La confession

Voilà un livre qui pourrait être vraiment drôle s’il n’était aussi désespérément réaliste. (Bon, j’avoue, je me suis bien marré quand-même !)

L'été de notre premier anniversaire de mariage, après qu'Hugues était rentré du Tchad, sans écrin de bijoutier mais avec une petite sculpture de guerrier sao, difforme et inquiétante, achetée sur le marché de N'Djamena, l'une de ces « africonneries » qu'affectionnent nos militaires, nous avons passé trois jours dans une communauté monastique de la banlieue lyonnaise pour « discerner où le Seigneur allait nous donner de porter du fruit» et « prendre nos décisions à la lumière de l'Évangile », comme l'indiquait l'article du site dont Hugues m'avait envoyé le lien peu avant son retour, exalté de m'apprendre qu'une place s'était libérée pour participer en couple à cette retraite courue par nombre de jeunes officiers et leurs épouses.
La confession de Romane Lafore
La confession, c’est une jeune croyante intégriste catholique, mariée à un militaire, pro-vie convaincue et militante, qui se désespère, mois après mois, règles après règles, de voir son ventre rester vide.

Plongée au cœur d’un activisme crasse et d’une mauvaise foi absolue. Un livre brillant qui, par la candeur d’une confessée, décrit les affres de la prise de conscience d’une jeune femme en plein désespoir face aux injonctions de son éducation, de sa famille, de ses amies, son milieu social et de son église. À la découverte de ses propres désirs, de sa liberté

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous avez l'air étonné que je sois revenue. Moi aussi. Après tout, je n'ai pas besoin de vous pour recevoir ma pénitence. Jusqu'au bout, j'ai hésité à faire demi-tour. Il y avait un homme effrayant en bas des marches. Il n'était pas là, la première fois, ou bien étais-je trop bouleversée pour le remarquer. Entortillé dans son sac de couchage, affalé sur un carton, il avait l'air de dormir ─ et puis il s'est redressé d'un coup en m'entendant approcher.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel crime a commis Agnès pour ressentir aujourd'hui l'impérieux besoin de se confier ?

Cette jeune catholique pratiquante était pourtant parvenue à rendre sa vie conforme à son rêve de petite fille et au scénario souhaité par son milieu : à vingt ans, elle avait rencontré son futur mari au très prisé bal du Triomphe des saint-cyriens, elle avait abandonné sans regret ses études pour le suivre en régiment à Bayonne, où elle avait attendu tranquillement que s'accomplisse sa destinée de mère de famille nombreuse. Engagements, foi, sociabilité : elle avait tout bien fait. Mais les années ont passé, et son ventre est resté vide. Cette maternité qui se refuse, en instillant chez Agnès le sentiment de son imperfection et de son inutilité, a provoqué en elle une fissure. Au point de la pousser à commettre ce qui ressemble au pire, à ses yeux comme à ceux de sa communauté.

Dans ce roman haletant et glaçant, Romane Lafore met en scène une jeune femme, hantée par le bien et le mal, qui tente de trouver son chemin entre culpabilité et liberté.