Le train

Et Simenon de s’amuser à conter un bonheur amoral. La jouissance au milieu de la douleur. Une rencontre adultère dans un train de la débâcle alors que l’Allemagne s’empare de la France.

Un homme marié dont la femme va bientôt accoucher vit quelques jours passionnés avec une ancienne prisonnière, sous les tirs des Stukas, au milieu de la misère. Il est pourtant heureux. Il l’aime.

Le lundi matin,
je me sentais vide et déprimé. Anna avait dormi d'un sommeil agité, secouée plusieurs fois par ces mouvements brusques auxquels je ne m'habituais pas, et plusieurs fois elle a parlé avec volubilité dans sa langue.
Je me suis levé à la même heure que les autres jours pour préparer le café et me raser mais, au lieu de me trouver seul dehors, j'ai aperçu des groupes de réfugiés encore mal éveillés qui regardaient passer des motos allemandes.
J'avais l'impression de retrouver dans leurs yeux l'abattement résigné qui devait se lire dans les miens et cela était général; cela a duré plusieurs jours, pour certains plusieurs semaines.
On tournait la page. Une époque était révolue, chacun en avait la certitude, bien que nul ne pût prévoir ce qui allait la remplacer.
Le train de Georges Simenon
Un de romans durs sous la forme d’une confession. Des livres longuets où il semble qu’à chaque chapitre, Simenon tente de justifier sa vie dissolue, ses passions, sa boulimie sexuelle en nous prenant à témoin : « Voyez, je ne suis pas seul »

Le 98e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand je me suis éveillé, les rideaux de toile écrue laissaient filtrer dans la chambre une lumière jaunâtre que je connaissais bien. Nos fenêtres, au premier étage, n'ont pas de volets. Il n'y en a à aucune maison de la rue. J'entendais, sur la table de nuit, le tic-tac du réveille-matin et, à côté de moi, la respiration scandée de ma femme, presque aussi sonore que celle des patients, au cinéma, pendant une opération. Elle était alors enceinte de sept mois et demi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Juin 40
L'exode pousse des millions de civils sur les routes de la France défaite. Dans la débandade générale, sous les bombes de stukas allemands, un train file vers le sud. Parqués dans la foule de ce train, un homme et une femme. Elle est une jeune juive. Il est commerçant près de Maubeuge et, à la première alerte, sa famille a été dispersée.
Dans la pénombre et la promiscuité du wagon à bestiaux bondé, sans mot dire, les deux inconnus s'allongent côte à côte. Lentement ils s'étreignent, s'accouplent. Étonnés, ils accomplissent quelque chose qui ressemble à l'amour.