Le combat ordinaire : intégrale

Un chef d’oeuvre de la BD. Un homme qui s’agrippe et tente de construire sa vie.

Le combat ordinaire de Manu Larcenet

Oscillant entre grosse marrade et profonde déprime, humour léger et crises d’angoisses, ce combat ordinaire dévoile un homme qui doute, se cherche, et se confronte (voir, se retrouve confronté bien malgré lui) pour tenter d’avancer.

Et c’est beau, sensible et d’une grande finesse

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un jeune photographe, en pleine interrogation existentielle, se retire à la campagne. Il rencontre alors un vieux pêcheur, une jeune femme vétérinaire et l'amour, avec les choix qu'il implique

On était des loups

Bienvenue dans le grand nord canadien. Enfin… Bienvenue n’est pas forcément le bon terme. Ici, tout est dur, froid, inhospitalier. La nature, faune, éléments et même les rares humains qui s’y accrochent.

Ce qui m'a semblé bizarre c'est quand on est arrivés. On avait dû garder un sacré rythme parce qu'il faisait encore jour donc le problème ne tenait pas à la lumière mais je ne trouvais pas ce qui merdait. Quand on est sortis des bois pour traverser le champ en haut de la maison j'ai compris ce que c'était et c'était qu'Aru ne m'attendait pas.
On était des loups de Sandrine Collette

On était des loups est certes un magnifique nature-writing qui m’a souvent rappelé Jack London, mais aussi un très beau livre sur l’humain. Seul face à ses décisions, sa morale, ses engagements.

Je suis en colère contre la terre la vie le monde, et le monde je jure je lui ferai la peau. La peau du monde je la tendrai sur un cadre, je la raclerai jusqu'à la dernière miette de sa chair et je l'exposerai devant chez moi pour que l'on sache ce qui se passe quand on me fait du mal. La peau du monde ce sera mon trophée, je la brandirai comme on brandit un crâne, je l'assécherai comme on sèche un cœur ce sera un lambeau une squame une toile et sur cette toile je réécrirai quelque chose avec le sang de mes veines avec le sang de ma haine, la peau du monde ce sera mon vêtement.

Un homme fou de colère, son fils de cinq ans et deux chevaux (les gros) au milieu des terres hostiles

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est la nuit je regarde l'enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n'est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous.
La vie qui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu'il s'est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l'attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d'un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant.

Au milieu de son existence qui s'effondre, Liam a une certitude : ce monde sauvage n'est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d'autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d'un enfant terrifié.

Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d'une nature aussi écrasante qu'indifférente à l'humain. Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l'instinct paternel et le prix d'une possible renaissance

L’inversion de la courbe des sentiments

Robinson possède un vidéoclub. Il est fraîchement séparé et fait quelques brèves rencontres sur les réseaux sociaux. Il a aussi une ex qui vide son appart et un père qui débarque parce qu’il s’est fait virer par sa femme et aussi…

L’inversion de la courbe des sentiments de Jean-Philippe Peyraud

… et aussi une soeur dont le fils à disparu avec une voisine, qui a d’ailleurs un mari jaloux… Et il y a aussi une histoire de braquage…

Tout ça semble bien compliqué, mais finalement, ça passe plutôt bien.

Des destins croisés dans une BD fraiche et dynamique

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Grinss !
Mmmmh...
Pff... T'es un lève tôt, toi...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Autour de Robinson on se quitte, on disparaît, on refait sa vie ou on cherche un père. Pendant ce temps-là, Robinson, vend des DVD et drague sur internet.
À moins que la courbe des sentiments ne s'inverse...

Un barrage contre L’Atlantique

Assis dans un fauteuil dans une belle propriété de son ami (bientôt ex-ami ?) au bout du Cap-Ferret, Frédéric se désole de vieillir.

Un barrage contre l’Atlantique : un roman français, tome 2 de Frédéric Beigbeder

Mais hélas, l’Atlantique, vagues après vagues, une marée après l’autre grignote les côtes aussi inexorablement que les années grisonnent les tempes des cinquantenaire.

Le petit Frédo nostalgise en se lamentant…

… mais au moins, ne s’évertuait-il pas à faire des phrases dans son roman français

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je voudrais faire ici un aveu : je suis complotiste.

Je pense que la nature conspire pour éradiquer l'homme.

