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Quand on prend les Maigret sous l’angle de l’alcool, ils en deviennent très amusants. Et là, ma foi, j’étais surpris ! Pas de chopines, de fines ou de demis. Rien !
Rien jusqu’à la page 48 et cette petite phrase « On ne pouvait pas lui supprimer tous les plaisirs sous prétexte qu’il approchait de ses cinquante-cinq ans. »
Maigret et l’homme tout seul de Georges Simenon
Avec, quelques pages plus tard la confirmation : « Mon médecin me recommande la sobriété… » [sic]
Heureusement, comme pour les banquets de la mythique dernière page d’Asterix… tout est bien qui fini bien.
Une enquête autour du meurtre d’un clochard bien solitaire
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'œil par la fenêtre et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie.
On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il n'était que neuf heures du matin et il faisait déjà chaud. Maigret, qui avait tombé la veste, dépouillait paresseusement son courrier en jetant parfois un coup d'oeil par la fenêtre, et le feuillage des arbres du quai des Orfèvres n'avait pas un frémissement, la Seine était plate et lisse comme de la soie. On était en août. Lucas, Lapointe et une bonne moitié des inspecteurs étaient en vacances. Janvier et Torrence avaient pris les leurs en juillet et Maigret comptait passer une bonne partie de septembre dans sa maison de Meung-sur-Loire qui ressemblait à un presbytère
Après plusieurs Maigret, des schémas et pattern récurrents transparaissent et permettent de mieux évaluer et jauger les différents volumes. Et cette histoire m’a semblé assez emblématique, même si elle ne se passe pas à Paris, mais en Bretagne où le commissaire se rend, motivé par une grosse envie d’huître et de vin blanc.
Maigret à l’école de Georges Simenon
Un commissaire empathique, bonhomme, qui passe son temps à boire des verres, causer le bout de gras et se promener jusqu’à ce qu’un plan se dessine de lui-même et que l’évidence apparaisse
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) L'instituteur au purgatoire
Il y a des images qu'on enregistre inconsciemment, avec la minutie d'un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.
Maigret ne se rendait plus compte, après tant d'années, qu'en arrivant, toujours un peu essoufflé, au sommet de l'escalier dur et poussiéreux de la P. J. il marquait un léger temps d'arrêt et que, machinalement, son regard allait vers la cage vitrée qui servait de salle d'attente et que certains appelaient l'aquarium, d'autres le Purgatoire. Peut-être en faisaient-ils tous autant et était-ce devenu une sorte de tic professionnel ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) C'était un village de bouchots et de parcs à huîtres près de la Rochelle. Un village comme tant d'autres. Il y avait un adjoint qui buvait, des joueurs de cartes, un facteur qui se croyait un personnage important, un aubergiste qui connaissait les secrets de chacun et la vieille Léonie qui haïssait le monde entier. On n'y aimait pas beaucoup les étrangers.
Maigret tente d'innocenter Joseph Gastin, un instituteur de Saint-André-sur-Mer, en Charente-Maritime, accusé du meurtre de Léonie Birard, la bête noire du village.
Amusant ce Maigret dans lequel il se retrouve avec une jeune femme dont il n’arrive à faire façon. Comme un ours avec un origami ou un morse au 400m haies.
Félicie est là de Georges Simenon
Ce vieux bougon qui à bien de la peine à gérer ses colères face à cette petite impertinente qu’il essaie de vouloir aider malgré elle m’a bien amusé
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) L'enterrement de Jambe-de-Bois
Ce fut une seconde absolument extraordinaire, car cela ne dura probablement qu'une seconde, comme, assure-t-on, les rêves qui nous paraissent les plus longs. Maigret, des années plus tard, aurait encore pu montrer l'endroit exact où cela s'était produit, la portion de trottoir où il avait les pieds, la pierre de taille sur laquelle se profilait son ombre, il aurait pu, non seulement reconstituer les moindres détails du décor, mais retrouver l'odeur éparse, les vibrations de l'air qui avait un goût de souvenir d'enfance.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Félicie est Partie faire les courses. À son retour, Jules Lapie, le paisible retraité dont elle tient le ménage, a été assassiné. Le commissaire Maigret, avec sa sagacité habituelle, a tout de suite compris que la jeune fille au physique ingrat savait quelque chose, que derrière ses airs revêches elle cachait un coeur tendre... Comment l'amener à se confier ? Qui protège-t-elle en gardant le silence ? Rarement un témoin aura donné autant de fil à retordre au célèbre commissaire...
J’ai lu sur le site de la RTS (merci à eux pour la photo) que Frédéric Beigbeder avait eu cette phrase tout à lui à votre sujet : « Bobin est, de loin, l’écrivain le plus célèbre du Creusot ».
