L’anomalie

Voilà bien un roman fantastique, mazette !

- Et pour le reste d'entre nous, Victor Miesel, à votre avis, si vous deviez prédire ce qui va maintenant se passer ?
- Rien.
- Pardon ?
- Rien. Rien ne va changer. On se réveillera le matin, on ira travailler parce qu'il faut toujours payer son loyer, on mangera, on boira, on fera l'amour comme avant. On continuera à agir comme si nous étions réels. Nous sommes aveugles à tout ce qui pourrait prouver que nous nous trompons. C'est humain. Nous ne sommes pas rationnels.
L’anomalie de Hervé Le Tellier

J’ai tenu tout le premier tiers sans comprendre grand chose, tout était emmêlé.
Ensuite, j’ai compris, trop bien, génial !
Et après… je me suis un peu ennuyé, j’ai trouvé ça un peu moyen comme approche de la fin, je me demandais « tout ça pour ça ? »

Comme toi, Aby, comme toi, Joanna, comme tant d'autres embarqués sur cet avion, j'ai cherché des réponses, des indices seulement, dans L'Anomalie, ce livre étrange qu'a écrit l'écrivain français à bord. Je n'ai rien trouvé, sinon ceci : « On doit tuer le passé pour le rendre encore possible. »

Et finalement, non ! C’est vraiment original, il y a des ouvertures, des questions sans réponses, presque philosophiques. Un peu comme un épisode de cette vieille série La quatrième dimension dans une version choral.

Malgré tout, je n’aime pas trop ce mot de « destin ». Ce n’est qu’une cible qu’on dessine après coup à l’endroit où s’est fichée la flèche.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tuer quelqu'un, ça compte pour rien. Faut observer, surveiller, réfléchir, beaucoup, et au moment où, creuser le vide. Voilà. Creuser le vide.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l'intelligence, et même le génie, c'est l'incompréhension."En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d'hommes et de femmes, tous passagers d'un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte. Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n'imaginait à quel point c'était vrai

Peggy

Paru à l’origine dans un recueil en 2008 (Premières amours aux éd. de la Courte Échelle), cette nouvelle traite des sujets qui reviennent en boucle dans l’oeuvre de Nelly Arcan : le corps, l’image de soi et la beauté de la jeunesse.

On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S'assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c'est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c'est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule. Les cellules paressent, se mettent à bayer aux corneilles, elles en ont assez de s'activer comme des bonnes, elles en ont marre de se fendre en quatre comme des diables dans l'eau bénite.
Peggy de Nelly Arcan

Un texte bien court, qui aurait peut-être mérité un développement. Une jeune fille qui n’aime pas son corps et son amie dont la beauté irradie dès qu’elle lève les bras au ciel. L’invisibilité vs le succès, la solitude pour l’une et les garçons pour Peggy

Je sais, je me répète, mais lisez Nelly Arcan !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
On dit que l'idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S'assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c'est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c'est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peggy comme un feu roulant. Peggy qui brûle tous ceux qu’elle touche. On retrouve dans cette nouvelle les thèmes de prédilection de Nelly Arcan : la dictature de la beauté, la cruauté des relations entre des êtres tourmentés par l’existence, l’amour, le désir, la difficulté de se construire une image de soi positive et saine. Peggy raconte tout cela, et plus encore, dans une langue à la fois naïve et directe, à partir de l’histoire d’une amitié ordinaire entre deux jeunes filles dissemblables et pourtant rongées de l’intérieur par le même spasme de vivre

Reflets dans un œil d’homme

Comme elle le préfaçait dans Burqa de chair de Nelly Arcan, Nancy Huston a été fortement marquée par ses écrits.

