Tiohtiá:ke [Montréal]

Si l’histoire de ce jeune Innu qui se retrouve, après 10 ans de prison pour le meurtre de son père, SDF dans les rues de Montréal est touchante, le style froid et découpé de l’écriture ne m’a pas emballé autant que les magnifiques Atuk ou Maikan.

Ils forment un bien étrange clan d'éclopés, de blessés, d'assoiffés de rédemption. Randy, Charlie et Lucien semblent avoir oublié la bouteille qui mène leur vie depuis longtemps. Salomon, Madeleine et Jeannot les ont acceptés sur leur territoire comme des frères, en toute confiance. Et il doit lui aussi apprendre à faire confiance, mais c'est difficile quand on se méfie de soi-même.
Au souper, Élie est assis en face de Geronimo, l'homme qui l'a recueilli au moment où il se sentait le plus seul et qui l'a aidé sans jamais rien demander, alors que lui n'avait rien à offrir. Un instant, au milieu de rires, leurs regards se croisent. Élie aimerait pouvoir dire merci. Il aimerait parler, expliquer, mais les mots restent au fond de sa gorge nouée. Seules les larmes tombent silencieusement.
Geronimo voit les pleurs mouiller les joues rougies. Les autres aussi. Élie se lève, marche jusqu'à la rivière et la bise du soir sèche ses larmes. Deux êtres se disputent en lui. Et Élie ne sait pas lequel l'emportera.
Tiohtiá:ke [Montréal] de Jean Michel
Et pourtant, c’est une bien belle – et dure – histoire de solidarité dans les squares gelés du Québec parmi les délaissés des peuples premiers.

Un peu mélo quand même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
NUTASHKUAN
L'odeur. Toujours pareille. Peu importe les veines dans lesquelles le sang court, son parfum âcre rappelle à ceux qui vivent leur vulnérabilité. Il y avait dans ce cœur trop de haine pour que ça se termine autrement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage.
Il a fait 10 ans de prison.
À sa sortie, rejeté par les siens, il prend la direction de Montréal où il rejoint rapidement une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles.
Il y rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur de la ville, mais aussi Mafia Doc, un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire…
Dans ce roman plein d’humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d’alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir.

Il n’a jamais été trop tard

Dans ces chroniques mensuelles de 2023 et 2024, Lola Lafon parle de guerres, de viol, de violences… Bref, assez tristement : de l’actu. Mais aussi de sujets plus personnels ou plus intemporels comme l’anorexie ou la Shoah.

Janvier, encore
Quand les eaux sales et usées débordent, il est recommandé, pour éviter une aggravation de la situation, de protéger les ouvertures et de localiser l'origine de l'incident.
La besogne est ardue, car les discours fétides qui entachent notre commun viennent de toutes parts: populismes de droite, de gauche, il y a un défaut d'étanchéité avéré entre les différentes familles politiques et le locataire de la maison présidentielle s'en accommode très bien.
Combien de temps avant que ces errances idéologiques, cette eau brunasse dans laquelle on barbote, nous contaminent tous ? Cette gale de l'âme, on l'a vue venir.
Il n’a jamais été trop tard de Lola Lafon
Elle y laisse s’exprimer sa sensibilité, son désir du vivre ensemble. Un recueil sensible et profond, mais pas vraiment gai pour un titre qui semblait pourtant plein d’espoir

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est ce que nous laissent les disparus, ces évanouis, les manquants, les passés trop vite : un puzzle de mots, qu'on aura partagés. Des confidences, des désaccords, des fous rires, des désirs et des doutes. Cette hérédité fragile nous échoit.
Qu'en fera-t-on ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des événements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »
L.L.

Grand petit homme

Mais oui, Size does matter, Stanislas le sait bien. Mais cela pourrait être pire, non ?

Grand petit homme de Zanzim
Et bien oui ! Et ça va s’empirer rapidement dans cette mignonne bande dessinée qui tourne autour de ce petit personnage timide, gentiment obsédé, légèrement fétichiste et diablement timide.

Une grosse réussite au graphisme léger pour cette drôle d’historiette vraiment touchante, celle d’un petit homme au grand cœur.… Alors, BD d’incel comme j’ai pu le lire dans nombre de critiques ? Je n’arrive pas à trancher pour cette bd que j’ai innocemment lue sans trop m’interroger. Pour autant, il est intéressant de questionner certaines scènes (au regard du consentement, par exemple). Même s’il s’agit d’une BD rigolote.
Car si Stanislas semble (au début) complexé, fétichiste et voyeur… C’est surtout grand rêveur ! Et si ce n’est pas en hauteur… il va grandir !

