Maigret voyage

En lisant Maigret, je me suis souvent retrouvé avec beaucoup d’alcool. Pour cette fois, je me suis dit, je note !

Elle s'interrompit en voyant le visage de Maigret soudain froid et dur.
 - Pourquoi me regardez-vous comme ça ?
 - Pourquoi mentez-vous ?
Il avait été sur le point de s'y laisser prendre.
 - A quel moment êtes-vous allée dans la chambre du colonel ?
 - C'est vrai... J'avais oublié...
 - Vous aviez oublié que vous y étiez allée ? 
Elle secouait la tête, pleurait pour de bon.
Maigret voyage de Georges Simenon

Et sur les 186 pages de Maigret en vacances, dans l’ordre, ça donne ça :
Une bouteille de bière danoise, une bouteille de champagne, une bouteille de whisky, du soda et un seau de glace, une coupe de champagne, une bouteille de champagne vide, une bouteille de whisky au trois quarts, une bouteille de Krug 1947, une bouteille non entamée, non débouchée de Johnny Walker, du whisky, un scotch, un whisky, une gorgée d’alcool, un verre de whisky, une bouteille de champagne et celle de whisky aux trois quarts pleine, un whisky, un grand verre de gin mélangé d’un jus de tomate, un whisky, un verre de bière, un whisky, un verre vidé d’un trait, un verre embué qui contenait un liquide clair, un martini, vraisemblablement, un truc très sec, une gorgée de martini, une bouteille de champagne, du scotch (quelques verres), une bouteille de champagne vide, une gorgée de whisky, un verre au bar, une bouteille de champagne, un martini, un verre au bar, café ou thé ? le bruit caractéristique d’une bouteille qu’on rebouche, une odeur d’alcool, une bouffée d’alcool, une gorgée de whisky, du champagne, une bouteille, une coupe de champagne de temps en temps, deux trois fois un verre de whisky, un dernier verre, son whisky, le tiers d’une bouteille, un peu de whisky, une gorgée, juste une gorgée, le whisky, un verre, une gorgée de whisky, un petit vin blanc du pays qu’on avait servi frais dans une carafe embuée, des verres remplis avec une lenteur voulue, assez de champagne, un café, champagne et whisky, des consommations, une bouteille de whisky, du soda et quatre verres, une bouteille de champagne et une bouteille de whisky, de l’eau minérale, un martini, un vin très clair, très frais, un coup de plus, un dernier cocktail, du calvados, whisky, champagne, fine Napoléon, du whisky au goulot comme une pocharde des quais s’envoie un grand coup de rouge, les cocktails, des omelettes flambées, un café crème, le même champagne ou le même whisky, du calvados, toutes les marques de whisky, la même chose, il avait beaucoup bu, un bon quart d’heure devant son verre, des bouteilles de bière sur un plateau, des bouteilles qui sortaient de la cave à vin, quatre ou cinq cocktails avant chaque repas, un verre, une rasade, la bouteille de whisky, l’alcool, la pompe à bière, un demi, un verre d’eau fraîche [sic], un second verre de bière, un verre (offert), un verre (offert aussi), du thé.

Et sinon ? Le commissaire, part du Georges-V pour Nice, Genève et Lausanne et défraie dans la haute société (ce qui explique les alcools plutôt atypiques pour Maigret qui se pique généralement de fine, bière et gros rouge)

Maigret 79/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce qui se passait au George-V pendant qu'il pleuvait sur Paris, que Maigret dormait et qu'un certain nombre de gens faisaient de leur mieux
Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l'air si banales au début qu'on ne leur attache pas d'importance. C'est un peu comme ces maladies qui commencent d'une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C'était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l'inspecteur Janvier, un soir qu'ils s'en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l’air si banales au début qu’on ne leur attache pas d’importance. C’est un peu comme ces maladies qui commencent d’une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C’était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l’inspecteur Janvier, un soir qu’ils s’en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.
Mais, cette nuit, Maigret ne commentait pas les événements qui se déroulaient, car il dormait profondément, dans son appartement du boulevard Richard-Lenoir à côté de Mme Maigret.
S’il s’était attendu à des embêtements, ce n’est pas à l’hôtel George-V qu’il aurait pensé, un endroit dont on parle plus souvent à la rubrique mondaine des journaux que dans les faits divers, mais à la fille d’un député qu’il avait été obligé de convoquer à son bureau pour lui recommander de ne plus se livrer à certaines excentricités

Jeune femme dans un intérieur lausannois

Un petit (trop petit) bijou ! Une merveille d’écriture libre et soignée !

