Réglez-lui son compte ! : Les révélations de San Antonio

Voilà bien une grosse merdouille qui ne vaut que pour ce qu’elle est : le premier San Antonio paru.

Sur les femmes, je pourrais vous en écrire si long qu'un rouleau de papier peint ne me suffirait pas. 
Mais je ne suis pas de l'Académie française, et le blablabla psychologique n'est pas mon fort. Je vous assure que chez nous, aux services secrets, nous ne passons pas nos loisirs à lire des romans à la réglisse. Pour nous chanter le couplet sentimental il faut se lever de bonne heure, ça je vous le dis; et il serait plus facile de charmer un ménage de crocodiles avec des boniments de midinette que de nous faire tomber en pâmoison avec des histoires de clair de lune.
Réglez-lui son compte ! : Les révélations de San Antonio de San-Antonio (Frédéric Dard)

Raciste, misogyne, franchouillard, sexiste, mégalo, alcoolique, violent, xénophobe… Voilà de l’humour bien difficile à avaler aujourd’hui.

 — Allez, file, ordonne-t-elle durement à Bruno.
Une pépée me parlerait sur ce ton, moi, je commencerais par la poser à plat ventre sur mes genoux et je lui administrerais une fessée telle qu'elle ne pourrait pas s'asseoir sur autre chose que du duvet pendant douze ans.
Mais ce Bruno est une pauvre cloche et s'il croit savoir s'y prendre avec le beau sexe, il se goure vilain.
En matière de ce que vous pensez, avoir une belle gueugueule, ne suffit pas; un beau gosse sans volonté n'a jamais eu plus de succès auprès d'une femme que le génie de la Bastille. Et si je vous le dis, c'est que je le sais.

Tout ça pour deux petites histoires (réunies dans ce premier volume) plates et inconsistantes au scénario cousu d’un fil aussi blanc que les neiges éternelles de l’Antarctique.

Et pourtant, de ce petit machin un peu merdique va naître une des série policière au langage le plus créatif, truculent et invraisemblable qu’a connu la francophonie… on y devine déjà les prémices

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Si un jour votre grand-mère vous demande le nom du type le plus malin de la Terre, dites-lui sans hésiter une paire de minutes que le gars en question s'appelle San Antonio. Et vous pourrez parier une douzaine de couleuvres contre le dôme des Invalides que vous avez mis dans le mille ; parce que je peux vous garantir que la chose est exacte étant donné que le garçon en question c'est moi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ami lecteur, il faut un début à tout. Tu me diras : quand on a lu la Bible, on sait comment ça se passe... Une petite pomme à l'apéro, de chouettes pépées en tenue d'Ève, et toute l'affaire qui capote façon grandiose. D'accord, coco.
Mais il y a genèse et genèse. Numéro 1 et numéro 1. Dans ce que t'as entre les pognes, il y a des hôtesses de l'air et des gros calibres, des pigeons voyageurs et de l'espionnage international. Ça vous a quand même une autre tronche, non ? C'est même plus un début, c'est du patrimoine ! »

Voici le premier titre des aventures du célèbre commissaire, paru pour la toute première fois en 1949.
Signé : l'éditeur, et fier de l'être

Blackwater, tome 6 : l’épique saga de la famille Caskey : Pluie

Fin de règne à Perdido. Toutes les richesses sont !

« Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda sa femme.
- Elinor, promets-moi quelque chose.
- Quoi ?
— Ne demande pas quoi. Promets.
— Je te promets Oscar. Tout ce que tu veux. De quoi s'agit-il?
- Promets-moi que tu me laisseras mourir avant toi, dit-il. Promets-moi que tu ne m'obligeras pas à vivre seul dans cette vieille et grande maison. Laisse-moi mourir en premier. Promets-le-moi.»
Blackwater, tome 6 : l’épique saga de la famille Caskey : Pluie de Michael McDowell

Ainsi se clôt cette saga familiale fantastico-gothique telle qu’elle était déjà annoncée dans le deuxième tome.

Une réussite sublime. Après un renversement au troisième tome, un petit coup de mou dans les 4 et 5 tomes… C’est sans surprise qu’Elinor tire sa révérence. Sublime !

