Maigret et le clochard

Voilà encore un Maigret absolument classique. Comme pour les vins, on retrouve les même éléments qui font la typicité d’une enquête du commissaire. Une pipe, de la bière, une fine et des sandwichs pour les accessoires.

Un verre de bière bien fraîche, avec de la mousse onctueuse.
Ils trouvèrent le bistrot, tranquille à souhait, plein d'ombre, mais la bière, hélas! était tiède et plate.
Maigret et le clochard de Georges Simenon

On retrouve aussi Madame Maigret dans son intérieur. Vision patriarcale de l’union où Monsieur travaille dehors et Madame s’occupe de son intérieur avec une préoccupation première : le bien-être de son époux.

De même on retrouve un grand soin apporté aux décors : météo, rues de Paris ou d’ailleurs, Quai d’Orsay, bureau du commissaire, psychologie des personnages, milieu social, bistrots…

On était mardi, donc le jour du macaroni au gratin. A part le pot-au-feu du jeudi, le menu des autres jours variait de semaine en semaine mais, depuis des années, sans raison, le dîner du mardi était consacré au macaroni gratiné, farci de jambon haché menu et, de temps en temps, d'une truffe coupée encore plus fin.

Finalement, la construction du récit suit un commissaire qui se laisse guider plus qu’il ne cherche, qui écoute, renifle et questionne jusqu’à ce qu’une image se dessine.

Maigret parlait rarement à sa femme d'une enquête en cours. Le plus souvent, d'ailleurs, il n'en discutait pas avec ses plus proches collaborateurs à qui il se contentait de donner des instructions. Cela tenait à sa façon de travailler, d'essayer de comprendre, de s'imprégner petit à petit de la vie de gens qu'il ne connaissait pas la veille. 
 - Qu'en pensez-vous, Maigret ? lui avait souvent demandé un juge d'instruction lors d'une descente de Parquet ou d'une reconstitution.
On se répétait, au Palais, sa réponse invariable :
 - Je ne pense jamais, monsieur le juge. 
Et quelqu'un avait répliqué un jour :
 - Il s'imbibe...

Et enfin, si la résolution de l’enquête et la découverte du (ou des) coupable est au centre du polar, la justice n’est pas toujours au rendez-vous. Et là, le commissaire parisien se démarque franchement de Columbo, son homologue de Los Angeles, qui ne s’autorise qu’une seule exception dans l’épisode « Forgotten Lady » en laissant la coupable impunie. Maigret s’avère bien plus flegmatique sur ce sujet là.

Une très bonne pioche que ce clochard !

Maigret 88/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il y eut un moment, entre le quai des Orfèvres et le pont Marie, où Maigret marqua un temps d'arrêt, si court que Lapointe, qui marchait à son côté, n'y fit pas attention. Et pourtant, pendant quelques secondes, peut-être moins d'une seconde, le commissaire venait de se retrouver à l'âge de son compagnon.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une nuit de mars, à Paris, deux bateliers tirent de la Seine un clochard grièvement blessé. Il s'agit de François Keller, un ancien médecin. Depuis plus de vingt ans, il a rompu tout lien avec son épouse et un milieu bourgeois qu'il ne supportait pas. Mais qui a pu vouloir sa mort ?
C'est en bavardant avec les autres clochards que Maigret va reconstituer l'existence marginale de Keller, tout en s'intéressant à une Peugeot 403 rouge et à Van Houtte, un des sauveteurs de la victime, marié et père d'un jeune enfant.
Les quais et les brumes de la Seine, le petit monde mystérieux des clochards et des mariniers fournissent au romancier un de ces décors en demi-teintes comme il les affectionne, pour y faire vivre une humanité apparemment ordinaire, mais lourde, pour qui sait voir, de secrets et de passions

Maigret et les vieillards

Maigret se retrouve dans la haute. Des vieux princes et diplomates emplis de devoir et de droiture. Aux histoires d’amours impossibles et de mariages de raison.

