La maison des sept jeunes filles ; Le châle de Marie Dudon

Ce roman dur est bien atypique. Car si la situation est ─ comme à l’habitude ─ sordide, l’ambiance y est légère, presque drôle.

Jamais peut-être la maison n'avait été aussi calme. Il est vrai que c'était l'heure où, comme repliée sur elle-même, elle vivait en veilleuse. Du dehors, on voyait deux lumières, une au premier étage, l'autre au rez-de-chaussée. Du jardin, on pouvait apercevoir une troisième fenêtre éclairée, celle de la cuisine. C'était tout.
Comme il faisait très froid dehors, les pièces donnaient une impression d'intimité d'autant plus réconfortante et le ronron du poêle était un gage de sécurité.
Le drame, pourtant, venait d'entrer dans la maison. Cela s'était passé très simplement, comme une visite ordinaire.
La maison des sept jeunes filles de Georges Simenon
Encore une vue de l’époque (révolue ?) où les filles devaient se marier sans tache et où les mariages étaient sources de revenus et d’arrangements économiques.

Une bien drôle de maison, que celle de Monsieur Guillaume Adelin

Le châle de Marie Dudon

Une nouvelle complète cette édition, et là aussi, il sera facile d’en rire… jaune ! Marie Dudon, témoin d’un meurtre, se sent pousser les ailes de la richesse…

- Je voudrais que tu gardes le petit cinq mi-
nutes, le temps de descendre chercher de l'eau pour ma lessive...
Ils habitaient le second étage et le robinet se trouvait sur le palier de l'entresol. C'était le plus fatigant, surtout avec un bébé : les biberons à bouillir, les langes à laver. Il semblait à Marie Dudon qu'elle ne faisait que monter et descendre avec des brocs toute la sainte journée.
Le châle de Marie Dudon de Georges Simenon
Une nouvelle, encore une fois, bien éclairante pour saisir la vie des femmes de l’époque entre lessives, enfants, cuisine et autres tâches ménagères et manuelles

Le 42e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il marcha encore de la fenêtre à la bibliothèque, ce qui représentait trois bons pas, puis de la bibliothèque à la porte. C'était tout le parcours qu'il pouvait se permettre dans son bureau, la plus petite pièce de la maison en même temps que celle où on avait entassé le plus de meubles.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Guillaume Adelin a une épouse «absente» pour ne pas dire folle, une maison à rembourser et sept filles à marier. L'une est courtisée par un ancien marchand de fromages, une autre par un fils de général. Le premier épouserait bien Rolande mais elle a disparu. Le second, sans le savoir, serait le fiancé d'Huguette mais tombe amoureux de Coco qui reste insaisissable. Il va falloir trancher : cela pourrait être un vaudeville, cela reste du Simenon : les huissiers rôdent, la faillite guette… Comment tenir une maison, seul, même solide, au milieu de huit femmes à ce point surprenantes ?

Linge sale, amour et céréales

Des strips d’une page, parfois un peu plus, sur les plaisirs de la drague, du couple, de la famille, des enfants et des vieux ! Et c’est bien décalé, absurde, coquin, désabusé… ou tristement réaliste (les plus drôles !)

Linge sale, amour et céréales de Pozla
Un gros bol de rigolade à goûter de bon cœur avant que les gamins ne se réveillentUn album avec des vélos et des playmobils

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Moi, Rémi, 10 ans et demi, je jure devant moi-même que je ferai mieux que mon père, ce traître.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Joyeuse et réconfortante, conflictuelle, aliénante ou merveilleuse... La famille : un environnement semé d’embûches ! Pozla, par le biais d'une galerie de personnages hauts en couleurs, ouvre de petites fenêtres sur ce monde relationnel complexe sans jamais oublier la question du couple. Il parle sans tabou de fidélité, de regret, de sexualité, de séparation, de transmission et de doute...

Autant de sujets existentiels croqués avec un humour absurde, cru, doux-amer ou grinçant, saupoudré de tendresse et de poésie.