Mais quand-même, zut pour son chat 😉

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Stanislas Rétif est un petit homme, célibataire, la trentaine, à la beauté raisonnable. Il souffre de timidité au contact des femmes. Celles-ci l'impressionnent au plus haut point.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Petit homme deviendra grand

Stanislas Rétif habite, avec son chat, un petit appartement sous les combles. Introverti, il rêve de devenir un grand homme mais sa timidité et son mètre cinquante-sept ne lui sont d’aucun secours quand il s’agit d’aborder une inconnue. Stanislas est pourtant un grand amoureux des femmes ! En travaillant dans un magasin de chaussures, rien ne le met plus en joie que d’habiller leurs pieds. Un jour, lassé de ses déboires, il fait le vœu de devenir un « grand homme » tout en caressant sa paire de bottines préférée. Ce qu’il ignore, c’est que ces bottes en cuir de vache sacrée indienne ont un pouvoir immense ! La magie opère, mais à l’envers ! Le voilà réduit à la taille d’un pouce. Comment survivre dans cet environnement devenu hostile ? C’est le début d’une nouvelle vie dans laquelle les araignées deviennent des prédateurs et où les commérages n’ont plus de secrets pour Stanislas se faufilant, invisible, dans l’intimité des foyers. Capturé par une mamie sénile, il va bientôt se retrouver dans la maison de Fleur… jeune femme qui, à la vue de ses bottes pourrait être l’une de ses clientes… Au fur et à mesure, Stanislas va apprendre à connaître Fleur, et tomber éperdument amoureux d’elle… mais aussi la voir souffrir. Car Fleur est atteinte d’un mal qui la ronge. Que peut faire Stanislas du haut de ses 11 cm ? Peut-il devenir un grand homme par son courage, la beauté de ses actes et son don de soi ?

Embarquer loin

En recopiant la quatrième de couv’ pour ce post, j’avais laissé l’espace d’un retour à la ligne et cela donnait :
« L’auteure pose sur le papier le bruit de ses pensées, les or donne, les oblige à se taire. »
Et c’est une jolie coquille, car vraiment, Sonia « or donne » au travers de ses poèmes qui parlent d’elle de façon intime et subtile.

Certaines personnes
Ont les mains lisses
De qui travaille à son bureau.
Je vois sur elles,
Égrenées tout entières,
Les journées sans soleil,
Les soirées tardives,
Et le travail immobile
Au clavier de plastique;
Mystérieuse activité, 
Invisible fabrication.
Embarquer loin de Sonia Iodice
Poésie de la beauté de l’instant présent et de celui qui passe, de la famille, de l’amour et de ce et ceux qui nous entourent

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Havre
On m'a dit ferme les yeux
Et imagine un havre tranquille,
Puise-le dans tes souvenirs
Hisse-le des mois passés,
Fais-en la terre la plus douce,
Le lieu le plus sûr.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
D'origine italienne et espagnole, Sonia Iodice a été imprégnée des cultures et des langues de ses parents : musiques, films, cuisine, proverbes, séjours aux pays. Elle a longtemps ignoré à quel point ce bagage allait lui être précieux, et a découvert, avec le temps, sa richesse. Titulaire d'un master en lettres, elle a travaillé dans l'enseignement secondaire. Depuis 2019, elle célèbre des cérémonies laïques pour des familles qui perdent un proche ou pour des couples qui souhaitent s'unir hors d'un contexte religieux. Amoureuse de la nature, de la musique et des livres, elle apprend à reconnaître les chants d'oiseaux et se baigne dans le Léman en toute saison. Elle écrit beaucoup pour les autres, et parfois pour elle, par vagues, le plus souvent pour mettre des mots sur ses émotions et cultiver un regard poétique sur le monde.

L'auteure pose sur le papier le bruit de ses pensées, les ordonne, les oblige à se taire. En fabriquant des poèmes, elle s'ancre dans un monde chaotique. Elle donne forme à ses nuits sans sommeil, aux liens familiaux, à la solitude, à la marche et parfois, à des fulgurances.

La Fanatique

Journal d’une ambitieuse… Quelque en soit le prix.