Une saga dans laquelle, dès le premier tome, les femmes prennent le pouvoir au près de l’inquiétante rivière noire et nauséabonde.

Une histoire de femmes et d’eau, d’eco-féminisme (merci Kirzy de Babelio pour la formule) et de mère nature dans une narration gothico-fantastique fort bien dosée

Blackwater, tome 5

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Peut-être n'étaient-elles que cela : deux vieilles femmes se livrant à d'éternels commérages dans la chambre isolée d'une maison vétuste, dans un coin perdu de l'Alabama.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Si le clan Caskey accuse le poids des ans, il est loin de s'être assagi : révélations écrasantes, unions insolites et réceptions fastueuses rythment leur vie dans une insouciance bienheureuse. Mais quelque chose surplombe Perdido, ses habitants et ses rivières. Le temps des prophéties est enfin venu

Blackwater, tome 5 : l’épique saga de la famille Caskey : La fortune

Le clan prospère, du pétrole est trouvé dans les terres des Caskey ! Et comme pour chaque tome désormais, de nouveaux arrivants se présentent et d’autres disparaissent.

— Mais tu vas le faire dans tous les cas, n'est-ce pas ? Autrement tu ne serais pas montée ici avec moi. Si tu n'avais pas eu l'intention de tout me dire, tu ne m'aurais rien dit du tout. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Nerita n'a pas mangé le fils Gully en entier.
- Comment ça ?
— Elle... elle m'a gardé une part. »
Blackwater, tome 5 : l’épique saga de la famille Caskey : La fortune de Michael McDowell

Une fortune plutôt lassante avec toutefois une puissante fin pour doper la soif du dernier volume !

Blackwater, tome 4
Blackwater, tome 6

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tous les Caskey pleurèrent la mort de James avec une grande émotion. Bien qu'âgé et fragile, personne n'avait imaginé qu'il puisse partir un jour.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tel un organisme vivant, le Clan Caskey se développe et se transforme. Certains font face à la mort, d'autres accueillent la vie, entre rapprochements inattendus, haines sourdes et séparations inévitables, les relations évoluent, Miriam, désormais à la tête de la scierie et noyau dur de la famille, ne cesse de faire croître la richesse, suite à une découverte surprenante et miraculeuse - sauf pour une personne - c'est bientôt la ville entière qui va prospérer. Mais cette soudaine fortune suffira-t-elle, alors que la nature commence à réclamer son dû ?

Blackwater, tome 4 : l’épique saga de la famille Caskey : La guerre

Dans ce quatrième opus, après une première partie de transition et de passages de pouvoir, la famille Caskey retrouve une nouvelle harmonie.

La seconde guerre mondiale arrive et les affaires explosent pour la scierie qui voit les commandes affluer.

Elinor avait changé elle aussi, et de façon plus frappante encore depuis la mort de Mary-Love. Elle était plus calme, ses accès de colère semblaient l'avoir quittée ; elle paraissait moins dangereuse.
Blackwater, tome 4 : l’épique saga de la famille Caskey : La guerre de Michael McDowell

Un livre plus tranquille, dans lequel toutes et tous semblent trouver un certain apaisement.

Travis n'eut plus conscience de rien après ça. Frances dévora ses bras. Au cours de ce festin, Travis mourut. Lorsque sa faim fut rassasiée, Frances porta le cadavre jusqu'au nid d'alligators, sur la berge qui jouxtait le pâturage. Attirés par l'odeur du sang, les bêtes étaient là pour l'accueillir. 
Frances sortit de l'eau, tenant devant elle le corps démembré. Le sang se déversait des articulations évidées. Sa propre bouche ensanglantée s'ouvrit et émit une série de brèves notes aiguës. L'eau tout autour d'elle fut agitée par les battements de sa queue et de celles des alligators. Quelque part, dans un coin sombre de l'esprit de la créature, Frances Caskey sursauta en reconnaissant le chant étrange qu'elle entendait en rêve.