Son odeur après la pluie

Quelles émotions, quelle histoire ! Une bande dessinée qu’on termine avec un voile humide sur les yeux.

Son odeur après la pluie de José Luis Munuera, d’après le roman de Cédric Sapin-Defour
L’histoire d’un chien qui entre dans la vie d’un homme et qui la partagera plus de 10 ans.

Adapté du roman de Cédric Sapin-Dufour (que je n’ai pas lu et dont j’hésite maintenant à en ouvrir les pages), cette bande dessinée est un vrai trésor qui m’a laissé le souffle coupé.

Et pour la team chats, je ne peux que conseiller Toi de Hélène Gestern

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
La vie, pour qui veut la voir, est partout.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est une histoire d'amour, de vie et de mort, entre un homme, Cédric, et son chien, Ubac, un bouvier bernois dont la présence devient vite essentielle. Mais le vrai héros, c'est leur lien : unique, universel, dépassant bien des relations humaines. Pendant treize ans, ils partagent rires, inquiétudes et moments fugaces d'intensité, jusqu'à ce que la mort impose son absence.
Véritable ode à la vie, ce récit explore l'amour inconditionnel, la vie qui file trop vite, et ces souvenirs persistants, comme une odeur aimée qui reste gravée, même après la pluie.

La confession

Voilà un livre qui pourrait être vraiment drôle s’il n’était aussi désespérément réaliste. (Bon, j’avoue, je me suis bien marré quand-même !)

L'été de notre premier anniversaire de mariage, après qu'Hugues était rentré du Tchad, sans écrin de bijoutier mais avec une petite sculpture de guerrier sao, difforme et inquiétante, achetée sur le marché de N'Djamena, l'une de ces « africonneries » qu'affectionnent nos militaires, nous avons passé trois jours dans une communauté monastique de la banlieue lyonnaise pour « discerner où le Seigneur allait nous donner de porter du fruit» et « prendre nos décisions à la lumière de l'Évangile », comme l'indiquait l'article du site dont Hugues m'avait envoyé le lien peu avant son retour, exalté de m'apprendre qu'une place s'était libérée pour participer en couple à cette retraite courue par nombre de jeunes officiers et leurs épouses.
La confession de Romane Lafore
La confession, c’est une jeune croyante intégriste catholique, mariée à un militaire, pro-vie convaincue et militante, qui se désespère, mois après mois, règles après règles, de voir son ventre rester vide.

Plongée au cœur d’un activisme crasse et d’une mauvaise foi absolue. Un livre brillant qui, par la candeur d’une confessée, décrit les affres de la prise de conscience d’une jeune femme en plein désespoir face aux injonctions de son éducation, de sa famille, de ses amies, son milieu social et de son église. À la découverte de ses propres désirs, de sa liberté

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Vous avez l'air étonné que je sois revenue. Moi aussi. Après tout, je n'ai pas besoin de vous pour recevoir ma pénitence. Jusqu'au bout, j'ai hésité à faire demi-tour. Il y avait un homme effrayant en bas des marches. Il n'était pas là, la première fois, ou bien étais-je trop bouleversée pour le remarquer. Entortillé dans son sac de couchage, affalé sur un carton, il avait l'air de dormir ─ et puis il s'est redressé d'un coup en m'entendant approcher.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quel crime a commis Agnès pour ressentir aujourd'hui l'impérieux besoin de se confier ?

Cette jeune catholique pratiquante était pourtant parvenue à rendre sa vie conforme à son rêve de petite fille et au scénario souhaité par son milieu : à vingt ans, elle avait rencontré son futur mari au très prisé bal du Triomphe des saint-cyriens, elle avait abandonné sans regret ses études pour le suivre en régiment à Bayonne, où elle avait attendu tranquillement que s'accomplisse sa destinée de mère de famille nombreuse. Engagements, foi, sociabilité : elle avait tout bien fait. Mais les années ont passé, et son ventre est resté vide. Cette maternité qui se refuse, en instillant chez Agnès le sentiment de son imperfection et de son inutilité, a provoqué en elle une fissure. Au point de la pousser à commettre ce qui ressemble au pire, à ses yeux comme à ceux de sa communauté.