Il a bon dos, le narcissisme féminin. C'est souvent une disposition d'esprit suicidaire. Dans Putain, Arcan dit qu'il remonte chez elle à sa plus tendre enfance. « J'étais déjà une poupée susceptible d'être décoiffée, on commençait déjà à pointer du doigt ce qui faisait saillie (...), et déjà ce n'était pas tout à fait moi qu'on pointait ainsi, c'était le néant de ce qui empoussiérait ma personne, poussière de rien qui a fini par prendre toute la place » (40). 
Arcan en est morte, tout comme Woolf.
Oui, il arrive que votre double finisse par vous buter.
Reflets dans un oeil d’homme de Nancy Huston

Dans cet essai féministe sur l’image, le corps et le regard des hommes (et toutes les conséquences qui en découlent), elle convoque Anaïs Nin, Virginia Woolf, Jean Seberg ou Marilyn Monroe… Elle s’interroge sur cette société qui sacrifie ses filles et ce qu’elle voit comme des grandes hypocrisies.

Agnès Souret est élue « plus belle femme de France » en 1920. Le magazine Vogue démarre en 1916 ; les premières images de femmes qu'il publie relèvent encore du XIXe siècle mais cela évolue si vite que, dix ans plus tard, on se croirait au XXI* ! Le concours de beauté couronnant la première Miss America date de 1921, soit... deux ans après l'obtention par les Etats-Uniennes du droit de vote. Les concours de beauté pour petites filles démarrent en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis dans les années 1960, en même temps que le mouvement Women's Lib... Les petites filles ont le « droit » d'y participer dès qu'elles peuvent se tenir assises toutes seules, c'est-à-dire dès l'âge de six mois. Chaque année, 250 000 fillettes américaines (recrutées pour l'essentiel dans les classes populaires) subissent un entraînement qui, par ses contraintes, n'a rien à envier à celui des enfants soldats dans le Tiers Monde. A l'âge de deux, trois ou quatre ans, elles seront grimées, vêtues comme des reines voire comme des putes, arborant faux bronzages, faux cils, faux ongles, perruques, froufrous, plumes et taffetas ou bottes de cuir...

A rebours du courant actuel ou seul le genre (et ses multitudes) et donc l’éducation serait responsable, elle met en avant notre animalité de mammifères – sans pour autant nier l’importance de l’apprentissage, de l’éducation, du rôle des pères…

- Le cul des femmes, c'est privé. Mais quelle vie privée peut avoir une femme quand est atteinte, jour après jour, comme dit Nelly Arcan, « la chair même d'où émane l'amour » ? On ne peut pas, d'une part, parler d'égale dignité entre les sexes, et, de l'autre, s'arranger avec l'idée que des millions de femmes, de par le monde, ont la vie pourrie par cette chose-là.

Un essai parfois caricatural dans lequel elle laisse malheureusement de côté toutes les personnes qui ne se retrouveraient pas dans une vision aussi binaire du sexe – et avec possiblement une vision un peu datée des chasseurs-cueilleuses. Pour autant, pourquoi, comment et par quel miracle l’humanité ne serait-elle pas animale et soumise aux lois de l’évolution ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Des yeux masculins regardent un corps féminin : immense paradigme de notre espèce.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Nous incarnons bien moins que nous ne le pensons, dans notre arrogance naturelle et candide, la femme libre et libérée. Nous montrons du doigt les femmes qui se couvrent les cheveux ; nous, on préfère se bander les yeux.»
Toutes les différences entre les sexes sont socialement construites ; ce dogme est ressassé à l’envi dans la société française d’aujourd’hui. Pourtant il y a bien un impératif de reproduction – chez les humains comme chez tous les autres mammifères – qui induit un rapport à la séduction différent suivant que l’on naît garçon ou fille.
Partant de ce constat simple mais désormais voué à l’anathème, Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites dans la sexualité en Occident par la photographie et le féminisme. Ainsi parvient-elle à démontrer l’étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l’exploitant et en l’exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie.
Ce livre brillamment dérangeant a suscité les réactions de nombreux lecteurs, dont certaines lettres sont ici reproduites en fin d’ouvrage

Le dico des mots extraordinaires

Il y a quelque chose de magique et poétique dans les mots, ces mots qui n’ont pas de traductions, qui n’existent nulle part ailleurs, qui désignent des émotions, des sentiments ou des choses qui n’ont pas d’équivalent dans d’autres langues…