La jeune Pompéienne est complètement de dos et n'a pas conscience du spectacle qu'elle offre. Ainsi, pour moi qui regarde, l'effet est très différent. Dans le cas de la Vénus grecque, je vois grosso modo Beyoncé qui checke ses fesses dans le miroir de son penthouse au milieu d'un clip.
Jeune femme dans un intérieur lausannois de Stéphanie Lugon

Dans cet intérieur Pompéien, Stéphanie Lugon nous parle d’elle et de son amour des musées, confinée dans son intérieur lausannois. A travers une peinture de Gleyre Le coucher de Sapho (Jeune fille dans un intérieur pompéien), 1867, elle nous parle de son corps et par lui, du corps des femmes. Elle nous parle de nous.

Cette conception du corps, comme étant une somme de segments et non une entièreté, pèse lourd dans la fabrique de l'objectivisation et de l'asservissement des corps des minorités. Il est plus facile pour les dominants de s'approprier une entité morcelée, de nier l'individu pour se réclamer légitime propriétaire des parties qui le composent. Le corps des femmes est divisé en parcelles, mis à disposition des autres, soumis à leur autorité et leur jugement. Ce n'est pas insignifiant que le roman Frankenstein soit l'œuvre d'une écrivaine.

Un bijou d’humour, de pensées et de réflexions (et de jeux de miroirs) !

Vite, vite ! Stéphanie, écrivez-nous encore, c’est magnifique !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Préoccupée par la Jeune fille dans un intérieur pompéien du peintre Charles Gleyre, la narratrice tente de comprendre ce qui constitue l'effet obnubilant du tableau.
Bon ok, ses fesses sont splendides. Mais est-ce suffisant pour expliquer son pouvoir d'attraction? Pourquoi ce nu ne la laisse-t-elle pas tranquille? Qu'est- ce qui s'y joue qui la tourmente? Se prenant comme propre objet d'étude, elle convoque son expérience intime pour en faire un outil d'analyse et donner à percevoir la puissance de la peinture

Maigret tend un piège

Maigret se pique ici de jouer au psy. Aujourd’hui, dirait-on plutôt profiler ou mentaliste

Il la conduisit galamment jusqu'au haut de l'escalier et revient vers ses inspecteurs en hochant la tête. 
 - Drôle de fille, grommela-t-il. 
Torrence, qui avait ses idées sur la jeune génération, murmura : 
 - Elles sont toutes comme ça aujourd'hui.
Maigret tend un piège de Georges Simenon

Un commissaire qui tente de « penser comme », pour qu’avec un peu de chance…

Mme Maigret, en chemise de nuit, lui ouvrit la porte avant qu'il ait eu le temps de sortir sa clef de sa poche et il se dirigea, grognon, l'air têtu, vers le buffet où se trouvait le carafon de prunelle. Ce n'était pas de cela, mais de bière qu'il avait envie ; cependant en vidant son verre d'un trait, il avait un peu l'impression de se venger.

Et de la chance, il lui en faudra plus que les cinq femmes poignardées à Montmartre… ou six ?

Maigret 76/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Branle-bas au Quai des Orfèvres
A partir de trois heures et demie, Maigret commença à relever la tête de temps en temps pour regarder l'heure. A quatre heures moins dix, il parapha le dernier feuillet qu'il venait d'annoter, repoussa son fauteuil, s'épongea, hésita entre les cinq pipes qui se trouvaient dans le cendrier et qu'il avait fumées sans prendre la peine de les vider ensuite. Son pied, sous le bureau, avait pressé un timbre et on frappait à la porte. S'épongeant d'un mouchoir largement déployé, il grognait :
- Entrez !