Dans ce roman haletant et glaçant, Romane Lafore met en scène une jeune femme, hantée par le bien et le mal, qui tente de trouver son chemin entre culpabilité et liberté.

Après l’orage

Coincée par l’orage, Hélène est obligée de passer la nuit chez ses parents.

Après l’orage de Jean Cremers
Et les éléments se dévoilent à la mesure de l’eau qui monte. Comme une grosse lessive, l’eau permettra peut-être d’y voir plus clair, mais que ne risque-t-elle pas d’emporter avec elle ?

Un très bel album, profond et sensible, aux traits rapides et aux couleurs soignées

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dring Dring
J'arrive !
Krrk Clic
Hélène !
Salut, P'pa.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Tandis que le niveau de l'eau monte dangereusement, Hélène se retrouve prisonnière d'une maison pleine de silences et de souvenirs. Mais à mesure que l'orage gronde, c'est un autre combat qui se joue en elle : celui de briser les liens invisibles d'une vie qui l'étouffe.

Le cahier à spirale

Lassé de la fiction et de l’auto-fiction (qui contiennent, il s’en rend bien compte, tant de vérité), Didier Tronchet tente l’autobiographie introspective vraie et sans fard. Mais avec des images, quand-même. Et ca commence par l’enfance et sa relation avec sa mère et ses frères et soeurs.

Le cahier à spirale de Didier Tronchet
Alors certes, même avec le vrai, la réinterprétation n’est jamais loin, mais les différentes itérations dans les souvenirs laissent apparaitre à chaque fois des détails plus précis jusqu’à dessiner le portrait des absents.

Et c’est fouillis, drôle et triste, plein d’émotions c’est comme la vraie vie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Je connais par cœur toutes les choses de cet endroit...
Je les ai observées des millions de fois...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En examinant les divers récits qu'il a produit au cours de ces longues années, Didier Tronchet a retrouvé des figures du passé, masquées sous la forme d'avatars, de personnages idéalisés ou caricaturés. Et puis, un jour, tout est devenu clair : la fiction faisait écran, son vécu n'étant qu'une histoire à trous, qu'il a comblé, comme il a pu, autant par goût du jeu que par peur du vide. Mais ce travestissement a fini par atteindre ses limites.

Armé d'un simple cahier à spirale, il décide de partir à la rencontre de ce personnage qu'il a mille fois mis en scène, jusqu'à ne plus savoir lui-même déceler le vrai du faux, cette personne dont il sait qu'elle détient forcément la vérité : sa mère. Avec cet obstacle majeur, aux allures immuables : jamais au grand jamais, il n'a eu de véritables échanges avec elle, le non-dit a régné en maître, telle une règle entre les deux, qu'il serait dangereux de briser.

Oncle Charles s’est enfermé

En tombant sur un courrier qui ne lui était pas destiné, Charles comprend que son beau-frère, en plus d’être avare, mesquin et odieux, est une crapule !

Lulu le lut à haute voix :
« Prière de me ficher la paix! »
Et Laurence rit, d'un rire à peine nerveux.
Quand elle riait, toute sa chair pâle tremblait et ses gros seins dansaient dans son corsage. Elle n'avait jamais voulu porter de soutien-gorge. Elle prétendait que ça l'étouffait. Sans doute à cause de cela, en la regardant, on pensait à du lait tiède. Elle était blonde. Ses cheveux ne tenaient pas. Ses chapeaux ne tenaient pas davantage sur ses cheveux, et toutes les robes, sur elle, paraissaient mal coupées.
Oncle Charles s’est enfermé de Georges Simenon
Sans dire un mot, il risque bien de le faire craquer.