Chaque fois qu'il achetait un complet, un pardessus, des chaussures, Maigret les portait d'abord le soir pour se promener avec sa femme dans les rues du quartier ou pour aller au cinéma.
J'ai besoin de m'y habituer... disait-il à Mme Maigret qui se moquait affectueusement de lui.
Il en était de même quand il se plongeait dans une nouvelle enquête. Les autres ne s'en apercevaient pas, à cause de sa silhouette massive, du calme de son visage qu'on prenait pour de l'assurance. En réalité, il passait par une période plus ou moins longue d'hésitation, de malaise, voire de timidité.
Maigret et les vieillards de Georges Simenon

Et là, un mort. Sans motif, sans vol, sans effraction, sans raison. Une balle dans la tête et trois dans le dos. Un vieillard pourtant apprécié de tous.

Encore un qui n'avait pas menti! Curieux métier, pensait Maigret que celui où on est déçu que quelqu'un n'ait pas tué! C'était le cas et le commissaire, malgré lui, en voulait tour à tour à ces gens-là d'être innocents ou de le paraître.
 Car, malgré tout, il y avait un cadavre.

Et une femme de maison acariâtre qui va poser bien des soucis au commissaire pour une enquête « à la Maigret », avec pipe, bière et sandwiches

Maigret 84/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n'en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l'odeur des souvenirs d'enfance. Maigret disait un mois de mai de cantique, car cela lui rappelait à la fois sa première communion et son premier printemps de Paris, quand tout était pour lui nouveau et merveilleux.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maigret s'était rarement trouvé aussi dérouté devant des êtres humains. Est-ce qu'un psychiatre, un instituteur ou un romancier aurait été mieux à même de comprendre des personnages surgis d'un autre siècle ? Une seule chose était certaine: le comte Armand de Saint Hilaire, doux vieillard inoffensif et homme d'honneur avait été assassiné, chez lui, par quelqu'un dont il ne se méfiait pas...

M. Gallet décédé

Ce Maigret fait partie des huit premiers Maigret, tous publiés en 1931. La victime ressemble à un gros looser qui semble ne pas en être un mais finalement si. Mais bon… il est mort, non ?

La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et le mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables.
M. Gallet décédé de Georges Simenon

Alors que dans les dernières enquêtes, Simenon s’attache à créer des portraits des différents protagonistes en développant mieux leurs psychologies avec une intrigue que je trouvais souvent plus faible, c’est bien ici la résolution de l’enquête qui est au centre du roman.

« Seulement, il y a l'histoire de la grille !
« Et puis! que diable Emile Gallet allait-il faire sur le mur ? »
Le brigadier s'était assis à la même place qu'auparavant et approuvait en attendant la suite. Mais il n'y eut pas de suite.
« Allons prendre l'apéritif! » dit Maigret.

Le commissaire lourdeau qui pèse bien ses cent kilos, gêné par la chaleur et coiffé d’un melon prend ses marques

Maigret 3/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une corvée
La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et le mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables.
Inoubliables surtout parce que, depuis une semaine, la Police judiciaire recevait note sur note annonçant le passage à Paris du roi d'Espagne pour le 27 et rappelant les mesures à prendre en pareil cas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans un hôtel de Sancerre où il était connu sous le nom de M. Clément, Emile Gallet, domicilié à Saint-Fargeau, a été tué d'une balle dans la tête et achevé d'un coup de poignard dans le coeur. Une double escroquerie... Dans un hôtel de Sancerre où il était connu sous le nom de M. Clément, Emile Gallet, domicilié à Saint-Fargeau, a été tué d'une balle dans la tête et achevé d'un coup de poignard dans le coeur. Maigret apprend que le jour du crime, Gallet a eu une altercation avec son fils ainsi qu'avec le châtelain voisin de l'hôtel. Et le commissaire découvre que Gallet, que sa femme croyait représentant de commerce, ne l'était plus depuis dix-huit ans...

Signé Picpus

Ici, Maigret se retrouve plongé dans un mystère digne de la chambre jaune. Enfin, pas tout à fait, mais pourtant, rien n’est clair et le commissaire va devoir largement ouvrir son champ de vision.

Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé: Picpus.
Signé Picpus de Georges Simenon

Une enquête parisienne du commissaire au style caractéristique qui sera par la suite repris par Colombo (de plus en plus, il semble presque impossible que les scénaristes de son pendant américain n’aient pas lu d’enquêtes du commissaire Maigret)

Maigret, par tradition, avait commencé par la « chansonnette », l'interrogatoire bon enfant, cordial, avec l'air de n'attacher aucune importance aux questions posées, avec même l'air de s'excuser d'une simple formalité.
L'autre jour, j'ai oublié d'éclaircir un point... Lorsqu'on a frappé d'une certaine manière à la porte de Mlle Jeanne, vous nous avez dit, n'est-ce pas, que celle-ci était occupée à vous tirer les cartes ?...
Le Cloaguen écoutait sans répondre, sans avoir l'air de comprendre.

Maigret 43/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Picpus a-t-il menti ?
Cinq heures moins trois. Une pastille blanche s'éclaire dans l'immense plan de Paris qui couvre tout un pan de mur. Un employé dépose son sandwich, enfonce une fiche dans un des mille trous d'un standard téléphonique.
- Allô ! XIVe?... Votre car vient de sortir?...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Demain, à cinq heures de relevée, je tuerai la voyante. Signé : Picpus. »
Qui est ce Picpus ? Quelle voyante ? Pourquoi ce crime invraisemblable et sans mobile annoncé ?
Maigret, qui a fait établir une surveillance très large au risque d'être ridicule, en arrive, pour la première fois de sa carrière, à souhaiter que le meurtre ait bien lieu. Ce qui arrive en effet. Une Mlle Jeanne est poignardée chez elle dans son boudoir. Dans la cuisine mitoyenne est enfermé à clef un vieil homme en pardessus, calmement assis sur une chaise. Il attend. Il semble n'avoir rien vu et pleure doucement à la nouvelle du drame.
« Jamais devant un homme Maigret n'a eu une telle impression de mystère », écrit Simenon.

Un Noël de Maigret

Un recueil de trois nouvelles, dont la première avec le commissaire le jour de Noël.

Il ne mangeait jamais le matin, se contentait de café noir. Mais c'était encore un rite, une idée de sa femme. Les dimanches et jours de fête, il était censé rester au lit jusque tard dans la matinée, et elle allait lui chercher des croissants au coin de la rue Amelot.
Il se leva, mit ses pantoufles, enfila sa robe de chambre et ouvrit les rideaux. Il savait qu'il avait tort, qu'elle serait navrée. Il aurait été capable d'un grand sacrifice pour lui faire plaisir, mais pas de rester au lit alors qu'il n'en avait plus envie.
Il ne neigeait pas. C'était ridicule, passé cinquante ans, d'être encore déçu parce qu'il n'y avait pas de neige un matin de Noël, mais les gens d'un certain âge ne sont jamais aussi sérieux que les jeunes le croient.
Un Noël de Maigret de Georges Simenon

Une enquête de Maigret qui commence avec pas grand chose. Une petite voisine d’en face qui voit un père Noël lui apporter une poupée dans la nuit et soulever les lattes du parquet.

Une lecture amusante à réserver pour les fêtes

Maigret 63/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était chaque fois la même chose. Il avait dû soupirer en se couchant :
- Demain, je fais la grasse matinée.
Et Mme Maigret l'avait pris au mot, comme si les années ne lui avaient rien enseigné, comme si elle ne savait pas qu'il ne fallait attacher aucune importance aux phrases qu'il lançait de la sorte. Elle aurait pu dormir tard, elle aussi. Elle n'avait aucune raison pour se lever de bonne heure.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En ce matin de Noël, Maigret s'apprête à passer une journée tranquille en compagnie de son épouse. Il vient tout juste de terminer son petit déjeuner quand deux voisines viennent le trouver et lui raconter un petit incident : dans la nuit, la nièce de l'une d'elles a eu la visite du Père Noël.