Kintsugi signifie littéralement « la jointure d'or », Ce mot japonais désigne l'art millénaire de réparer la vaisselle brisée. Les morceaux sont réassemblés avec un mélange de sève d'arbre et de poudre d'or. Cette colle très solide va dessiner de sublimes veines dorées dans la porcelaine, sublimer les anciennes fissures plutôt que de vouloir les camoufler. Unique et imparfaite, chargée d'une histoire nouvelle, la pièce n'en deviendra que plus belle, plus forte, plus précieuse.
Kintsugi puise son essence dans le wabi-sabi, un concept esthétique et spirituel du bouddhisme zen qui célèbre l'imperfection des objets et des êtres humains et l'acceptation de notre fragilité. Devenu très populaire en Occident comme nombre de concepts japonais, le kintsugi est parfois utilisé comme une métaphore de la résilience, pour dire que ce sont aussi nos failles et nos fêlures qui font notre humanité.
Le dico des mots extraordinaires de Jean Abbiateci, conception graphique de Loris Grillet

A l’instar de Laurent Nunez et de son extraordinaire Il nous faudrait des mots nouveaux, Jean Abbiateci nous emmène en voyage à leur découverte. Un voyage érudit et amusant autour du monde (et plus loin encore) de la richesse des langues.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce livre, vous trouverez une centaine de mots, beaux et surprenants, glanés dans le monde entier.
- Des mots pour s'émerveiller
- Des mots pour dire nos émotions
- Des mots imaginaires pour rêver
- Des mots à offrir et à partager

Paris-Briançon

Très vite, à l’instar d’un polar, Philippe Besson nous averti… il va y avoir des morts !

L'Intercités n° 5789 a désormais atteint sa vitesse de croisière. Certes, il pourrait accélérer mais à quoi bon, puisque ceux qui l'empruntent savent à quoi s'en tenir. De toute façon, l'état des voies empêche les trop grandes vitesses. Certaines portions, et en particulier les ouvrages d'art, n'y résisteraient pas. Et il faut ici ou là les partager avec des Transiliens ou des trains de marchandises qui, eux, avancent plus lentement. Et, aux passages à niveau, pas question de dépasser les 100 kilomètres à l'heure.
Paris-Briançon de Philippe Besson

Et pourtant, est-ce un polar que l’on tient dans ses mains ?

Difficile de croire que c'est une nuit pour mourir.

Comme une ode aux trains de nuit et au plaisir de la lenteur retrouvée, ce roman commence par présenter les protagonistes du drame. Des tranches de vies dans la promiscuité des couloirs ferroviaires.

L'Intercités n° 5789 vient, lui aussi, de quitter Gap, où il a débarqué une dizaine de voyageurs. Parmi eux, un restaurateur qui tient, place Jean-Marcellin, un établissement très apprécié dont la terrasse est prise d'assaut dès que reviennent les beaux jours ainsi qu'un militaire affecté au 4° régiment de chasseurs alpins. On le sait parce que Manon a surpris une conversation entre eux juste avant qu'ils ne descendent à leur destination. Ceux-là, plus tard, diront : on l'a échappé belle, on pense à ceux qui ne s'en sont pas sortis, il y en a forcément qu'on a croisés, avec qui on a discuté.

Et voilà que…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un vendredi soir, au début du mois d'avril, quand les jours rallongent et que la douceur paraît devoir enfin s'imposer. Le long du boulevard, aux abords de la Seine, les arbres ont refleuri et les promeneurs sont revenus. Autour d'eux, des flocons virevoltent, tombés des peupliers ; on dirait de la neige au printemps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d'un huis clos imposé, tandis qu'ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l'intimité et la confiance naître, les mots s'échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l'époque, des voyageurs tentant d'échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l'ignorent encore, mais à l'aube, certains auront trouvé la mort.
Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire

Adolphe

Adolphe, jeune nobliau à qui tout semble ouvert au printemps de sa vie, tombe amoureux et séduit Ellénore, mariée et de dix ans son aînée. Et maintenant ?

Distrait, inattentif, ennuyé, je ne m'apercevais point de l'impression que je produisais, et je partageais mon temps entre des études que j'interrompais souvent, des projets que je n'exécutais pas, des plaisirs qui ne m'intéressaient guère, lorsqu'une circonstance très frivole en apparence produisit dans ma disposition une révolution importante.
Adolphe de Benjamin Constant

Coincé entre son incapacité à aimer, son devoir, ses principes, ses sentiments, les attentes de la dame, les conventions, la société et son père, le gentil mais pleutre Adolphe louvoie et se perd.

