suicidée à 36 ans, est longtemps restée en marge du panthéon intellectuel. Trop sexy, trop fragile, trop québécoise. Pourtant, elle a exploré en visionnaire toute la complexité de la condition des femmes, prises entre besoin d’exister et impératif de plaire.