Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Toby Leigh est un artiste Londonien (enfin… je crois) avec un grand sens de l’humour un peu décalé.ABC pour adultes de Toby LeighEt pour bien illustrer ce décalage, quoi de mieux qu’un langage simple et immédiatement compréhensible.
Voilà donc un abécédaire absolument parfait pour glisser en tournant la première page dans un monde sans filtre aux codes sensiblement réajustés
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Apprendre à l'âge adulte est vital
Vous souvenez-vous de ce à quoi la vie ressemblait lorsque vous étiez enfant ? Le plaisir simple d'apprendre, quand découvrir l'univers merveilleux qui vous entourait était facile et amusant. Puis vous êtes devenu un adulte et avez compris que le monde est en fait un endroit effrayant et déroutant. Heureusement, ce livre a été imaginé pour vous aider, vous et votre famille, à accepter cette phase déprimante de votre existence.
Voilà une bande dessinée qui m’a vraiment impressionné. Faire tenir quatre histoires sur 64 pages et qu’elles soient toutes aussi abouties tient du prodige. Une maison de Frank L. Wright : et autres histoires d’amour de CoseyUne petite tulipe rose ; Une maison de Frank L. Wright ; Only love can break a heart ; Sur l’île.
Quatre histoires d’amour de tous âges à l’intense poésie – sans oublier une pointe d’humour et un peu de dépaysement états-unien
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Décampez immédiatement de ma barrière, voyou !
Barrière ? Ou voyez-vous une barrière ?
Là ! Sous vos foutues planches ! Vous le savez très bien, vaurien !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) - On m'a déjà dit que j'avais un sosie, mais je ne l'ai jamais rencontré.
- Ce n'est pas possible ! Tu ne peux pas avoir oublié ! Nos chansons autour du feu ! ...
- Ma mémoire est excellente, et je vous assure que vous êtes le premier Lambert au monde que je rencontre.
- J'ai voulu la revoir, mais ses vieux avaient déménagé pour Davenport. Ou Pittsburgh ? Je ne sais plus. Chicago, peut-être ?
- C'est très touchant, ce romantisme à votre âge, mais avez-vous pensé que - en plus du vieillissement - votre petite amie a probablement changé ? Sans doute ne ressemble-t-elle pas du tout à l'image que vous vous faites d'elle.
- Oui... Je suppose que vous avez raison. Myrtle... Que... que faites-vous dimanche ?
Voilà un roman dur bien atypique. En est-ce d’ailleurs vraiment un ? Simenon raconte ici sa jeunesse interlope et celle de trois de ses amis d’alors. Proxénètes, mythomanes, manipulés ou manipulateurs, suicidés ou meurtriers.Les trois crimes de mes amis de Georges SimenonAutobiographie ou roman ? Probablement un peu des deux. L’occasion pour l’auteur de se questionner sur la destinée. Pourquoi eux, pourquoi moi ? Quels furent nos choix, à quel moment furent-ils décisifs ?Un roman un peu vide, à l’instar de ces questions dont on ne réussi à trouver de réponse
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) C'est déroutant ! Tout à l'heure, que dis-je, il y a un instant encore, en écrivant mon titre, j'étais persuadé que j'allais commencer mon récit comme on commence un roman et que la seule différence consisterait dans la véracité.
Or, voilà que je découvre soudain ce qui fait l'artifice du roman, ce qui fait qu'il ne peut jamais être une image de la vie : un roman a un commencement et une fin !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je ne me doutais de rien et mes amis étaient des assassins ! Je ne me doutais de rien quelques années plus tard quand je commençais à écrire des romans policiers, c'est-à-dire des récits de faux crimes, tandis que ceux avec qui j'avais vécu jadis, qui avaient respiré la même atmosphère que moi, partagé les mêmes joies, les mêmes distractions, discuté les mêmes sujets, se mettaient à tuer pour de bon. »
Dans ce roman très psychologique, Simenon s’intéresse à la folie d’un tueur en série, aux petits grains de sable qui dérèglent la routine, aux petites frustrations qui s’accumulent et à la réalité qui se brouille.Les fantômes du chapelier de Georges SimenonUn homme qui perd tous repères et qui sombre en emportant tout dans sa chute.