L'être humain ayant causé trop de dégâts à la surface de la Terre, il est logique qu'elle songe à s'en débarrasser.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Sans doute fatigué, Frédéric prend cette peinture pour une invitation au voyage. Il va écrire dans cette cabane, sur ce bureau.
Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent d’abord l’espace mental et la page, réflexions sur l’écriture, la solitude, la quête inlassable d’un élan artistique aussi fugace que le désir, un shoot, un paysage maritime. Puis des éclats du passé reviennent, s’imposent, tels « un mur pour se protéger du présent ». A la suite d’Un roman français, l’histoire se reconstitue, empreinte d’un puissant charme nostalgique : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… Temps révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary , converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, «Hemingway en calbute», s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Survivaliste avant la lettre, fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.

Une expérience de lecture, unique et bouleversante, aiguisée, impitoyable, poétique, et un chemin du personnel à l’universel

Le mammouth et le virus

Eugène s’est retrouvé confiné au chalet avec femme et enfant et nous livre ici son journal du confinement.

Le mammouth et le virus de Eugène

Il joue avec son fils, goûte aux joies de Zoom, s’offusque de l’oreiller de paresse du président-vigneron, tente de poursuivre un traitement médical, se balade, s’amuse et philosophe…

Des joies simples, pour un petit livre un peu simple aussi… zut. Tout ça ne manquait pourtant pas d’humour, de dérision, de poésie et d’émerveillements

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Durant le confinement, mon épouse, notre garçon de trois ans et demi et moi nous nous sommes réfugiés dans un chalet. Là-haut, j'ai chassé le mammouth au salon ; j'ai couru sur les sentiers de montagne avec mon fils en criant que nous étions des lynx ; j'ai acheté dix millions de barils de pétrole au moment où il valait -37 dollars (j'ai donc gagné 370 millions de dollars). J'ai fait en sorte que la peur n'envahisse pas l'imaginaire de mon garçon. Peine perdue : le virus défie l'imagination. Il était là bien avant les hommes et sera encore là après...

Le mammouth et le virus est mon journal de confinement. Autodérision, ironie et tendresse sont des armes de destruction massive contre la déprime. Alors, armons-nous !

Karoo

Un « écrivain » spécialisé dans la reprise de scénarios et d’adaptations pour le cinéma, père adoptif séparé de son épouse, gras et sévèrement névrosé, spectateur de sa vie, coincé dans une sorte de mise en abyme de lui-même, voguant dans une stase vaseuse…

Karoo de Steve Tesich

L’histoire d’un menteur procrastinateur autocentré

Un livre brillant, une oeuvre autour d’un anti-héros coincé dans sa propre histoire comme une limace dans un verre de bière

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Egoïste et cynique, Saul Karoo ment comme il respire et noie ses névroses familiales dans la vodka. Son métier, script doctor, consiste à dénaturer des chefs-d'oeuvre pour les aligner sur les canons hollywoodiens. Quand sa carrière croise celle de Leila Millar, une jeune actrice médiocre, il décide contre toute attente de la prendre sous son aile. Car ils sont liés par un secret inavouable...

Le meurtre du commandeur : Une idée apparaît et La métaphore se déplace

La vérité précipite parfois les hommes dans une solitude insondable
Le meurtre du Commandeur de Haruki Murakami

Deux livres délicats comme un grain de riz (oui, gros cliché). Une quête qui commence où elle se termine. Un chemin à la recherche de soi, comme un portrait qui se dessinerait au fil des esquisses pour ne finalement dévoiler que la blancheur de la toile sur laquelle il était sensé apparaître.

Assis sur le tabouret, je fermai les yeux, inspirai profondément. Dans le soir d'automne, je sentais avec certitude que quelque chose en moi était en train de changer. J'avais la sensation qu'après avoir été complètement morcelé, disloqué, mon corps était à nouveau en train de se réassembler.

Un chemin à la recherche de soi et de l’autre dans laquelle notre enveloppe n’est la tangente entre notre intériorité et ce qui nous entoure.

Il réfléchit un instant. « Je crois, dit-il enfin, que vous avez besoin de plus de temps que les autres pour appréhender et accepter les événements. À la longue, pourtant, il se peut que le temps soit de votre côté.»

