Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Le Dr Mahé s’ennuie dans sa morne vie. Avec une mère quelque peu autoritaire, une femme un peu absente et des enfants qui ne semblent guère le préoccuper.Le cercle des Mahé de Georges SimenonEt lors de vacances sur l’île de Porquerolles il aperçoit une petite pauvresse en robe rouge…
L’histoire d’une obsession, lente et méthodique qui insidieusement occupe toute la place. Un roman plutôt vide… tout autant que l’esprit du Dr Mahé
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il fronçait les sourcils ; peut-être, tel un écolier, tirait-il un bout de langue ? Les lèvres boudeuses, le regard sournois, il épiait Gène et s'appliquait à copier ses gestes aussi exactement que possible.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Quand, à trente-cinq ans, le docteur Mahé perd sa mère qui a toujours tout choisi pour lui, il décide de changer de vie, de vivre sans effort, et de retrouver à Porquerolles une adolescente maigre dont l'image hante ses nuits.
Cet homme frustré d'autorité a une idée fixe : se faire aimer d'une petite pauvresse qui lui devrait tout...
Un roman noir à l’ancienne, un huis-clos sur un navire qui remonte vers les îles Lofoten avec un passager mystérieux à son bord.Le passager du Polarlys de Georges SimenonPuis un mort. Et les problèmes s’accumulent pour le capitaine qui tente de conserver le cap…
Un polar(lys) un peu vieillot qui manque franchement de ressort
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est une maladie qui s'attaque aux bateaux, dans toutes les mers du globe, et dont les causes appartiennent au grand domaine inconnu qu'on appelle le Hasard.
Si ses débuts sont parfois bénins, ils ne peuvent échapper à l'oeil d'un marin. Tout à coup, sans raison, un hauban éclate comme une corde de violon et arrache le bras d'un gabier. Ou bien le mousse s'ouvre le pouce en épluchant les pommes de terre et, le lendemain, le « mal blanc » le fait hurler.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le Polarlys, parti de Hambourg pour le nord de la Norvège, est le théâtre de l'assassinat d'un policier, embarqué à la dernière minute. Le capitaine apprend, grâce à un journal découvert dans la cabine de la victime, que son navire abrite un criminel en cavale. Passagers et membres d'équipage sont autant de suspects. Qui, parmi eux, est coupable ? Le mystérieux Ericksen que personne n'a vu ? Cette jeune femme aux nerfs fragiles ? Cet individu antipathique ? Le troisième officier, frais émoulu de l'école navale ? Ou l'intrigant soutier, qui disparaît et sur lequel pèsent tous les soupçons ?
Si vous n’êtes pas prêt à l’étrange, l’inexplicable, le dérangeant, l’incompréhensible… passez votre chemin !Prosopopus de Nicolas de CrécyMais si une expérience insolite ne vous fait pas peur… Le prosopopus peut être une excellente opportunité ! C’est sombre et étrange et, je l’avoue, après plusieurs lectures, je ne suis pas encore sûr d’avoir tout compris. Il faut dire que l’absence de paroles n’aide pas vraiment à la compréhension de cet OVNI de la bande dessinée.
Il faut dire que les albums de Nicolas de Crécy sont souvent déstabilisants, et celui-là mérite certainement une très bonne place sur ce podium.Un génial Prosopopus, écrasant de noirceur et lumineux d’amour pour les âmes aventurières.
– Et ça cause de quoi, en fait ?
– Laissez-vous surprendre, dis-je !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) « Cet animal ne figure pas parmi les bêtes domestiques, on n'en trouve pas toujours dans le monde, aussi bien, son aspect ne se prête-t-il pas à une classification. Ce n'est pas comme un cheval ou un bœuf, un chien ou un porc, un loup ou un cerf. Dans ces conditions, même si on se trouvait en présence d'un prosopopus, il serait difficile de savoir que c'en est bien un. Les bêtes à cornes, on sait que ce sont des bœufs ; les bêtes à crinière, on sait que ce sont des chevaux. Le chien et le porc, le loup et le cerf, on sait qui ils sont. Il n'y a que le prosopopus qu'on ne puisse pas reconnaître. »
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il est grand comme un ours, a une peau tantôt blanchâtre comme du lait d'ânesse, tantôt jaunâtre comme de l'urine.
Il a deux dents qui crachent de la fumée, et des yeux tout à fait humains. Il a la queue d'un petit chien. Il a les pattes griffues.
Et c'est avec ces pattes qu'il attrape ceux qui l'approchent, et celui qui se fait attraper meurt sans espoir de salut.
Le prosopopus est qualifié en langue grecque d'anthropophage, car la plupart du temps il tue les hommes et les mange.
Mais il mange aussi le lait fermenté en grandes quantités.
Récit étrange et pénétrant, entièrement muet, Prosopopus nous révèle un monde d'où, à son image, brutal, sans pitié et grotesque dans sa démesure, jaillit un monstre moderne.
Avec cette oeuvre éblouissante, qui ne ressemble à aucune autre, Nicolas de Crécy laisse dans nos cœurs, une fois le livre refermé, une empreinte indélébile.