Christian Bobin
Cher Christian, ne résidant pas dans le Creusot, je ne vous ai jamais lu et je vous avais trouvé un peu « littéraire » lors de vos interventions télévisuelles, mais je m’en vais glisser un de vos ouvrages dans ma pàl et tenter de vite réparer ça.
En lisant Maigret, je me suis souvent retrouvé avec beaucoup d’alcool. Pour cette fois, je me suis dit, je note !
Maigret voyage de Georges Simenon
Et sur les 186 pages de Maigret en vacances, dans l’ordre, ça donne ça : Une bouteille de bière danoise, une bouteille de champagne, une bouteille de whisky, du soda et un seau de glace, une coupe de champagne, une bouteille de champagne vide, une bouteille de whisky au trois quarts, une bouteille de Krug 1947, une bouteille non entamée, non débouchée de Johnny Walker, du whisky, un scotch, un whisky, une gorgée d’alcool, un verre de whisky, une bouteille de champagne et celle de whisky aux trois quarts pleine, un whisky, un grand verre de gin mélangé d’un jus de tomate, un whisky, un verre de bière, un whisky, un verre vidé d’un trait, un verre embué qui contenait un liquide clair, un martini, vraisemblablement, un truc très sec, une gorgée de martini, une bouteille de champagne, du scotch (quelques verres), une bouteille de champagne vide, une gorgée de whisky, un verre au bar, une bouteille de champagne, un martini, un verre au bar, café ou thé ? le bruit caractéristique d’une bouteille qu’on rebouche, une odeur d’alcool, une bouffée d’alcool, une gorgée de whisky, du champagne, une bouteille, une coupe de champagne de temps en temps, deux trois fois un verre de whisky, un dernier verre, son whisky, le tiers d’une bouteille, un peu de whisky, une gorgée, juste une gorgée, le whisky, un verre, une gorgée de whisky, un petit vin blanc du pays qu’on avait servi frais dans une carafe embuée, des verres remplis avec une lenteur voulue, assez de champagne, un café, champagne et whisky, des consommations, une bouteille de whisky, du soda et quatre verres, une bouteille de champagne et une bouteille de whisky, de l’eau minérale, un martini, un vin très clair, très frais, un coup de plus, un dernier cocktail, du calvados, whisky, champagne, fine Napoléon, du whisky au goulot comme une pocharde des quais s’envoie un grand coup de rouge, les cocktails, des omelettes flambées, un café crème, le même champagne ou le même whisky, du calvados, toutes les marques de whisky, la même chose, il avait beaucoup bu, un bon quart d’heure devant son verre, des bouteilles de bière sur un plateau, des bouteilles qui sortaient de la cave à vin, quatre ou cinq cocktails avant chaque repas, un verre, une rasade, la bouteille de whisky, l’alcool, la pompe à bière, un demi, un verre d’eau fraîche [sic], un second verre de bière, un verre (offert), un verre (offert aussi), du thé.
Et sinon ? Le commissaire, part du Georges-V pour Nice, Genève et Lausanne et défraie dans la haute société (ce qui explique les alcools plutôt atypiques pour Maigret qui se pique généralement de fine, bière et gros rouge)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ce qui se passait au George-V pendant qu'il pleuvait sur Paris, que Maigret dormait et qu'un certain nombre de gens faisaient de leur mieux
Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l'air si banales au début qu'on ne leur attache pas d'importance. C'est un peu comme ces maladies qui commencent d'une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C'était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l'inspecteur Janvier, un soir qu'ils s'en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l’air si banales au début qu’on ne leur attache pas d’importance. C’est un peu comme ces maladies qui commencent d’une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.
C’était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l’inspecteur Janvier, un soir qu’ils s’en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres.
Mais, cette nuit, Maigret ne commentait pas les événements qui se déroulaient, car il dormait profondément, dans son appartement du boulevard Richard-Lenoir à côté de Mme Maigret.
S’il s’était attendu à des embêtements, ce n’est pas à l’hôtel George-V qu’il aurait pensé, un endroit dont on parle plus souvent à la rubrique mondaine des journaux que dans les faits divers, mais à la fille d’un député qu’il avait été obligé de convoquer à son bureau pour lui recommander de ne plus se livrer à certaines excentricités
Un petit (trop petit) bijou ! Une merveille d’écriture libre et soignée !
Jeune femme dans un intérieur lausannois de Stéphanie Lugon
Dans cet intérieur Pompéien, Stéphanie Lugon nous parle d’elle et de son amour des musées, confinée dans son intérieur lausannois. A travers une peinture de Gleyre Le coucher de Sapho (Jeune fille dans un intérieur pompéien), 1867, elle nous parle de son corps et par lui, du corps des femmes. Elle nous parle de nous.
Un bijou d’humour, de pensées et de réflexions (et de jeux de miroirs) !
Vite, vite ! Stéphanie, écrivez-nous encore, c’est magnifique !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Préoccupée par la Jeune fille dans un intérieur pompéien du peintre Charles Gleyre, la narratrice tente de comprendre ce qui constitue l'effet obnubilant du tableau.
