Mon père en doute encore

Mais quelle beauté, quel coup de cœur absolu pour ce livre !

Mon père en doute encore de Saphia Azzeddine

Saphia Azzeddine raconte son père, son enfance au Maroc, son arrivée en France et sa famille. Un livre comme une déclaration d’amour, comme un « merci de nous avoir aimés et de nous avoir grandis »

Une histoire de famille avec le Maroc, la France, l’amour des autres, les colères aussi, l’immigration. Un portrait aux milles parfums et couleurs, plein d’humour aux running gags amusants, lassants et ré-amusants, plein de tendresse et de gratitude.

Merci !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Il aurait voulu être un patriarche. Il n'a été qu'un bon père. Au fond de lui sommeille un petit dictateur qu'il aurait aimé nourrir pour devenir le genre d'homme que l'on craint déjà derrière la porte. Cette assurance que le pouvoir confère et qu'annonce un pas souverain avant d'entrer dans une pièce. Ceux qu'on redoute même quand ils sourient. Il aurait voulu être plus tout et moins quelque chose. Plus riche et moins pauvre en fait".

Dans ce roman autobiographique, Saphia Azzeddine nous livre l'histoire de son père. Cet enfant élevé par des femmes au beau milieu de la plus grande palmeraie du Maroc, alors sous protectorat, qui débarquera jeune homme, comme beaucoup dans les années 1960, à Paris pour se faire une place. Mais il ne la trouvera jamais vraiment. Entre deux pays, deux cultures, à la fois fier et honteux, tour à tour infirmer, couturier, c'est en père au foyer qu'il sera le plus heureux et se donnera corps et âme à l'éducation de sa fille, son trésor.
Avec beaucoup de piquant, d'émotions et d'humilité, Saphia Azzeddine retrace sa relation avec son père, ses moments de grâce, ses rébellions et ses excès

La merditude des choses

C’est sale, gras, ça colle, ça pue l’alcool, le vomi et le tabac sur fond de Roy Orbison. C’est l’enfance de Dimitri à Reetveergedem, chez sa grand-mère, avec son père et ses deux oncles. Bienvenue dans la dèche !

La merditude des choses de Dimitri Verhulst

Une fiction autobiographique absolument choquante dans une loose absolue… Et pourtant très drôle lorsqu’elle est vue sans mélo par les yeux d’un enfant.

Un chef d’oeuvre, presque autant que le concert de Roy Orbison au Coconut Grove nightclub de Los Angeles

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Bienvenue dans la Belgique profonde, chez la plus grande famille de soiffards que la terre ait jamais portée.
Dimitri vit avec son père et ses trois oncles chez sa grand-mère, une sainte femme qui fait leur lessive, les laisse boire sa maigre pension et nettoie le mobilier avant le passage de l'huissier. Les Verhulst ne travaillent pas, ou seulement en cas d'extrême nécessité. Le reste du temps, ils éclusent les bars de Reetveerdegem lors de beuveries épiques, défendent à coups de poing l'honneur familial, organisent des Tours de France éthyliques ou des courses de vélo nudistes. Leur dieu : Roy Orbison ; leur déesse : la Dive Bouteille.
De cuites phénoménales en tendres démonstrations de solidarité familiale, La Merditude des choses dresse le portrait d'un clan de marginaux déjantés, qui sont à la société ce que la famille Addams est aux Lequenois. Un roman hilarant et mélancolique, mais qui porte sur ses personnages le regard tendrement nostalgique de celui qui en a réchappé et, par là même, a trahi

Il fait bleu sous les tombes

Il y a des belles phrases, des belles pensées, de la tendresse et beaucoup d’amour dans ce livre qui parle d’un jeune qui saute d’un pont, de sa mère et de sa petite sœur (et un tout petit peu du père), de ses amis et de ses rêves.

