L’étranger

Dans ma mémoire, le roman de Camus ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Peut-être un peu d’ennui scolaire nimbé d’une aura de chef d’oeuvre que je n’avais pas du comprendre. Guère plus.

L’étranger de Jacques Ferrandez, d’après le roman d’Albert Camus

L’adaptation m’avait donc intéressé, peut-être m’étais-je trompé alors et le dessin pourrait révéler ce qui m’avait échappé. Mais non. L’ennui est toujours là.

Certes, certaines aquarelles sont réussies, mais l’ensemble reste aussi statique que son personnage bartlebien. Une BD dans l’étouffante torpeur algérienne qui m’a laissé froid

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut- être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le jour où sa mère est morte, Meursault a remarqué qu’il faisait très chaud dans l’autobus qui le menait d’Alger à l’asile de vieillards, et il s’est assoupi. Plus tard, dans la chambre mortuaire, il a apprécié le café que lui offrait le concierge, a eu envie de fumer, a été gêné par la violente lumière des lampes électriques. Et c’est avec une conscience aiguë du soleil qui l’aveugle et le brûle que l’employé de bureau calme et réservé va commettre un acte irréparable.
Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort

Le jour et l’heure

Edith est malade et va mourir. Elle décide de se rendre en Suisse pour un suicide assisté avec Exit. Elle part avec son mari et ses enfants pour ce dernier voyage sans retour.

On croit toujours que nos mères sont éternelles.
Elle, elle disait, vous verrez, ça va vous libérer comme moi j'ai été libérée par la mort de ma mère. Elle disait que ça l'avait fait grandir et devenir femme plus vite. Il faut dire qu'elle était encore très dépendante de sa mère. Moi, dans ma tête, ça faisait longtemps que le cordon était rompu, ça faisait longtemps que j'étais adulte. Quand elle m'avançait ça comme argument de vente, que sa mort allait nous faire du bien, je lui en voulais, et en plus j'avais envie d'ajouter, pour moi, c'est déjà fait, je n'ai pas attendu ton départ pour me libérer de toi.
Le jour et l’heure de Carole Fives

En donnant une voix à chaque accompagnant-e, Carole Fives nous parle de la mort qui vient, des souvenirs, des relations de famille.

Une gentille famille de médecins et d’artistes, avec des voix trop uniformes qui manquent de relief pour donner suffisamment de contrastes à ce récit

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La veille, j'étais de garde. Vers vingt-deux heures, on m'a appelée pour une urgence. Un accouchement compliqué. La mère avait fait une grosse hémorragie. On avait réussi à sauver le bébé et je venais de la transférer en réa dans un autre hôpital. J'étais encore totalement là-dedans, dans « Toi et ton bébé, je vous en supplie, vous restez en vie ». Il faut toujours un certain temps après pour redescendre. C'est très addictif les urgences gynécologiques, les urgences en général... on voudrait continuer à sauver le reste du monde, en mode superhéros, mais on reste là, les bras ballants : y'a plus personne à sauver.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« On s'est tous retrouvés à la gare de la Part-Dieu vers sept-huit heures. Maman avait son rendez-vous en début d'après-midi et elle n'avait qu'une peur, le rater. Le GPS annonçait cinq heures de route. On est partis avec la Peugeot à sept places. Papa et Maman devant, et nous, les quatre enfants, derrière, comme à la belle époque. Il ne manquait que les scoubidous et les cartes Panini.

Papa a toujours eu une conduite assez brusque mais alors là, on aurait dit qu'il le faisait exprès. De la banquette arrière, je voyais Maman, à l'avant. Elle ne disait rien mais, à chaque fois que Papa freinait, ou accélérait, son visage se crispait. J'en avais mal pour elle. À un moment, il y a eu une énorme secousse, c'est sorti tout seul, je n'ai pas pu me retenir, mais c'est pas vrai ! Il va tous nous tuer ce con ! »

Edith se sait gravement malade. Elle a convaincu son mari et leurs quatre enfants de l'accompagner à Bâle, en Suisse, où la mort volontaire assistée est autorisée. Elle a choisi le jour et l'heure. Le temps d'un dernier week-end, chacun va tenir son rôle, et tous vont faire l'expérience de ce lien inextricable qui soude les membres d'une famille.

Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent

Pauvre folle

Pauvre folle d’aimer, d’espoir et d’impossible. Folle et enfermée dans un déni passionnel.

