Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Shaun Bythell est libraire d’occasion en Écosse et voit passer toutes sortes de lecteurs… Ceux qui viennent acheter et ceux qui désirent vendre des livres. Plein d’humour il nous les détaille.
Petit traité du lecteur : un libraire raconte ce que le vôtre pense (peut-être) tout bas de Shaun Bythell
Car si chaque client est différent, leur libraire appartient au type des classificateurs. Et donc, à l’instar de Linné (mais avec beaucoup plus d’humour, ouf!), il nous propose ici sa classification des clients des librairies (qui ressemblent d’ailleurs fort à ceux des bibliothèques).
Et vous ? Quel client êtes-vous ?
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Quand on flâne entre les rayons, on oublie souvent que le libraire est là qui nous observe. Et quand l'un deux épingle nos bizarreries et nos manies d'une plume malicieuse, il peut en faire un joyeux jeu des sept familles, caustique et cocasse. Vous reconnaîtrez-vous dans un des lecteurs de ce savoureux recueil de portraits et d'anecdotes ?
Écœuré par l’inefficacité de la non-violence du mouvement féministe, le bon féministe décide de devenir activiste sur les réseaux sociaux.
Un bon féministe de Iván Repila
Mais comme cela ne suffit pas, il recrute quelques bons gros sales machos bien épais puants pour monter un groupuscule qui, à force de provocations, va faire monter la tension et faire passer les féministes à une lutte plus musclée…
Un livre remarquable tant il est difficile de saisir les réelles motivations au fil de cette escalade de la violence organisée à la manière de services secrets utilisant des groupuscules chargés de s’auto-discréditer. Un jeu où il est facile de perdre la tête… comme dans toutes les révolutions
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Issu d'une famille où la position que l'on occupe est déterminée en fonction de son sexe, un jeune journaliste se demande comment être un véritable « allié », et soutenir efficacement la lutte pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
Lorsqu'il rencontre Najwa, une militante féministe, l'allié se rend compte de tout le chemin qu'il reste à parcourir. Convaincu que seule une révolution radicale pourra arracher une conquête sociale, il décide de se lancer dans une campagne anonyme de sexisme extrême. Son but ? Provoquer un électrochoc dans la société.
Il crée alors l'État Phallique, groupuscule composé des plus fervents machos du pays. Les actions se succèdent, les luttes s'intensifient jusqu'au point de non-retour... Car pour l'allié, le prix à payer est considérable : devenir l'homme qui déteste le plus la femme qu'il aime.
Roman-gigogne tour à tour sociologique, politique et dystopique, où l'humour le dispute à la provocation et à l'hyperbole, Un bon féministe est une formidable histoire d'amour et de combat dont on ne peut sortir indemne
Quelques blagounettes à deux balles, trois quatre jeux de mots, une ou deux toutes petites pensées, guère de réflexions… Rien de bien transcendant…
Je n’ai plus le temps d’attendre de Jean-Louis Fournier
Jean-Louis a peut-être été un peu pressé de publier ce petit recueil insipide
Zut, lui qui écrit si bien, c’était pour ne rien dire
Et finalement, oui, Monsieur Fournier, nous savions déjà que vous étiez l’ami de Pierre Desproges ! Nul besoin de nous le répéter à chaque opus.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je ne voulais pas attendre plus longtemps pour vous écrire, vous parler de mon impatience, peut-être pour apprendre à attendre et ne plus être l'enfant gâté qui veut tout, tout de suite. En attendant, j'attends le bonheur et mon plombier. »
Avec son ton unique, son humour, son esprit inimitable, Jean-Louis Fournier nous offre un récit plein de tendresse, de mélancolie et de rires sur la patience et son contraire : nos impatiences, nos urgences, notre rapport au temps
Voilà un livre qui dit les choses, n’évite pas, fonce et se bat. Pas de langue de bois et des opinions bien affirmées. Et si Alice Coffin fait part de ses points de vue assumés, elle les étaie, les confronte, cite ses sources et nomme les actes comme les personnes !
Le génie lesbien de Alice Coffin
L’essai féministe militant d’une lesbienne révoltée (dans lequel toutes ne se retrouveront évidement pas, et tel n’est probablement pas le but)
Et même si on peut lui reprocher ses partis pris, si j’ai trouvé le chapitre sur la placadrologie un peu plus faible, si quoi ou qu’est-ce et s’il déplaira forcément, voilà un bouquin qui tape fort… C’est réjouissant !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Enfant, j'adorais m'imaginer en garçon. J'ai depuis réalisé un rêve bien plus grand : je suis lesbienne. Faute de modèles auxquels m'identifier, il m'a fallu du temps pour le comprendre. Je me suis découvert une histoire, une culture, un héritage au nom desquels je me bats aujourd'hui, car ils ont bouleversé ma vie. »
A.C.