La victoire
1939-1941
Maman pleure au téléphone, la guerre l'inquiète terriblement. Je la gronde gentiment, elle a toujours été de faible caractère en ce qui concerne la politique.
H part pour le front, mes mains tremblent.
Harald partira bientôt lui aussi. Je le veux absolument, aucune faveur pour mon fils, qu'il se batte comme un Allemand ! Ma fierté gonfle partout sous ma peau. Et la terreur encore davantage.
Nouvelles merveilleuses, notre main se resserre de jour en jour sur la Pologne ! Quel bonheur d'être allemande !
La fanatique de Lolvé Tillmanns
Magdalena sera une reine ! C’est sa destinée, elle le sait, elle le veut, elle sera !Aucune mère digne de ce nom ne laisserait gazer ses petits. Elle les étoufferait elle-même, contre son sein.
Il n'y a plus de cognac, trop de monde se sert dans ma réserve, qu'ils boivent du schnaps !
Et dans le four, combien de temps y restent-ils, les petits, dans le four ?Après un amour malheureux et un riche mariage ennuyeux, Magdalena sera Goebbels ! L’histoire d’une amorale ambitieuse – fascinée par la force et le pouvoir – sur fond d’extermination. Quelque en soit le prix de la désillusion.

Lolvé Tillmanns dresse le portrait assez fascinant d’une fanatique d’elle même plus que d’une idéologie, qui se rêve reine et se retrouve ventre du Reich

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ma mère ne crie pas, elle souffle. Elle mord sa bouche, l'air siffle entre ses dents. Elle est seule, maman. Seule à Bülowstrasse, dans une chambrette qu'elle a louée pour m'extraire de son corps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Magdalena Goebbels a soutenu Hitler jusqu’à la dernière minute, jusqu’à la chute au fond de son bunker berlinois. Cette grande bourgeoise, cette beauté polyglotte s’est donnée, corps et âme, à un régime ultraviolent qui considérait les femmes comme des ventres de qualité variable. Qui était cette femme considérée comme le symbole de l’extrémisme et de l’aveuglement? Lolvé Tillmanns va fouiller l’enfance,
l’adolescence, les années qui l’ont modelée, la passion inconditionnelle qu’elle mettait dans ses
attachements, qui l’ont figée dans un destin qu’elle aurait, peut-être, pu infléchir.
Lolvé Tillmanns jette une lumière crue sur l’effroyable banalité du mal, et sur son ambiguïté.
Et, à chaque ligne, résonne une question lancinante, effrayante, irrésolue :
pourquoi ?

Propre

Dès le début, c’est clair : tout cela va mal finir. Aucun suspense… Et pourtant, voilà un livre bien difficile à lâcher !

Que vous a dit Madame ? Elle vous a parlé de moi ? Je suis sûre qu'elle a déclaré sous serment que sa domestique était de bonne composition, obéissante, humble, reconnaissante, silencieuse, qu'elle avait toute l'apparence de quelqu'un de bien. Et quand vous l'avez interrogée sur elle, elle a dit : « Mara López, avocate », comme si ces trois mots constituaient une véritable définition. Je vais vous en donner une autre, moi, écrivez ceci :
Elle prenait un demi-pamplemousse et un œuf à la coque sans sel au petit déjeuner.
Elle buvait un café au réveil et à huit heures elle était déjà partie.
Elle revenait à dix-huit heures et avalait une galette de riz.
Au dîner elle mangeait de la roquette et des graines, des endives et des graines, des épinards et des graines, du chou et des graines.
Ensuite, en cachette, elle s'envoyait du pain avec du fromage et un verre de vin blanc avec des médicaments.
Propre de Alia Trabucco Zerán
Plongée dans l’intimité d’une famille chilienne aisée sous les yeux de leur domestique qui vit dans une petite pièce, au fond de la cuisine et qui devient gentiment folle. Enfin… folle n’est pas vraiment le bon terme. Déprimée mais lucide ?

Et elle raconte ce qui n’a pu être évité. Le drame. Sous ses yeux.

Une géniale radiographie d’une famille bien sous tous rapport

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-ci-a.

Je ne sais pas si vous enregistrez, prenez des notes, s'il y a quelqu'un de l'autre côté en réalité, mais si vous m'entendez, si vous êtes là, je vous propose un marché je vais vous raconter une histoire et à la fin, quand je n'aurai plus rien à dire, vous me laisserez sortir d'ici.

Allô ? Personne ?


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-ci-a. »

La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s'est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l'a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu'à l'inéluctable.

Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine - une société fracturée par les rapports de domination et d'argent, où les uns vivent dans l'ombre des autres...