Citrouille jugeait plaisant de leur sauter dessus en prenant son élan, elle ne s'en lassait pas. Fâchée d'être éconduite et aucunement le centre de l'attention dans ce salon, elle se mit à les mordre en poussant des cris rauques, parfaitement inédits, qui l'étonnèrent elle-même. Clotilde fut obligée de l'enfermer dans la cuisine, où la siamoise put s'adonner à la destruction intégrale des rouleaux de Sopalin, pendant que sa maîtresse retournait sur le canapé.
Pauvre folle de Chloé Delaume

Avec une écriture sublime (qui m’a réveillé d’anciens souvenirs de Kundera), Chloé Delaume dévoile les tourments de Clotilde, emportée dans les tourbillons d’un impossible amour.

Clotilde se disait que ce qu'elle éprouvait pour Guillaume relevait de l'amour absolu, or l'absolu est sans limites et Clotilde avait beaucoup de mal avec la notion de limites. Elle était toujours dans l'extrême, avait besoin d'être excessive, canalisait mal ses pulsions. Guillaume avait sur elle l'effet d'une drogue, elle en avait pratiqué plein, mais les molécules du Monstre condensaient ce que chacune avait de plus délicieux et intense. Les montées de dopamine, la pensée qui galope, l'inspiration, la confiance en soi, la plénitude, le reset ; le désir. Elle n'aurait fait le deuil du produit pour rien au monde.

C’est vertigineux, souvent drôle, subtile et écrasant.

Pauvre pauvre folle

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La fin du monde n'a pas du tout la forme prévue. Derrière la vitre embuée, Clotilde observe la neige couvrir avril ; le train qui l'emporte traverse autant de forêts mortes que de prés empoissés par des ruisseaux boueux. Elle regarde le décor se déliter lentement, l'époque s'appelle Trop tard, chacun est au courant, alors elle se demande comment font toutes ces bouches pour prononcer encore sérieusement le mot Avenir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans toutes les histoires d'amour se rejouent les blessures de l'enfance : on guérit ou on creuse ses plaies. Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu'elle sort de sa tête, le temps d'un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence.
La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l'adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l'addiction, l'implosion de leur idylle au contact du réel. Car Guillaume est revenu, et depuis dix-sept mois Clotilde perd la raison. Elle qui s'épanouissait au creux de son célibat voit son coeur et son âme ravagés par la résurgence de cet amour impossible.
La décennie passée ne change en rien la donne : Guillaume est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d'ici le terminus

Désirer

Excellent ! C’est acté, les femmes enterrent définitivement l’érotisme à la papa.

Suite à une brève préface signée Charlotte Pudlowski, suivent six nouvelles autour du désir, celui des femmes.

Et c’est Emma Becker qui ouvre les feux avec un quiproquo magnifique, une embrouille délicieuse.

Philippe, lui, a juste un peu blanchi.
C'est peu de dire que ma soirée vient de prendre une tournure absolument inédite. Il faudrait maintenant m'arracher à ma chaise - et au lieu du bonsoir timide que je m'apprêtais à lâcher, j'attrape avec allégresse la main de Véronique et vais jusqu'à me lever pour la saluer.
Paul n’est pas venu de Emma Becker

Elle est suivie par la très drôle (si, si) Marina Rollman dans un France-Suisse au score tendu.

On est tous deux debout, derrière un canapé. Il a les mains posées sur le dossier, il s'agrippe. C'est pas des mains de pianiste mais c'est des belles mains carrées, douces mais solides, qui savent faire des trucs utiles, qui t'agrippent comme il faut. Les bras sont jolis aussi, on est dans cet âge chouette où on a pas ce truc tendu de bébé, mais pas non plus la sécheresse passé soixante. Les veines, la vie qui pulse en dessous, mais pas encore les taches, la mort qui s'annonce par le dehors.
Les femmes marrantes de Marina Rollman

Joy Majdalani nous parle d’une passion interdite pour Arthur (le pauvre, en plus, il est moche).

Dans la conversation d'Arthur, en dessous du pouce bleu qu'il avait envoyé en réponse à mon invitation, un nouveau message est apparu: « J'aurais pas dû t'embrasser la joue comme ça. Je suis désolé. » 
Puis, 
« Ta robe était magnifique. »
Je ne sais pas d'où me vient cette témérité nouvelle, mais sans réfléchir, je réponds:
« Arthur, je sais, je n'aurais pas dû, mais je viens de jouir très très fort en pensant à toi. »
Arthur qui est moche de Joy Majdalani

Wendy Delorme nous parle du désir au féminin, hélas impossible… le temps de laisser monter le désir.