Il fait bleu sous les tombes de Caroline Valentiny

Mais je n’ai pas réussi à m’accrocher à cette histoire qui m’a perdu, ne sachant trouver mon chemin et ne réussissant pas à me laisser guider… pour aller où d’ailleurs ?

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Enfant, lorsqu'il était en vie, il se couchait dans l'herbe, le soir, pour observer le ciel. Aujourd'hui, depuis son carré d'herbe étanche à la lumière, il a beau plisser les yeux, il ne peut plus rien voir. »

Jusqu'il y a peu, Alexis était vivant. À présent, il ne sait plus. Il perçoit encore la vie alentour, le bruissement des feuilles, le pas des visiteurs, et celui, sautillant, de sa petite soeur qui vient le visiter en cachette.

Il se sent plutôt bien, mais que fait-il là ? Il l'ignore. Ses proches n'y comprennent rien non plus. Quel est le mystère d'Alexis ? Qu'a-t-il voulu cacher à en mourir ?

Caroline Valentiny explore le clair-obscur de l'existence dans un premier roman d'une subtilité et d'une douceur impressionnante

Notes à usage personnel

Le récit d’une vie mouvementée, d’un père alcoolique, d’une jeunesse intense, du désir d’enfant, d’être femme, de rage et d’apaisement.

Notes à usage personnel de Emilie Pine

Un livre d’une grande profondeur aux riches enseignements porté par une franchise déroutante et salvatrice.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« J'ai peur d'être cette femme qui dérange. Et peur de ne pas déranger assez. J'ai peur. Mais je le fais quand même. »

Au fil de six essais, Emilie Pine nous livre ses « mémoires accidentels », un magnifique témoignage sur sa vie de femme, ses failles intimes, ses combats, ses colères et ses renoncements. À la fois crue, vulnérable, drôle et radicalement honnête, elle aborde tous ces sujets que l'on a trop souvent l'habitude de taire : l'addiction, l'infertilité, les ruptures familiales, les violences sexuelles... Poignant et juste, Notes à usage personnel, dessine l'histoire en creux d'une femme qui dérange, en rébellion contre le silence

Un bonheur que je ne souhaite à personne

Un « roman » comme un témoignage, qui sonne juste et qui est bourré d’émotions. Le combat d’une mère pour son fils autiste.

Un bonheur que je ne souhaite à personne de Samuel Le Bihan

Un livre bouleversant et qui ne se résume pas à l’autisme. Il y a une femme, sa force, les coups durs, les écueils, les bonheurs, les petites joies et les déceptions, l’administration, la condescendance… Et le grand frère aussi qu’il ne faut pas oublier, pas plus qu’elle même.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Être heureux, ça s'apprend ? » Laura, jeune mère de deux garçons dont un autiste, se pose cette question le jour où elle comprend qu'elle est en train de passer à côté de sa vie. Forte de son amour inépuisable et de sa détermination face au handicap de son fils, elle a très vite choisi de ne pas subir mais d'agir.

Seule contre tous, elle va loin, jusqu'à basculer dans l'illégalité pour obtenir de menues victoires. Mais ne s'oublie-t-elle pas trop dans cet éprouvant combat qu'elle mène au quotidien ? Où retrouver ce bonheur qui paraît s'être envolé ? Alors que le fragile édifice qu'elle a construit menace de s'effondrer, une rencontre inattendue s'offre comme une chance de sauver les siens. Saura-t-elle la saisir ?

Un bonheur que je ne souhaite à personne, véritable hymne au sexe dit « faible », fait apparaître avec une grande sensibilité combien l'adversité et une maternité à part peuvent transcender une femme

La petite conformiste

C’est plein d’humour, de lutte des classes, de confusion des religions, de famille un peu berzingue et d’enfance.

La petite conformiste de Ingrid Seyman

C’est chou

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Esther est une enfant de droite née par hasard dans une famille de gauche, à Marseille, au mitan des années 70. Chez elle, tout le monde vit nu. Et tout le monde - sauf elle - est excentrique.