Bien sûr, ce tome reste fidèle aux Blackwater avec quelques drames et morts (étranges ou non), mais où les personnalités peuvent enfin vivre sans se cacher. Enfin… presque

Blackwater, tome 3
Blackwater, tome 5

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mary-Love était morte depuis deux ans. Dans les mois qui suivirent l'enterrement, les Caskey avaient guetté les changements qui bouleverseraient immanquablement la structure de la famille. Ceux-ci furent lents et subtils.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La guerre est finie, vive la guerre ! Une nouvelle ère s'ouvre pour le clan Caskey : les années d'acharnement d'Elinor vont enfin porter leurs fruits ; les ennemies d'hier sont sur le point de devenir les amies de demain ; et des changements surgissent d'où personne ne les attendait. Le conflit en Europe a fait affluer du sang neuf jusqu'à Perdido. Désormais les hommes vont et viennent comme des marionnettes sur la propriété des Caskey. Sans se douter que, peut-être, leur vie ne tient qu'à un fil

Blackwater, tome 3 : l’épique saga de la famille Caskey : La maison

La tension monte encore d’un cran jusqu’à un événement auquel je ne m’attendais pas du tout et une redistribution des cartes au sein du clan. Comme pour une partie d’échec, des pièces majeures disparaissent et (fin de l’analogie) de nouvelles entrent en jeu.

— Papa, je ne veux pas me marier. Je m'amuse beaucoup trop. Je ne crois pas avoir permis au moindre célibataire de m'approcher sur le campus. » James éclatait de rire.
« Ma chérie, si tu ne les laisses pas approcher, comment sont-ils censés te demander en mariage ?
— C'est précisément ce que je ne veux pas ! Qu'ils essaient et ils verront la raclée qu'ils vont se prendre. »
Blackwater, tome 3 : l’épique saga de la famille Caskey : La maison de Michael McDowell

Dans ces luttes où les femmes se battent pour le pouvoir, la rivière continue de démontrer le sien ainsi ses liens forts avec Elinor.

Assise sur le banc dans l'étouffante gare d'Atmore, Mary-Love gémissait et transpirait abondamment. Aucune phrase intelligible ne sortait de sa bouche. À ses côtés, Ivey lui essuyait le front et lui serrait les mains en chuchotant: « M'dame Mary-Love, qu'est-ce vous avez mangé ? Vous avez pris que que chose qu'était pas bon pour vous ? Vous avez bu de la mauvaise eau ?»

En pleine dépression de 1929 dans le sud des États-Unis, un épisode toujours aussi gluant et putride, une vraie réussite qui entretient avec un grand talent la soif de connaître la suite

Blackwater, tome 2
Blackwater, tome 4

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Miriam et Frances Caskey étaient sœurs ; elles étaient nées avec à peine un an d'écart, et vivaient dans des maisons séparées d'à peine vingt mètres, pourtant, leurs deux foyers communiquaient si peu que lorsqu'elles se rencontraient sur la propriété — ce qui était rare —, elles se montraient timides et méfiantes l'une envers l'autre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1928 à Perdido. Alors que le clan Caskey se déchire dans la guerre intestine et sans merci que se livrent Mary-Love et sa belle-fille, et tandis que d'autres crises - conjugales, économiques, existentielles - aux répercussions défiant l'imagination se profilent, dans les recoins sombres de la maison d'Elinor, la plus grande de la ville, les mauvais souvenirs rôdent et tissent, implacables, leurs toiles mortelles.

Blackwater, tome 2 : l’épique saga de la famille Caskey : La digue

Blackwater continue avec le tome deux pour s’éloigner sensiblement de Elinor et s’orienter sur les jeux de pouvoir au sein de la famille Caskey avec son omnipotente marâtre Mary-Love.

