Maigret chez le ministre

Appelé au secours en toute discrétion par un ministre pris dans un traquenard, Maigret va devoir se mêler des jeux de pouvoirs au milieu des journalistes et sous la pression de l’impatiente opinion publique.

Il n'osait pas, tout de suite, poser ces questions-là. Il avait devant lui un homme effondré et il sentait que ce n'était pas par faiblesse. En le regardant, Maigret était pénétré d'un sentiment complexe, fait d'écœurement et de colère, de découragement aussi.
Une fois dans sa vie, il s'était trouvé dans une situation similaire, encore que moins dramatique, et c'était venu aussi d'une affaire politique. Il n'y était pour rien. Il avait agi exactement comme il devait le faire, s'était conduit, non seulement en honnête homme, mais selon son strict devoir de fonctionnaire.
Il n'en avait pas moins eu tort aux yeux de tous ou de presque tous. Il avait dû passer devant un conseil de discipline et, comme tout était contre lui, on avait été obligé de lui donner tort.
C'est à cette époque-là qu'il avait quitté momentanément la P.J. et s'était vu exilé pendant un an à la Brigade mobile de Luçon, en Vendée, justement, le département que Point représentait à la Chambre.
Maigret chez le ministre de Georges Simenon

Et il aime pas ça, le Jules ! Mais voilà, il va bien falloir qu’il s’y coltine !

Une main toucha doucement son épaule en même temps qu'une voix soufflait à son oreille :
 - Maigret ! Il est sept heures.
L'odeur de la tasse de café que sa femme tenait à la main lui montait aux narines. Ses sens et son cerveau se mettaient à fonctionner un peu à la façon d'un orchestre quand, dans la fosse, les musiciens essaient leurs instruments. Il n'y avait pas encore coordination. Sept heures, donc un jour différent des autres, car il se levait d'habitude à huit. Sans ouvrir les paupières, il découvrait qu'il y avait du soleil, alors que la journée de la veille avait été brumeuse.

Un bon Maigret, sans mort (tiens, c’est plutôt rare) dans lequel on apprend que le réveil du commissaire, c’est Madame et son café

Maigret 74/103

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le rapport de feu Calame
Comme toujours quand il rentrait chez lui le soir, au même endroit du trottoir, un peu après le bec de gaz, Maigret leva la tête vers les fenêtres éclairées de son appartement. Il ne s'en rendait plus compte. Peut-être, si on lui avait demandé à brûle-pourpoint s'il y avait de la lumière ou non, aurait-il hésité à répondre. De même, par une sorte de manie, entre le second et le troisième étage, commençait-il à déboutonner son pardessus pour prendre la clef dans la poche de son pantalon alors qu'invariablement la porte s'ouvrait dès qu'il posait le pied sur le paillasson.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le commissaire Maigret est ici confronté à une sombre affaire politique - un monde qu'il n'a jamais aimé. Un sanatorium pour enfants s'est écroulé par suite d'un glissement de terrain, causant des dizaines de morts. Peu de temps après le drame, la rumeur court qu'un rapport technique avait nettement mis en garde les pouvoirs publics contre le danger. Ce rapport a été remis à Auguste Point, nouveau ministre des Travaux publics, mais le document lui a été volé la nuit suivante. Ses adversaires politiques l'accusent déjà de l'avoir fait disparaître afin de protéger les responsables du désastre. Il fait officieusement appel à Maigret pour retrouver le rapport. Parlementaires corrompus, presse de chantage, cynisme des puissants...

Le commissaire explore de sinistres coulisses. Ce tableau de mœurs n'a pas vieilli, et le drame d'Auguste Point - un homme intègre, dévoué à son pays, légèrement naïf et piégé - rappellera aux lecteurs des affaires plus récentes