Les autres

Plus une nouvelle qu’un roman, les autres dissèque les liens familiaux à l’occasion du suicide du grand oncle avec, en point de mire, l’héritage. Un décès opportunément accompagné du retour du fils prodigue.

Son regard a toujours l'air de vous faire une confidence, d'établir, dès le premier abord, un lien entre elle et vous.
Son corps est souple, délicatement charnu et, de la voir se mouvoir dans la rue, on ne peut s'empêcher de l'imaginer dans sa chambre à coucher. Jusqu'à ses cheveux noirs, rebelles, dont une mèche retombe sans cesse sur sa joue pleine, qui sont les cheveux les plus voluptueux que je connaisse.
Je l'ai désirée aussi. Tout le monde l'a désirée. Et ce que ma mère appelle sa folie, son instabilité, ses frayeurs subites, cette façon qu'elle a de se replier soudain sur elle-même comme une bête qui flaire un danger, ajoute encore à son attrait.
On voudrait lui faire un rempart contre le monde, protéger des autres et d'elle-même. C'est le genre de femme qu'on aurait envie d'enfermer avec précaution, comme une chose précieuse, dans l'atmosphère raffinée d'un harem.
Les autres de Georges Simenon
Une nouvelle racontée – une fois n’est pas coutume – par un des protagoniste (un des trois frères en vue pour le partage), dans un journal pour un récit détaché, sans surprises ni envolées et pourtant d’une grande acuité

Le 99e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'oncle Antoine est mort mardi, la veille de la Toussaint, vers onze heure du soir vraisemblablement. La même nuit Colette a tenté de se jeter par la fenêtre À peu près dans le même temps, on apprenait qu'Édouard était revenu et que plusieurs personnes l'avaient aperçu en ville.
Tout cela a créé des remous dans la famille qu'on a vue hier, à l'enterrement, pour la première fois au complet depuis des années. Ce soir, dimanche, il pleut à nouveau.
Des rafales secouent les volets, font vibrer les vitres et l'eau coule intarissablement dans la gouttière qui descend à un mètre de ma fenêtre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Deux événements survenus en même temps déterminent Blaise Huet à en relater les péripéties, tout en les rattachant à l'histoire de sa famille : d'une part, la mort de son oncle Antoine, juriste éminent, âgé de 72 ans, qui s'est empoisonné la nuit précédant la Toussaint ; d'autre part, le retour inopiné de son cousin Edouard, disparu depuis des années.