Un livre comme une démonstration brillante, triste et consternante

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je venais de finir à vingt-deux ans mes études à l'université de Gottingue.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Unique roman achevé de Benjamin Constant, Adolphe (1816) raconte l'inexorable décomposition d'une relation amoureuse : sommé de quitter Ellénore au nom de la carrière à laquelle on le destine, le narrateur ne parvient pas plus à rompre qu'à aimer. Les intermittences de ce cœur indécis précipiteront la catastrophe finale. Mais, dans cette tragédie de l'impuissance, l'amante délaissée ne sera pas la seule victime. Car Adolphe est aussi le récit d'une impossible révolte : celle d'un homme broyé par la société. Chef-d’œuvre du roman d'analyse selon certains, témoignage sur le bouleversement des vies sous le Directoire et l'Empire pour d'autres, ce roman est d'abord, comme le suggère Constant, une fable poignante sur notre condition, une "histoire vraie de la misère du cœur humain"

Mon pauvre lapin

César (serait-ce autobiographique ?) est un jeune garçon couvé par ses grands-mères et tantes, tiraillé entre son père et sa mère séparés, avec des demis frères et soeurs dont il ne sait trop quoi faire.

« Tous les petits garçons font des activités, pourquoi César ne ferait-il pas aussi des activités », a-t-elle argumenté. Il est vrai qu'à part avec le professeur Stambouli et l'hôpital Trousseau, je n'avais encore jamais connu d'activités se déroulant hors de mon cerveau. Les choses que faisaient mes camarades le mercredi étaient un mystère. Évidemment mes tantes se sont emballées, Gladys a crié qu'il fallait me mettre au solfège mais ma grand-mère lui a ordonné de ne pas dire n'importe quoi. Et au bout du compte, perdant tout bon sens, mon père a proposé de m'inscrire au karaté. Je n'ai jamais compris ce qui lui était passé par la tête. Ma grand-mère a essayé de faire barrage, bien sûr. Elle a dit que c'était trop dangereux, elle lui a demandé s'il cherchait à se débarrasser de moi. Pour mon grand malheur ma tante Audrey avait lu un article sur le karaté dans Paris-Match. On y disait que c'était très chic. Elle n'a pas eu de mal à convaincre ses sœurs.
Mon pauvre lapin de César Morgiewicz

Et que faire (et comment faire) de sa vie, des relations sociales, de sa sexualité, des attentes, de ses angoisses, de ses peurs, de ses incapacités à être raccord avec les autres, de ses passions décalées ? Coincé à Key-West avec sa grand-mère et ses (grand-)tantes par l’épidémie de Covid, il tente d’écrire sa misère.

Le lendemain j'avais envie de claironner partout que j'avais enfin fait l'amour avec quelqu'un, mais en même temps il ne fallait pas que les gens sachent que jusqu'à ce jour j'étais puceau. Donc je suis resté prudent. Je l'ai annoncé aux mecs d'un air blasé. Quand il a appris la nouvelle en revenant de la clinique Kerim m'a pris dans ses bras et m'a appelé le roi de la résidence. J'ai eu peur qu'il nous propose de faire sa spécialité.
Ça a continué comme ça avec Vanessa pendant un
mois ou deux. On couchait ensemble de temps en temps. Je ne peux pas dire que c'était affreux, non, c'était supportable. C'était à peu près comme manger un sandwich.

Un bijou d’autodérision sur l’inadaptation sociale. Pauvre César, mon pauvre lapin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mes projets de carrière sont tombés à l'eau, vous savez. Les gens m'avaient pourtant prévenu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Réinscrit à Sciences-Po après avoir échoué une fois au concours d'entrée de l'ENA, le narrateur fait une crise d'angoisse en plein cours de préparation du grand oral, alors qu'il pense faire une crise cardiaque. Il abandonne finalement les cours. La suite du récit roule sur la nature de ses relations avec les femmes de sa famille, dont sa mère, sa petite soeur et ses tantes

Oublier Gabriel

Et voilà, je me suis fait cueillir par ce petit bouquin dans lequel – après quelques pages – je m’étais attendu à trouver une bluette estivale et rafraîchissante.

