La pulpe et le jus

C’est l’été, il fait beau, trop chaud pour entreprendre quelque activité : ce livre est parfait pour cet instant ! Drôle et léger avec un petit questionnement malgré tout. De la douleur mais une fin qu’on ose espérer heureuse (et quand même assez prédictible).

Après quelques secondes, elle s'immobilise. Que lui importe le puéril orgueil d'avoir raison face à l'adénocarcinome... Ces mots proférés monotonement viennent tout de même de modifier le cours de son existence. Ils érigent un mur entre la possibilité du bonheur, avant, et le malheur inexorable d'après. Jusqu'ici, elle n'a pas réalisé sa chance. Pourtant, elle en a eu elle aussi. Sans la comprendre ni l'honorer. Avant, le cancer n'était pas. De la santé, qu'a-t-elle fait ? Depuis des années, la peur règne. Dommage et gâchis. L'avenir qu'elle entrevoit lui révèle son passé. Chaque jour précédant l'entrée dans ce bureau, elle a été heureuse.
Pour l'instant, les symptômes sont minimes..., continue Thévenot.
La pulpe et le jus de Laura Chomet
Avec ce feel-good à la sauce blanche (Gallimard), teinté de développement personnel aux parfums d’agrumes et de phobies à surmonter, Laura Chomet nous propose un divertissement sympathique teinté de téléréalité – bien amorale, comme il se doit !

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
L'envie se déclenche toujours entre le deuxième et le troisième étage, aux abords du ficus à moitié cané sur le palier de la famille croate. À peine la porte du studio claquée, Jenna relâche son sphincter urétral externe, tire la chasse d'eau, vide son manteau. Dans un saladier, elle dépose les yuzus et les combawas volés à La Pause de Sisyphe, le bistrot où elle travaille. Oranges et clémentines s'amoncellent déjà dans la cuisine, mais les petits nouveaux brillaient sous son nez, étranges et colorés. Elle n'a pas su résister ni simplement demander; elle en a rempli ses poches.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Vous êtes phobique, cela vous empêche de vivre, vous souhaitez changer ? Participez au tirage au sort de l’émission Les Nouveaux Guérisseurs. Pour la prochaine saison, il n’y aura qu’un seul élu. Comme Denis, il ne sera pas prévenu. »

Jenna, grande hypocondriaque et amatrice d’agrumes rares, dévore Les Nouveaux Guérisseurs, une émission de télé-réalité en caméra cachée qui prétend libérer les participants de leurs peurs en s’infiltrant dans leur quotidien. L’expérience de Denis, agoraphobe-star de la saison en cours, apporte à Jenna espoir et réconfort. Lorsque son médecin lui annonce une grave maladie, elle devine qu’il est de mèche avec les Guérisseurs et se réjouit d’être à son tour sélectionnée pour la saison suivante. D’ailleurs ce Gabriel, gastronome fraîchement rencontré, a tout l’air d’un appât lancé par la production. Pour guérir, Jenna doit-elle se fier au séduisant programme qu’il lui a concocté ?

Un premier roman à l’acidité tendre, féroce portrait de notre époque, plein d’invention et d’humour.

Que ferais-je à ma place ?

Au travers de questions souvent anodines, Charlie Delwart se demande et si ? Et qu’ai-je fait, qu’aurais-je pu faire autrement ? Est-ce (où était-ce) le bon choix, quel est le sens de tout ça ? Et la mort, ça arrive quand ?

