Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Bien souvent dans les romans de gare mal fichus, les rêves servent de cache-misère aux auteurs pour trouver une fin à leurs abracadabrantesques délires. Mais là, non. C’est pas Inception mais c’est un peu cul, un peu valaisan, pas assez gore et plutôt drôle.
Delirium de Louise Anne Bouchard
Un détective privé à la recherche d’infos sur une ancienne disparition mystérieuse, huit beautés marchandes de leurs charmes au Dolly Pop.
Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du célèbre portrait d’Oscar le Sauvage.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Couleur3 et Canal diffusaient les infos en boucle : on recherchait un homme disparu depuis soixante-douze heures.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Jérôme boit trop, baise trop, et s’est fait virer de son job.
Il va se refaire une santé en Valais. Et là, encore, il baise trop, boit trop.
Dans son cauchemar, on l’enlève et on le malmène : séquestration et sévices pour l’empêcher de toucher à la légende du Dolly Pop, la mystérieuse disparition de huit beautés qui gagnaient leur vie en Valais en vendant leurs charmes et parfois leurs petites culottes
Après avoir bien ri avec La fête de la vicieuse de Philippe Battaglia dans cette même collection, j’avais pensé à une pépite sortie d’une mine aux joyaux tous merveilleux. Hélas, cette chienne, premier numéro du Gore des Alpes, ne m’a guère convaincu.
La chienne du Tzain Bernard de Gabriel Bender
Une histoire contée par le nain d’un potentat Valaisan qui passe son temps à engrosser les filles de ferme et… accidentellement sa soeur. Un récit avec des gros chiens qui dévorent des enfants.
Malheureusement, le récit manque de fluidité et le scénario de consistance. Les Tz’ lassent bien vite et les incessantes interruptions donnent droit à des pages d’énumérations aussi agaçantes qu’anecdotiques.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La Chienne du Tzain-Bernard rend hommage aux premières œuvres de la littérature gothique dans un style épique qui rappelle les fictions polissonnes de l’Ancien Régime. L’auteur interroge et met en lumière les liens interlopes du clergé avec l’argent et le pouvoir, donc avec le sexe.
«Il ne savait pas non plus comment et pourquoi la blonde gisait sur le sol, un œil crevé et l’autre vitreux, le fémur à l’envers, la clavicule et la nuque brisée»
Un livre auquel on pourrait donner 5 étoiles ou qu’on jette au caniveau après trois pages. C’est le genre qui veut ça et dans ce sens, bravo, c’est parfait !
La fête de la vicieuse de Philippe Battaglia
Du pur gore grotesque avec des monstres, des punitions divines, des curés vicieux, du sang et de la tipaille, du surnaturel dans une sorte de pulp gothique moderne avec le Valais pour décor.
C’est drôle, de mauvais goût, pas toujours très bon, mais c’est court et réjouissant
Huitième livre de la collection Gore des Alpes commencée en 2019 avec La chienne du Tzain Bernard de Gabriel Bender qui compte déjà douze autrices et auteurs et quinze titres. A suivre !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La journée avait été longue. Le soleil avait tapé dur et les bêtes avaient été agitées, comme si quelque chose se préparait.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) En L’Haut La Pointe est un charmant petit village comme il n’en existe que sur les cartes postales. On y trouve de petites maisons qui bordent la rivière surnommée La Vicieuse par les habitants du cru. Mais à la veille des célébrations campagnardes de la Fête de la Vicieuse, un être difforme aux origines occultes s’évade de la cave où il était retenu. Battaglia vous entraîne dans l’œil d’un cyclone de sang, de foutre et de hurlements et vous force à vous poser l’unique question : qui sont les monstres ?
A l’occasion de l’exhumation de sa tante pour être placée dans le caveau familial, Théodore philosophe sur le sens de la vie et de vivre avec un certain humour désabusé.
Le 16 décembre de Théodore Van Swingada
Un Théodore dilettante de sa propre vie, vieil étudiant incapable de s’astreindre à un travail et satisfait d’une vie un peu minable et sans ambitions.
