C’est amusant, ces polars de gare, on les retrouve dans les boites à livres, les hôtels, les guest-houses et les Rbnb du monde entier. San-Antonio y figure souvent en bonne position. Et j’aime assez, j’avoue. A chaque fois que je tombe dessus j’y retrouve la même écriture toujours aussi stupéfiante et inventive.
Hélas, combien de fois hélas. A chaque fois que je me dis que ce n’était qu’au début, que c’était le genre qui voulait ça et que cela ne reflétait pas le bonhomme Dard. Et pourtant je retrouve à nouveau dans cette lecture – entre les perles imaginatives (et les blagounettes à deux balles) – des allusions, réflexions, remarques et autres traits d’humour racistes et homophobes franchement dispensables et malvenus. Que le genre soit misogyne et macho, OK, mais hélas, ça, c’était dispensable
C'est le genre de personne sur le retour qui s'habille chez Cartier pour essayer de cacher les méfaits de l'âge. Elle a trois tours de perlouzes sur le goitre, un clip qui représente un concours de pêche au saumon, tout en diamants de la bonne année; deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes ; des bracelets importés directement du Creusot et une dizaine de bagues qui ne sont pas en ciment armé véritable et qui la font scintiller comme l'autoroute de l'Ouest, au soir d'un lundi de Pâques.
Une histoire vieille comme le monde. Madame a un amant. Sauf que Madame est le genre vieille baronne emperlouzée, triple menton et maquillage craquelé comme une terre trop cuite... Sauf que l'amant, 22 ans au compteur et gigolo pas dégoûté, git égorgé dans leur confidentiel nid d'amour...
Et elle vous raconte ça avec des trémolos dans la voix en sirotant sa Chartreuse. La peur du scandale exige du tact, de la discrétion... Tout San-Antonio, quoi ! Main de fer dans gant de velours. Oui mais voilà : sur la scène de crime, point trace de cadavre.
Et la salade commence tout juste de tourner