Sa mère est une secrétaire anticapitaliste qui ne jure que par Mai 68. Son père, Juif pied-noir, conjure son angoisse d'un prochain holocauste en rédigeant des listes de tâches à accomplir. Dans la famille d'Esther, il y a également un frère hyperactif et des grands-parents qui soignent leur nostalgie de l'Algérie en jouant à la roulette avec les pois chiches du couscous. Mais aussi une violence diffuse, instaurée par le père, dont les inquiétantes manies empoisonnent la vie de famille.

L'existence de la petite fille va basculer lorsque ses géniteurs, pétris de contradictions, décident de la scolariser chez l'ennemi : une école catholique, située dans le quartier le plus bourgeois de la ville.

La petite conformiste est un roman haletant, où la langue fait office de mitraillette. Il interroge notre rapport à la normalité et règle définitivement son sort aux amours qui font mal. C'est à la fois drôle et grave. Absurde et bouleversant.

« J'avais mon rond de serviette chez les Robert, les Lafond et les Barthélemy de Saizieu. Chez eux, je menais la vie de château, une existence sans représailles, faite de gâteaux au yaourt confectionnés par des mères au foyer et par ailleurs profs bénévoles de catéchèse, de dîners en famille sans les couilles de mon père avec des miettes de pain dessus (on ne mangeait jamais nu chez les Robert), de parents qui s'aimaient sans briser d'assiettes sur les murs et jamais en levrette sur le clic-clac du salon. »

Le sel de tes yeux

Pas du tout croché sur cette histoire. Pourtant, le thème est fort. Une sorte de monologue imaginaire d’une écrivaine fascinée par une jeune fille qu’elle a aperçu courir. Comme des lettre à l’attention d’une jeune fille qui commence à assumer son homosexualité dans une famille qui ne veut pas en entendre parler.

Le sel de tes yeux de Fanny Chiarello

Mais voilà, impossible de me laisser aller avec cette histoire en « tu » que j’ai trouvé bien plate… zut.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Sarah aime les filles. Dans cette petite ville du bassin minier du nord de la France, l'homosexualité n'est pas bien vue. Lorsque sa mère découvre, planqué sous le matelas de l'adolescente, un roman ayant pour sujet une relation amoureuse entre deux filles, elle entre dans une rage folle.

Mais que se passera-t-il lorsque Sarah, au cours d'une soirée, se retrouvera face à l'autrice du roman ?

Le Sel de tes yeux est l'histoire de cette rencontre en partie imaginaire entre une écrivaine et son personnage.

En partie seulement. Car Sarah existe vraiment. Fanny Chiarello l'a croisée un jour, alors que la lycéenne passait en courant.

Elle l'a photographiée, sans pouvoir lui parler. Alors elle a écrit ce livre dans lequel elle s'adresse à la jeune fille en lui prêtant une famille, des amis, une amoureuse. Une « lettre à une inconnue », brûlante comme le sel des larmes que l'on n'a pas versées

Chaque jour appartient au voleur

Après quinze ans d’absence, le narrateur revient au pays, à Lagos au Nigeria et se retrouve confronté à la corruption et la violence généralisée.

Chaque jour appartient au voleur de Teju Cole

Un récit empreint de tristesse et de colère devant un pays dépouillé de ses richesses et se débattant dans la misère où les pauvres rackettent les pauvres pendant que le pétrole s’exporte.

Un livre témoignage auquel je n’ai malheureusement pas accroché.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
New-Yorkais depuis quinze ans, le narrateur rentre pour trois semaines dans sa ville natale, Lagos. En vingt-sept chapitres, il rend compte de ce séjour au cours duquel il retrouve sa famille, ses amis, son premier amour, renoue avec son passé et l'univers étourdissant de la mégapole nigériane aux quinze millions d'habitants.

