Le siècle des égarés : de l’errance identitaire au sentiment de soi

Julia de Funès se lance à contre-courant et part en campagne contre le wokisme ! Woaw ! Mais bon… pourquoi pas ? Mais non, j’ai quand-même eu un peu de peine à la suivre. Et finalement, réac ou éclairé, j’ai longtemps hésité.

Comprendre qu'on est initialement complet
Chacun, chaque chose a sa « perfection propre », nous dit régulièrement Spinoza. Inutile de lorgner la perfection du voisin, ou d'une identité idéale, pour ressentir le sentiment de soi. Devenir comme untel ou unetelle n'est pas seulement vain et frustrant, mais suicidaire. Supposons un triangle et un carré ; si le triangle rêvait d'avoir comme le carré un côté de plus, il deviendrait avec ce côté, non pas un triangle plus parfait, mais un carré. Il serait mort comme triangle. Spinoza nous alerte : l'imagination nous fait croire que nous pourrions emprunter les qualités aux autres - c'est le principe sur lequel se fonde la publicité -, mais si c'était le cas, ce serait au prix de notre vie. Imiter un autre, c'est mourir à soi-même. La question pour accéder à soi-même n'est donc pas « à qui ressembler ? »
Le siècle des égarés : de l’errance identitaire au sentiment de soi de Julia de Funès

Car, dans ce livre, j’ai eu parfois le sentiment de me retrouver avec des affirmations non étayées, des sophismes ou des propositions personnelles érigées en vérité. Je me suis même demandé si, avec les mêmes arguments et références, il serait possible d’arriver à des conclusions opposées.

L'identité est également l'une des moins bonnes réponses qu'un collectif puisse trouver pour se sentir être. Les conflits sexistes, racistes, idéologiques sont pour la plupart des problèmes identitaires, dont l'éloignement avec l'universalisme des Lumières mène aux pires intransigeances égalitaristes. Si, hier, la bataille pour l'égalité était la bonne, elle ne semble plus l'être aujourd'hui. Chercher à prouver que la femme, le racisé, l'homosexuel est égal à l'homme blanc hétérosexuel n'a plus aucune pertinence en France en 2022. Du point de vue de l'égalité des chances, nous ne sommes certes pas égaux, mais du point de vue de l'égalité de droit, le combat est gagné grâce aux combattants des siècles passés. Ce n'est pas par l'identitarisme ni par son exigence égalitariste que nous progresserons désormais vers une plus juste reconnaissance individuelle et paix sociale, mais par la liberté.

Mais ! Et même si je ne partage vraiment pas toutes ses idées, reste un livre pour comprendre les reproches possibles aux idéologies identitaristes et communautaristes et pour décortiquer le «qui suis-je», l’inné et l’acquis, la construction de soi, nos parts culturelles et biologiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Qui suis-je vraiment ? Comment ne pas brimer une partie de moi-même et vivre pleinement ce que je désire ? Quel est mon style ? En ai-je seulement un ? À quel point suis-je le résultat d'une culture, d'une descendance, d'une couleur de peau ou d'un genre ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En faisant de l'identité une priorité, notre siècle s'égare. Philosophiquement, l'identité est un concept dont la validité reste incertaine. Politiquement, les dogmatismes identitaires s'exacerbent au point de déstabiliser l'universalisme républicain. Individuellement, l'identité nous fige dans des postures qui nous éloignent de nous-mêmes.

Si l'identité est à questionner, quelque chose de cette notion semble toutefois ne pas pouvoir se laisser abandonner : le désir d'être soi-même. Alors, comment parvenir au sentiment de soi sans tomber dans le piège identitaire ? Tel est l'enjeu de ce livre