Liberty bar

Maigret a sa propre vision de la justice. Certes, il cherche la vérité, mais après, il décide lui-même ce qu’il va en faire.

C'était doux, paisible... Des gens marchant sans se presser... Des autos glissant sans bruit, comme sans moteur... Et tous ces yachts clairs sur l'eau du port...
Maigret se sentait fatigué, abruti, et pourtant il n'avait pas envie de rentrer à Antibes. Il allait et venait sans but, s'arrêtant sans savoir pourquoi, repartant dans n'importe quelle direction, comme si la partie consciente de son être fût restée dans l'antre de Jaja, près de la table non desservie où, à midi, était attablé un correct steward suédois, en face de Sylvie aux seins nus.
Liberty bar de Georges Simenon

Cette fois-ci, il est appelé à Antibes pour un meurtre avec une consigne claire de sa hiérarchie : « Pas d’histoires ! »

Sacré Brown ! Si la blessure eût été à la poitrine, on eût pu croire qu'il s'était tué pour faire enrager le monde. Mais on ne se poignarde pas soi-même par-derrière, que diable !

Et le commissaire indolent, écrasé par la torpeur du sur de la France s’arrangera bien de cette consigne

Maigret 17/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le mort et ses deux femmes
Cela commença par une sensation de vacances. Quand Maigret descendit du train, la moitié de la gare d'Antibes était baignée d'un soleil si lumineux qu'on n'y voyait les gens s'agiter que comme des ombres. Des ombres portant chapeau de paille, pantalon blanc, raquette de tennis. L'air bourdonnait. Il y avait des palmiers, des cactus en bordure du quai, un pan de mer bleue au-delà de la lampisterie.
Et tout de suite quelqu'un se précipita.
« Le commissaire Maigret, je pense ? Je vous reconnais grâce à une photo qui a paru dans les journaux... Inspecteur Boutigues... »


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
William Brown a été assassiné à coups de couteau à Antibes, en revenant d'une de ses « neuvaines », beuveries au cours desquelles il lui arrivait de disparaître plusieurs jours. Arrivé sur les lieux, Maigret entreprend de retracer son itinéraire. Il commence par faire la connaissance des « deux femmes » de Brown : sa maîtresse, Gina, et la mère de celle-ci.

Le fou de Bergerac

Maigret se met tout seul dans de beaux draps. Blessé d’un coup de feu après avoir sauté du train pour suivre un homme qui vient de faire la même chose. Celle-là, il l’a bien cherchée !

Donc, il faut le faire taire... Rivaud sait que ce procureur a une manie relativement inoffensive... Les livres érotiques, qu'on appelle par euphémisme : éditions pour bibliophiles... « C'est la manie des vieux garçons qui ont de l'argent à dépenser et qui trouvent trop fade une collection de timbres-poste...
Le fou de Bergerac de Georges Simenon
Et là, coincé dans un lit d’hôtel à Bergerac non loin de Bordeaux, il fait venir Madame Maigret et se pique de résoudre cette énigme.

Il sortit derrière le valet de chambre en gilet rayé, retrouva la place mijotant dans le soleil, atteignit non sans peine l'hôtel d'Angleterre où il dit au patron : « Pour aujourd'hui, enfin, des truffes en serviette, du foie gras du pays... Et l'addition !... On fout le camp! »
Une course dans un lit après un assassin qui se révélera être déjà mort deux fois. Et ce n’est que le début du fil de l’écheveau à démêler. De là à trouver que cette enquête est un peu tirée par le cheveux, il n’y a qu’un poil

Maigret 16/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le voyageur qui ne peut pas dormir
Hasard sur toute la ligne ! La veille, Maigret ne savait pas qu'il allait entreprendre un voyage.
C'était pourtant la saison où Paris commençait à lui peser : un mois de mars épicé d'un avant-goût de printemps, avec un soleil clair, pointu, déjà tiède. Mme Maigret était en Alsace pour une quinzaine de jours, auprès de sa sœur qui attendait un bébé.
Or, le mardi matin, le commissaire recevait une lettre d'un collègue de la Police judiciaire qui avait pris sa retraite deux ans plus tôt et qui s'était installé en Dordogne.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans l'express de nuit Paris-Bordeaux, Maigret est dérangé à cause d'un voyageur bruyant. Aux abords d'une gare, le passager saute du train. Le commissaire décide de le suivre et reçoit une balle de revolver dans l'épaule