 - En effet, rien n'a vraiment changé, dit-elle.
Louise essuya ses chaussures sur le paillasson avant de pénétrer dans le hall. Elle posa sa veste sur le portemanteau à côté de l'armoire et se tourna pour faire face au miroir. Elle sursauta en voyant son reflet vieilli, autour des meubles qu'elle connaissait si bien. Doris passa près d'elle, jeta ses clés sur la bibliothèque. Sur celle-ci étaient appuyés plusieurs cadres dont les photos n'avaient pas changé depuis l'enfance. En face se trouvait sa chambre. Louise posa sa valise devant la porte, n'osant pas encore y entrer, voulant être seule pour le faire. 
Doris lui prit le bras.
- Je vais te faire un thé, dit-elle en gravissant rapidement les escaliers recouverts de moquette.
Oublier Gabriel de Karine Yoakim-Pasquier

Mais non, cette histoire va aller bien plus loin qu’une bande d’ado de la Riviera Vaudoise qui se retrouve quinze ans après pour un mariage.

C’est doux et subtil, les événements sont bien amenés et, petit à petit, le sujet devient plus lourd et pourtant impossible à lâcher.

Un brillant premier livre !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Vevey, Suisse, 2001. Louise rentre au lycée où elle rencontre Gabriel. Vingt ans plus tard, installée à Milan, elle apprend que sa meilleure amie va se marier. Entre ces deux époques, le récit déroule une intrigue tragique où se mêlent amours adolescentes et affrontements en bande, remontant le temps pour éclairer le fils des événements : l'incendie d'un chalet, un meurtre, un suicide

Meurs pas on a du monde : sublime roman

Quelle écriture, quelle bonne grosse marrade, c’est vif et plein de bons mots (et d’autres aussi), de blagounettes, d’apostrophes et d’apartés, il y a tout et bien plus encore car San-A. ne fait pas dans la demi-mesure, il en met des brouettes et ajoute la tournée du patron !

Cœur brûlant, haleine fraîche. San-Antonio de par ici et d'ailleurs ; lui qui avance en faisant marcher et qui ne recule que pour prendre son élan. L'Antonio, San A., Sana, ton pote, quoi ! Eh bien lui, eh bien moi, sais-tu ce qu'il dit, sais-tu ce que je dis dans cette triste chambre à cette jolie fille ? Il lui dit, je lui dis, tout de go, sans autoconcertation prélavable (comme dit Béru) :
- Ecoute, Marie-Marie, ça suffit comme ça, y en a marre : je vais t'épouser !
Textuel. Pas un mot de plus, pas une syllabe de moins. Net et sans bavure ! Une muraille vient de
s'écrouler, qu'on aurait crue solide.
Est-ce moi qui viens de parler ?
Oui. Dans un élan profond de tout mon être, comme ils écrivent dans leur salmigondis littératerre, les cadémiciens titulaires de bonne chaire (qui est faible) dans les impressionnants baveux où tout ce qu'on écrit peut être retenu contre vous.
« ... Y en a marre, je vais t'épouser. »
Meurs pas on a du monde : sublime roman de San-Antonio (Frédéric Dard)

Cette fois-ci, c’est en Suisse que ça se passe, entre Genève et le canton de Vaud et, tenez-vous bien ! San-Antonio demande sa main à Marie-Marie !