L'INGÉNIEUR
« Seigneur, protège-nous des flots, du feu, des animaux affamés et des Nègres en fuite. »
C'est par cette prière que Mary-Love commençait chaque repas. Elle la tenait de sa mère, laquelle avait soustrait son argenterie, ses esclaves et ses poules à l'avidité des pilleurs yankees. Désormais, Mary-Love et Sister imploraient secrètement le secours divin contre une cinquième menace: « O Seigneur, protège-nous d'Elinor Dammert Caskey. »
Blackwater, tome 2 : l’épique saga de la famille Caskey : La digue de Michael McDowell

Un clan qui ne cesse de s’agrandir et, en même temps, de perdre certains de ses membres mystérieusement. La digue s’installe. Elinor et la rivière semblent s’en accommoder…

« Ecoute-moi bien, Zaddie. Cette digue - si jamais un jour elle est construite - n'apportera rien de bon à la ville.
— Qu'est-ce que vous voulez dire ?
— Moi vivante, et tant que j'habiterai dans cette maison, il n'y aura pas de crue à Perdido, avec ou sans digue. Les rivières ne monteront pas.
— Mam'selle Elinor, vous pouvez pas... »
Elinor ignora cette protestation.
« Par contre Zaddie, quand je serai morte, reprit-elle, avec ou sans digue, cette ville et tous ses habitants disparaîtront de la surface de la terre... »

Vivement la suite dans une atmosphère toujours aussi pesante. Un délice de malaise visqueux

Blackwater, tome 1
Blackwater, tome 3

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
« Seigneur, protège-nous des flots, du feu, des animaux affamés et des Nègres en fuite. » C'est par cette prière que Mary-Love commençait chaque repas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tandis que la ville se remet à peine d'une crue dévastatrice, le chantier d'une digue censée la protéger charrie son lot d'imprévus : main-d'oeuvre incontrôlable, courants capricieux, disparitions inquiétantes... Pendant ce temps dans le clan Caskey, Mary-love, la matriarche, voit ses machinations se heurter à celles d'Elinor, son étrange belle-fille, mais la lutte ne fait que commencer. Manigances, alliances contre-nature, sacrifices, tout est permis.
À Perdido, les mutations seront profondes, et les conséquences, irréversibles

Blackwater, tome 1 : l’épique saga de la famille Caskey : La crue

Suite à de nombreuses incitations et à des couvertures magnifiques, j’ai fini par me lancer dans Blackwater. Et, ma foi, après ce premier tome, je ne regrette pas.

« Oh Sister, marmonna-t-elle d'une voix plaintive. Je savais qu'elle y arriverait...
— Arriverait à quoi maman ?
— À s'immiscer parmi nous. À creuser son trou. À s'enfouir dans la boue de Perdido jusqu'à ce que dix-sept hommes tirant sur une corde nouée autour de son cou - ce qui serait une bonne chose — soient incapables de l'en sortir. 
— Maman ! protesta Sister en tournant la tête vers l'endroit où Elinor, modestement assise, discutait avec Annie Bell Driver, la petite Grace toujours sur les genoux. Je te trouve dure avec elle. Je ne pense pas qu'elle mérite un tel traitement !
— Attends de voir, ma fille. Attends de voir, nous en reparlerons dans six mois. »
Blackwater, tome 1 : l’épique saga de la famille Caskey : La crue de Michael McDowell

Ambiance moite et puante à Perdito après une crue de la rivière et la découverte dans un hôtel au milieu des eaux de Elinor par le fils de la famille Caskey. Et il commence à se passer des choses un peu curieuses…

Oscar savait que Mary-Love et Elinor avaient la capacité de le manipuler. Elles obtenaient ce qu'elles voulaient. En réalité, chaque femme recensée à Perdido obtenait ce qu'elle voulait.

Ambiance étrange, presque gothique, dans le sud des États-Unis raciste au début du 20e siècle…

Vite, la suite !

Blackwater, tome 2

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
À l'aube du dimanche de Pâques 1919, le ciel au-dessus de Perdido avait beau être dégagé et rose pâle, il ne se reflétait pas dans les eaux bourbeuses qui noyaient la ville depuis une semaine.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l'Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue. Mené par Harry-Love, la puissante matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s'apprête à se relever. Mais c'est compter sans l'apparition, aussi soudaine que mystérieuse, d'Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s'immiscer au cœur de la famille Caskey

Motus

Bienvenue à Parisfrance en 2027 dans une société contrôlée par l’AG, l’Administration Générale. Bienvenue dans l’ignorance abrutie où nulle tête ne doit dépasser et où il est commun de se faire tatouer des publicités sur le front pour arrondir les fins de mois dans des blocs de béton abreuvés de télévision.

