Déshumaine

Ce livre commence comme nombre de romans français actuels : je parle de moi, je me mire et je m’introspecte. Je suis artiste, écorchée vive, ma souffrance est mon encre !
Mais Loulou Robert, à son habitude, va loin, plus loin encore et de façon bien sentie sans crainte du sang, des bleus et de la douleur.

Ma psy me dit sur l'écran de mon ordinateur qu'il faut que je réfléchisse à ce que je pourrais faire d'autre.
 ─ Pardon ?
 ─ D'autre qu'écrire. Imaginez que ça ne revienne pas.
 ─ Si l'écriture ne revient pas, une seule solution s'offre à moi: tuer quelqu'un. Moi ou un autre. Vous voulez vraiment que je réfléchisse ?
Elle ne trouve pas ça drôle.
 ─ Avant d'écrire, vous viviez bien, non ?
 ─ Non, j'étais en gestation. L'écriture m'a fait vivre. M'a fait ressentir toutes ces émotions.
 ─ Donc vous ne ressentez plus rien en ce moment ?
 ─ Je ressens de la violence.
 ─ Comment s'exprime cette violence ?
Déshumaine de Loulou Robert
Alors, viandards, passez votre chemin ! Ou non, ouvrez ce livre et prenez en plein les tripes. C’est jouissif. Pas sûr que cela vous fasse réfléchir, mais elle aura essayé.

Confrontée à la violence subie par les animaux Loulou Robert ne le supporte plus. Alors, prenez garde ! Elle et bébé-loup ne vous manqueront pas

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis assise sur une chaise de jardin en bois dans ma cuisine, face à la fenêtre. Le soleil brille. Je coupe des courgettes en deux dans le sens de la longueur, puis en tronçons de six centimètres. Il faudrait que je mette un coussin sous mes fesses. Ma chienne Penny dort sous la table. Elle a la tête posée sur mon pied.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Alors je peux lui dire. Que je suis mariée, qu'à son âge j'étais folle et que je le suis toujours, que je pourrais tuer pour ma chienne, que je pourrais tuer, que j'ai toutes ces images en moi, que j'ai un monstre dans le ventre, un lapin dans la tête, dans une cage, sur un palier, que je suis pleine de colère, que je n'écris plus, que ça me tue à petit feu, que j'aime mon mari, que bientôt son roman va sortir en librairie, que je veux lui faire du mal, que je vais devoir rentrer pour promener Penny, que je suis morte, que je suis bonne à enfermer, que je l'ai déjà été, que j'aimerais qu'il me baise encore, que ça soit beau comme une danse, que je n'ai jamais parlé comme ça, que je veux qu'il me salisse, qu'il me griffe jusqu'au sang, que demain j'irai faire les courses aux halles, que je ne veux plus penser, juste ressentir, agir, comme un animal, que s'il veut partir, qu'il le fasse maintenant. »

La prose nerveuse et crue de Loulou Robert ainsi que son humour à vif disent en creux un monde d'où s'absente une humanité de moins en moins bienveillante. Un roman aussi puissant que troublant.