Maigret et les braves gens

Un Maigret classique ! Vous n’en avez jamais lu ? Celui-ci est une bonne pioche pour comprendre le système Maigret. Laisser venir les choses, flâner à gauche et à droite, laisser l’image se former, les fils se tisser…

 - Je vous ai éveillé?
 - Oui.
 - Je m'en excuse. De toute façon, je pense que le Quai des Orfèvres va vous appeler d'un instant à l'autre pour vous mettre au courant, car j'ai alerté le Parquet et la P. J.
Maigret, assis dans son lit, saisissait sur la table de nuit une pipe qu'il avait laissé éteindre en se couchant. Il cherchait des allumettes des yeux. Mme Maigret se levait pour aller lui en prendre sur la cheminée. La fenêtre était ouverte sur un Paris encore tiède, piqueté de lumières, et on entendait des taxis passer au loin.
Depuis cinq jours qu'ils étaient rentrés de vacances, c'était la première fois qu'ils étaient réveillés de la sorte et, pour Maigret, c'était un peu une reprise de contact avec la réalité, avec la routine.
Maigret et les braves gens de Georges Simenon

Un livre où Maigret fume sa pipe, boit quelques fines, cause avec des concierges et des serveurs et envoie ses collaborateurs à la pêche aux infos…

À la limite, il ne manquait qu’une nuit au Quai des Orfèvres avec quelques sandwichs pour que « le bingo des Maigret » ne coche toutes les cases

Maigret 86/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Au lieu de grogner en cherchant l'appareil à tâtons dans l'obscurité comme il en avait l'habitude quand le téléphone sonnait au milieu de la nuit, Maigret poussa un soupir de soulagement.
Déjà il ne se souvenait plus nettement du rêve auquel il était arraché, mais il savait que c'était un rêve désagréable: il tentait d'expliquer à quel- qu'un d'important, dont il ne voyait pas le visage et qui était très mécontent de lui, que ce n'était pas sa faute, qu'il fallait montrer de la patience à son égard, quelques jours de patience seulement, parce qu'il avait perdu l'habitude et qu'il se sentait mou, mal dans sa peau. Qu'on lui fasse confiance et ce ne serait pas long. Surtout, qu'on ne le regarde pas d'un air réprobateur ou ironique...
- Allô...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
René Josselin, riche industriel à la retraite, est assassiné chez lui, avec son propre revolver, pendant que sa femme et sa fille sont au théâtre. Il passait la soirée avec son gendre, médecin, qui l'avait quitté, appelé par un malade.

Il n'y a eu ni effraction, ni vol. La veuve est presque sans réaction. La concierge, les voisins, les successeurs de l'industriel sont mis hors de cause.

Maigret mène un des interrogatoires les plus pénibles de sa carrière ; Madame Josselin est forcée de mentir et gêne Maigret, qui finit par avoir de la sympathie pour la famille. On ne trouvera pas le meurtrier, mais...

La pipe de Maigret

Faut pas voler la pipe à Maigret ! M’enfin, c’est vrai quoi, faucher la pipe du commissaire !

Mais finalement, si ça peut le décider à enquêter, ça risquerait même de vous sauver.