Bon ok, ses fesses sont splendides. Mais est-ce suffisant pour expliquer son pouvoir d'attraction? Pourquoi ce nu ne la laisse-t-elle pas tranquille? Qu'est- ce qui s'y joue qui la tourmente? Se prenant comme propre objet d'étude, elle convoque son expérience intime pour en faire un outil d'analyse et donner à percevoir la puissance de la peinture
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Branle-bas au Quai des Orfèvres
A partir de trois heures et demie, Maigret commença à relever la tête de temps en temps pour regarder l'heure. A quatre heures moins dix, il parapha le dernier feuillet qu'il venait d'annoter, repoussa son fauteuil, s'épongea, hésita entre les cinq pipes qui se trouvaient dans le cendrier et qu'il avait fumées sans prendre la peine de les vider ensuite. Son pied, sous le bureau, avait pressé un timbre et on frappait à la porte. S'épongeant d'un mouchoir largement déployé, il grognait :
- Entrez !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En six mois, cinq femmes seules ont été assassinées à Montmartre. Un défi pour Maigret : une conversation avec un psychiatre lui fait découvrir qu'il lui faut d'abord comprendre le mécanisme mental de l'assassin.
En annonçant l'arrestation d'un faux coupable, il espère pousser le vrai à se manifester de nouveau. Le dispositif policier exceptionnel mis en place à cette occasion va se révéler efficace.
Encore faut-il comprendre les motifs du criminel. Et lorsqu'un nouveau meurtre intervient après son arrestation, deviner qui cherche ainsi à l'innocenter...
Le grand romancier analyse ici au scalpel une singulière figure de «tueur en série», incorporant magistralement à son univers des éléments venus de la psychanalyse
De plus en plus, je trouve des similitudes entre Maigret et Columbo.
Les caves du Majestic de Georges Simenon
Cette façon qu’ils ont de s’attacher aux protagonistes, leurs refus de l’évidence… Certes, des caractéristiques communes à bien des polars, pourtant, c’est avec la même l’humanité qu’ils agissent.
L’histoire d’un coupable trop évident à disculper dans les caves d’un grand hôtel
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le pneu de Prosper Donge
Un claquement de portière. C'était toujours le premier bruit de la journée. Le moteur qui continuait à tourner, dehors. Sans doute Charlotte serrait-elle la main du chauffeur ? Puis le taxi s'éloignait. Des pas. La clef dans la serrure et le déclic d'un commutateur électrique.
Une allumette craquait dans la cuisine et le réchaud à gaz, en s'allumant, laissait fuser un « pfffttt ».
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il y a le Paris de l'opulence et des raffinements délicats. Il y a celui des petits matins blêmes et des couples éreintés. Prosper Donge, employé d'un palace situé sur les Champs-Élysées, trouve de bon matin le cadavre d'une cliente tassé dans l'une des quatre-vingt-douze armoires métalliques du vestiaire. Cette jeune Américaine aurait été étranglée alors que le mari était absent pour affaires. Que faisait-elle là ? Maigret découvre alors pour les besoins de l'enquête un monde à part fait de coulisses et de pièces cachées ; un monde avec ses codes et ses drames où s'affairent des anonymes et où la richesse extrême côtoie la précarité, la fatigue et le travail de ceux qui, dans l'ombre, servent, regardent, ressentent et n'en pensent pas moins...
Voilà bien un Maigret atypique, appelé pour un meurtre qui aura lieu dans l’église de son enfance, le jour des morts.
L’affaire Saint-Fiacre de Georges Simenon
Un retour au château dans lequel son père était régisseur, un voyage tout en déceptions devant cette noblesse déchue, la fortune évaporée et les rapaces convoitant les maigres miettes de la comtesse qui, comme prévu, sera assassinée devant les yeux du commissaire.
Un déroutant commissaire nostalgique et impuissant se contentant de rester spectateur d’un drame qui semble inéluctable
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La petite fille qui louchait
Un grattement timide à la porte ; le bruit d'un objet posé sur le plancher; une voix furtive :
- Il est cinq heures et demie ! Le premier coup de la messe vient de sonner...
Maigret fit grincer le sommier du lit en se soulevant sur les coudes et tandis qu'il regardait avec étonnement la lucarne percée dans le toit en pente la voix reprit :
- Est-ce que vous communiez ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un billet anonyme arrive au Quai des Orfèvres : un crime sera commis dans l'église de Saint-Fiacre, le jour des Morts. Maigret se rend sur place et assiste, impuissant, au meurtre de la comtesse de Saint-Fiacre. Le commissaire est sur les lieux de son enfance.
Des souvenirs du passé ressurgissent.
Qui était Maigret, avant de devenir le célèbre enquêteur que nous connaissons tous ?