Je suis dans Boissy III couvert de nuit et de silence. Depuis près de dix-huit ans que j'y vis, je n'ai pas pu encore me faire, me façonner à l'immensité des blocs ternes et massifs, à la longueur presque infinie des allées piétonnières. Mes pas qui résonnent platement sur le béton répondent au bruissement feutré des télévisions en marche derrière chaque fenêtre bleutée. Tous les clapiers ont allumé leur fantôme.
Motus de Lucien-Guy Touati

Une dystopie à la Fahrenheit 451 ou 1984 (tiens, il va me falloir le relire celui-là) écrite pour la jeunesse mais qui tient malgré tout encore presque la route. Une lecture amusante comme un clin d’œil à l’anticipation des années 70.

Julian convoqué chez le médiatre va-t-il s’en sortir ? Et Lodie ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Monsieur Malet Julian doit se rendre le vendredi 26 novembre 2027 à 10 heures au centre psycho-médical de Boissy III. Motif : Rendez-vous avec le Médiatre Pier Roby en vue d'un entretien."
Quand Julian reçoit cette convocation, il se sent en danger. Certes il n'a commis aucun délit, mais il y a longtemps qu'il est repéré.
"Regard vif, démarche rapide. Aucune publicité frontale. Tendance au dialogue", précise sa fiche signalétique.
En 2027, cela suffit pour être mis au banc de la société. Et quelle société ! C'est le règne absolu d'une hyper-administration aberrante. Les individus au regard éteint portent sur le front des slogans publicitaires. On ne se parle plus. La communication entre les êtres se limite au strictement utilitaire.
Indifférents, passifs, soumis, les hommes forment un morne troupeau malléable à merci

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

Voilà un livre que j’avais lu il y a pas mal de temps et que j’avais un peu oublié. Il se trouve pourtant être à la naissance de ce blog !

LES LIVRES QUE L'ON A OUBLIÉS
OÙ L'ON POSE, AVEC MONTAIGNE, LA QUESTION DE SAVOIR SI UN LIVRE QU'ON A LU ET COMPLÈTEMENT OUBLIÉ, ET DONT ON A MÊME OUBLIE QU'ON L'A LU, EST ENCORE UN LIVRE QU'ON A LU.
Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? de Pierre Bayard

Car oui, qu’est-ce qu’avoir lu un livre ? Peut-on dire qu’on a lu un livre si on l’a totalement oublié ou dont seules quelques bribes indistinctes et confuses zèbrent encore nos vagues souvenirs ? L’oubli et la transformation ne sont-ils pas des éléments indispensable de la mémoire ?

Avec Eco plus encore qu'avec Valéry le livre apparait comme un objet aléatoire sur lequel nous discourons de manière imprécise, un objet avec lequel interfèrent en permanence nos fantasmes et nos illusions. Livre introuvable dans une bibliothèque aux limites infinies, le second volume de la Poétique d'Aristote est à l'image de la plupart des ouvrages dont nous parlons tout au long de notre existence, que nous les ayons lus ou non : des objets reconstruits, dont le modèle lointain est enfoui derrière notre langage et celui des autres, et qu'il est vain d'espérer un jour, même en étant prêt à y perdre la vie, toucher du doigt.

Pour en revenir à ce bouquin drôle et érudit, Pierre Bayard nous parle de ces livres dont on parle (en bien ou en mal) alors qu’on ne les a parfois que parcouru, qu’on a oublié ou même… dont on avait juste entendu parler.

Je feuillette les livres, je ne les estudie pas : ce qui m'en demeure, c'est chose que je ne reconnois plus estre d'autruy ; c'est cela seulement dequoy mon jugement a faict son profict, les discours et les imaginations dequoy il s'est imbu ; l'autheur, le lieu, les mots et autres circonstances. je les oublie incontinent.
Effacement qui est d'ailleurs l'autre face d'un enrichissement, et c'est parce qu'il a fait sien ce qu'il a lu que Montaigne s'empresse de l'oublier, comme si le livre n'était que le support transitoire d'une sagesse impersonnelle et n'avait plus, sa charge accomplie, qu'à disparaître après avoir délivré son message. Mais que l'oubli n'ait pas seulement des aspects négatifs ne résout pas tous les problèmes, notamment psychologiques, qui lui sont liés et ne dissipe pas l'angoisse, accrue par la nécessité quotidienne de parler aux autres, de ne rien pouvoir fixer dans sa mémoire.