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En six mois, cinq femmes seules ont été assassinées à Montmartre. Un défi pour Maigret : une conversation avec un psychiatre lui fait découvrir qu'il lui faut d'abord comprendre le mécanisme mental de l'assassin.

En annonçant l'arrestation d'un faux coupable, il espère pousser le vrai à se manifester de nouveau. Le dispositif policier exceptionnel mis en place à cette occasion va se révéler efficace.

Encore faut-il comprendre les motifs du criminel. Et lorsqu'un nouveau meurtre intervient après son arrestation, deviner qui cherche ainsi à l'innocenter...

Le grand romancier analyse ici au scalpel une singulière figure de «tueur en série», incorporant magistralement à son univers des éléments venus de la psychanalyse

Les caves du Majestic

De plus en plus, je trouve des similitudes entre Maigret et Columbo.

Maigret tira des menottes de sa poche et il y eut un double déclic.
-C'est la règle! soupira-t-il.
Puis, seul dans son bureau, il alla ouvrir la fenêtre et respira l'air humide. Dix bonnes minutes s'écoulèrent avant qu'il ouvrît la porte des
inspecteurs.
A présent, il paraissait frais et dispos et il lança selon son habitude:
Ça va les enfants ?
Les caves du Majestic de Georges Simenon

Cette façon qu’ils ont de s’attacher aux protagonistes, leurs refus de l’évidence… Certes, des caractéristiques communes à bien des polars, pourtant, c’est avec la même l’humanité qu’ils agissent.

Lui aussi chercha son chapeau qui était resté au Majestic, et cela lui sembla tout drôle de quitter, tête nue, le Palais de Justice, de sorte qu'il fut obligé de prendre un taxi pour rentrer boulevard Richard-Lenoir. 
L'ecchymose avait eu le temps de bleuir, à son menton. Mme Maigret la repéra du premier coup d’œil. 
-Tu t'es encore battu! constata-t-elle en mettant la table. Et, bien entendu, tu en es pour un chapeau!... 
Ou es-tu allé te fourrer?.. fut content et eut un large sourire en sortant sa serviette de son anneau d'argent.

L’histoire d’un coupable trop évident à disculper dans les caves d’un grand hôtel

Maigret 40/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le pneu de Prosper Donge
Un claquement de portière. C'était toujours le premier bruit de la journée. Le moteur qui continuait à tourner, dehors. Sans doute Charlotte serrait-elle la main du chauffeur ? Puis le taxi s'éloignait. Des pas. La clef dans la serrure et le déclic d'un commutateur électrique.
Une allumette craquait dans la cuisine et le réchaud à gaz, en s'allumant, laissait fuser un « pfffttt ».


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Il y a le Paris de l'opulence et des raffinements délicats. Il y a celui des petits matins blêmes et des couples éreintés. Prosper Donge, employé d'un palace situé sur les Champs-Élysées, trouve de bon matin le cadavre d'une cliente tassé dans l'une des quatre-vingt-douze armoires métalliques du vestiaire. Cette jeune Américaine aurait été étranglée alors que le mari était absent pour affaires. Que faisait-elle là ? Maigret découvre alors pour les besoins de l'enquête un monde à part fait de coulisses et de pièces cachées ; un monde avec ses codes et ses drames où s'affairent des anonymes et où la richesse extrême côtoie la précarité, la fatigue et le travail de ceux qui, dans l'ombre, servent, regardent, ressentent et n'en pensent pas moins...

L’affaire Saint-Fiacre

Voilà bien un Maigret atypique, appelé pour un meurtre qui aura lieu dans l’église de son enfance, le jour des morts.

Maigret grommela:
 - Parbleu !
Et il pensait très exactement :
« Toi, mon bonhomme, tu as de la chance si avant cinq minutes tu ne reçois pas sur la figure la main du monsieur à qui tu parles d'une voix si suave...»
L’affaire Saint-Fiacre de Georges Simenon

Un retour au château dans lequel son père était régisseur, un voyage tout en déceptions devant cette noblesse déchue, la fortune évaporée et les rapaces convoitant les maigres miettes de la comtesse qui, comme prévu, sera assassinée devant les yeux du commissaire.

