Maigret aux assises

Appelé à témoigner aux assises, Maigret instille le doute chez le juge et les jurés au sujet de sa propre enquête.

Le président, d'un signe discret, devait avoir appelé l'huissier car celui-ci, contournant sans bruit le banc de la Cour, venait se pencher sur lui tandis que Duché, le jeune avocat de la défense, pâle et crispé, s'efforçait de deviner ce qui se passait.
Le président ne prononçait que quelques mots et tout le monde, dans la salle, suivait son regard qui se fixait sur les fenêtres haut perchées dans les murs et auxquelles pendaient des cordes.
Les radiateurs étaient brûlants. Une buée invisible, qui sentait de plus en plus l'homme, montait des centaines de corps en coude à coude, des vêtements humides, des respirations.
Maigret aux assises de Georges Simenon

L’occasion de tout reprendre depuis le début en prenant compte d’informations dont il ne disposait pas au moment de l’enquête.

 - Des historiens, avait-il remarqué, des érudits, consacrent leur vie entière à étudier un personnage du passé sur qui il existe déjà des quantités d'ouvrages. Ils vont de bibliothèque en bibliothèque, d'archives en archives, recherchent les moindres correspondances dans l'espoir d'atteindre à un peu plus de vérité...
« Il y a cinquante ans et plus qu'on étudie la correspondance de Stendhal afin de mieux dégager sa personnalité...
« Un crime est-il commis, presque toujours par un être hors série, c'est-à-dire moins facile à pénétrer que l'homme de la rue ? On me donne quelques semaines, sinon quelques jours, pour pénétrer un nouveau milieu, pour entendre dix, vingt, cinquante personnes dont je ne savais rien jusque-là et pour, si possible, faire la part du vrai et du faux.
« On m'a reproché de me rendre personnellement sur place au lieu d'envoyer mes inspecteurs. C'est un miracle, au contraire, qu'il me reste ce privilège!

Un commissaire faillible, mais qui récupère bien la situation pour ne pas condamner un faux coupable

Maigret 83/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Était-il venu ici deux cents, trois cents fois? davantage encore? Il n'avait pas envie de les compter, ni de se remémorer chaque cas en particulier, même les plus célèbres, ceux qui étaient entrés dans l'histoire judiciaire, car c'était le côté le plus pénible de sa profession.
La plupart de ses enquêtes, pourtant, n'aboutissaient-elles pas à la Cour d'Assises, comme aujourd'hui, ou en Correctionnelle? Il aurait préféré l'ignorer, en tout cas rester à l'écart de ces derniers rites auxquels il ne s'était jamais complètement habitué.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En Cour d'assises, à la barre des témoins, Maigret rend compte de l'enquête qu'il a menée huit mois auparavant à propos du meurtre d'une vieille dame et de sa petite pensionnaire. Tout accuse Gaston Meurant. Pour Maigret, c'est un coupable idéal qui a trop bien endossé le rôle