Un roman parfois confus ou répétitif et qui tourne en boucle, à l’image du meurtrier
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) On était le 3 décembre et il pleuvait toujours. Le chiffre 3 se détachait, énorme, très noir, avec une sorte de gros ventre, sur le blanc cru du calendrier fixé à la droite de la caisse, contre la cloison en chêne sombre séparant le magasin de l'étalage. Il y avait exactement vingt jours, puisque cela avait eu lieu le 13 novembre - encore un 3 obèse sur le calendrier - que la première vieille femme avait été assassinée, près de l'église Saint-Sauveur, à quelques pas du canal.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Chaque soir au café des Colonnes, à La Rochelle, quelques notables, parmi lesquels le commissaire Pigeac et Monsieur Labbé, le chapelier, se retrouvent pour une partie de bridge.
En ce début d'hiver, on ne parle plus que des assassinats de femmes qui terrorisent la ville et défraient la chronique de L'Echo des Charentes... Comment les paisibles joueurs de cartes se douteraient-ils que le criminel est parmi eux ? Seul le petit tailleur Kachoudas, voisin du chapelier, a surpris la vérité. Il le paiera lui aussi de sa vie. Peinture de la vie de province, psychologie du meurtrier, monstruosités morales dissimulées sous des apparences respectables...
Je me suis souvent posé la question. Simenon était-il raciste, sexiste, antisémite… ? Difficile à dire. Mais en tout cas, c’est un formidable peintre de son époque qui elle l’était. Et donc, forcément, on y retrouve une société odieuse (comme ici), cupide, cynique… ou un langage et des comportements très dérangeant comme dans Le blanc à lunettes. Les peinture fidèles ne sont pas toujours les plus belles.
Et ici, tout est un peu sale, moche… Les secrets pourrissent tout et pourtant, on s’y accroche, et ça coûte cher… aux femmes d’abord.Le Coup de Vague de Georges SimenonDes vies tristes aux petits plaisirs gâchés par les compromissions.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il n'avait pas le moindre pressentiment. Si, au moment où il se levait et regardait par la fenêtre le ciel encore barbouillé de nuit, on lui avait annoncé qu'un événement capital marquerait pour lui cette journée, il n'aurait sans doute pas haussé les épaules, car il était volontiers crédule. Peut-être aurait-il pensé, en fixant le plancher de ses yeux gonflés de sommeil :
- Sûrement un accident de motocyclette !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jean a toujours vécu heureux avec ses deux tantes, dans son village de Marsilly, non loin de La Rochelle. Il aime son travail de bouchoteur, sa moto et une partie de billard de temps à autre ; la vie lui semble unie, simple, sans mystère. Mais un incident lui fera découvrir que le village n'est pas aussi serein qu'il le paraît et que ses tantes elles-mêmes cachent des secrets. On l'oblige à partir et, lorsqu'il revient, le village a repris son visage impassible. Curieuse sérénité...
Après une hideuse et merveilleuse (si, si) traduction de Guillaume Remuepoire et un génial livre féminirigolo, l’Indéprimeuse ne baissent pas les bras 😉 et remettent le couvert sur la table de monsieur pour un opus pas féminichiant du tout et pas que !Faudrait peut-être recadrer : petites pensées féministes dans un monde plutôt genré de L’IndéprimeuseOui, le féminisme, c’est aussi rigolo, joyeux, festif, libéré et toujours : déterminé !
Un vrai bonheur qui réjouira même le tonton grognon au prochain repas de famille (… enfin, on peut toujours tenter)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Jeune fille, je ne saisis pas tout de suite l'importance d'être féministe. Mes amis, camarades, amoureux, père et oncles, tous les hommes de mon entourage ne me veulent aucun mal, bien au contraire. Je vis dans un pays libre, j'ai la possibilité de faire des études et je reçois autant d'argent de poche que les garçons. L'égalité semble évidente.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Plongez dans l'univers poétique de L'Indéprimeuse, à travers plus de 130 aphorismes, fausses couvertures de livres et autres fantaisies - dont de nombreux inédits. Les soeurs Davina et Felicia Sammarcelli érigent le féminisme et la sororité en étendard dans des créations engagées, irrévérencieuses et terriblement drôles. L'Indéprimeuse croque aussi bien la typographie que notre société, met les points sur les I, les barres sur les T et le patriarcat au bûcher.
Des textes courts, des pensées, de Genève à Sydney, du printemps à l’hiver, du réveil à la sieste, du lever du jour à la nuit noire.Ligne imaginaire de Marie GaulisAu rythme des saisons ou du paysage par la fenêtre du train, Marie Gaulis partage ses pensées et réflexions poétiques.
