Désir pour désir

Un très joli titre, un tout petit livre bien édité, une plume stylée… Mais quel ennui.

Venise est une magnifique sorcière, un doux poison, une flûte mortelle, la patrie des mensonges et du commerce, des raisins de Corfou, des soieries, du marché du Rialto, des bateaux qu'on voit décharger sur la Riva, des palais et des richesses, des épices, des soldats, des territoires lointains, des intrigues, des pleurs; Venise du théâtre, de la peinture, de la musique et du danger, des masques et des capes; Venise des condottieri et de la douane. Venise érotique et religieuse, ouverte et fermée, secrète et puissante, maîtresse des mers, des galères et des caravelles; Venise de Raguse à Constantinople; Venise des fondachi et du ghetto, Venise de la bauta, du Bucentaure et de la grâce.
Désir pour désir de Mathias Enard

Probablement me manquait-il sérénité ou érudition pour me laisser emporter. Je suis resté à terre.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le vernis, l'acide nitrique et l'essence du térébinthe : Amerigo sut qu'il se trouvait bien dans un atelier de gravure - il reconnut les effluves de cuivre mordu, de laque ; puis de papier mouillé, d'encre, de colle de poisson, de sève de mastic et de gnôle de raisin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Antonio observait Venise : inondation, ondulation, vertige. Antonio comprit qu'il ne pouvait plus vivre sans la jeune femme de l'Ospedale della Pietà. La poitrine rebondie, les joues légèrement roses, les cheveux tirant sur le roux, frisés, les yeux clairs et ce je ne sais quoi dans le regard qui le rendait vibrant - Antonio ne pouvait se concentrer ; il prit une feuille de papier et essaya d'esquisser, de mémoire et à la mine de plomb, le visage de Camilla tout en se demandant quel stratagème il pourrait bien imaginer pour lui parler, avant ou après la messe. Il se rappelait que le type grave, un rien sinistre qui l'accompagnait s'appelait Amerigo. »

Lisario ou le plaisir infini des femmes

Un roman romanesque à souhait dans l’Italie du 17e. L’histoire de Lisario, muette endormie. Et de son mari, Avicente Iguelmano, médecin un peu escroc qui la réveillera en lui donnant du plaisir.

Lisario ou le plaisir infini des femmes de Antonella Cilento
Lisario ou le plaisir infini des femmes de Antonella Cilento

Mais l’amour ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Devenue muette à la suite d'une opération ratée, Lisario Morales, à peine adolescente, lit en cachette Shakespeare et Cervantès et se confie par lettres à la Sainte Vierge. Pour fuir le mariage qu'on veut lui imposer, elle se réfugie, telle l'héroïne d'un conte de fées, dans le sommeil. Jusqu'au jour où un médecin espagnol, qui aspire à se forger une réputation, trouve une thérapie pour le moins inattendue et transgressive...

Situé dans la Naples du XVIIe siècle, celle des peintres caravagesques et de la révolution du plébéien Masaniello, le roman d'Antonella Cilento nous raconte, dans la plus pure tradition picaresque, l'éveil d'une jeune fille éprise de liberté, objet des fantasmes d'un homme qui rêve de percer à jour les mystères du plaisir féminin. Dans une ville où la révolte gronde, où les complots abondent et où la vie la plus rutilante côtoie sans cesse les ombres de la mort, Lisario ou le plaisir infini des femmes nous entraîne dans des aventures à rebondissements où les identités sexuelles se confondent, dans un jeu de miroirs et d'illusions digne des « théâtres pour l'oeil » de Jacques Colmar, peintre et scénographe - dont l'existence sera bouleversée par sa rencontre avec Lisario. Un livre qui, sous des dehors intensément romanesques, pose des questions brûlantes et étonnamment actuelles

Le rire est la source des lames

Pour les aficionados et les amateurs d’aventures, de caps, de cape et d’épée : pourquoi pas. Et encore. La relecture des trois mousquetaires, me semble plus judicieuse. Même les quelques incursions légères – mais trop évanescentes – ne réussissent pas à sauver ce voyage en Orient.
Une couv réussie et un joli titre pourtant.

Le rire est la source des larmes par Daniel Janneau
Le rire est la source des larmes par Daniel Janneau
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1613. Le baron Amédée Foucher, officier du génie de 23 ans, se voit confier par la régente Marie de Médicis une mission de taille : organiser le plus grand spectacle pyrotechnique jamais réalisé à ce jour pour célébrer le mariage du jeune roi Louis XIII avec l'infante Anne d'Autriche. Totalement ignorant dans ce domaine, il décide de rejoindre la Chine - le pays inventeur des artifices - accompagné de son oncle, le comte Gaspard de Porcel. Ce dernier, grand voyageur, fin connaisseur de l'Empire du Milieu, et passionné de cheval, est prêt à quitter de nouveau ses Alpilles dans le but d'exporter la corrida espagnole et fonder la première école de tauromachie chinoise !

De Lisbonne à Beijing en passant par les Indes, ils vivront de multiples aventures. À bord du Thélème, ils franchiront miraculeusement le Cap de Bonne-Espérance, connaîtront la saudade des Portugais, éviteront les anthropophages, rencontreront les redoutables guerriers khoïkhoï, découvriront les lascives dévadâsîi, religieuses qui font commerce de leurs corps. Ils croiseront des tempêtes, des maladies, des religions inconnues, et tomberont aux mains de pirates. Puis ils parviendront en Chine où Amédée, parallèlement à son éducation pyrotechnique, sera initié à l'art de la chambre à coucher, quand les flûtes de jade visitent les petites maisons, et les pivoines se couvrent de rosée... Il y croisera l'incarnation de ses rêves, tombant amoureux d'un ruban rouge noué dans les cheveux d'une princesse...

Une épopée jubilatoire à l'humour décalé, un roman historique d'un érotisme raffiné. Un pur délice !