Maigret, Lognon et les gangsters

Voilà un Maigret bien sympa, et ça, pour plusieurs raisons.

La première, c’est d’y retrouver le grisâtre Lognon, le Malgracieux ! Et que dire de sa femme, misère !

 - Je vous suis tellement reconnaissante d'être venu! Si vous saviez l'admiration que mon pauvre mari a pour vous !
Ce n'était pas vrai. Lognon le détestait. Lognon détestait tous ceux qui avaient la chance de travailler Quai des Orfèvres, tous les commissaires, tout ce qui avait un grade supérieur au sien. Il détestait ses aînés parce qu'ils étaient ses aînés et les jeunes parce qu'ils étaient jeunes. Il...
 - Asseyez-vous, monsieur le commissaire...
 - Elle était petite, maigre, mal coiffée, vêtue d'une robe de chambre en flanelle d'un vilain mauve. Ses yeux étaient profondément cernés, ses narines pincées, et elle portait sans cesse la main au côté gauche de sa poitrine comme quelqu'un qui souffre du coeur.
Maigret, Lognon et les gangsters de Georges Simenon

C’est aussi un Maigret d’action. Et ça bouge, ça tire, il a des virées de nuit en voiture et des blessés !

 - Je n'ai jamais vu Charlie Cinaglia en chair et en os, car j'ai quitté les Etats-Unis avant qu'il se fasse connaître et je n'ai pas entendu dire qu'il soit venu en Europe.
 - Je pensais que quelqu'un aurait pu vous en parler. Il s'est rendu plusieurs fois chez Pozzo. Or, vous êtes d'origine italienne tous les deux.
 - Je suis d'origine napolitaine, rectifia Luigi.
 - Et Pozzo?
 - Sicilien. C'est un peu comme si vous confondiez les Marseillais et les Corses.

Enfin, c’est une enquête à l’américaine. Avec des vrais gangsters, des italo-américains qui défouraillent et n’ont pas peur des coups. Des professionnels du crime.

 - Rien à me dire?
Pour toute réponse, il reçut une des injures les plus crues de la langue anglaise faisant allusion à la façon dont sa mère l'avait conçu.

Et là, le commissaire que l’on tente de décourager par tous les moyens mais qui, suite à son voyage aux États-Unis ne complexe pas, persiste et embarque !

Maigret 67/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Où Maigret est contraint de s'occuper de Mme Lognon, de ses infirmités et de ses gangsters.
- Entendu... Entendu... Oui, monsieur... Mais oui... Mais oui... Je vous promets de faire tout mon possible.. C'est cela... Je vous salue... Comment ? Je dis : je vous salue... Il n'y a pas d'offense... Bonjour, monsieur...
Pour la dixième fois, sans doute, il ne les comptait plus, Maigret raccrocha le téléphone, ralluma sa pipe avec un regard de reproche à la pluie longue et froide qui tombait derrière les vitres et, saisissant sa plume, se pencha sur le rapport commencé depuis une heure et qui n'avait pas encore une demi-page.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Surnommé l'inspecteur Malgracieux à cause de son humeur et de son aspect sinistre, Lognon se croit sans cesse persécuté : il est convaincu qu'une vaste conspiration nuit à son avancement. Or, voici que se présente l'affaire de sa vie : une nuit, un corps est jeté d'une voiture sur la chaussée ; aussitôt arrive une autre voiture, dont le conducteur enlève le corps. Lognon qui a assisté à la scène décide d'agir sans en référer à ses chefs, mais bientôt sa femme reçoit la visite d'inquiétants personnages parlant anglais. Effrayé, Lognon raconte tout à Maigret, lequel prend l'affaire en main d'autant que le jour même, Lognon est attaqué, et se retrouve à l'hôpital, sérieusement blessé