La bonne mère

Un roman qui se vit comme ce qu’il se raconte. Tout en émotions. Et pas des petites joies timides ou des chagrins d’enfance vite consolés d’un bisou magique, non ! C’est la vie qui s’envole comme elle s’écrase, qui tourbillonne et qui explose !

Elle continue en boucle pendant un bon quart d'heure. La fille de son père, celle-là, quand elle veut. À se demander ce que c'est mon problème, pourquoi je suis jalouse, pourquoi je l'ai haï avant même de le connaître, son girafon. Ses yeux sont rouges et elle a les deux mains appuyées sur le bas-ventre. Et pourquoi je suis venue, hein, pourquoi ça finit toujours comme ça ? Pourquoi on peut pas avoir une conversation normale comme une fille et une mère normales ?
Mon train est demain, faut serrer les dents. Vérifier qu'elle a à manger dans le frigo. Qu'elle mange. La laisser se vider de sa haine sans piper mot. Parce que avec elle, que je parle ou que je me taise, que je vienne ou que je parte, je finis toujours par être la mauvaise mère.
La bonne mère de Mathilda di Matteo
Et c’est magnifique, touchant, révoltant, tordant (de rire comme de douleur) et déchirant.

Un vrai trésor du Sud de la France, bien loin des culs pincés germanopratins, un livre avec des épices et du soleil. Mais attention, quand il pleut, c’est à torrents, avec de la grêle, et des congères dans un brouillard glacial

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je me doutais bien, avec sa Grande École et ses grands airs, qu'elle allait nous ramener un petit Parisien. Elle me sort :
- Il est pas de Paris, maman, mais de banlieue parisienne.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Huit cents kilomètres séparent Clara de sa mère, Véro, depuis qu'elle a quitté Marseille. Ce week-end, elle lui présente Raphaël. Un girafon, pense Véro en le voyant. Il l'agace avec son pedigree bourgeois, ses mots compliqués et sa bouche fermée comme une huître. Elle n'aurait jamais dû laisser Clara monter à Paris.
Mère et fille se cherchent, se fuient, se heurtent sans jamais oublier de s'aimer. Comment être une bonne mère quand notre enfant nous échappe ? Comment être une bonne fille quand on a honte de celle qui nous a tout donné ? Comment s'affranchir sans trahir ?
La Bonne Mère est l'histoire d'un amour féroce. Un roman ultra-contemporain sur la violence dont on hérite et sur ce qu'on reproduit malgré soi. Avec une ironie mordante, Mathilda di Matteo nous entraîne dans un tourbillon d'émotions, entre Marseille et Paris.

La petite conformiste

C’est plein d’humour, de lutte des classes, de confusion des religions, de famille un peu berzingue et d’enfance.

La petite conformiste de Ingrid Seyman

C’est chou

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Esther est une enfant de droite née par hasard dans une famille de gauche, à Marseille, au mitan des années 70. Chez elle, tout le monde vit nu. Et tout le monde - sauf elle - est excentrique.

Sa mère est une secrétaire anticapitaliste qui ne jure que par Mai 68. Son père, Juif pied-noir, conjure son angoisse d'un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir. Dans la famille d'Esther, il y a également un frère hyperactif et des grands-parents qui soignent leur nostalgie de l'Algérie en jouant à la roulette avec les pois chiches du couscous. Mais aussi une violence diffuse, instaurée par le père, dont les inquiétantes manies empoisonnent la vie de famille.

L'existence de la petite fille va basculer lorsque ses géniteurs, pétris de contradictions, décident de la scolariser chez l'ennemi : une école catholique, située dans le quartier le plus bourgeois de la ville.

La petite conformiste est un roman haletant, où la langue fait office de mitraillette. Il interroge notre rapport à la normalité et règle définitivement son sort aux amours qui font mal. C'est à la fois drôle et grave. Absurde et bouleversant.

« J'avais mon rond de serviette chez les Robert, les Lafond et les Barthélemy de Saizieu. Chez eux, je menais la vie de château, une existence sans représailles, faite de gâteaux au yaourt confectionnés par des mères au foyer et par ailleurs profs bénévoles de catéchèse, de dîners en famille sans les couilles de mon père avec des miettes de pain dessus (on ne mangeait jamais nu chez les Robert), de parents qui s'aimaient sans briser d'assiettes sur les murs et jamais en levrette sur le clic-clac du salon. »

Papa

Guérit-on d’un père absent, enfermé dans sa surdité et qui ne vous regarde qu’à peine ?
Régis Jauffet essaye… Difficilement, et c’est rude.

Papa de Régis Jauffret
Parti d’un petit bout de film documentaire visionné par hasard, Régis Jauffret aperçoit son père sortir de l’immeuble de son enfance, menottes aux poings, encerclé de deux gestapistes. Il se lance à sa mémoire

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
19 septembre 2018, j'aperçois dans un documentaire sur la police de Vichy mon père sortant menotté entre deux gestapistes de l'immeuble marseillais où j'ai passé toute mon enfance. Ils semblent joyeux alors que le visage de mon père exprime la terreur. D'après le commentaire, ces images ont été tournées en 1943. Non seulement mon père n'a de sa vie parlé de cet incident mais je n'ai jamais entendu dire par personne qu'il avait eu affaire à l'occupant.

Moi, le conteur, le raconteur, l'inventeur de destinées, il me semble soudain avoir été conçu par un personnage de roman.
R. J.