Ce qu’il reste de tout ça

C’est très doux, calme, assez suisse en fait. Un peu comme ces reportages Passe-moi les jumelles.

L’histoire d’un couple, une famille, le temps qui passe et la transmission, l’héritage que l’on laisse à ses enfants. Bien plus qu’une somme d’argent, une histoire, une vie.

L'idée était toujours dans sa tête, mais c'est qu'on ne veut pas y penser. C'est plus facile de garder ça bien caché, alors à la longue ça fait comme si on oublie. Il y a une place particulière pour ce genre de folie dans un cerveau, dans un cœur, mais pas forcément dans la vie. La vie est prenante, alors on donne. Mais c'est qu'une idée s'abîme si on n'en fait rien. Elle s'étend de la tête jusqu'à la poitrine, et puis partout. Comme un œuf qui se répand lorsque sa coquille est brisée.
Ce qu’il reste de tout ça de Fanny Desarzens
Rien de fou-fou, juste la vie.

Avec beaucoup de tendresse, Fanny Desarzens raconte, et c’est beau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ce n'est ni la montagne ni la mer. Ça se passe entre les deux, c'est un plateau dans ce niveau du monde. Et ce qui surprend d'abord c'est la couleur. La même teinte qui se décline dans tout ce grand espace. Partout, c'est vert. Ce sont tous ces champs qui quadrillent la terre. Arrangés comme ça ils sont comme des carreaux d'une grande nappe, les uns à côté des autres.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
«Ça fait comme dans une file de gens, on est chargé par exemple d’un paquet et on le donne au suivant parce que c’est trop lourd. Ou au contraire c’est quelque chose de léger qu’on confie au creux de la main à celui qui suit, on referme les doigts sur la paume pour dire : prends en soin. »

Ce qu’il reste de tout ça met en lumière des gens apparemment sans histoire. Mais c’est justement cette banalité qui décuple la portée de leurs actes. Comme ces menues privations pour mettre à l’abri ceux qui leur succéderont.

Un roman qui dit l’attention de toute une vie pour transmettre un bout de soi et léguer des possibles.

Après Galel et Chesa Seraina, qui lui ont valu plusieurs prix littéraires et un accueil élogieux, Fanny Desarzens confirme avec ce troisième roman son statut d’une des autrices les plus talentueuses de sa génération.

Le nombre de fois où je suis morte

Combien de fois meurt-on dans une vie ? De faim, de honte, d’ennui, de désir, d’impatience, de jalousie, de culpabilité, de chaud, d’angoisse, de chagrin, de froid, de peur ou de rire ?
Marie-Christine Horn ne mourra en tout cas pas sans y avoir réfléchi, avec un sourire mi-tendre et mi-moqueur et avec beaucoup de talent !

Ainsi donc, je me souviens de ma première mort. La mort de l'enfance qui s'enterre sans pelle mais avec des fleurs, une plus précisément. La fameuse petite fleur qu'on offre à celui qu'on choisit, à seize ans, pour la vie et qu'on quitte quelques mois plus tard pour un autre, plus grand, plus beau, plus brun, plus « quelque chose » qu'on estimera suffisamment primordial pour rompre le serment qu'on avait scellé plus tôt.
Le nombre de fois où je suis morte de Marie-Christine Horn

Ces nouvelles, parfois graves mais souvent très drôles, portent un regard coquin et acidulé sur des instants de vie de femmes, joyeux ou tristes, drôles ou cruels…
Moi qui me lève chaque matin pour gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture dont j'ai besoin pour aller gagner ce salaire qui me sert à payer les traites de cette voiture.… des grandes et petites morts qui rapprochent de la dernière

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il est des peines, comme des joies, qui vous surprennent un beau jour comme un vilain, sans qu'on les ait vraiment choisies, provoquées ou même attendues. Il est des joies, comme des peines, qui vous émeuvent plus ou moins, et dont les larmes ont autant un goût de rire que de chagrin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Morte de faim, morte de peur, morte d’ennui…Femmes tantôt fragiles, en colère ou désespérées, les protagonistes dansent sur le fil, frôlent les précipices en quête de réponses, d’ailleurs ou de sens.
Treize nouvelles, autant de petites morts. Avec lucidité et humour noir, l’auteure signe un texte puissant dont le fil rouge est l’exploration de la psyché féminine dans toute sa complexité.

Le fils du yéti

Si ce fils du Yeti est bien moins pathétique que Jean-Claude Tergal, il en devient bien plus touchant, tout en conservant le même humour auto-dépité.

