La vérité sur Bébé Donge

Simenon est quand même un auteur bien intriguant. Il est capable de voir très finement l’âme humaine, les couples, les désirs comme les frustrations, de voir toute la douleur d’une femme délaissée et, en même temps, de poser des descriptions d’une goujaterie hallucinante. Un vrai gros rustre sexiste qui objective toutes les parties des femmes (trop molles, maigres, grosses, fades…) et qui pourtant, à le lire, semble les comprendre…

Les jambes amenèrent l'image des bas de soie ultras-fins que Bébé s'obstinait à porter, fût-ce à la campagne. Et cette femme qui, depuis des mois, n'avait pas eu l'occasion de se dévêtir devant un homme, portait du linge plus raffiné qu'une grande coquette !
Voilà ce qu'il pensa d'abord, simplement, en homme pratique, comme on constate une évidence. Il n'en était ni outré, ni chagrin. Il n'était pas avare.
Sa seconde pensée, amenée par la première, par un souvenir de nudité, fut que Bébé pouvait être gracieuse, jolie de visage, elle n'en avait pas moins un corps fade, sans élan, sans consistance, et sa peau était d'une pâleur peu engageante.
 - Un morceau de sucre, maman ?...
La vérité sur Bébé Donge de Georges Simenon
Quelle putain d’époque, quand même… Et c’est pas si vieux !
Mme Flament, parbleu! Il avait oublié l'odeur de sa secrétaire, Mme Flament, une rousse bien en chair, l'œil vif, la lèvre humide, le corsage rempli, les reins cambrés, mais qui transpirait abondamment.
N'était-ce pas à cause d'elle que, tout au début...Bébé tente de tuer son mari à l’arsenic, l’occasion pour le survivant d’analyser son couple dans une introspection pleine de remords

Un roman adapté au cinéma en 1952 par Henri Decoin, avec Jean Gabin et Danielle Darrieux

Le 47e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
N'arrive-t-il pas qu'un moucheron peine visible agite davantage la surface d'une mare que la chute d'un gros caillou ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après dix ans de mariage, Bébé Donge verse de l'arsenic dans le café de son mari. François Donge en réchappe, mais remet en question leurs années de vie commune en cherchant les causes de la faillite de leur couple : une jeune fille trop romantique, un voyage de noces décevant, une incompréhension qui grandit dans l'ombre et le silence, des maîtresses...