Dans cet essai très personnel, la journaliste féministe, lesbienne et militante, Alice Coffin, tente de comprendre pourquoi, soixante-dix ans après la publication du Deuxième Sexe, et malgré toutes les révolutions qui l'ont précédé et suivi, le constat énoncé par Simone de Beauvoir, « le neutre, c'est l'homme », est toujours d'actualité. Elle y évoque son activisme au sein du groupe féministe La Barbe, qui vise à « dénoncer le monopole du pouvoir, du prestige et de l'argent par quelques milliers d'hommes blancs ». Elle y questionne également un système médiatique qui peine à se repenser ; interroge la difficulté des personnalités publiques à « sortir du placard » ; revient sur l'importance d'étendre la PMA pour toutes, et sur l'explosion de la parole des femmes après #MeToo.
Combattif et joyeux, Le Génie lesbien est un livre sans concession, qui ne dissocie jamais l'intime du politique et nous aide à mieux comprendre ce qu'être lesbienne aujourd'hui veut dire, en France et dans le monde
Après le bouleversant Bojangles, Olivier Bourdeaut m’avait un peu déçu avec son bien terne Pactum Salis. Mais quelle puissance retrouvée !
Avec Florida on entre dans le monde du corps avec les concours de mini miss où des parents projettent toutes leurs délirantes espérances dans le corps de leurs filles. Pour s’en sortir (s’en sortira-t-elle ?) Elizabeth va tout saboter, à commencer par elle même.
Un livre bodybuildé sur les délires d’une mère, la démission d’un père et la révolte d’une enfant manipulée
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Ne trouvez-vous pas cocasse que dans un pays de gagnants, ma malédiction soit d'avoir un jour gagné? Pas n'importe quel jour, celui de mes sept ans. Ma mère me disait que j'étais très belle et que je n'étais pas trop bête. L'ordre des compliments est important, la forme aussi. J'étais très belle, une affirmation. Je n'étais pas trop bête, une négation.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Ma mère s'emmerdait, elle m'a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s'est vengée. »
L’arrivée non préparée de migrants accompagnées d’humanitaires dans un petit village sarde sans charme va bouleverser les habitudes et les relations…
Une saison douce de Milena Agus
Une petite histoire sans angélisme mais avec beaucoup de tendresse sur les rêves de l’immigration et leurs réalités.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Il pleuvait à torrents et personne, vraiment personne, n'était prêt à ouvrir sa porte, et surtout pas à ces individus. Oui, il y avait des Blancs parmi eux - les humanitaires qui les accompagnaient - mais ils étaient tout aussi étranges que les autres malheureux, mal fagotés et mal en point. Que venaient-ils faire, ces envahisseurs, dans notre petit village où il n'y avait plus de maire, plus d'école, où les trains ne passaient plus et où même nos enfants ne voulaient plus venir ? Nous nous demandions comment les affronter, où les abriter puisqu'il le fallait. Eux aussi, les migrants, avaient l'air déboussolés. C'était pour ce coin perdu de Sardaigne, ce petit village délaissé, qu'ils avaient traversé, au péril de leur vie, la Méditerranée ? C'était ça, l'Europe ?
Et mon cœur se serra de Antoine Laurain et Le Sonneur
L’histoire d’un deuil amoureux, de la souffrance et du vide, d’un espoir impossible qui refuse de s’éteindre, comme un point rouge à l’horizon
Peu de textes et beaucoup d’images dans un parfait équilibre
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Et mon coeur se serra est un conte étrange en cent dix-neuf dessins de l'artiste connu sous le nom « Le Sonneur » et vingt-huit textes d'Antoine Laurain. Entre art et littérature, entre roman dessiné et poésie typographique.
De cette aimée enfuie et perdue, nous ne connaîtrons jamais le nom, mais elle hante le livre.
L'amour, la rupture, la solitude, l'espoir.
Comment transmettre les sentiments en trois couleurs : rouge, noir, blanc ? Comment les faire passer avec juste vingt-six lettres dans l'alphabet ?
Beaucoup l'ont tenté avant eux : Breton, Mallarmé, Gainsbourg pour ne citer qu'eux. Laurain et Le Sonneur relèvent le défi.
Au mieux, c'est un excellent livre.