C’est doux, tendre et léger
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Sieste
Le sommeil de la sieste est dense, avec des remuements noirs tout au fond. Très rarement y passent des rêves. Sommeil immobile, sur le dos - dans un abandon, mains posées sur le livre qu'on lisait, qui ne ressemble en rien à l'installation dans le sommeil nocturne, auquel on se prépare avec tout un rituel.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Tout au long de cette « Ligne imaginaire » défilent des images, des instantanés, moments de vie heureux, éphémères, à peine esquissés, ou comme entrevus au sortir d'une sieste délectable faite dans la touffeur de l'été, et, toujours, une présence au monde.
Une histoire d’amour, du printemps à l’hiver, des premiers bourgeons jusqu’à la confiture, de l’absolu à l’absolu.My Love de Niki de Saint PhalleC’est exubérant, chatoyant, poétique, naïf, coloré… C’est Niki
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Where shall we make love ?
On top of the sun ?
In a bed ?
In a field of flowers ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Artiste franco-américaine reconnue internationalement pour ses œuvres engagées et colorées, tour à tour plasticienne, peintre et sculptrice, Niki de Saint Phalle (1930-2002) s'est également consacrée à l'écriture et a publié plusieurs ouvrages autobiographiques illustrés. En 1971, elle entreprend de raconter l'histoire d'un amour, en mots et en dessins, sous la forme d'un livre-objet qui se déploie en accordéon. My Love, ce livre d'artiste, rare et longtemps introuvable, est ici reproduit à l'identique de l'édition originale, telle que Niki de Saint Phalle l'avait imaginée.
Tout d’abord, c’est très beau ! Les illustrations de Kat Menschick sont magnifiques avec leurs tons en violet et jaune. Une grosse réussite graphique dans la lignée des précédentes nouvelles de Murakami. Galette au miel de Haruki Murakami, illustrations de Kat MenschikEt l’histoire n’est pas en reste ! Une nouvelle où se mêle conte, enfance et… une histoire d’amour à trois temps.Alors certes, le format court souffre peut-être de sa superficialité et Murakami ne semble pas toujours à son aise dans les scènes plus intimes, mais voilà un petit plaisir à goûter comme son titre nous y invite
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) - Masakichi avait pris tellement de miel qu'il ne pouvait pas tout manger, aussi en a-t-il mis dans un seau pour aller le vendre à la ville au pied de la montagne. L'ours Masakichi était un célèbre cueilleur de miel.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) - Je crois que c'est parce qu'elle a trop regardé les informations. Les images du tremblement de terre de Kobe sont sans doute trop impressionnantes pour une petite fille de quatre ans. Depuis le séisme, elle se réveille toutes les nuits. Elle dit que c'est un vilain monsieur qu'elle ne connaît pas qui vient la réveiller.
Elle l'appelle le « Bonhomme Tremblement de Terre ».
Quand la femme dont il est secrètement amoureux lui révèle que sa petite fille est en proie à un cauchemar récurrent, Junpei, auteur de nouvelles, invente l'histoire d'un ours mélomane capable d'apaiser toutes les peines...
Superbement illustrée, une histoire tout en délicatesse et mélancolie en forme d'hommage pudique du maître Murakami aux victimes du séisme de Kobe, et à ceux que leurs failles intérieures font parfois vaciller.
Certains livres échappent à toute note, évaluation, résumés ou peut-être même critique. Objets, livres ils sont porteurs d’une essence, une vibration, une onde poétique… ils peuvent être jugés bons ou très mauvais, il ne s’agira que d’un point de vue tellement éloigné de son objet qu’il en deviendra forcément ridicule. Produits dérivés : reverdies combinatoires de Isabelle SbrissaEt à l’instar de Noces de Laurence Boissier que j’avais finalement renoncé à noter ou à trop en dire… Ici non plus, rien de trop n’en faut.
Mais si vous avez la chance de tomber sur ce petit objet graphico-économico-poétique, régalez-vous, c’est déroutant et musical
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Autrefois localisé en un lieu précis, le marché moderne devient diffus. Les échanges s'effectuent de plus en plus rarement dans un espace réel : l'ordinateur central d'un marché organisé, qui se conforme à des règles édictées par une bourse, ne correspond plus qu'à une place virtuelle, tandis que les transactions d'un marché de gré à gré, sans contrôle ni garantie externes, sont négociées sur des réseaux de télécommunication.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Trois reverdies combinatoires pour refaire la langue et le monde. Cette série transforme un texte issu du domaine financier par déplacement de mots, de syllabes ou de lettres, décompose le français de la spéculation financière, le mène à la musique sans tout à fait supprimer le sens, puis recompose une langue plus humaine, qui dit le partage des ressources et l'ouverture de la conscience.