Des périples suicidaires en danfos, ces minibus jaunes décrépis et bondés qui fusent dans les rues, à la meilleure manière de doser un pot-de-vin ou de flouer les gamins de la zone, Chaque jour appartient au voleur est tout à la fois récit de voyage, reportage intime et ode à « cette cité aux mille Shéhérazade ». Une écriture précise et mélancolique, magnifiée par des photographies de Teju Cole

Un été avec Geronimo

Un livre de souvenirs d’enfance, la découverte du monde sous la tutelle bienveillante du grand-père apache, Geronimo. Ça sent l’herbe, les sous-bois, les vieux tissus rêches, les culottes courtes, le miel, les chiens mouillés, la liberté et l’amour.

J'avais droit aussi à quelques cours pratiques. Un matin de fin septembre, lors d'une pause-pipi nous regardions, assez loin, une silhouette qui fanait les éteules. « Elle est moche, la vieille », j'ai dit. Et j'ai reçu une gifle. La seule qu'il m'ait donnée. Nous étions tous les deux stupéfaits. Il m'en a collé une de bon cœur et m'a dit : « C'est une femme. » Je n'ai pas pleuré. Nous sommes restés muets l'un en face de l'autre, nous avons repris notre marche en silence puis il m'a fait asseoir et m'a demandé pardon. Il a parlé de misère, de temps difficiles, de cette femme qui ramassait les restes de la moisson. Il a parlé de respect et de compassion avec des mots si simples que nous nous sommes pardonné tous les deux.
Un été avec Geronimo de Raoul Pastor

C’est très chou, tendre et sentimental, malgré un style et une construction un peu décousus qui m’ont parfois lassé.

Un livre à déguster comme un album de photos qu’on aurait oublié trop longtemps au grenier.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Pendant cette année qui a duré tant d'étés, il a rangé ses incertitudes d'adulte pour me guider en me laissant la liberté de tomber. [...] Cette année-là, le temps ne s'arrêta certes pas, mais elle lui permit de le croire puisque Geronimo ne s'occupa plus que de s'approcher de mon enfance pour mieux la regarder et la comprendre, oubliant ainsi, pour un instant, de vieillir. »

Un été avec Geronimo n'est ni un livre de souvenirs ni une biographie. Elle serait bien trop courte. C'est un recueil d'impressions, de sensations, de couleurs, de parfums qui ont façonné et conduit la vie d'un enfant et qui, cinquante ans après, sont restitués par un adulte avec l'impérative subjectivité qu'impose le temps. C'est la photographie d'un moment

Pardon

Comme elle le dit dans la bouche de son père, la colère est un poison que tu prépares pour un autre mais que tu bois-toi même. Et ce livre ressemble à ça. Une tentative d’accorder un pardon à son père afin de cesser de s’empoisonner par sa colère.

Et c’est révoltant, parce qu’à la lecture de ce livre, il semble évident que ce salopard ne mérite aucun pardon. Il est mort et que sa dépouille pourrisse rongée par les vers.

Pardon de Eve Ensler

Mais notre fonctionnement semble ainsi fait que les rancunes nuisent plus aux victimes qu’aux coupables… C’est nul !

Et cela fait de ce livre insoutenable, un témoignage bouleversant.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comme des millions de femmes, Eve Ensler a attendu sa vie entière des excuses qui ne sont jamais venues. Son bourreau, qui fut aussi son père, est mort sans exprimer aucun regret. C'est ainsi qu'Eve a décidé d'écrire elle-même cette demande de pardon tant espérée.

Derrière les mots fantasmés de son père, c'est peu à peu la vie d'Eve, ses luttes et ses passions qui transparaissent. Se dessine le portrait d'une femme incroyablement courageuse qui est parvenue à trouver une voie alternative à la honte et à la colère.

Pardon est un texte salvateur qui a suscité à sa parution aux États-Unis la même onde de choc que Les Monologues du vagin