Un déroutant commissaire nostalgique et impuissant se contentant de rester spectateur d’un drame qui semble inéluctable

Maigret 14/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La petite fille qui louchait
Un grattement timide à la porte ; le bruit d'un objet posé sur le plancher; une voix furtive :
- Il est cinq heures et demie ! Le premier coup de la messe vient de sonner...
Maigret fit grincer le sommier du lit en se soulevant sur les coudes et tandis qu'il regardait avec étonnement la lucarne percée dans le toit en pente la voix reprit :
- Est-ce que vous communiez ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un billet anonyme arrive au Quai des Orfèvres : un crime sera commis dans l'église de Saint-Fiacre, le jour des Morts. Maigret se rend sur place et assiste, impuissant, au meurtre de la comtesse de Saint-Fiacre. Le commissaire est sur les lieux de son enfance.

Des souvenirs du passé ressurgissent.

Qui était Maigret, avant de devenir le célèbre enquêteur que nous connaissons tous ?

Maigret et le fantôme

Et si, en dehors de la promotion des boissons alcoolisées et du tabac, les Maigret étaient finalement des portraits de nos petites et humanités

L'ivrogne au pieds nus
Les habitudes se prennent vite, dans les bistrots de quartier.
Parce qu'il avait bu un grog le matin, le patron aux manches troussées parut surpris que son client demande de la bière. Et quand Maigret demanda un jeton de téléphone, il questionna :
 - Un seul ?
Celui qui avait précédé Maigret dans la cabine avait fait, lui, une sérieuse consommation de calvados, car l'air en restait imbibé et 1e combiné même sentait l'alcool de pommes.
Maigret et le fantôme de Georges Simenon

Des galeries ou se croisent toutes les misères possibles sous les yeux d’un commissaire fataliste, alcoolique et résigné par la bêtise et la cupidité de ses semblables

Une enquête fort fort sympa qui mène le commissaire là où il ne s’imaginait pas aller

Maigret 90/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.
- Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il. Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main.
Comme toujours à cette heure-là, il y avait un courant d'air et l'escalier qu'il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'inspecteur Lognon, dit « le Malgracieux », est victime d'une tentative d'assassinat en sortant d'un immeuble de l'avenue Junot, où il passe ses nuits chez Marinette, une jeune esthéticienne. Le lecteur découvre en compagnie du commissaire Maigret que la nuit réserve parfois bien des surprises.

Maigret a peur

Pris dans les Maigret, je me rends gentiment compte des schémas utilisés par Simenon. Toujours assez similaires dans leurs constructions.

Le spectacle des rues était plus déprimant dans la lumière du matin
que la nuit, car la pluie avait tout sali, laissant des trainées sombres sur les façades dont les couleurs étaient devenues laides. De grosses gouttes tombaient encore des corniches et des fils électriques, parfois du ciel qui s'égouttait, toujours
dramatique, avec l'air de reprendre des forces pour de nouvelles convulsions.

Maigret, levé tard, n'avait pas eu le courage de descendre pour son petit déjeuner. Maussade, sans appétit, il avait seulement envie de deux ou trois tasses de café noir. Malgré la fine de
Chabot, il croyait encore retrouver dans sa bouche l'arrière-gout du vin blanc trop doux ingurgite a Bordeaux.
Maigret a peur de Georges Simenon

Ici, Maigret s’arrête chez un vieil ami en retour de congrès, le temps pour lui de démêler une affaire de meurtres dans une petite ville de province.

Comme d’habitude, le commissaire (et pratiquement tous les protagonistes font de même) boit beaucoup. Mais quand même… Vraiment beaucoup, finalement.

Tiens, existe-t-il un classement de tous les Maigret en quantité d’alcool ingurgité ?

Mais… Peur de quoi, au fait ?