Elle ne s'y trouvait pas. Il y avait bien trois pipes, dont une en écume, près du cendrier, mais la bonne, celle qu'il cherchait, celle à laquelle il revenait le plus volontiers, qu'il emportait toujours avec lui, une grosse pipe en bruyère, légèrement courbe, que sa femme lui avait offerte dix ans plus tôt lors d'un anniversaire, celle qu'il appelait sa bonne vieille pipe, enfin, n'était pas là.
Il tâta ses poches, surpris, y enfonça les mains. Il regarda sur la cheminée de marbre noir. À vrai dire, il ne pensait pas. Il n'y a rien d'extraordinaire à ne pas retrouver sur-le-champ une de ses pipes. Il fit deux ou trois fois le tour du bureau, ouvrit le placard où il y avait une fontaine d'émail pour se laver les mains.
La pipe de Maigret de Georges Simenon

Une nouvelle bien trop courte pour être intéressante, à la limite anecdotique

Maigret 47/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La maison des objets qui bougent
Il était sept heures et demie. Dans le bureau du chef, avec un soupir d'aise et de fatigue à la fois, un soupir de gros homme à la fin d'une chaude journée de juillet, Maigret avait machinalement tiré sa montre de son gousset. Puis il avait tendu la main, ramassé ses dossiers sur le bureau d'acajou. La porte matelassée s'était refermée derrière lui et il avait traversé l'antichambre. Personne sur les fauteuils rouges. Le vieux garçon de bureau était dans sa cage vitrée. Le couloir de la Police Judiciaire était vide, une longue perspective à la fois grise et ensoleillée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
II était sept heures et demie. Dans le bureau du chef, avec un soupir d’aise et de fatigue à la fois, un soupir de gros homme à la fin d’une chaude journée de juillet, Maigret avait machinalement tiré sa montre de son gousset. Puis il avait tendu la main, ramassé ses dossiers sur le bureau d’acajou. La porte matelassée s’était refermée derrière lui et il avait traversé l’antichambre. Personne sur les fauteuils rouges. Le vieux garçon de bureau était dans sa cage vitrée. Le couloir de la Police judiciaire était vide, une longue perspective à la fois grise et ensoleillée

Chez les flamands

Pas de Belgique ici, zut ! Mais le Nord – Grand-Est de la France, les Ardennes, à la frontière belge, à Givet précisément. Une région francophone ou les flamands sont regardés d’un œil pas forcément bienveillant. Surtout s’ils sont riches

PEETERS ARCHI-COUPABLES - STOP - ARRESTATION PROCHAINE
Cela l'avait décidé. Il arrivait à Givet, sans aucune mission, sans titre officiel. Et, dès la gare, il tombait sous la tutelle de cette Anna, qu'il ne se lassait pas d'observer.
Chez les flamands de Georges Simenon

Une « pseudo-enquête » de Maigret, appelé au secours par une connaissance d’un cousin. Et là encore, les coupables trop évidents seront vite écartés par un commissaire en dilettante qui, curieusement, se souciera bien plus de comprendre que de juger

Histoires de familles, d’enfants reconnus, de devoir et de la vie qui emprisonne dans une ambiance bien lourdasse…

Maigret 15/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Anna Peeters
Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, la première personne qu'il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters.
A croire qu'elle avait prévu qu'il s'arrêterait à cet endroit du quai exactement ! Elle n'en paraissait pas étonnée, ni fière. Elle était telle qu'il l'avait vue à Paris, telle qu'elle devait être toujours, vêtue d'un tailleur gris fer, les pieds chaussés de noir, chapeautée de telle sorte qu'il était impossible de se souvenir ensuite de la forme ou même de la couleur de son chapeau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, Ici première personne qu'il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters.
A croire qu'elle avait prévu qu'il s'arrêterait à cet endroit exactement ! Elle n'en paraissait pas étonnée, ni fière. Elle était telle qu'il l'avait vue à Paris, telle qu'elle devait être toujours, vêtue d'un tailleur gris fer, les pieds chaussés de noir, chapeautée de telle sorte qu'il était impossible de se souvenir ensuite de la forme ou même de Ia couleur de son chapeau.
Ici, dans le vent qui balayait le quai où n'erraient que quelques voyageurs, elle paraissait plus grande, un peu plus forte. Elle avait le nez rouge et elle tenait à la main un mouchoir roulé en boule.
«J'étais sûre que vous viendriez, monsieur le commissaire... »
Était-elle sûre d'elle ou sûre de lui ? Elle ne souriait pas pour l'accueillir. Elle questionnait déjà...