Bof. Une lecture d’un certain ennui (vraisemblablement assumé) à conseiller aux fétichistes de la date du 16 décembre ou des vieilles tantes décédées
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Cette «jeune prose» frappe autant par son aisance et sa vigueur que par la maturité de l’esprit qui la dirige, et les variations sur la mort qui forment le sujet de ce petit livre ont tant de vivacité, d’humour, de profondeur, qu’on le lit d’un trait avec un étrange plaisir. L’auteur s’y peint sous l’aspect peu flatteur d’un raté, vieil étudiant attardé, incapable de s’astreindre à un métier monotone, et supportant sans trop de répugnance sa vie minable dans une mansarde. Le prétexte de ses méditations sur la mort est l’exhumation des restes d’une tante, qu’il escorte ensuite jusqu’à un caveau de famille. Au cours de cette macabre expédition, il est visité par des souvenirs si vivaces des morts de sa famille et de son entourage qu’il acquiert le sentiment d’une sorte d’osmose, de douce familiarité entre les deux mondes et qu’il se représente lui-même comme un genre d’acrobate réussissant des bonds inimitables entre le temporel et le surnaturel. Il puise dans ces exercices un réel apaisement à ses regrets, à ses remords, même, et, sous le vocable un peu vague de l’« amour », y trouve contentement et plénitude
Un conte érotique un peu mièvre et cucul à l’écriture surannée autour de Violette, beauté un peu garçonne aux jambes élancées. Avec un peu d’inceste, de nombreux hommes très beaux, d’une gouvernante guadeloupéenne, de beaucoup de fleurs et d’un érotisme doux et essentiellement suggéré.
Oh ! Violette : ou la politesse des végétaux de Lise Deharme
Et quand le roman s’enlise apparaissent un peu de fantastique avec un sommeil de deux ans interrompu par les baisers d’un beau prince et enfin… des animaux qui parlent.
Illustration de Léonor Fini
Une Violette qui connaîtra mille plaisirs sans jamais sembler réussir à trouver l’amour. Un livre un peu nunuche digne de passer au statut de nanar avec des pages non imprimées et des illustrations plutôt sympathiques de Léonor Fini
Pourquoi ce livre ? Pourquoi cette aventure, pour chercher ou démontrer quoi ?
Belle et bête de Marcela Iacub
Je reste dubitatif, un besoin de vengeance, de se prouver quelque chose, un besoin de salir, de se salir, une fascination ou une pure manipulation ? Curieux.
Un texte hypnotique atypique et dispensable.
Reste que ce monsieur ne semble évidement guère recommandable. Oui, je pèse un peu trop mes mots, mais je ne souhaite afficher de bandeau ici… Je m’en tiendrais donc à d’hypocrites euphémismes
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Tu étais vieux, tu étais gros, tu étais petit et tu étais moche.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'histoire romancée de la liaison de 7 mois qu'a entretenue l'auteure avec Dominique Strauss-Kahn, en 2012. Tout en en dressant un portrait peu flatteur, elle expose les sentiments réels qu’elle a néanmoins éprouvés pour DSK
Un texte très fort de Jeanne Broucq qui décortique le viol qu’elle a subi et le traitement de ce crime par la police et la justice australienne. Elle y explique la position de leur système judiciaire met en lumière les différences avec la justice européenne en dévoilant ainsi des pistes pour améliorer la prise en charge des victimes.
Zéro virgule neuf pour cent : plaidoyer pour ne plus jamais la fermer de Jeanne Broucq
Mais c’est également un témoignage très intime sur le vécu d’une victime et les différentes phases qu’elle a traversé.
Un récit fort, dur et combatif tout en restant d’une grande sensibilité et soutenu par une belle écriture. Un livre qui prend au coeur et qu’on ne peut lâcher avant la dernière page.
Et relisez le titre ! Moins de un pourcent des violeurs sont condamnés en France. Comment une société peut-elle tolérer une telle impunité ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) J'ai trente et un ans, je suis française et j'habite à Sydney. Je me suis fait violer le 30 mars 2018. Je suis allée chez les flics. Le mec a été arrêté. J'ai décidé de le poursuivre en justice. Il a été reconnu coupable de viol par un jury de douze personnes le 14 juin 2019, et condamné à trois années de prison (dont dix-huit mois de peine de sûreté) le 1er août de la même année.
J'ai décidé de raconter ce que j'ai vécu pour différentes raisons.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Zéro virgule neuf pour cent, c'est le nombre de viols et de tentatives de viol, qui, en France, débouche sur une condamnation aux assises. La nuit du 30 mars 2018, alors qu'elle habite en Australie, Jeanne en est victime. Sidérée, mais résolue, elle se rend immédiatement au commissariat et porte plainte. Elle est écoutée, crue, prise en charge. Il y aura des poursuites. Une justice.
«Ce procès, je le mène pour moi. Mais aussi pour les femmes et la société en général. Parce que les mecs qui baisent des nanas pendant qu'elles dorment, ça commence à bien faire.»