Tout en me mordant la lèvre inférieure, je fus visité par l'idée que les mères, en tout cas celles de cette époque, ne voulaient pas vraiment notre bonheur. Mais avant tout nous « caser ». Avec n'importe qui, la première venue, ouf, ça, c'est fait, et par pitié offrez-nous l'image d'un couple épanoui, peu importe la vérité, vite, glissez la poussière sous le tapis, si nécessaire. Le bonheur, c'est un plus, un hasard. Pour elle, comme le veut la formule, le bonheur n'est que « du malheur qui se repose ». Ce qu'elle cherchait pour moi était un bien plus précieux aux yeux de quelqu'un qui a connu la tourmente la sécurité.
Le fils du yéti de Didier Tronchet

Une histoire qui pêche peut-être par un trop grand nombre d’entrées (la voisine, le père, la grand mère, Laurence et Anthony…), pour autant, c’est un portrait avec beaucoup de tendresse maladroite que Didier Tronchet nous dresse ici.

Un livre doux comme le parfum des mandarines avant Noël

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Samedi 25
Vers quatre ou cinq heures du matin, un vacarme effroyable. J'enfile un pantalon à la hâte et file vers la porte. La verrière de la cage d'escalier tombe par pans entiers qui se brisent au contact du sol. Des flammes viennent lécher le plafond, juste au-dessus de moi, au dernier étage. Elles pro- viennent de chez mes voisins du dessus. Je me souviens à cet instant qu'ils sont absents.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« C'est ainsi qu'a commencé cette semaine extravagante. Extravagante à l'échelle d'une vie où il ne s'était finalement rien passé de fracassant. Un peu comme si quelqu'un là-haut s'était souvenu de mon existence, et décidait de me faire payer les arriérés... De me livrer mon lot d'événements, d'un bloc. Et sur huit jours. »
Un incendie nocturne, la mort d'un ami (mais lequel?), l'étrange photo de son père et cet album de Tintin dans lequel il croit se reconnaître... Voilà une semaine agitée pour notre héros, qui tient de sa mère une indécision maladive, et de son père une tendance déraisonnable à la nostalgie...
Avec l'humour et la distance qu'on lui connaît, Didier Tronchet nous livre une réflexion émouvante sur la filiation et la paternité.

La maison du canal

Roman noir météorologique s’il en est, cette maison du canal est froide, humide et moisie, prise dans le gel gris, noir et pluvieux de l’hiver dans les Flandres. Juste à côté d’un canal où passent les péniches.

Il ne devait plus geler de l'hiver. Le lendemain déjà, tout le blanc était en débâcle, la campagne n'était que boue froide et de grosses gouttes d'eau tombaient une à une des arbres.
La famille partit au complet, depuis la tante jusqu'à la dernière des petites, et on ferma la porte de la maison. Dans la voiture, on dut se serrer. On traversa le canal, puis le village, en passant devant le terrain de patinage où stagnaient encore des glaçons gris.
Quand on arriva chez l'oncle Louis, à Maeseyck, la grande maison bien entretenue était pleine de monde et l'air sentait le cigare et le genièvre. On parlait flamand. On s'embrassait. Edmée, comme les autres, fit le tour de l'assistance, oncles, tantes et voisins.
La maison du canal de Georges Simenon

Et là, dans une famille en deuil, entre les deux frères, arrive Edmée, orpheline et capricieuse. Et ce qui devra mal se passer, se passera mal.

Un roman noir pour un hiver glacial au relents de genièvre et de mauvais cigare

Le 8e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans le flot de voyageurs qui coulait par saccades vers la sortie, elle était la seule à ne pas se presser. Son sac de voyage à la main, la tête dressée sous le voile de deuil, elle attendit son tour de tendre son billet à l'employé, puis elle fit quelques pas.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est au cœur de la campagne belge, dans la ferme de ses cousins Van Elst, que choisit d'aller vivre Edmée, restée seule à seize ans après la mort de son père. Géré tant bien que mal par Fred, l'aîné des Van Elst, et son cadet Jef, ce domaine grevé d'hypothèques semble destiné à péricliter irrémédiablement.
Orgueilleuse et dominatrice, la jeune fille ne va pas tarder à susciter la passion de Fred, pour lequel elle éprouve une attirance mêlée de dégoût. Plus sensible sous des dehors bourrus, Jef paraît lui aussi fasciné.
Comment sauraient-ils que sont déjà en place tous les mécanismes qui vont les amener vers l'échec et la tragédie ? Le lecteur le découvrira en même temps qu'eux, au fil de ces pages envoûtantes et inquiétantes, plongées dans l'interminable et pluvieux hiver belge.