Voilà de la BD bien punk, féministe au poing levé ! Woaw !Camel Joe de Claire DuplanEt c’est drôle, le dessin est tout pourritch, le message militant… Digne d’un fanzine déjanté.Et ça le fait ! On se prend vite d’affection pour Constance et ses doutes, ses errances, ses peurs, ses coups de blues et son alter égo invincible : Camel Joe !
Fight !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Allo, Boss ? Qué Pasa ?
Quoi ?! Deux mecs qui harcellent des filles ?!
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Énervée par le sexisme qu’elle subit au quotidien, Constance invente une justicière de son cru, Camel Joe, et commence à raconter sa vie trépidante dans une bande dessinée : en compagnie de son chat ninja, Camel Joe défend et venge les femmes victimes de harcèlement de rue, de remarques déplacées, et d’autres agressions. Une forme de défoulement qui pourrait se concrétiser par une publication professionnelle… Mais Constance est tiraillée entre ses doutes et la volonté de s’affirmer davantage. Heureusement, elle peut compter sur sa bande de copines, les concerts de Worst Coast, son groupe préféré, sans oublier Camel Joe elle-même : qui sait si cette bombe de papier n’existe pas pour de vrai ?
Du bon usage du camel toe, du sang menstruel et des légitimes emportements contre tous les relous… Avec un humour allègrement féroce et une énergie limite punk, Claire Duplan possède un style et un ton qui n’appartiennent qu’à elle. Autant dire que le patriarcat n’a qu’à bien se tenir : Claire Duplan est en ville… et ça va saigner !
Géniales bouchères ! C’est léger, drôle et carnassier. Et si le sujet est grave, le traitement est jubilatoire. Les bouchères de Sophie DemangeLes bouchères c’est l’union fait la force, la sororité en puissance, le refus de la soumission ! Girl Power !
Un roman enlevé qui ne craint pas les clichés ou les raccourcis faciles, mais qui y gagne en efficacité pour proposer un pur plaisir de lire
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'était une soirée de début d'été. L'heure où les clients rentrent chez eux préparer la côte de bœuf ou faire griller les brochettes et les saucisses au barbecue. On profite davantage de la vie en été.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) À Rouen, dans ce quartier bourgeois, impossible de manquer la devanture rose des Bouchères. Depuis la rue, on peut entendre l'aiguisage des couteaux, les masses qui cognent la viande et les rires des trois femmes qui tiennent la boutique. Derrière le billot, elles arborent fièrement leurs ongles pailletés et leurs avant-bras musclés. Mais elles seules savent ce qui les lie : une enfance estropiée, une adolescence rageuse et un secret.
Lorsque plusieurs notables du quartier s'évaporent sans laisser de traces, les habitants s'affolent et la police enquête. En quelques semaines, les bouchères deviennent la cible des ragots et des menaces...
Un roman féministe explosif et jubilatoire où chaque page se dévore jusqu'au rebondissement final !
Si l’on s’attend à une bande dessinée, à une série de blagues ou à un beau livre d’images, la déception sera presque inévitable.Vue sur le lac de BlutchPar contre, pour l’avoir ouvert sans aucune attente, cet album (il faut bien lui donner un nom) est une magnifique surprise qui permet de se faire une petite idée du talent de Blutch.Il y a de tout ici, en vrac, des esquisses et des planches fort abouties. C’est souvent drôle et toujours un peu fouillis.
Une très belle trouvaille
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Place au dessin ! Ce livre n'est pas une monographie, pas un livre d'art, pas un livre « intimidant ». Il propose une sélection rigoureuse de dessins de presse (Le Figaro littéraire, Libération), d'illustrations (affiches et projets), de carnets de croquis, de dessins faits pour le plaisir, et même quelques planches de bande dessinée. Premier livre non narratif de Blutch, Vue sur le lac donnera un large aperçu du talent exceptionnel de l'auteur.
Chaque parution de Sandrine Deloffre est un cadeau, un petit trésor qui s’ouvre avec impatience pour découvrir les gentils méchants coups qu’elle va tabasser dans la gueule ! Bim ! Amour !Coups & blessures de Sandrine DeloffreEt c’est chou, tendre, parfois un peu politique (la collab’ avec Guillaume est passée par là et c’est cool ) et cette fois-ci : ultra-violent de choupinitude.
Merci Sandrine !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Bataille de bouffe !
Allez !
Ouiii !
Wooo !
Yes !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Après Contes & Légendes et Art & Essai, l'inébranlable Sandrine Deloffre (c'est moi) revient aujourd'hui avec un nouvel album d'illustrations et de strips de type humoristiques. Véritable hymne à la violence, Coups & Blessures touchera la bête féroce qui sommeille en chacun de nous, en s'attaquant au thème de la bagarre, la grande, la belle, la vraie.
Une histoire de vampire à la sauce post-apocalyptique un peu dans la veine de Vuzz.Nosferatu de Philippe DruilletUne sorte d’anti-héros violent, cynique et névrosé perdu dans un monde violent et dans lequel quelques traits d’humours violents viennent égayer toute cette violence.