Le chemin n'est pas long, de ma chatte à mon cœur. Mais il y a des personnes qui prennent un raccourci. Et ça se joue en une nuit.
Je suis une fille facile, je l'ai toujours été. Je n'en fais pas mystère. J'aime les choses concrètes, qui sont dites simplement. Et surtout, j'aime les filles.
Les cinq pas qui séparent le canapé du lit de Wendy Delorme

Emmanuelle Richard raconte le sexe au temps du Covid.

Au début de cette seconde réclusion forcée, je suis venue sonner. Je ne sais plus quel prétexte j'ai inventé, sans doute un dépannage alimentaire. Je n'ai pas fait l'effort de trouver quelque chose de subtil, c'est surtout le courage que ça m'a demandé. Quand tu m'as ouvert la porte, tu étais en vieux jean et t-shirt, couvert de plâtre et les bras nus. Bruns, tes bras sous la poudre de plâtre. Tu m'as souri. De ton sourire particulier, très beau quand il se fendait large, carnassier, et malgré tout très doux. Avec deux petites, mignonnes canines de vampire qui apparaissaient lors de la manifestation de certains de tes différents visages.
Ta fenêtre en face de Emmanuelle Richard

Et Laurine Thizy termine avec un classique, mais très réussi : le moniteur de ski.

Pas longtemps après, Ismaël s'en va, c'est maintenant ou jamais, c'est maintenant, je me lève aussi, notre chorégraphie implicite, le grand ballet su par cœur de ceux qui vont ken. Dehors, il fait un froid piquant. On se raccompagne en silence et soudain je suis plus certaine d'avoir raison, est-ce que je peux me tromper, rien n'est plus clair pourtant que le désir d'un homme, les micro-signaux comme autant de certitudes, et puis non, peut-être pas, peut-être que je comprends rien, peut-être que j'ai tort, mais le voilà qui s'arrête et sort ses clés et dit à voix basse: Je t'invite à boire un dernier truc? Une tisane, c'est le mieux pour faire passer la fondue.
Ismaël de Laurine Thizy

Quel excellent recueil de nouvelles autour du désir et ses multiples facettes (aussi colorées que la couv’) qui se conclu par une petite (et bienvenue) présentation des autrices.
Pour conclure, (hélas, c’est trop tôt), oui, on en veut encore !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous êtes sur un canapé, au restaurant, dans un bar. Vous êtes face à un inconnu, une inconnue, qui vous parle ; vous l'écoutez. Vous regardez ses lèvres. Chair tendre pigmentée, qui remue. De sa bouche, les mots qui s'échappent rencontrent le réel, entrent dans vos oreilles, creusent un chemin vers votre ventre, vous pénètrent. Vous êtes immobile, fébrile. Vous avez envie de l'embrasser et vous ne savez pas si ce sont ses mots que vous voudriez manger, ou son corps. Dans cette chorégraphie: le début de la jouissance, déjà. Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elles veulent, elles fantasment, elles jouissent.
Mais avant tout, les femmes mènent la danse.

Six autrices explorent le désir au féminin. Les hommes deviennent des proies et les fantasmes prennent chair. Leurs héroïnes sont libres, modernes et drôles. Elles nous ressemblent.
Emma Becker, Wendy Delorme, Joy Majdalani, Emmanuelle Richard, Marina Rollman et Laurine Thizy se font la voix d'un érotisme d'aujourd'hui. Elles dessinent les contours d'un monde nouveau, dans lequel les femmes ne sont plus objets de désir mais actrices de leur plaisir.

Chronosquad, tome 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns

Suite à un petit souci temporel dans le tome 5, Télonius et Mumin ont bien vieilli… en tout cas leur corps et leurs articulations !

Chronosquad, tome 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns de Giorgio Albertini, dessins et couleurs de Grégory Panaccione

Dans ce sixième tome, les soucis temporels se superposent les Huns aux autres pour une bouillabaisse qui peine à en dévoiler un goût bien clair… (Et si cette phrase ne semble pas très compréhensible, elle me semble être, ma foi, à la hauteur de cette histoire qui peine à conserver la simplicité et la fraîcheur des premières aventures)

Pourtant, le dessin et les couleurs de Panaccione me semblent de plus en plus travaillées avec des planches vraiment très réussies !