Un premier jet sur les grandes mythomanies sociales nées de nos complexes et qui avait donné lieu à d’autres expérimentations du même style dont Comment parler des lieux où l’on a pas été ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Né dans un milieu où on lisait peu, ne goûtant guère cette activité et n'ayant de toute manière pas le temps de m'y consacrer, je me suis fréquemment retrouvé, suite à ces concours de circonstances dont la vie est coutumière, dans des situations délicates où j'étais contraint de m'exprimer à propos de livres que
je n'avais pas lus.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut en parler et des moyens à mettre en œuvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus

Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ?

Alors que dans mon souvenir (forcément inexact) son essai Comment parler des livres qu’on a pas lu ? parlait de la (non)lecture en général, ce livre traite plutôt des grands mythomanes voyageurs, autrement appelés les voyageurs casaniers. Et c’est vraiment drôle et instructif !

La vie familiale, comme les différentes professions que nous venons d'examiner, offre un nombre de situations non négligeable où peut être requise la capacité à parler de lieux où l'on n'est jamais allé. Deux de ces situations au moins - dans lesquelles il importe de savoir faire croire que l'on se trouve ailleurs - méritent d'être rappelées pour mémoire. La première est l'adultère. S'il est conduit à décrire ses activités quotidiennes, celui qui raconte des histoires à la personne avec qui il s'est engagé devra par définition, à un moment ou à un autre, parler de lieux où il ne s'est pas rendu, faute d'être en mesure d'évoquer ceux où, dans le même moment, il est effectivement allé.
La seconde, le meurtre, est heureusement plus rare, mais chacun peut être un jour confronté à la nécessité d'en passer par là pour assurer sa tranquillité. Le fait de prouver que l'on se trouve ailleurs que sur la scène où a été commis le meurtre porte un nom, l'alibi et il est souvent capital pour son auteur d'être en mesure d'en fournir un qui paraisse valable.
Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? de Pierre Bayard

Le livre commence peut-être par le plus célèbre d’entre-eux, celui dont je n’aurais jamais douté : Marco-Polo ! qui n’a possiblement jamais été plus loin que Constantinople !

Le griffon est si fort qu'il saisit un éléphant avec ses pieds, l'emporte très haut, puis le laisse tomber à terre, ce qui lui brise les os, puis il s'assoit sur lui et s'en repait tout son saoul. Les gens de l'ile l'appellent ruc et il n'a pas d'autre nom ; aussi je ne sais s'il y a un oiseau plus grand ou si cet oiseau est le griffon ; toujours est-il qu'il n'a pas la forme que nous lui prêtons - moitié lion, moitié oiseau -, mais il est gigantesque et ressemble à l'aigle.
On voit combien, aussi bien pour les mœurs des habitants que pour celles des animaux, les récits de Marco Polo ont ce mérite de nous inciter à modifier nos habitudes de pensée souvent trop rigides et à nous adapter à des mondes alternatifs, différemment construits, dont la découverte ne peut que nous enrichir intellectuellement.
Les gros mythos de Marco Polo

Suivent ensuite des journalistes sportifs, écrivains, ou anthropologues… Magnifique et édifiant, cocasse et consternant.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Les inconvénients des voyages ont été suffisamment étudiés pour que je ne m'attarde pas sur ce sujet. Démuni face aux animaux sauvages, aux intempéries et aux maladies, le corps humain n'est à l'évidence nullement fait pour quitter son habitat traditionnel et moins encore pour se déplacer dans des terres éloignées de celles où Dieu l'a fait vivre.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'étude des différentes manières de ne pas voyager, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut parler de lieux où l'on n'a pas été et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un endroit où l'on n'a jamais mis les pieds, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui est également resté chez lui