L’effondrement

Est-ce que tout était écrit d’avance ? Le déterminisme social explique-t-il cet effondrement ?

j'ai pris un couteau et je lui ai planté dans la tête.
Sur son front.
Il avait du sang partout, il criait, t'aurais vu le truc, on aurait dit un film d'horreur. Il a eu des points de suture et je sais qu'il a dit à votre mère qu'il s'était blessé en tombant par terre, sauf que plusieurs mois plus tard, il était bourré et il a dit ce qui s'était vraiment passé, alors ta mère elle m'a appelée et elle m'a dit comme ça Mais ça va pas de planter un couteau dans la tête de mon fils ? Et moi je lui ai répondu Mais c'est parce qu'il me frappe madame et moi je ne veux pas me laisser faire, je ne suis pas quelqu'un qui se laisse faire.
Jamais.
Elle m'a dit Ah bon.
C'était toujours la même chose. Il buvait et il commençait à ressasser tous ses vieux problèmes.
Je lui disais, Oh c'est bon c'était il y a dix ans tu peux passer à autre chose ça sert à rien de rester bloqué là-dessus, faut avancer.
L’effondrement de Édouard Louis
Édouard Louis nous parle de son frère, mort de son alcoolisme, de sa propre violence, ses colères et son besoin de reconnaissance… Mais aussi de son enfance, de ses relations familiales, professionnelles, amoureuses et amicales.

Le sombre gâchis d’une vie sous le regard d’un enquêteur la tête pleine de pourquoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je n'ai rien ressenti à l'annonce de la mort de mon frère; ni tristesse, ni désespoir, ni joie, ni plaisir. J'ai reçu la nouvelle comme on recevrait des informations sur le temps qu'il fait dehors, ou comme on écouterait une personne quelconque nous dérouler le récit de son après-midi au supermarché. Je ne l'avais pas vu depuis presque dix ans.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mon frère a passé une grande partie de sa vie à rêver. Dans son univers ouvrier et pauvre où la violence sociale se manifestait souvent par la manière dont elle limitait les désirs, lui imaginait qu'il deviendrait un artisan mondialement connu, qu'il voyagerait, qu'il ferait fortune, qu'il réparerait des cathédrales, que son père, qui avait disparu, reviendrait et l'aimerait.

Ses rêves se sont heurtés à son monde et il n'a pu en réaliser aucun.

Il voulait fuir sa vie plus que tout mais personne ne lui avait appris à fuir et tout ce qu'il était, sa brutalité, son comportement avec les femmes et avec les autres, le condamnait ; il ne lui restait que les jeux de hasard et l'alcool pour oublier.

À trente-huit ans, après des années d'échecs et de dépression, il a été retrouvé mort sur le sol de son petit studio.

Ce livre est l'histoire d'un effondrement.
É. L.

Nos âmes oubliées

Quelle adaptation ! Quelle créativité graphique. Panaccione déchire tout et pourtant… Qu’en dire sur le fond alors que je n’ai pas lu le livre original et que les errements spirites et ésotériques (bien inutiles d’ailleurs) m’ont quelque peu agacés.

Nos âmes oubliées de Grégory Panaccione, d’après le livre de Stéphane Allix
Et pourtant, l’histoire est poignante et le sujet glaçant. Son traitement en images est fabuleux avec des planches tellement parlantes !Un magnifique album avec un gros bémol sur les parties divinatoires et pseudoscientifiques

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis parti du Lot après le déjeuner. Plusieurs heures de route. Je m'arrête dans hôtel sur le bord de l'autoroute.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Librement inspirée du roman éponyme autobiographique de Stéphane Allix, Grégory Panaccione nous plonge dans la vie d`un homme qui n`a aucun souvenir de son enfance. Quand se développe une maladie auto-immune, il se rend vite compte que la médecine classique ne peut rien pour lui et il se tourne vers les neurosciences, libérant peu à peu son esprit jusqu`à une découverte fatidique : un traumatisme profond lors de son enfance, entraînant une amnésie traumatique. La confrontation avec son agresseur et la remise en question de ses propres souvenirs l`amènent à un voyage intérieur poignant en quête de l`apaisement émotionnel, offrant une leçon sur la résilience et la reconstruction de soi après des traumatismes profonds.

La vie juste

Bienvenue dans la tête d’une jeune femme neurodivergente (enfin… c’est mon impression) un peu dépressive à la recherche du bonheur.