Un demi zut, donc

Chronosquad 5

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le temps ne pouvait pas être plus pourri.
Calme toi
Quelque chose va se passer tu vas voir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors qu'ils recherchent une jeune employée spatio-temporelle portée disparue dans le Japon de la fin du XIXe siècle, Bey et Hera aperçoivent Silverberg étonnamment rajeunie. Penn, quant à elle, revient d'une mission qui a mal tourné. Des touristes sont morts, d'autres ont été capturés par les hordes d'Attila. Bloch, toujours attentif aux détails historiques, sait comment leur porter secours

La Vénus au parapluie

L’histoire d’un coup de foudre, brutal, imparable. Celui qui bouleverse et remue les tripes d’un timide tétanisé.

Elle n'aimait ni Van Gogh, ni la bossa nova, ni le saint-nectaire. Ni changer les sacs d'aspirateur. Après tout, personne n'était parfait. Et, bien qu'elle n'appréciât guère ce qu'il vénérait, même si on ne pouvait considérer qu'il vouait une passion sans limites au changement de sacs d'aspirateur, il lui pardonnait. Ce qui aurait dû être tout à fait rédhibitoire ajoutait même à son charme. Et lui offrait les modestes défis de la faire changer d'avis.
La Vénus au parapluie de Thibaud Gaudry

Dans une écriture pleine de légèreté et de poésie, Thibaud Gaudry nous emporte dans ce tourbillon de joie malheureuse. C’est tendre, drôle et délicat, une passion à Paris.

Alors certes, les grincheux trouveront ça probablement nunuche ou gentillet. Ils auront même peut-être raison. Mais c’est si joliment fait

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce matin-là, c'est une humeur qu'il considéra comme guillerette qui l'expulsa de son lit. Quelques entrechats primesautiers le menèrent à la cuisine. Des morceaux de brioche jaillirent du grille-pain comme des fusées un soir de fête nationale. Il remarqua que le café n'avait pas le même goût que la veille.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il pleut. Elle a un parapluie, il n'en a pas. Un dimanche soir, devant l'enseigne d'un cinéma d'art et d'essai de la capitale, elle l'invite à s'abriter. Et c'est la foudre, soudain, qui s'abat sur lui...

Premier roman trépidant, baroque, La Vénus au parapluie entraîne le lecteur dans une cavalcade amoureuse. Thibaud Gaudry mêle langue poétique et fantaisie. Avec, en toile de fond, un amour profond pour Paris et les vieilles comédies américaines

Les silences des pères

Rachid Benzine continue à explorer les relations familiales et creuse ici la difficile communication père-fils. Cette vague qui part de l’admiration aveugle à la honte, l’incompréhension ou la colère…
Mais un jour c’est la fin. Et… ? S’était-on tout dit, avait-on réussi à parler, avait-on quelque chose à se dire ?

Je roule à grande vitesse sur l'autoroute de Besançon. Mon assistante a fait annuler le prochain concert. Il me fallait poursuivre le voyage. Je crois que j'ai eu ces simples mots : « C'est important. » Elle a compris sans qu'il faille se perdre en explications. J'ai comme l'étrange sentiment d'avoir été trompé, que mon père était différent, que c'était un autre homme. Depuis la mort de mon frère, puis de ma mère, j'avais raté tant de choses, mais était-ce de ma faute ?
Les silences des pères de Rachid Benzine

Une histoire de toute beauté qui m’a laissé vidé. Une écriture magnifique pour dévoiler toutes ces émotions qui n’avaient jamais pu naître.

Une merveille

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le pianiste est penché sur son clavier. Ses bras tombent sur l'instrument, épuisé, comme vaincu. Ses mains sont cachées par l'immense piano. Dans la salle de concerts de l'Opéra de Cologne, l'auditoire reconnaît les notes de la sonnerie annonçant habituellement le début d'un concert. Le silence se fait. Ce n'est pourtant pas s l'avertissement mais le concert lui-même qui débute. L'improvisation durera une heure et six minutes.
Keith Jarrett n'avait pas dormi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s'étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable. Maintenant que l'absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu'il débarrasse l'appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu.
Il en écoute une et entend la voix de son père qui s'adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d'Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l'histoire de son père et le sens de ses silences

Chronosquad, tome 5 : Vie éternelle mode d’emploi

Les quatre premiers Chronosquad m’avaient laissé un sentiment très mitigé. Un scénario sympa mais un peu léger avec toutefois une cohérence intéressante. Des dessins de Panaccione à la qualité très diverse où des planches de grande qualité côtoient des brouillons approximatifs.

