La mémoire n’en fait qu’à sa tête

A l’instar de Jean d’Ormesson et de son Guide des égarés, Bernard Pivot se sent-il dans l’urgence de laisser une trace de toutes ses petites pensées, ses petites modesties, ses petites glorioles et de ses illustres lectures et rencontres du haut de sa petite taille ?

La mémoire n'en fait qu'à sa tête de Bernard Pivot
La mémoire n’en fait qu’à sa tête de Bernard Pivot

Certes, on y trouve de jolies réflexions, de belles rencontres et de vrais petits bonheurs qui peinent toutefois à faire un grand livre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« On s'arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvres ou courant sur la peau... Décidément la mémoire n'en fait qu'à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années. C'est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d'adieu. »

Je me suis tue

Un viol non déclaré, un violeur impuni. Une vie, deux vies, trois vies qui basculent dans une vicieuse spirale qui ne se termine jamais. Des mots qui semblent justes pour une histoire révoltante. Comme une démonstration par contraposée de la parole qui libère.

Je me suis tue de Mathieu Menegaux
Je me suis tue de Mathieu Menegaux

Reste l’utilisation de paroles de chansons qui – pour sembler rigolotes s’il n’y en avait eu trop – finissent par gâcher un livre magnifique.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Du fond de sa cellule, Claire nous livre l'enchaînement des faits qui l'ont menée en prison : l'histoire d'une femme victime d'un crime odieux. Elle a choisi de porter seule ce fardeau, en silence. Les conséquences de cette décision vont se révéler dramatiques. Enfermée dans son mutisme, Claire va commettre l'irréparable. Personne, ni son mari, ni ses proches, ni la justice, ne saisira les ressorts de cette tragédie moderne

Le dimanche des mères

C’est érotique, sensuel, aristocratique… vielle Angleterre coquine… Mais c’est un peu confus

Le dimanche des mères de Graham Swift
Le dimanche des mères de Graham Swift

En fait, c’est sympa, mais je sais pas trop où ça va… un peu… Oui, c’est sympa mais flou et emmêlé comme un nuage d’été.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Angleterre, 30 mars 1924. Comme chaque année, les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu'ils aillent rendre visite à leur mère le temps d'un dimanche. Jane, la jeune femme de chambre des Niven, est orpheline et se trouve donc désoeuvrée. Va-t-elle passer la journée à lire ? Va-t-elle parcourir la campagne à bicyclette en cette magnifique journée ? Jusqu'à ce que Paul Sheringham, un jeune homme de bonne famille et son amant de longue date, lui propose de le retrouver dans sa demeure désertée. Tous deux goûtent pour la dernière fois à leurs rendez-vous secrets, car Paul doit épouser la riche héritière Emma Hobday. Pour la première - et dernière - fois, Jane découvre la chambre de son amant ainsi que le reste de la maison. Elle la parcourt, nue, tandis que Paul part rejoindre sa fiancée. Ce dimanche des mères 1924 changera à jamais le cours de sa vie.

Graham Swift dépeint avec sensualité et subtilité une aristocratie déclinante, qui porte les stigmates de la Première Guerre - les fils ont disparu, les voitures ont remplacé les chevaux, la domesticité s'est réduite... Il parvient à insuffler à ce court roman une rare intensité, et célèbre le plaisir de la lecture et l'art de l'écriture

Suisen

Comme une fable sur le thème un malheur n’arrive jamais seul, Goro père de famille au deux maîtresses et à la tête d’une société renommée ne voit rien venir.

Suisen de Aki Shimazaki
Suisen de Aki Shimazaki

Arrogant, hautin, dédaigneux, vide, suffisant, autoritaire, imbu de lui-même ? Non ! Goro ne voit rien de tout cela en lui. Son entourage va lui fournir un miroir bien cruel.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
À la tête d'une société prospère fondée par son grand-père, Gorô est marié avec une femme de bonne famille et père de deux enfants pour qui il a des ambitions claires. Il entretient deux maîtresses - dont une magnifique actrice -, s'entoure de clients importants dans les bars et exhibe fièrement des photos de lui auprès de célébrités. Même s'il croit en mériter toujours davantage, Gorô trouve qu'il a bien réussi sa vie. Or, le jour où ses convictions sont une à une ébranlées, il est forcé de se regarder franchement dans le miroir, sans doute pour la première fois.

Dans ce roman, Aki Shimazaki plonge au coeur des blessures d'enfance qui deviennent parfois des failles à l'âge adulte

Qui a mangé mes enfants ?