Dans le pire des cas, ils ont fait un chef-d'oeuvre
Je suis passé à côté de cette histoire de Koïs dans les bassins des parcs de Paris…
Grand Platinum de Anthony Van den Bossche
Avec un frère phobique du bruit, des jardiniers, une boite de comm’, un collègue dysfonctionnel et un amant…
Possiblement, n’ai-je pas vraiment compris
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Louise a fondé une petite agence de communication. Elle est jeune et démarre une brillante carrière, malgré les aléas du métier, liés en particulier à son fantasque et principal client, un célèbre designer, Stan. Elle doit aussi jongler avec les fantasmes déconcertants de son amant, Vincent. Mais elle a autre chose en tête : des carpes. De splendides carpes japonaises, des Koï. Celles que son père, récemment décédé, avait réunies au cours de sa vie en une improbable collection dispersée dans plusieurs plans d'eau de Paris. Avec son frère, elle doit ainsi assumer un étrange et précieux héritage
L’histoire d’une fille qui n’a pas su (pas pu) dire non.
Zone grise de Loulou Robert
Loulou Robert raconte son arrivée dans le mannequinat trop jeune, pas assez préparée ni protégée.
L’histoire d’hommes qui en ont profité. L’histoire d’un trop long déni qui ronge, d’une culpabilité mal placée.
Une histoire personnelle trop souvent entendue et pas assez souvent entendue !
C’est rude et sale. Un témoignage bien dans la gueule !
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Je suis face à mon père et je raconte l'histoire de celle qui ne voulait pas. Celle qui n'a pas dit non une seule fois. Celle qui ne s'est pas débattue. Ils me diront : pourquoi tu n'as pas dit non ? Pourquoi tu n'es pas partie ? Pourquoi tu l'as revu après ? Pourquoi tu as menti ? Pourquoi tu en fais un drame ? Pourquoi tu fais toujours des drames ? Certains penseront que je fais des histoires pour rien. Pour moi, ce ne sera jamais rien. Il faut faire des histoires. Ce livre n'est pas un roman. Ce livre est un combat. »
À dix-huit ans, Loulou, alors jeune mannequin, « a une histoire » avec D, un photographe de mode. C'est ce qu'elle se raconte, parce que la réalité est trop insupportable : elle a été victime d'un prédateur, et si elle n'a pas consenti, elle n'a pas non plus résisté. Dix ans plus tard, toujours habitée par la culpabilité et la honte, elle tente de comprendre cette jeune fille qui n'a pas su, n'a pas pu dire non. Et s'attache, dans un style percutant et rageur, à effacer le gris de cette zone où rien n'est ni noir ni blanc. Au-delà de son histoire personnelle, il y a celle des filles et des garçons, de leur éducation. Parce que tout part de là
Un des meilleurs pires essais que j’ai pu lire sur la fuite en avant de notre civilisation et l’origine de ses causes dans le fonctionnement de notre cerveau. Brillant !
Après Le bug humain qui se terminait d’une façon un peu désespérante sa conclusion semble encore plus sombre…
Où est le sens ? : les découvertes sur notre cerveau qui changent l’avenir de notre civilisation de Sébastien Bohler
… enfin, plus sombre selon la foi que l’on peut placer dans l’humanité.
Comment le cortex cingulaire essentiel à notre survie et à la réussite de l’humanité nous mène à notre propre perte, comment le sens est indispensable à nos vies et tous les dénis nécessaires à la survie dans cette chute aux compensations matérielles.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) L'humanité du XXIe siècle vit un cauchemar, mais nous avons une opportunité unique de nous réveiller.
Notre monde est ou bord de l'asphyxie. Les espèces vivantes s'éteignent, les calottes glaciaires se liquéfient, les eaux montent, la température grimpe. Demain, nous serons exposés à des pénuries, à des migrations climatiques, et devrons lutter contre de nouvelles pandémies.
Sommes-nous à ce point impuissants et résignés à périr ?
Certainement pas !
Une ressource insoupçonnée se trouve enfouie dans notre propre cerveau. Un centre nerveux appelé cortex angulaire nous pousse sans relâche à chercher du sens à nos existences. Cette quête de sens peut nous détourner de la croissance aveugle qui prépare notre perte.
Il s'agit de rééquilibrer notre cerveau en donnant la priorité à ce cortex cingulaire pour fonder une société basée sur la cohérence, la signification et le lien, qui nous motivera à moins produire et à ne plus consommer inutilement.
Ce centre cérébral est en chacun de nous. Depuis longtemps nous l'avions oublié. Aujourd'hui nous pouvons le réactiver !