La poésie était mon rempart à la mort. Plus tard, l'acte sexuel et les pommes de terre. Les activités pratiques, répétitives semblaient être des réponses convenables à l'anxiété et au vertige. Avec Victor, face à la forêt et pas loin de l'affiche de Pulp Fiction, se cachait une conscience nouvelle de la mort.
La vie juste de Laure Federiconi
Une sorte de journal de la recherche de soi et de ses motivation ou d’un sens quelconque. Des questionnements à l’écriture légère et fluide… pour qui arrive à suivre les pensées zigzagantes de leur autrice.La première fois, il s'appelait Victor. Ce numéro n'est plus attribué. Nous pratiquons l'ouverture des hanches, toujours en cercle. Je repense à la grande forêt, à Uma Thurman dans Pulp Fiction. Je me demande si mon féminin est bien sacré. Je me demande surtout qui parle en termes d'essence. Je me demande ce que je fous là. Véronique est très inspirée : elle ferme les yeux, les mains en prière sur le cœur. Peut-être que si j'étais restée vierge, ma vie se serait déroulée autrement. Peut-être que je serais plus heureuse, parce que bon, finalement, pour ce que ça apporte. Je regarde mes ongles à peine colorés, le vernis qui s'effrite en constellations. Les mêmes petites taches qui, plus loin, sont les fèves de cacao posées au sol. Je pense à mon premier cochon d'Inde, le dernier aussi, et à sa cage pleine de défécations comme des gélules brunes, compactes. Quand il était stressé, il pissait partout. Je peux presque en dire autant. Septembre approche. Je me rends compte que j'attends cette retraite avec impatience, comme si elle promettait de me délivrer des réponses ou au moins des clés. Peut-être que c'est seulement la perspective de retrouver les autres membres et de ressentir l'illusion d'un collectif, d'une union d'espoirs.Et c’est génial et brouillon, désarçonnant (oui, il faut s’attacher un peu et insister parfois), drôle et pathétique comme la vie peut l’être parfois lorsqu’on la regarde avec un peu de recul

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je suis nue et je mange du guacamole. Je suis précisément couchée dans un coin d'ombre, à fixer les ouvriers qui s'affairent dans le petit parc d'en face. Leur regard m'est égal. Mes voisins doivent se lasser de mes allers-retours nue vers la bouilloire pour reprendre du thé.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une jeune libraire en proie à un alanguissement existentiel ­observe la vie autour d'elle avec nostalgie. Elle multiplie les activités pour aller mieux : les séances psy, l'achat compulsif de pommes de terre et la méditation. À travers ces tribulations, elle se remémore par fragments son enfance en Italie, son rapport à l'autre et à la foi. Convaincue qu'elle allait mieux il y a six ans en ­arrière, elle décide de trouver la faille, le moment où tout a basculé. Le flux de ses pensées se déroule alors comme une ­bobine de film marquée d'un état et d'une tendance : celle du ­bonheur à tout prix.

Le journal d’Edward, hamster nihiliste (1990-1990)

Rarement un petit livre rigolo, d’apparence un peu crétine, ne m’aura fait réfléchir comme celui-ci.

Mercredi 14 mai
Réflexions sur une roue :
Ça tourne.
Ça ne sert à rien.
Ça grince.
Je n'en ferai plus.
Le journal d’Edward, hamster nihiliste (1990-1990) de Miriam Elia et Ezra Elia
Vous aussi ? dans votre enfance, vous avez eu un hamster ? Bestiole sacrifiée dans une cage métallique et condamnée à tourner encore et encore dans une roue en plastique.

Vous êtes vous réellement demandé ce qu’elle pouvait penser de sa captivité ?

Edward l’a fait. Et c’est drôle et triste comme tout

Et moi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Mercredi 30 avril
C'est mon anniversaire et personne n'a l'air de l'avoir remarqué. Cela fait aujourd'hui six mois. Six mois qu'ils m'ont « acheté » à l'animalerie Tom & Jerry.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Mercredi 7 mai
Deux d'entre eux sont venus aujourd'hui, ils m'ont sorti de force de la cage et mis dans une sorte de labyrinthe improvisé. Un labyrinthe sans issue. Ils riaient et poussaient des cris perçants comme si c'était un jeu - mais je savais que ce n'en était pas un. Leur but est de venir à bout de ma volonté, de me réduire à néant. Ils peuvent bien me priver de ma liberté, ils n'auront jamais mon âme.

Je m'appelle Edward, et je suis un hamster.