Maigret 70/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le Petit Train sous la pluie
Tout à coup, entre deux petites gares dont il n'aurait pu dire le nom et dont il ne vit presque rien dans l'obscurité, sinon des lignes de pluie devant une grosse lampe et des silhouettes humaines qui poussaient des chariots, Maigret se demanda ce qu'il faisait là.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le Commissaire Maigret passe quelques jours de vacances chez un vieil ami, juge d'instruction d'une petite ville de province. Deux crimes viennent d'y être commis, avec la même arme. Les victimes font partie des notables de la ville, et la population est en émoi. Des comités se forment, et les soupçons se concentrent sur un membre d'une grande famille de la région.

La présence de Maigret ne passe pas inaperçue, et ce dernier a du mal à convaincre ses interlocuteurs qu'il n'est là que par hasard. Il aidera cependant son ami, dont les proches sont touchés par l'affaire, à résoudre l'énigme. Toute la finesse et l'habileté de Maigret seront nécessaires à démasquer le coupable

Les vacances de Maigret

Alors qu’il se trouve en vacances, son épouse coincée à l’hôpital par une appendicite, le commissaire travaille quand même !

Un couple arrêta son  regard, ou plutôt il resta interdit en voyant une femme qui ressemblait tellement aux deux portraits du bureau du docteur qu'on en ressentait un malaise.
Celle-ci n'était plus jeune. Elle devait approcher de la cinquantaine et pourtant elle avait les mêmes cheveux d'un blond aérien, les mêmes yeux violets. A peine la silhouette était-elle un peu plus grasse, tout en gardant une étonnante légèreté.

La femme portait un tailleur blanc, un chapeau blanc, qui détonnaient dans la foule peu élégante de la rue. Elle laissait derrière elle un sillage parfumé.
Elle marchait assez vite, entrainant un homme de quinze ans plus vieux qu'elle qui ne paraissait pas à son aise.
Les vacances de Maigret de Georges Simenon

Entre appels au secours, bluff, hasards, sixième sens et intuition, Maigret va tenter de démêler une histoire compliquée et surtout, éviter des morts supplémentaires.

Les deux inspecteurs avaient fini de diner et fumaient leur cigarette en dégustant un cognac quand le commissaire se mit à table, dans la salle à manger presque vide.
 - Alors patron?
Et lui, plus bourru que jamais, un sale gout de fatigue dans la bouche, comme après un long voyage en chemin de fer, de grogner ;
 - Alors, merde!

Quand une femme tombe de la voiture du docteur à pleine vitesse

Maigret 53/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La rue était étroite, comme toutes les rues du vieux quartier des Sables d'Olonne, avec des pavés inégaux, des trottoirs dont il fallait descendre chaque fois qu'on croisait un passant. La porte du coin était une magnifique porte à deux battants, d'un vert profond, somptueux, aux reflets parfaits, aux deux marteaux de cuivre bien astiqués, comme on n'en voit que chez les avoués de province ou dans les couvents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors que le couple Maigret se repose quelques jours aux Sables-d'Olonne, Mme Maigret est victime d'une crise d'appendicite. A l'hôpital où elle est soignée, une religieuse implore le commissaire de s'intéresser à « la malade du 15 ».
Dans quelles circonstances cette jeune femme est-elle tombée de la voiture que conduisait son beau-frère, le Dr Philippe Bellamy ? Pourquoi ce dernier semble-t-il faire si peur à la jeune Lucile Duffieux, une gamine de quatorze ans qui sera assassinée peu après ? Qu'est devenu Emile, son frère aîné, parti pour Paris où il n'est jamais arrivé ?
Et Maigret d'oublier ses vacances. Entre deux visites à l'hôpital, il va percer à jour une de ces passions morbides qui peuvent naître au sein d'une vie en apparence aussi calme et équilibrée que celle du Dr Bellamy...

Et rendez la monnaie !

Pas de faux semblants, c’est un vrai polar à l’ancienne avec un privé bien baraqué, buvant des doubles bien tassés, emballant les poupées, cynique, macho, sûr de lui et ne craignant pas le contact physique.