Des méchants envahisseurs, les Ogres, débarquent sur terre et nous trouvent délicieux. Bien inspirés par nos méthodes de production industrielle de la viande, ils commencent à nous élever en batterie. Un difficile retour de manivelle pour l’espèce qui s’était crue installée à jamais au poste de dévoreur de toute la création.

Qui a mangé mes enfants ? de Christian Vellas
Qui a mangé mes enfants ? de Christian Vellas

Vous reprendrez bien un peu cuissot d’homineau de lait, il est délicieux, élevage champêtre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Qui a mangé mes enfants ?
Venus de l'espace, des ogres traquent les humains pour s'en repaître, puis les élèvent en batterie. En copiant les cruelles méthodes que ceux-ci appliquaient jusqu'alors à leurs animaux de rente. Pour échapper à ce sort funeste, une partie de l'humanité se réfugie dans les profondeurs de la Terre.

Le dernier homme perché
La fin du monde est arrivée et, seuls rescapés, un homme, sa vieille femme et ses deux filles ont pu se réfugier dans un arbre isolé en pleine mer. Soit un mâle et deux femelles en âge de procréer. Une situation biblique, car il faut envisager de repeupler la planète...

Il se passe quelque chose

Un recueil de chroniques parues dans la Croix. Des textes courts exprimant – entre autres – la déconvenue devant la facilité politique, les raccourcis populistes et la sensation de glisser dans les passions tristes de Spinoza que sont la jalousie, le ressentiment et, surtout, la peur.

Il se passe quelque chose de Jérôme Ferrari
Il se passe quelque chose de Jérôme Ferrari

Un appel à ne pas céder à la bêtise, au racisme, à l’antisémitisme ou à toutes sortes d’exclusions. Une incitation à la réflexion.

C’est frais, mais un peut court. Mais c’est frais et bienvenu !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, nous vivons dans une ambiance détestable que la classe politique, par cynisme ou par simple bêtise, a contribué à rendre plus détestable encore en favorisant ce que Spinoza appelle les passions tristes - la jalousie, le ressentiment et, surtout, la peur. Le pouvoir de ces passions est terrifiant. On ne peut évidemment pas y faire efficacement obstacle en publiant des articles dans les journaux. Mais il est des moments, en dehors de toute considération d'efficacité, où se taire, quand on a le privilège de pouvoir s'exprimer, devient une faute. »
J.F.

Après l’incendie : suivi de Trois lamentations

Une fresque bouleversante, une histoire de vie qui emporte tout. Celle de Diana Cooke, née dans la richesse déchue de l’esclavagisme et qui devra ramener la dot qui sauvera la magnifique demeure familiale, la somptueuse Saratoga. Une vie pour payer, comme une destinée déjà tracée, comme une dette à jamais remboursée.

Après l'incendie de Robert Goolrick
Après l’incendie de Robert Goolrick

Un livre pour les âmes romanesques, pour les soirées cheminées, pour les après-midi Mojito, pour les nuits d’insomnies.
En quatrième de couv’ Après l’incendie est présenté comme un anti-Autant en emporte le vent. C’est exactement ça, le livre qu’il faut pour oublier la puante Scarlett, négrière bienveillante.

Parfois des livres nous parlent, celui-ci m’a fait crier.

Et comme un bonus, en seconde partie, Trois lamentations, une nouvelle autobiographique qui m’a fait pleurer. Un plaidoyer contre le racisme et toutes les sortes d’exclusion.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Diana Cooke est née avec le siècle, dans une des plus belles maisons du Sud, la somptueuse Saratoga. Elle peut s'enorgueillir d'un patronyme qui remonte aux Pères fondateurs de l'Amérique. Mais, comme le nom de Cooke, cette maison est lestée par deux dettes abyssales. La première est financière et ne peut s'acquitter qu'au prix du sang : Diana doit se marier sous le signe de l'argent. La seconde est plus profonde : la maison des Cooke et leur prestige sont bâtis sur le plus noir péché du Sud, l'esclavage. Et cette dette-là ne se rembourse que sous la forme d'une malédiction. La voici peut-être qui s'avance sous les traits du Capitaine Copperton.

Dans Après l'incendie, Robert Goolrick nous offre une fable sur l'amour et le poids du péché de nos pères. Dans cet « anti-Autant en emporte le vent », il règle en un destin le sort de cette terre qu'il aime tant, cet impossible paradis baigné par le sang des opprimés.