- Oui, Félix : l'Apocalypse est en marche, mais c'est pas une raison pour courir à son côté ! 
- Vous savez qu'il a de la poitrine ? coupe Bérurier  en retirant sa main du corsage de Belle-de-Mai.
- Tout est trompeur, assure Félix.
Béru rêvasse et demande :
— Vous croyez, vous, que tous les Grecs sont pédés ?
FIN

Mais non, trois fois non ! Impossible (même avec un second degré très affûté, en arguant que le genre veut ça et en croyant à la parodie tout en replaçant dans l’époque…) de laisser passer le sexisme à la papa, l’homophobie crasse et la xénophobie latente qui parsèment et empoisonnent le récit en le rendant aussi imbuvable qu’une quille de Gamay des années 80

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le pilote devait être dans les hâtes de rentrer calcer sa bergère, car il posa son fer à souder avec dix broquilles d'avance sur la piste de Genève Cointrin ; qu'à peine si les mignonnes hôtesses eurent le temps d'arracher leurs plateaux aux trois voraces curiaces qui boulimaient en first.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Franchement, M. Konopoulos ne me demandait rien. D'ailleurs, je n'étais pas venu à Genève pour ça. La sublime nana qui m'attendait à l'aéroport avait une autre chatte à fouetter. Mais il a fallu que ce pauvre manutentionnaire soit mordu par un méchant serpent et que son aimable cadavre déboule en même temps que nos valises...
C'est idiot pour Marie-Marie qui, consécutivement, a dû faire une croisière en ambulance ! Mais alors, si tu avais vu nos frimes quand on a déballé l'abominable costume !
Enfin, tu m'as compris ? Si tu as tout pigé, pas la peine d'acheter ce livre. Mais s'il te reste des zones obscures dans la comprenette, n'hésite pas.
Quand tu en auras terminé la lecture, j'aime autant te prévenir : tu devras changer de calbar. Car, on a beau dire, mais il s'en passe des choses, en Suisse !

Virgile s’en fout

Mélangez indécisions amoureuses et diverses, médecine et littérature. Ajoutez pas mal d’humour, des listes incongrues et situez ça en 1981. Avant de servir, entrelardez la préparation d’épisodes mythologiques abracadabrantesques … Voilà, c’est prêt !

Pour Blandine Fayolle, un médecin doit avant tout savoir écouter.
Mortillon en convient, mais tient à préciser que l'écoute est, elle aussi, un art. Il ne s'agit pas de prêter foi à toutes les élucubrations du patient : la véritable oreille médicale doit savoir faire le tri entre l'allégation d'un vrai symptôme et les lamentations hystéro-dépressives. 
Savoir écouter, répète Blandine Fayolle, l'air buté. 
Mortillon opine. Il ajoute que son adjointe devrait prendre des vacances, elle semble fatiguée.
Virgile s’en fout de Emmanuel Venet

Oui, l’auteur s’est un peu laissé aller. Et pourtant, ce Virgile s’en fout n’est pas un gloubiboulga informe, au contraire…

Pendant qu'Agamemnon guerroyait et courait le guilledou en Asie Mineure, Clytemnestre, sa régulière, réinventait l'amour avec Egisthe, le cousin de son mari. Tout aurait pu continuer sans drame si Agamemnon n'avait éprouvé le mal du pays, qu'on appellerait quelques siècles plus tard « mal du retour » : nostos algos. Cassandre eut beau lui prédire le pire, il voulut retourner à Mycènes, où son épouse et son cousin lui firent bon accueil, lui préparèrent un bain parfumé, et le poignardèrent pendant qu'il s'y délassait en savourant à pleins poumons l'air du pays. Par souci du travail bien fait, Égisthe et Clytemnestre liquidèrent aussi Cassandre et les deux gosses.

C’est la très drôle histoire d’un jeune étudiant en médecine souhaitant écrire, un peu perdu entre l’amour impossible et une morne destinée

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le premier janvier 1981, vers midi, je m'éveille avec une gueule de bois carabinée dans une chambre que je ne connais pas. Contre moi est allongée une jeune femme brune que je ne connais pas davantage.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L’intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s’achève le 31 décembre de la même année. Quarante ans après, le narrateur se remémore sa vie d’étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitantes – dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d’un grand amour – mais aussi les remous causés par l’élection de François Mitterrand. Écrit d’une plume allègre, ce roman entremêle plongées dans la mémoire du narrateur et relectures des grands mythes antiques, et dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit de soi, constitué d’un bric-à-brac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux, comiques ou dérisoires les uns que les autres. Qui sommes-nous ? Que savons-nous de nous, en dehors de la fable que nous nous racontons ? Est-il possible de se rencontrer hors des illusions du langage ?