Il y a des très belles pages dans cette tourmente.
Chant d’amours de Claire Barré
Une femme écartelée entre deux amants, le roi et le vagabond, le charnel et le spirituel, la furie et l’ascèse, la démesure et la retenue.
La dualité était belle mais hélas, je n’ai pas réussi à me laisser emporter dans cette passion… Zut
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Stella arpente la rue, ses talons hauts piétinent les pavés inégaux, les volutes de sa cigarette enveloppent sa silhouette, l'effacent aux yeux des passants, la protègent. Elle fume, fait les cent pas, observe ses ongles rougis comme Amir aime qu'elle les rougisse.
Hésite à rejoindre la chambre. Regarde la fenêtre aux rideaux bleus.
Tirés.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une femme, Stella, est déchirée par l'amour qu'elle porte à deux hommes : Amir, l'amant vorace, ne lui offre qu'un plaisir purement charnel, alors que Malo, l'amant désincarné, la pousse à s'extraire d'elle-même pour partir en quête spirituelle. L'un fait jouir son corps, l'autre, son âme. Il y a quatre ans, Stella a quitté Amir pour suivre Malo sur les routes. Aujourd'hui, elle revient
Curieux livre sur la première guerre mondiale que ce 14. Candide et détaché comme pouvaient l’être les soldats partant au front en pensant être de retour dans la quinzaine.
14 de Jean Echenoz
Certes, quelques images de boucherie ne manquent pas (même si l’auteur prévient, « tout cela ayant déjà été décrit mille fois »), mais sans nulle émotion. Et c’est de façon désinvolte, voir souvent avec humour que nous suivons ces troufions marcher et courir, aller se faire percer, découper, amputer, gazer et charcuter sur terre et dans les airs.
Sans oublier les rats et les poux !
Une narration absurde, à la hauteur de ce qu’elle décrit.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Comme le temps s'y prêtait à merveille et qu'on était samedi, journée que sa fonction lui permettait de chômer, Anthime est parti faire un tour à vélo après avoir déjeuné. Ses projets profiter du plein soleil d'août, prendre un peu d'exercice et l'air de la campagne, sans doute lire allongé dans l'herbe puisqu'il a fixé sur son engin, sous un sandow, un volume trop massif pour son porte-bagages en fil de fer.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d'entre eux. Reste à savoir s'ils vont revenir. Quand. Et dans quel état
Fasciné par cette chute invraisemblable, par cette mort absurde, par ce court métrage ahurissant, Étienne Kern a tenté de faire renaître l’histoire de Franz Reichelt.
Les envolés de Étienne Kern
Belle époque et début de l’aéronautique, accidents en pagaille, les pionniers des airs risquent leurs vies sur des engins à la fiabilité toute relative. C’est alors que le prix Lalance de la Ligue aérienne et de l’Aéro-Club de France offre 5000 francs à l’inventeur d’un parachute.
Le 4 février 1912, il s’élance du premier étage de la Tour Eiffel avec un costume-parachute qui ne s’ouvrit pas. Une chute de quatre secondes
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) 4 février 1912, au petit matin. Une trentaine de personnes s'étaient rassemblées là, devant la tour Eiffel. Des policiers, des journalistes, des curieux. Tous levaient les yeux vers la plateforme du premier étage. De là-haut, le pied posé sur la rambarde, un homme les regardait. Un inventeur.
Il avait trente-trois ans. Il n'était pas ingénieur, ni savant. Il n'avait aucune compétence scientifique et se souciait peu d'en avoir.
Il était tailleur pour dames.
Il s'appelait Franz Reichelt.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) 4 février 1912. Le jour se lève à peine. Entourés d'une petite foule de badauds, deux reporters commencent à filmer. Là-haut, au premier étage de la tour Eiffel, un homme pose le pied sur la rambarde. Il veut essayer son invention, un parachute. On l'a prévenu : il n'a aucune chance. Acte d'amour ? Geste fou, désespéré ? Il a un rêve et nul ne pourra l'arrêter. Sa mort est l'une des premières qu'ait saisies une caméra.
Hanté par les images de cette chute, Étienne Kern mêle à l'histoire vraie de Franz Reichelt, tailleur pour dames venu de Bohême, le souvenir de ses propres disparus.
Du Paris joyeux de la Belle Époque à celui d'aujourd'hui, entre foi dans le progrès et tentation du désastre, ce premier roman au charme puissant questionne la part d'espoir que chacun porte en soi, et l'empreinte laissée par ceux qui se sont envolés