Et du peintre de percer cette enveloppe

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aujourd'hui, lorsque je me suis éveillé après une courte sieste, « l'homme sans visage » se tenait devant moi. Il était assis sur une chaise, en face du canapé sur lequel je m'étais assoupi, et, de ses yeux absents situés dans son non-visage, il me scrutait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Peut-être un jour serais-je capable de faire le portrait du rien. De la même façon qu'un peintre avait été capable de dessiner Le Meurtre du Commandeur. Mais il me faudrait du temps avant d'y parvenir. Je devais faire du temps mon allié.

Quand sa femme lui a annoncé qu'elle voulait divorcer, le narrateur, un jeune peintre en panne d'inspiration, a voyagé seul à travers le Japon. Et puis, il s'est installé dans la montagne dans une maison isolée, ancienne propriété d'un artiste de génie, Tomohiko Amada.

Un jour, le narrateur reçoit une proposition alléchante : faire le portrait de Wataru Menshiki, un riche homme d'affaires. Tandis que celui-ci pose comme modèle, le narrateur a du mal à se concentrer. Quelque chose chez Menshiki résiste à la représentation.

Une nuit, il découvre un tableau dans le grenier, une oeuvre d'une grande violence, le meurtre d'un vieillard, comme tirée du Don Giovanni de Mozart. C'est Le Meurtre du Commandeur. Cette peinture obsède le narrateur. Et des choses étranges se produisent, comme si un autre monde s'était entrouvert. À qui se confier ? À Menshiki ? Mais peut-il vraiment lui faire confiance ?

Calypso

Un dessin au scalpel. C’est très beau, le trait est sublime et l’histoire tient la route.

Calypso de Cosey
Calypso de Cosey

Mais, à mon goût, Cosey, coloriste si doué, aurait peut-être été inspiré d’ajouter de la couleur et des pastels pour cette histoire toute en nuance.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque Gus, soixante ans passés, ouvrier sur un chantier, prétend avoir bien connu feu Georgia Gould, vedette du mythique film Calypso, sex symbol qui fit rêver des millions de spectateurs, l'hilarité est générale.

Pourtant il se trouve que la belle Georgia n'a pas encore pris congé de ce monde.

C'est dans la discrète et luxueuse clinique Edelweiss surplombant le Léman où elle soigne ses addictions que la star vieillissante va faire à Gus et à son compagnon de travail, Pepe l'Espagnol, la proposition la plus inattendue

Je me suis tue

Un viol non déclaré, un violeur impuni. Une vie, deux vies, trois vies qui basculent dans une vicieuse spirale qui ne se termine jamais. Des mots qui semblent justes pour une histoire révoltante. Comme une démonstration par contraposée de la parole qui libère.

Je me suis tue de Mathieu Menegaux
Je me suis tue de Mathieu Menegaux

Reste l’utilisation de paroles de chansons qui – pour sembler rigolotes s’il n’y en avait eu trop – finissent par gâcher un livre magnifique.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Du fond de sa cellule, Claire nous livre l'enchaînement des faits qui l'ont menée en prison : l'histoire d'une femme victime d'un crime odieux. Elle a choisi de porter seule ce fardeau, en silence. Les conséquences de cette décision vont se révéler dramatiques. Enfermée dans son mutisme, Claire va commettre l'irréparable. Personne, ni son mari, ni ses proches, ni la justice, ne saisira les ressorts de cette tragédie moderne

Peine perdue

Une galerie de portraits qui tissent une histoire glauque de bord de mer, c’est Peine perdue de Olivier Adam, et c’est pô mal du tout, et très bien construit!

Peine perdue de Olivier Adam
Peine perdue de Olivier Adam
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les touristes ont déserté les lieux, la ville est calme, les plages à l'abandon. Pourtant, en quelques jours, deux événements vont secouer cette station balnéaire de la Côte d'Azur : la sauvage agression d'Antoine, jeune homme instable et gloire locale du football amateur, qu'on a laissé pour mort devant l'hôpital, et une tempête inattendue qui ravage le littoral, provoquant une étrange série de noyades et de disparitions. Familles des victimes, personnel hospitalier, retraités en villégiature, barmaids, saisonniers, petits mafieux, ils sont vingt-deux personnages à se succéder dans une ronde étourdissante. Vingt-deux hommes et femmes aux prises avec leur propre histoire, emportés par les drames qui agitent la côte