Un album au rendu noir-blanc-argent des plus réussi
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Dehors tout est noir... Tout est gris, il est 5h45 à ma montre, je ne sais plus s'il s'agit du jour ou de la nuit.. Tout est gris..
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les temps ont changé. Comment était-ce, autrefois ? Comment était-ce, la vie ? Nous avons dû changer, nous, ceux de la surface. Mutation, nourriture... C'est peut-être pour cela que nous sommes devenus des vampires...
Ce récit post apocalyptique contient un petit avertissement concernant des scènes de violence explicite… Alors : ouais !Les indignes de Agustina BazterricaBienvenue à la Maison de la Sororité Sacrée, une secte de femmes où la Sœur supérieure (et …?) règne avec sadisme sur les différentes castes asservies.
Ici, tout semble invraisemblablement extrême, abject, arbitraire et cruel. Et la soumission de ces femmes en devient incompréhensible.
Incompréhensible, vraiment ? Pures inventions ou simple inspiration des dérives religieuses passées (passées, vraiment ?)
Un choc écœurant, peut-être pour y voir plus clair. Brillant !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Quelqu'un crie dans l'obscurité. J'espère que c'est Lourdes.
J'ai mis des cafards dans son oreiller et j'ai cousu la taie pour qu'ils aient du mal à en sortir, pour qu'ils grouillent sous sa tête ou sur son visage (pourvu qu'ils rentrent dans ses oreilles et fassent leur nid dans ses tympans, qu'elle sente leurs larves lui grignoter le cerveau).
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Au sein de la Maison de la Sororité Sacrée, les coups de fouet de la redoutable Soeur Supérieure rythment le quotidien strictement réglé des « indignes ». Pétries de jalousie, elles se tendent des pièges cruels dans l'attente de savoir qui sera la prochaine heureuse élue à rejoindre les « Illuminées ». C'est le voeu le plus cher de la jeune femme qui raconte cette histoire, au fil d'un journal dans lequel elle s'épanche nuit après nuit, au péril de sa vie. Peu à peu lui reviennent en mémoire les souvenirs d'avant l'effondrement du monde, avant que la Maison de la Sororité Sacrée ne s'impose comme l'ultime refuge.
Un jour, elle découvre une errante aux abois et l'aide à intégrer la communauté. Alors qu'un lien étroit se noue entre elles, il apparaît vite que Lucía est spéciale. Et que son arrivée apporte enfin une lueur d'espoir dans un monde de ténèbres.
À travers cette nouvelle dystopie aussi envoûtante que glaçante, Agustina Bazterrica nous interroge sur les croyances, les règles et les hiérarchies que nous mettons en place pour faire société, et offre une vision vertigineuse de notre humanité.
Quel passeur d’émotions ! Elle sont toutes là et Jacques Gamblin nous les fait toucher, sentir et en goûter les saveurs.Mère à l’horizon de Jacques GamblinPlus qu’une autobiographie qui part dans tous les sens, il s’agit plutôt d’un carton de photos qui serait tombé et dont l’auteur nous en rappellerait les souvenirs. L’enfance, la quincaillerie, les débuts à la technique, puis sur les planches et…Et surtout, la famille, la mère et sa mémoire qui s’en va.
Et c’est très touchant, un peu déconstruit, pas très bien fagoté… mais c’est tendre et chou
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - Demain on change d'heure.
- Ah oui comment je vais m'y retrouver ?
- Je vais régler ta montre à l'heure de demain. Comme ça quand tu te réveilleras, tu seras à la bonne heure.
- Oui mais... demain il sera quelle heure ?
- Je ne sais pas. Quand tu vas te réveiller. Voilà j'ai réglé ta montre, la pendule, ton réveil... Ils seront à l'heure de demain.
- Oui mais l'heure elle va tourner cette nuit !
- Eh oui et comme ça demain elle sera à la bonne heure de demain.
- Oui mais si tu la mets maintenant à l'heure de demain et qu'elle continue de tourner cette nuit, elle ne sera pas à l'heure demain.
- Maman...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un hommage bouleversant de Jacques Gamblin à sa mère, où le rire n'est pourtant jamais loin, prêt à déferler sur la grève.
Je n'ai plus que la mémoire de l'instant, dit-elle.
Elle reste assise de longues heures, les rideaux à peine ouverts.
Elle veut bien voir le dehors mais que le dehors ne la voie pas.
Elle se met du rouge à lèvres quand elle reçoit une visite.
Son premier baiser, elle l'a donné entre les casseroles et les pinces multiprises.
Elle rêvait de jouer le jazz.
Un jour, elle est montée à la grande échelle.
Comment tu vas te déguiser au prochain carnaval ? Elle répond :
En courant d'air.
Elle a commencé à perdre l'audition il y a quelques années. La mémoire a suivi et couru à sa perte. Sans bruit. Sans choc. Avec la vie qui change de volume.
Pour combler les phrases qu'elle ne prononce plus, j'écris. J'attrape son silence au vol, le fais rebondir, pour l'aimer encore, autrement, pour l'aimer mieux.
Un hommage bouleversant à la mère, où le rire n'est pourtant jamais loin, prêt à déferler sur la grève.