La première enquête de Maigret

Cette première enquête ressemble fort à une présentation (à postériori, écrite en 1949 alors que les premiers datent de 1931) des personnages. Et même si Maigret n’a pas toujours été vieux, Madame était déjà une « bonne grosse mémère ».

À neuf heures moins dix, une Mme Maigret souriante, qui sentait bon le frais et la savonnette, tirait les rideaux de la chambre, livrant passage à un soleil guilleret. Il n'y avait pas si longtemps qu'elle était mariée, et elle ne s'était pas encore habituée à l'aspect d'un homme endormi, avec les pointes des moustaches roussâtres qui frémissaient, les plissements du front quand une mouche s'y posait, les cheveux drus à rebrousse-poil. Elle riait. Elle riait toujours quand elle s'approchait de lui le matin, une tasse de café à la main, et qu'il la regardait avec des yeux vagues et un peu enfantins.
C'était une grosse fille fraîche comme on n'en voit que dans les pâtisseries ou derrière le comptoir de marbre des crémeries, une grosse fille pleine de vitalité qu'il pouvait pourtant laisser des journées entières dans leur petit appartement du boulevard Richard-Lenoir sans qu'elle s'ennuyât un instant.
 - A quoi penses-tu, Jules?
La première enquête de Maigret de Georges Simenon

Une enquête dans laquelle Jules (tout jeune et pas encore commissaire (juste secrétaire)), va s’en prendre plein la figure. Une sorte de clé pour la compréhension de son fatalisme ultérieur.

 - Je n'y comprends plus rien.
 - Parce que vous avez la prétention de comprendre?
Ce fut peut-être la première vraie leçon de modestie que reçut Maigret. L'inspecteur était plus âgé que lui. Il avait dépassé la trentaine. Il avait ce calme, cette sorte d'indifférence de ceux qui en ont beaucoup vu. Il fumait sa pipe à petites bouffées, sans essayer d'entendre ce qui se disait à l'intérieur.

Une enquête où les coupables resteront possiblement impunis… Mais comment le prouver ? Et ils sont si riches et si bien vus en société…

Maigret 55/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La déposition du flûtiste
Une balustrade noire partageait la pièce en deux. Du côté réservé au public, il n'y avait qu'un banc sans dossier, peint en noir lui aussi, contre le mur blanchi à la chaux et couvert d'affiches administratives. De l'autre côté, il y avait des pupitres, des encriers, des casiers remplis de registres énormes, noirs encore, de sorte que tout était noir et blanc. Il y avait surtout, debout sur une plaque de tôle, un poêle en fonte comme on n'en voit plus aujourd'hui que dans des gares de petites villes, avec son tuyau qui montait d'abord vers le plafond, puis se coudait, traversant tout l'espace avant d'aller se perdre dans le mur. L'agent au visage poupin, qui avait déboutonné son uniforme et qui essayait de dormir, s'appelait Lecœur.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a tiré un coup de revolver, en pleine nuit, dans l'hôtel particulier de la puissante famille Gendreau-Balthazar, rue Chaptal ? Tout jeune secrétaire du commissariat du quartier Saint-Georges, Jules Maigret se voit confier une enquête officieuse - car on n'attaque pas de front ces gens de la haute société, aux relations influentes. Maigret va habilement débrouiller l'écheveau des secrets de la famille Gendreau. En particulier les ambitions d'Hector, fondateur de la dynastie : assurer à sa descendance un nom à particule. Comment la vanité mêlée aux intérêts d'argent peut déboucher sur le meurtre, c'est ce que nous découvrirons au terme de l'enquête. Enquête inutile. Maigret apprendra que les riches méritent des égards auxquels d'autres classes sociales n'ont pas droit...