Le livre que je ne voulais pas écrire

Il y a des concerts dont on dit fièrement : « j’y étais ». Là, c’est pas vraiment ça.
Erwan Larher était au Bataclan le soir du concert d’EODM le 13 novembre 2015, il s’en est tiré avec une balle dans le cul.

La nuit, tu te parles, tu t'encourages, tu te motives, tu te harangues. Tu t'autorises à être fier de toi, à pleurer pour irriguer ton courage, personne ne sait rien des monologues qui nous trament. En quinze jours d'hospitalisation, tu verras quinze levers de soleil. Avec la même gratitude à chaque fois. Alors la journée s'ébroue et fondent sur toi le dévouement, l'attention, la sollicitude de tout le personnel, ces gens sans parachute doré, sans résidence secondaire, sans stock-options, qui viennent en transports en commun, ronchonnent dans les bouchons des départs en vacances, râlent dans ceux des retours au volant de leur voiture achetée à crédit, des gens qui n'auront pas de Rolex à cinquante ans, travailleront jusqu'à soixante-dix, il faut bien payer les parachutes dorés, les dividendes, les stock-options.
Le livre que je ne voulais pas écrire de Erwan Larher
Après plusieurs refus de l’obstacle, il a finalement écrit ce qu’il ne souhaitait pas.

Et merci ! Pas de pathos, de colère ou d’apitoiement (sauf peut-être pour ses absences d’érections)… Un récit juste, intime, souvent drôle, entrecoupé par les voix de ses amis.

Une émouvante lettre d’amour à ses amours sa famille, ses amis et… à ses santiags perdues

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tu écoutes du rock. Du rock barbelé de guitares et de colère. Depuis la préadolescence. Môme, il te fallait une autorisation paternelle avant de te servir de la chaîne stéréo. Inépuisable enchantement : le petit levier à pousser pour faire décoller le bras, qui porte en son extrémité la tête de lecture, tête que tu places, en fermant un œil pour plus de précision, au-dessus du bord du vinyle – le plateau s'est mis à tourner –, puis fais descendre, toujours à l'aide du petit levier, il s'agit de ne pas rater son coup, jusqu'à ce que le saphir se pose en craquotant sur le 33 tours.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je suis romancier. J'invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, je l'espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l'humain.
Il m'est arrivé une mésaventure, qui est une tuile pour le romancier qui partage ma vie: je me suis trouvé un soir parisien de novembre au mauvais endroit au mauvais moment; donc lui aussi. »