Les sœurs Lacroix

Un sombre huis clos se déroule depuis de nombreuses années dans la maison des sœurs Lacroix. Une histoire de secret de famille bien glaucasse où tout le monde paye le prix. Fort !

 - Je ne sais pas ce qui arrivera à ce moment, ni ce que vous direz de moi... D'autres en parleront...
Il souriait, désabusé. Et Sophie, dans sa chambre, frappait de grands coups contre la cloison.
 - Bon! Compris... cria-t-il. D'ailleurs, j'ai fini...
Le sang aux joues, il avait plusieurs fois passé la main dans ses cheveux en désordre.
 - Bonsoir, Mathilde... Dors !.... Ou plutôt essaie de dormir...
» Je ne suis pas dupe de ton silence, va! Je ne comprends même plus, maintenant, comment j'ai pu envisager de vous entraîner tous avec moi... »
Elle se retourna bruyamment et il se tut, resta encore un moment assis sur son lit, puis s'enfonça peu à peu dans les draps.
Il avait oublié d'éteindre la lumière. C'est Mathilde qui le fit, après avoir attendu un certain temps pour s'assurer que c'était bien fini.
Les sœurs Lacroix de Georges Simenon

Tout est clair dès le début, il suffit de regarder tranquillement la haine, l’incompréhension et la jalousie faire leurs chemins.

Un tout grand roman noir gluant

Le 29e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- ... pleine de grâce, le Seigneur est avec vous...
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous...
Les mots n'avaient plus de sens, n'étaient plus des mots. Est-ce que Geneviève remuait les lèvres ? Est-ce que sa voix allait rejoindre le sourd murmure qui s'élevait des coins les plus obscurs de l'église ?
Des syllabes semblaient revenir plus souvent que les autres, lourdes de signification cachée.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les haines familiales s'exacerbent dans la maison des sœurs Lacroix où vivent Poldine et Mathilde avec leurs enfants : Sophie, la fille adultérine de Poldine et du mari de Mathilde, Geneviève et Jacques, les enfants de Mathilde...
L'atmosphère est lourde, malsaine et le drame couve.

Le testament Donadieu

Si une histoire se termine bien, c’est qu’elle n’est pas finie. Et avec ce testament Donadieu, Simenon ne nous berce pas vraiment d’illusions. L’histoire de Philippe, trop avide, ambitieux, arriviste prêt à tout pour réussir.

Pour un peu il aurait pleuré ! C'était sur lui-même qu'il s'apitoyait, sur lui qu'une femme stupidement jalouse empêchait de faire ce qu'il avait à faire. 
 - J'ai mis six ans, six ans d'efforts farouches, parfois douloureux, à atteindre le premier palier que je voulais atteindre, et maintenant qu'il y a une nouvelle étape à franchir, Madame est jalouse ! J'ai couché avec une pauvre bourgeoise aux chairs fades, mais Madame est jalouse quand même ! Imbécile !...
Il parlait tout seul, à présent. Il n'y avait plus besoin de l'exciter. Il gémissait sur son sort, sur l'incompréhension de sa femme et tout le temps on sentait qu'il mentait, ou plutôt qu'il décalait la vérité. C'était vrai qu'il sacrifiait tout à son ambition, comme il le disait, mais, ce qu'il n'ajoutait pas, ce que Martine sentait, c'est qu'elle ferait partie au besoin des choses sacrifiées, que peut-être, que sans doute elle en faisait déjà partie!
Le testament Donadieu de Georges Simenon

Et il réussira ! Et qu’importe les reniements, les mensonges, tromperies et manipulations. Il épousera une fille Donadieu et ce sera la première pierre de son grand oeuvre.

Un roman sombre où les femmes sont des pions que l’on utilise, les amis des ressources à traire, la famille des encombrants à disperser et les promesses de douces paroles laudatives à utiliser sans compter

Le 37e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Une ouvreuse traversa le hall, ouvrit à deux battants les portes vitrées, tendit la main pour s'assurer qu'il ne pleuvait plus et rentra en serrant son tricot noir, à boutons, sur sa poitrine. Comme à un signal, la marchande de berlingots, de cacahuètes et de nougats quitta, de son côté, l'abri d'un seuil et s'approcha de son éventaire dressé au bord du trottoir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Philippe Dargens, fils d'un élégant aventurier, directeur de cinéma, a réussi à s'introduire dans une famille d'armateurs de La Rochelle, les Donadieu.
Pour faire fortune, il ne recule devant rien : il fait la conquête de sa belle-mère qu'un testament éloignait des affaires, il écarte ses beaux-frères...
Il trahit peu à peu tous les idéaux de sa jeunesse et utilise son entourage pour satisfaire ses ambitions.

