L’écluse N°1

Le dernier Maigret avant la quille ! Et après, c’est fini (enfin… pas tout à fait)

Certes, de nombreuses enquêtes paraîtront après, mais Simenon n’ayant pas écrit ses livres dans l’ordre chronologique, voilà déjà l’heure de poser sa plaque et de partir à Meung-sur-Loire pour une retraite bien méritée. Et voilà pourquoi ce livre écrit en 1933 annonce la fin alors que la dernière enquête sera écrite en 1972. Pourtant, Madame Maigret est déjà dans les cartons !

C'était prodigieux de vie, ce paysage lumineux découpé par les fenêtres. Vues d'en haut, les péniches paraissaient plus lourdes, comme enlisées dans une eau trop dense. Debout dans son bachot, un marinier passait au goudron la coque grise de son bateau qui émergeait de deux mètres. Et il y avait des chiens, des poules dans une cage en treillage, et la jeune fille blonde qui astiquait les cuivres du pont. Des gens allaient et venaient sur les portes de l'écluse et les bateaux qui sortaient en aval semblaient hésiter avant de se laisser glisser au fil de la Seine.
L’écluse N°1 de Georges Simenon

Une enquête glauque dans un endroit qui aurait pu être sympa, en Haute-Marne, juste à côté de Paris au milieu des écluses.

Mais voilà, on s’y retrouve chez un odieux tyran domestique, qui loge sa maîtresse à l’étage, qui insulte sa femme et n’a de respect pour personne. Un riche parvenu à la force de ses bras, bien malheureux au milieu de ses possessions et qui ne vit qu’en écrasant ceux qui l’entourent.

Ducrau fronça les sourcils, regarda à nouveau son compagnon et, cette fois, avec autant d'admiration que de curiosité. 
« Que pensez-vous de ma femme ? Est-ce que vous trouvez que je la rends malheureuse?
 - Ma foi, non! Vous ou un autre ! C'est une de ces créatures qui sont toujours effacées et tristes, quel que soit leur sort. »
Maigret eût pu marquer un point, car Ducrau en restait ahuri.
« Elle est morne, bête et vulgaire, soupira-t-il. Comme sa mère que je loge dans une des petites maisons voisines et qui a passé sa vie à pleurer!

Une écluse N°1 pénible et laborieuse

Maigret 13/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quand on observe des poissons à travers une couche d'eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis, d'un frémissement de nageoires, aller un peu plus loin pour n'y rien faire qu'attendre à nouveau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Après une soirée trop arrosée, le vieux Gassin, en regagnant son bateau, tombe à l'eau et est aussitôt agrippé par un deuxième homme en passe de se noyer. Ce dernier n'est autre que Ducrau, le patron de Gassin. On les repêche et on s'aperçoit que Ducrau a reçu un coup de couteau dans le dos avant de se retrouver dans le canal. On parvient à le sauver et il demande l'intervention de la police, ce qui déclenche l'enquête de Maigret…