Des familles où pas grand chose ne va, où l’arnaqueur se fait arnaquer et nul n’en sort indemne

Le 46e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'était l'époque de l'année où il fait nuit dès quatre heures.
Laurence descendit du tram en même temps que le wattman qui allait changer son trolley de côté pour repartir en sens inverse. Et comme toujours, tenant autant de place dans son horizon que la lune dans le ciel, Laurence vit, juste devant elle, la lanterne du passage à niveau.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Charles est bouleversé lorsqu'il apprend le monstrueux secret de la fortune d'Henri, son beau-frère. Il se barricade dans le grenier pour y réfléchir et ni les appels de sa femme, ni les suppliques de ses filles ne le feront le quitter.

Seule la certitude de tenir son beau-frère à sa merci pourra le convaincre de sortir...

Être de papier

Peut-on aimer dans le mensonge ? Peut-on aimer celui ou celle qui nous trompe ? Et jusqu’où peut-on aller dans la construction de nos mondes illusoires, sont-ils si évanescents ? Et comment faire le jour où la réalité (laquelle ?) nous rattrape ?

Soigner ses blessures ne suffira pas.
Yann s'adresse à mi-voix à l'infirmière. Il souhaite que son épouse soit vue par un psychiatre. C'est pour ça qu'il est venu la solliciter. L'infirmière est très touchée par sa situation. Elle essaie de comprendre avec lui ce qui a incité Aline à s'inventer de tels mensonges. Yann se livre un peu, soulagé de trouver cette oreille neutre et bienveillante. Il perçoit nettement que l'aide-soignante, en retrait, assise derrière son cahier avec une tasse de thé, est aussi à l'affût de ses confidences. Elle a l'air d'une commère.
Être de papier de Marie Beer
Avec cette fiction, Marie Beer s’amuse avec le mensonge jusqu’à en faire perdre pied à ses personnages.

Et sans mentir, c’est une vraie réussite

Une histoire qui n’est pas sans rappeler cette chanson de Paloma Faith, Do You Want the Truth or Something Beautiful ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Aline dit souvent : les enfants acceptent telles quelles les histoires qu'on leur raconte. Ils aiment, ils n'aiment pas. Ils rêvent ou ils cauchemardent. Mais ils acceptent. Personne ne songe à dire : ça n'a pas pu se passer ainsi.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Un homme accourt au chevet de sa femme, renversée par un bus quelques heures plus tôt. En cherchant à contacter son employeur, il découvre qu’elle s’invente une vie professionnelle depuis des années et il est bien décidé à la confronter à ses mensonges.

Au fil de dialogues acérés, Marie Beer aborde avec verve et lucidité la place de l’imaginaire dans notre quotidien et au sein du couple.

Destins coréens

Attiré par un dessin très graphique, une bichromie toute en aplats des plus réussies, j’ai découvert une bande dessinée aux messages d’une grande profondeur.

Em Corée, le statut social repose sur un modèle très strict[e]. Encore aujourd'hui, un homme ne peut prétendre devenir un bon père de famille que s'il a effectué son service militaire et qu'il a un métier. Chan-Wook, qui était toujours étudiant, avait donc, sans surprise, préféré rompre tout contact avec Joy, en apprenant la grossesse de cette dernière.
Destins coréens de Laëtitia Marty et Jung, dessins de Jung
En Corée du Sud, les mères célibataires sont victimes de fortes discriminations et de nombreux enfants nés hors mariage sont proposés à l’adoption. Jung, lui même adopté à l’âge de cinq ans, a réalisé une bande dessinée sur le sujet qui touchera Joy, jeune coréenne au moment où, enceinte, elle se retrouvera devant ce choix.

Un album magnifique tant pour ses qualités esthétiques que pour sa sensibilité à traiter de ce sujet

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Lors d'un séjour en Corée, j'ai fait une de ces rencontres qui ne laissent pas indemne, tant elles questionnent et bouleversent. Cette expérience invraisemblable a affecté mon propre quotidien mais a aussi changé la vie d'une lectrice...


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans ce récit de vie inspiré de la réalité, Joy, une jeune Coréenne, tombe enceinte après une relation éphémère.