Elle rougit de colère. Reprenant sa respiration, elle murmura, d'une voix à peine perceptible :
 - Il y a des minutes ou je crois que je vous tuerais avec joie! Vous êtes l'être le plus méprisable que j'aie jamais  rencontré...
Il répliqua, souriant :
 - C'est déjà quelque chose! La nature des sentiments d'une femme m'est indifférente, dès l'instant qu'elle veut bien s'intéresser un peu à moi.
Furieuse, elle tourna les talons et repartit vers l'escalier. Callaghan la regarda monter. Elle venait de disparaitre à sa vue quand, quelque part, une sonnerie de téléphone tinta.
Et rendez la monnaie ! de Peter Cheyney

Oui, Slim Callaghan [sic] a des méthodes bien particulières et n’hésite pas à rudoyer un peu la viande pour l’attendrir et qu’elle s’offre, d’elle-même, trop heureuse de céder.

Elle tira de la poche de sa veste un mouchoir minuscule, avec lequel elle se tamponna les paupières.
 - Je me demande pourquoi j'ai fait ça, murmura-t-elle, ou, plutôt, pourquoi je vous l'ai laissé faire !
Callaghan sourit.
 - Vous n'avez là-dedans aucune responsabilité, dit-il. Elle est mienne entièrement. J'espère seulement que, la prochaine fois, l'idée viendra de vous.
Il était sur le seuil. II alluma une cigarette et, d'une voix douce, ajouta :
 - Je vous ai dit que j'avais mon prix. Vous vous rendez compte, maintenant, que je suis un détective extrêmement couteux ...
Elle le regarda s'en aller sur le sentier. Quand elle ne le vit plus, elle s'assit sur le banc. Callaghan lui avait dit de se reprendre. Elle essaya. Au bout de quelques minutes, elle était presque redevenue elle-même. Sur quoi, elle décida de pleurer encore un peu...

L’histoire ? Qu’importe ! Des bijoux volés dans une famille aristocratique anglaise en proie à des difficultés. Des complications, des coups de feux, des femmes splendides (les plus belles sont les plus inaccessibles), des petits malfrats, des policiers dépassés… Un roman de gare parfait pour une après-midi devant la cheminée avec un Havane pas trop cher et whisky pas trop vieux

Pleins feux sur Sylvie

Un petit polar de gare bien sympa, vraiment !

Un type d'une soixantaine d'années, aux cheveux tout blancs, qui portait des lunettes. Pardessus assez vétuste, mais du bon faiseur. L'inspecteur dit:
 - Asseyez-vous.
L'homme obéit, ouvrit son pardessus, et commença d'essuyer ses lunettes avec sa cravate. II dit:
 - Monsieur le commissaire...
 - Je suis inspecteur.
 - Monsieur l'inspecteur, dit l'homme d'une voix cassée de vieillard, je viens me constituer prisonnier. C'est moi qui ai assassiné Sylvie Sarment.
L'inspecteur puisa dans sa réserve de cigarettes.
Ça pouvait être intéressant.
Pleins feux sur Sylvie de Michel Lebrun

Ce grand prix de la littérature policière en 1956, raconte une histoire surprenante. L’assassinat de Sylvie Sarment, starlette de cinéma que tout le monde (j’exagère un peu) s’accuse d’avoir tué.

Des dialogues peut-être un poil vieillots (on écrit plus vraiment comme ça) pour un polar très cinématographique.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Une vedette de cinéma assassinée. »
Sensation dans le Tout-Paris. De l'Elysées-Club au Fouquet's, d'Epinay à Boulogne, chacun se demande qui a bien pu assassiner Sylvie Sarment. Certains ont leur petite idée. « C'est un drame passionnel », dit l'un. « II paraît qu'elle se droguait », murmure une bonne âme. « Son mari va hériter », insinue un fauché, « Elle n'avait aucun talent », affirme une starlette.
Les journaux proclameront demain SYLVIE N'AVAIT QUE DES AMIS. Parmi tous ces amis se trouve l'assassin de Sylvie