Je dois répondre à une interview. Est-ce que je sais à l'avance ce que je vais dire ?
 - Évidemment
 - Aucune idée, et ça me stresse à chaque fois
 - La vie, c'est surtout de l'improvisation
 - Non et c'est le but de parler : savoir ce qu'on pense
Que ferais-je à ma place ? de Charly Delwart

Souvent drôle mais parfois répétitif, l’exercice est amusant mais tend à surfer sur la blague en restant en surface

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tous les jours, des faits ou des événements nous interrogent, parce qu'ils nous percutent directement ou nous interpellent par empathie avec la personne concernée que ferais-je à sa place ? - ou par autocentrage - que ferais-je si ça m'arrivait ? Même si au fond la principale question qui se pose globalement à nous est: que ferais-je à ma place ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
On se demande souvent ce que l'on ferait à la place de l'autre. Mais à cette question, il est impossible de répondre tant chacun a sa façon de vivre et de penser. Pour Charly Delwart, la question qui se pose plutôt serait : « Que ferais-je à ma place ? »

De situations anodines - répondre à un SMS, aller aux urgences, lire la presse - surgissent des questions fondamentales : ne communiquerai-je à terme plus qu'en émojis ? Que suis-je prêt à faire pour ma survie ? Serai-je un jour un lanceur d'alerte ? Et pour chacune, plusieurs réponses s'offrent à nous. Charly Delwart a capturé soixante-dix questions et, avec beaucoup d'esprit et d'humour, il les déplie pour former le questionnaire à choix multiple de son existence avec, en filigrane, une question qui nous relie tous : comment mener la seule existence qu'on a ?

Mon pauvre lapin

César (serait-ce autobiographique ?) est un jeune garçon couvé par ses grands-mères et tantes, tiraillé entre son père et sa mère séparés, avec des demis frères et soeurs dont il ne sait trop quoi faire.

« Tous les petits garçons font des activités, pourquoi César ne ferait-il pas aussi des activités », a-t-elle argumenté. Il est vrai qu'à part avec le professeur Stambouli et l'hôpital Trousseau, je n'avais encore jamais connu d'activités se déroulant hors de mon cerveau. Les choses que faisaient mes camarades le mercredi étaient un mystère. Évidemment mes tantes se sont emballées, Gladys a crié qu'il fallait me mettre au solfège mais ma grand-mère lui a ordonné de ne pas dire n'importe quoi. Et au bout du compte, perdant tout bon sens, mon père a proposé de m'inscrire au karaté. Je n'ai jamais compris ce qui lui était passé par la tête. Ma grand-mère a essayé de faire barrage, bien sûr. Elle a dit que c'était trop dangereux, elle lui a demandé s'il cherchait à se débarrasser de moi. Pour mon grand malheur ma tante Audrey avait lu un article sur le karaté dans Paris-Match. On y disait que c'était très chic. Elle n'a pas eu de mal à convaincre ses sœurs.
Mon pauvre lapin de César Morgiewicz

Et que faire (et comment faire) de sa vie, des relations sociales, de sa sexualité, des attentes, de ses angoisses, de ses peurs, de ses incapacités à être raccord avec les autres, de ses passions décalées ? Coincé à Key-West avec sa grand-mère et ses (grand-)tantes par l’épidémie de Covid, il tente d’écrire sa misère.

Le lendemain j'avais envie de claironner partout que j'avais enfin fait l'amour avec quelqu'un, mais en même temps il ne fallait pas que les gens sachent que jusqu'à ce jour j'étais puceau. Donc je suis resté prudent. Je l'ai annoncé aux mecs d'un air blasé. Quand il a appris la nouvelle en revenant de la clinique Kerim m'a pris dans ses bras et m'a appelé le roi de la résidence. J'ai eu peur qu'il nous propose de faire sa spécialité.
Ça a continué comme ça avec Vanessa pendant un
mois ou deux. On couchait ensemble de temps en temps. Je ne peux pas dire que c'était affreux, non, c'était supportable. C'était à peu près comme manger un sandwich.

Un bijou d’autodérision sur l’inadaptation sociale. Pauvre César, mon pauvre lapin

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mes projets de carrière sont tombés à l'eau, vous savez. Les gens m'avaient pourtant prévenu.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Réinscrit à Sciences-Po après avoir échoué une fois au concours d'entrée de l'ENA, le narrateur fait une crise d'angoisse en plein cours de préparation du grand oral, alors qu'il pense faire une crise cardiaque. Il abandonne finalement les cours. La suite du récit roule sur la nature de ses relations avec les femmes de sa famille, dont sa mère, sa petite soeur et ses tantes