Pourquoi, mais pourquoi ça ? Faut-il vraiment tenter de tout valoriser ? L’éditeur de Murakami va-t-il nous vendre ses verres à moutarde sur E-Bay, pourra-t-on bientôt acheter ses coloriages d’enfance (il ne dépassait presque pas des traits), quand assisterons-nous à une vente aux enchères de ses bouts de crayons ? Et les taillures des crayons ?
Misère, quel livre inutile !
Murakami, maître absolu des mondes oniriques, écrivain majeur du 20e, auteur à la poésie subtile et délicate, créateur d’univers décalés, sensibles et fantastiques… Et voilà qu’il nous décrit dans un premier degré invraisemblable les divers t-shirts qui emplissent ses armoires.
Non, désolé, je ne comprends pas pourquoi ces articles ont quitté les pages de la revue Casa Brutus dans laquelle ils avaient peut-être leur place entre le mobilier de cuisine et les sofas
Choses qui s'accumulent
Je ne suis pas un collectionneur passionné, et pourtant il semble bien que dans ma vie se dessine comme une tendance, une espèce de leitmotiv : j'entasse toutes sortes de choses. Malgré mon indifférence, les objets, comme s'ils étaient mus par une volonté propre, s'accumulent autour de moi.
Lequel de mes T-shirts a le plus de prix pour moi ? Je crois que c'est le jaune, celui qui porte l'inscription « Tony Takitani ». Je l'ai déniché sur l'île Maui, dans une boutique de vêtements d'occasion, et je l'ai payé un dollar. Après quoi j'ai laissé vagabonder mon imagination : Quel genre d'homme peut bien être ce Tony Takitani ? J'ai écrit une nouvelle dont il était le protagoniste, nouvelle qui a ensuite été adaptée en film.
Seul le maître Haruki Murakami pouvait choisir de raconter sa vie à travers sa collection de T-shirts. Inédite en France, joliment illustrée de surprenantes photos, une autobiographie unique, à la fois nostalgique, piquante et cocasse, qui lève le voile sur la personnalité un brin excentrique d'un auteur notoirement secret