Hantée par la honte et le poids des regards, elle s'apprête à faire adopter son enfant. Mais en passant devant une librairie, elle découvre la BD autobiographique d'un Coréen adopté. La rencontre avec son auteur bouleverse ses certitudes.

Mon vrai nom est Elisabeth

En partant de son histoire familiale (d’où un possible parti pris qui n’enlève pas grand-chose au sordide), Adèle Yon peint l’écœurant tableau d’une époque que je croyais plus lointaine. Celle où des médecins apprentis-sorciers venaient triturer les cerveaux (majoritairement féminins) au pic à glace. Celle où l’on se débarrassait des encombrantes dans des asiles. Celle où la femme se devait d’être fertile, docile et ménagère.

Lorsque j'interroge les membres de ma famille sur la lobotomie de Betsy, leur réponse à tous est peu ou prou la même.
La lobotomie, c'est le fait qu'on lui a enlevé une partie du cerveau qui soi-disant ne fonctionnait pas.
C'est ce qu'on faisait à l'époque.
On pensait qu'en enlevant des morceaux ça allait... je ne sais pas... se régénérer... en mieux ?
Ils ont voulu enlever la partie défaillante, un peu comme un cancer.
Si la lobotomie a pour fonction de réguler les comportements divergents, pourquoi les journaux de l'époque diffusent-ils l'idée que la lobotomie est capable d'intervenir sur la cause de la maladie mentale ? Pourquoi ma famille a-t-elle majoritairement retenu l'idée que le neurochirurgien était en mesure d'ôter la folie comme un cancer, alors que son ambition était, comme ce qu'on appellera plus tard la lobotomie chimique (les médicaments), non pas de guérir mais de contenir ? Comment comprendre la pérennité de cette représentation de la lobotomie chez les descendants de Betsy soixante-dix ans après les faits ?
Mon vrai nom est Elisabeth de Adèle Yon
Une biographie familiale autour de Betsy qui a subit lobotomie, comas, électrochocs et qui fut finalement enfermée plus de 15 ans. Une enquête personnelle entre archives, souvenirs familiaux, interviews et visites durant laquelle les révélations tissent patiemment le portrait de la misogynie patriarcale d’alors enfouie sous les tabous et possiblement une certaine culpabilité.

Mais cette époque… c’est pas si loin ! C’est les années 50.

Une histoire qui rappelle évidement celle de Rosemary Kennedy lobotomisée par le fameux Walter Freeman ; mais aussi les questionnements autour de l’internement forcé de Camille Claudel

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Objet: Jean-Louis Important
Date: 4 janvier 2023 à 02:18:49
À: LA FILLE CADETTE
Quand tu liras ces mots, j'aurai fini mes jours après avoir basculé dans le vide depuis le balcon de l'appartement que j'ai loué au 7e étage.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une chercheuse craignant de devenir folle mène une enquête pour tenter de rompre le silence qui entoure la maladie de son arrière-grand-mère Elisabeth, dite Betsy, diagnostiquée schizophrène dans les années 1950. La narratrice ne dispose, sur cette femme morte avant sa naissance, que de quelques légendes familiales dont les récits fluctuent. Une vieille dame coquette qui aimait nager, bonnet de bain en caoutchouc et saut façon grenouille, dans la piscine de la propriété de vacances. Une grand-mère avec une cavité de chaque côté du front qui accusait son petit-fils de la regarder nue à travers les murs. Une maison qui prend feu. Des grossesses non désirées. C'est à peu près tout. Les enfants d'Elisabeth ne parlent jamais de leur mère entre eux et ils n'en parlent pas à leurs enfants qui n'en parlent pas à leurs petits-enfants. « C'était un nom qu'on ne prononçait pas. Maman, c'était un non-sujet. Tu peux enregistrer ça. Maman, c'était un non-sujet. »

Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres : l'enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l'essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l'hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d'une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.

J'aime quand les archives perdent les pédales. Quand les mots ne rentrent plus dans les cases. Quand les registres et les voix s'entremêlent. C'est là qu'ils montrent leur vraie nature. Leur polyphonie. Leur artifice.