Betty

C’est une question qui me revient sans cesse en lisant Simenon aujourd’hui. Était-il raciste, sexiste, antisémite, colonialiste… ? Et à la fin, je retombe toujours sur la même réponse : c’était un témoin incroyablement doué de son époque.
Finalement, qui était-il importe moins que ce qu’il a écrit. Témoin d’une époque raciste, colonialiste, antisémite, patriarcale et sexiste.

Elle avait fini par y croire, était entrée, pleine de bonne volonté, d'enthousiasme, dans la peau de son nouveau personnage.
Tout cela était une erreur. Pas seulement à cause de son passé.
C'était une erreur parce que Guy et elle ne cherchaient pas la même chose. Il disait, fier et protecteur :
 - Tu es ma femme!
Est-ce que cela ne suffisait pas ? Sa femme! La mère de ses enfants! Celle à qui il revenait chaque soir pour lui raconter ses ennuis et ses espoirs.
Betty de Georges Simenon
Et ainsi, ce séducteur insatiable qui enchaînait pathologiquement les aventures comme les prostituées réussi à créer ce portrait d’une femme brisée à la dérive avec une grande sensibilité et beaucoup de finesse

Le 97e roman dur de Simenon

Un roman adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1992 avec Marie Trintignant dans le rôle titre

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Vous désirez manger quelque chose ?
Elle fit non de la tête. Il lui semblait que la voix qu'elle entendait n'avait pas un son naturel, comme si on avait parlé derrière une vitre.
- Remarquez que quand je dis manger quelque chose, cela veut dire du lapin, car, comme vous pouvez le voir autour de vous, aujourd'hui c'est le jour du lapin. Tant pis si vous n'aimez pas ça. Lorsque c'est le jour de la morue, il n'y a que de la morue...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après trois jours d'errance et d'alcool, épuisée et à bout de nerfs, Betty a l'air d'une bête blessée. Comment est-elle arrivée dans ce restaurant-boîte de nuit des environs de Paris, triste refuge d'une faune bourgeoise et cossue ? Pourquoi Laure, une habituée de l'endroit, recueille-t-elle cette fille à la dérive ? Entre la bourgeoise vieillissante et déchue et l'étrange créature, naissent de mystérieuses relations d'hostilité et de secrète affection. Lentement, Betty reprend ses esprits et révèle à sa bienfaitrice l'enchaînement d'échecs et de vices qui l'a détruite.
Laure ignore encore la vraie nature de Betty. Est-elle une mal-aimée ou un être foncièrement pervers ? C'est alors qu'un homme entre en scène et la vérité, peu à peu, apparaît, imprévisible et fatale.