La boule noire

Le roman d’un effondrement, d’une prise de conscience.

En lui refusant son adhésion au Country Club local, le gérant d’un commerce de la ville se fait remettre à sa place au sein de sa communauté. Il n’est pas des leurs !

La communauté l'avait repoussé. Ce n'était pas tout à fait exact, soit. Le Country Club n'était pas la communauté entière. Il ne se comprenait pas moins. 
Le moment était arrivé, en somme, où, après l'avoir laissé aller de l'avant et l'avoir même encouragé, on lui disait fermement de ne pas aller plus loin.
— Je les tuerai tous !
C'était stupide. Il ne le pensait pas. Il n'avait aucune intention de tuer. Ce bout de phrase-là était pourtant le premier qui lui était venu à l'esprit, avec autant de netteté que s'il l'avait prononcé à voix haute, lorsque, la veille au soir, il s'était étendu dans son lit.
— Je les tuerai.
Et, en pensant ainsi, il se raidissait. Ses poings, ses mâchoires étaient serrés tandis que Nora, près de lui, s'efforçait de s'endormir.
La boule noire de Georges Simenon
Mais qui est-il ? C’est alors qu’il apprend le décès de sa mère, cleptomane et alcoolique.

Un roman bien sombre sur l’hypocrisie sociale… Une triste colère désabusée

Le 83e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Le petit moteur de la tondeuse à gazon communiquait sa trépidation au bras de Higgins et, par son bras, à son corps entier, de sorte qu'il n'avait plus l'impression de vivre au rythme de son propre cœur mais à celui de la machine. Rien que dans la rue, il y en avait trois, plus ou moins pareilles, qui fonctionnaient en même temps, avec le même bruit rageur, parfois des ratés, et, quand l'une d'entre elles s'arrêtait, on en entendait d'autres plus loin dans le quartier.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
L'existence de Walter Higgins ne se distingue en rien de celle de ses voisins. Il vit dans une maison typique de l'élégant quartier de Maple Street. Une satisfaction manque cependant au bonheur de Higgins : son admission au Country Club dont les membres, notables de la cité, semblent s'ingénier à lui interdire l'entrée. Cette année encore, une boule noire a sanctionné le vote.

La veuve Couderc

Il ne se passe pas grand chose, un homme qui descend du bus, ancien prisonnier, criminel, et qui s’installe chez la veuve Couderc… Dans ses paysanneries ou rien ne se passe…

« Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
Il sursauta, comme si quelqu'un, alors qu'il se croyait seul, lui avait posé brusquement la main sur l'épaule. Les mots s'étaient formés dans sa tête, les syllabes s'étaient écrites dans l'espace et il achevait machinalement:
 - Article 12 du Code pénal!
Il avait eu le tort de dormir l'après-midi. Puis, quand il était redescendu, Tati l'avait regardé avec trop d'insistance, comme s'il y avait quelque chose de changé en lui. Ce regard le poursuivait, dans l'obscurité de la mansarde, sous le lanterneau bleu de lune.
La veuve Couderc de Georges Simenon

Sans compter la maréchaussée, la famille, le vieux, les rancœurs, la terre, la maison, l’héritage, les ptits sous bien cachés et Félicie

La tension monte au bord de l’écluse dans une sorte de torpeur malsaine pleine d’envies et de jalousies. D’impossible sérénité.

Un roman dur qui n’épargne personne

Le 46e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il marchait. Il était seul sur trois kilomètres au moins de route coupée obliquement, tous les dix mètres, par l'ombre d'un tronc d'arbre et, à grandes enjambées, sans pourtant se presser, il allait d'une ombre à l'autre. Comme il était près de midi et que le soleil approchait du zénith, une ombre courte, ridiculement ramassée, la sienne, glissait devant lui.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Lorsque Jean sort de prison, il est hébergé par une veuve de quarante-cinq ans dont il devient l'amant. Ancienne servante, elle avait épousé le fils de ses patrons. Elle doit maintenant se défendre contre l'avidité de ses belles-sœurs et de sa nièce. La veuve Couderc s'attache à Jean avec une jalousie morbide, mais lui ne rêve que d'un bonheur paisible.
Cette histoire simple a la grandeur d'une tragédie dont les héros sont appelés secrètement à être les artisans de leur propre malheur.