Trois lamentations est le récit autobiographique d'une année où le jeune Goolrick partagea sa classe avec trois jeunes filles rejetées par ses camarades

Quelqu’un à qui parler

Ça m’énerve ! C’est le genre de bouquin super formaté, un livre qui vous fait du bien. Avec un parcours de vie, des peines et des douleurs qui rendent plus fort, qui réveillent votre potentiel, avec de l’amour, de la poésie, de la tendresse, de l’enfance retrouvée, des embûches qui nous trébuchent et nous font prendre conscience du miracle de la vie… et patati et patala.

Mais là… je sais pas, j’ai trouvé ça bien fait. Même plutôt bon. Pourtant les ficelles sont énormes, comme une comédie écœurante et sirupeuse avec Hugh Grant et Julia Roberts.

Quelqu'un à qui parler de Cyril Massarotto
Quelqu’un à qui parler de Cyril Massarotto

Voilà, j’ai trouvé ça mignon et ça m’a fait pleurer. C’est chou, non ? Je dois être sensible, ces temps.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Samuel fête ses trente-cinq ans, seul face à des assiettes vides. La déprime est proche. Il attrape alors son téléphone mais réalise qu'il n'a personne à qui parler. Soudain, un numéro lui revient en mémoire : celui de son enfance et de la maison du bonheur familial depuis trop longtemps disparu.

Tiens, et s'il appelait ? À sa grande surprise, quelqu'un décroche. Et pas n'importe qui : c'est à lui-même, âgé de dix ans, qu'il est en train de parler ! Mais que dire à l'enfant que l'on était vingt-cinq ans plus tôt ?

Finalement, chaque soir, à travers ce téléphone, Samuel va s'interroger : l'enfant que j'étais serait-il fier de ma vie ? Aurait- il vraiment envie de devenir l'adulte que je suis aujourd'hui ? Ne l'ai-je pas trahi en renonçant à mes rêves ?

Grâce à ce dialogue inattendu et inespéré, Samuel va, peu à peu, devenir acteur de sa vie. Et avancer, enfin !

Après Dieu est un pote à moi et Cent pages blanches, Cyril Massarotto signe un roman plein de justesse, de tendresse et d'humour sur l'enfant qui demeure toujours en nous... et qu'il ne faut jamais oublier d'écouter

Ciao Amore

Fantasme de princesse fofolle magnifiquement belle et capricieuse. Choisir le premier homme qui lui adressera la parole. Et, comme par une chance invraisemblable, il est beau, lui aussi. Et elle est nue. Et elle écoute de la musique. Et elle chantonne. Et elle caprice. Et lui, reste fort et inaccessible, mais la carapace craquelle…

Ciao Amore de Helena Noguerra
Ciao Amore de Helena Noguerra

Et ce n’est pas toujours facile. Bouarf. Et purée, Cléophée !?! (pardon à toutes les Cléophée)

Bon… Encore un livre pas pour moi 🙁

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Le premier qui m'interpelle je l'aimerai pour toujours, et il devra m'aimer en retour, sinon je le tue. »

Cette histoire commence par un pari, celui que s'est lancé Cléophée, vingt-huit ans. Son défi lui fera croiser le mystérieux Ferdinand... Cédera-t-il à son charme vénéneux ? Iront-ils jusqu'au bout de la folie ? Où les emmènera ce duel au soleil ?

Entre Paris, Nice et l'Italie, une fugue cinématographique et passionnée comme une chanson d'été.

Quand elle n'écrit pas des romans, Helena Noguerra chante et joue la comédie

Amor

Plus d’éros que de thriller et plus de sexe que d’amor dans cette histoire plutôt plaisante. Mais difficile d’adhérer aussi facilement à la glissade de ce couple dans une si noire parano. Passé ce manque de crédibilité, reste de bons moments de sexe à trois, de léchouilles et de baisouilles, de fantasmes et d’envies.

Amor de Dominique Forma
Amor de Dominique Forma

Finalement, tout ça manque de solidité et de robustesse, comme un livre en demi-molle.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Maximilien est professeur d'économie, Camille est responsable culturelle. Ils ont un petit garçon. Très amoureux l'un de l'autre, ils ont une conception joyeuse et inventive de la sexualité. En vacances sur la Côte d'Azur, ils font la connaissance de Viviane, une jeune fille qui vend de l'artisanat indien sur la plage. Entre eux, c'est le coup de foudre. Maximilien et Camille accueillent Viviane dans leur lit. Elle s'invite dans leur vie...