Chronosquad, tome 5 : Vie éternelle mode d’emploi de Giorgio Albertini, dessins et couleurs de Grégory Panaccione

Tombé par hasard sur ce cinquième tome, j’ai été très heureux de découvrir un dessin plus abouti et une histoire dont le fond sur l’immortalité est assez sympatoche.

Une bonne retrouvaille avec des Chronosquad qui risquent bien de prendre un sacré coup de vieux dans un voyage au pays de l’éléphant !

Chronosquad 6
Chronosquad 1-4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Booouum
Donc...
... nous avons deux pipes...
... une lampe à huile...
Bouum


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Non, les Chronosquads n’ont pas remisé leur équipement !
Une anomalie rare du voyage dans le temps provoque le naufrage de deux journalistes, d’un scientifique et d’une romancière connue, en haut d’une montagne, au début du Moyen Âge d’une ligne temporelle inexplorée. Les Chronosquads se préparent pour un sauvetage inédit ignorant en partie les risques d’un trop long séjour dans cette dimension

L’amour

A en croire ce que j’avais appris, ce livre est un véritable tour de force, un exploit ! On m’avait dit (et j’avais cru) qu’il était impossible de raconter le bonheur. Ce livre magnifique vient casser ce mythe !

Dans le même genre, Jacques ne comprendra jamais qu'elle préfère entamer le pain frais plutôt que de finir le pain d'hier. Et pas la peine de venir nous raconter qu'elle en fera du pain perdu, elle n'en fait jamais. Ce que Jeanne peut éventuellement reconnaître, mais pour aussitôt observer qu'à ce compte-là ils ne mangeront jamais de pain frais. Si on mange le pain du jour le lendemain du jour, on mange toujours du pain d'hier. Ce à quoi Jacques objecte que ben voyons.
Jeanne et Jacques ont comme ça des débats.
L’amour de François Bégaudeau

C’est beau et tendre, ça ne veut pas dire que des malheurs n’y ont pas leur place, mais c’est bien une histoire heureuse dont il s’agit. Pas même de suspense inutile, c’est inscrit au dos en première ligne, ce livre raconte deux vies, il raconte l’amour.

Un vrai bonheur !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La première fois que Jeanne voit Pietro, c'est au gymnase où sa mère fait le ménage.
Quand c'est le jour de nettoyer les gradins, la mère embarque sa fille, on n'aura pas trop de quatre bras. Jeanne y gagne 20 francs, ça fait un petit complément à sa paye de l'hôtel. Et puis ça l'occupe.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr. »
F. B.

Au cœur des ténèbres

Adapté du roman le cœur des ténèbres de Joseph Conrad, voilà une bande dessinée qui m’a immédiatement attiré.

Au coeur des ténèbres de Stéphane Miquel, dessin de Loïc Godart, librement adapté du roman de Joseph Conrad

J’en ressors, mitigé.

Certes, le scénario m’a semblé fidèle à mon souvenir, cette lente remontée vers l’halluciné Kurtz sur un fleuve poisseux m’a rappelé cette lecture collante, moite et étouffante. Mais pourquoi ce choix de couleurs sépia au milieu de cet enfer vert ? Un album qui me semble effectuer une sorte de grand écart entre le roman original auquel il tente d’être fidèle tout en semblant fort inspiré par les ambiances d’Apocalypse Now avec une sorte de naïveté dans le trait bien déroutante.

L’adaptation en demi-teinte (sépia) d’une oeuvre originale fondamentale sur le colonialisme ! Et en passant, jetez un œil sur Exterminez toutes ces brutes !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Entendez-le comme vous voulez, mais... Marlow est un cas. Il est bien plus qu'un marin, c'est un errant...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Librement adapté du roman de J. Conrad, ce récit en trois parties explore les ressorts de l'âme humaine et entraîne le lecteur dans une expédition au coeur du continent africain. Missionné par une compagnie de commerce pour retrouver un certain Kurtz, Marlow s'embarque dans un voyage au Congo qui se transforme en descente aux enfers