Pute n’est pas un projet d’avenir

Vous êtes curieu-se-x ? Vous souhaitez savoir ce qui se passe dans ces salons où des femmes nues massent des hommes (tout aussi nus, d’ailleurs) ?

Ce livre est pour vous !

Ce n'est pas la prostitution qui est sordide. Ce n'est pas l'acte de sucer ou de baiser qui est salissant. Ce n'est même pas le fait de payer pour ça. Ce qui est dérangeant, c'est d'utiliser un corps. Une personne dont le consentement est forcé par la nécessité. Personne ne devient pute par plaisir ou par vocation. Il n'y a aucun accomplissement de soi, aucune poésie dans la puterie.
On a beau s'y efforcer, impossible de distinguer son corps de soi. Notre corps, c'est notre intégrité. En devenant une fille publique, l'intégrité est réduite à peau de chagrin. Toutes ces mains étrangères qui se baladent sur ton corps te donnent la sensation de ne plus t'appartenir, de n'être plus à toi-même. Quand un client ne respecte pas les limites que tu as posées, alors tu ne sais plus s'il paie pour une prestation ou s'il paie pour louer une personne. Mais ce distinguo fait toute la différence.
Pute n’est pas un projet d’avenir de Louise Brévins

Louise a une fille dont le père est absent, elle est endettée et ne trouve plus aucune autre solution que la prostitution.

Elle raconte ces trois années de travail dont elle est désormais sortie, elle raconte les hommes, les relations facturées et asymétriques (souvent ambiguës pour les clients mais absolument très cadrées pour elle), les gros lourds, les crados et les sympa aussi (oui, il y en a !)

Un témoignage cru et impudique, touchant et éclairant qui tente de ne rien éviter et qui, tout au long du livre, colle au titre comme un avertissement

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Julien était venu à ma rencontre, et m'attendait au bas de l'immeuble. En le voyant de loin, je soupirai. Il était grand et maigre, les épaules légèrement voûtées, les mains croisées derrière le dos. Il portait une de ces chemises brillantes, à la mode dans les années 70, et un foulard autour du cou à la façon bourgeoise.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Aujourd'hui, devenir pute est encore plus facile que de créer un compte Instagram. Notre ère 2.0 a déplacé le tapin de la place publique à l'intimité de nos smartphones et les hommes peuvent désormais se commander une fille aussi facilement qu'on commande un Uber. Moi, je suis entrée dans la puterie pour subvenir aux besoins de ma môme et je suis devenue Alma, masseuse naturiste et sensuelle qui monnaie ses charmes pour 120 € l'heure. Je pensais déjà tout savoir et j'y ai tout appris : les hommes, avec tout ce que leurs désirs révèlent, les femmes, avec tout ce qu'elles ignorent, les ravages de la morale, le mythe de l'argent facile, l'hypocrisie d'une société biberonnée au porno. J'ai reçu vos maris, vos fils, vos patrons et vos potes. J'ai connu tous les âges, tous les milieux sociaux et toutes les religions. J'ai joué la farce de la professionnelle exerçant par passion et, 800 clients plus tard, je n'en tire qu'une seule conclusion : pute n'est pas un projet d'avenir. »

Femme de Vitruve

Nora et Simone, deux très belles et très jeunes femmes, parfaites ! Au pire, il serait toujours possible d’effectuer quelques éventuelles retouches d’un petit coup de bistouri. Deux objets lucratifs, vitrines publicitaires ou escorts, des pièces de valeurs. Mais elles ? Qui sont-elles ?

Non, elle ne prend plus ses médicaments, et alors? Depuis qu'elle a jeté sa prescription à la toilette, Nora passe ses journées à réfléchir à la meilleure façon de se suicider. Elle visualise son corps tomber du haut d'une tour. Elle imagine le bruit que ferait son squelette en se fracassant contre l'asphalte, après une chute interminable. Femme de Vitruve dans un cercle de sang.
Femme de Vitruve de Sara Lazzaroni

Un livre qui n’est pas sans rappeler ceux de Nelly Arcan, avec des questionnements similaires sur le corps, la beauté, sa marchandisation et… le sens de tout ça.

Et même si j’ai parfois eu de la peine avec le passage entre les deux protagonistes et que leur tardive rencontre m’a quelque peu frustré, ce duo décrit parfaitement notre système économique implacable aux victimes dont l’obsolescence est programmée

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Nue devant la glace, Simone inspecte son profil gauche, le plus faible, celui qui n'est pas photogénique. Son regard descend le long du flanc. Un peu de graisse s'est accumulée sous le nombril. Un relief tendre et lisse est apparu, enflé tel un fruit mûr. Simone tire sur la peau pour faire saillir la structure du bassin. Voilà, comme ça c'est bien, tout à l'intérieur des os.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Simone et Nora travaillent pour une agence spécialisée en lancement de produits. Elles en font secrètement la promotion en fréquentant des lieux publics où elles sont susceptibles d’être vues du plus grand nombre. Ces geishas nouveau genre ne se connaissent pas, mais elles se croiseront aux portes d’un ascenseur, là où se joue leur sort.
Avec un style vivant, précis et sobre, Sara Lazzaroni déterre ce qui enfoui sous les apparences, ce qui se cache derrière la solitude une toutes les caméras, toutes les lumières éteintes