Il pleut bergère

Simenon a regardé tomber la pluie bergère par la fenêtre un peu comme Hergé avait recherché les bijoux de la Castafiore. Une histoire construite autour de pas grand chose, un suspense vide, un soufflé tenant juste le temps du service. Un exercice de style en creux.

J'ai été gratifié, ce matin-là, d'un réveil aérien, un de ces réveils qui vous imprègnent de joie pour toute la journée. Encore fort avant dans le sommeil, à peine conscient du tambourinage d'une pluie fine sur les toits de zinc, un frôlement plutôt, comme la vie d'un nid de souris qu'on perçoit dans l'épaisseur d'un mur, je retrouvais confusément la promesse d'un jour exceptionnel. Mais cette promesse, je ne mettais aucune hâte à la préciser. Je me couvrais frileusement, au contraire, de toutes les bribes de sommeil que je pouvais ramener à moi.
Il pleut bergère de Georges Simenon

Oui, ça fonctionne presque et c’en devient même fascinant, hypnotique. On regarde avec Jérôme cette pluie noire avec attention, on la sent même sur la peau, pesante, froide, oppressante. Autant que la repoussante tante Valérie.

Mais quand même un peu vide, non ?

Le 42e roman dur de Simenon

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
J'étais assis par terre, près de la fenêtre en demi-lune, au milieu de mes petits meubles et de mes animaux. Mon dos touchait presque l'énorme tuyau de poêle qui, venant du magasin et traversant le plancher, allait se perdre dans le plafond après avoir chauffé la pièce. C'était amusant car, quand le feu, en bas, ne ronflait pas, le tuyau conduisait le son et j'entendais distinctement tout ce qui se disait.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Quand il avait sept ans, Jérôme passait toutes ses journées à la fenêtre, regardant le spectacle de la rue. Dans la maison en face de la sienne il y avait un petit garçon, Albert, qui, lui aussi, était toujours à sa fenêtre. Une grande sympathie naquit entre les deux enfants et Jérôme peu à peu découvrit le secret de son petit voisin. Le père de celui-ci était un assassin recherché par la police et dont la tête était mise à prix. Et, de sa fenêtre, Jérôme put voir la police resserrer lentement son étreinte et finalement arrêter le père du petit garçon qui, comme lui-même, regardait toujours à sa fenêtre.

Le mal joli

L’histoire d’une passion. Mais la grosse passion, celle qui emporte tout. Celle où la douleur côtoie l’extase. La passion adultère, celle qui ne peut vivre ni mourir.

Quand je dis ça, je ne suis pas en train de soutenir qu'il faille prendre pitié des femmes et des hommes adultères. Ça ne viendrait à l'idée de personne, pas même aux gens qui l'ont vécu. Mais je dis qu'il existe dans cette existence humaine des drames qui se promènent déguisés en miracles, et il est étrange que ce drame que nous sommes tant à partager ne soit compris par pratiquement personne, que nous nous trouvions toujours seuls face à l'abîme de nos pensées, seuls comme face à un deuil, à la maladie, et que personne n'ait jamais pensé à réunir les gens atteints de cette affliction sous un même toit, deux fois par semaine, pour vider leurs poches pleines de considérations terribles, où se dissolvent les enfants, les responsabilités, le sens commun.
Le mal joli de Emma Becker

Un livre que j’ai lu en me demandant comment il allait se terminer – on le sait bien, les histoires d’amour finissent mal. Faudra-t-il un second tome me demandais-je en voyant la fin approcher ?

Un jour, je ne saurai plus mentir. Tout le reste de mon existence s'adaptera à mon amour pour Antonin et je n'aurai qu'à hausser les épaules. Parce que c'est ça, la vie : c'est la matière devenue folle.

Une autofiction forcément impudique dans laquelle Emma Becker nous vend ses talents d’amante tout en peignant un tableau au réalisme cru. Celui d’un amour interdit, torture divine auto-infligée.

Et que celles et ceux qui n’ont jamais vécu telle passion gardent leur pierre pour s’en frapper au soir de leur mort

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il me semble a posteriori que tout allait bien lorsque j'ai rencontré Antonin pour la première fois. C'est déjà faire preuve de relativisme m'aurait-on posé la question ce soir-là, cafardeuse et assommée d'herbe comme je l'étais, j'aurais eu un sourire triste et répondu qu'on m'avait déjà enculée plus aimablement.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Pendant combien de temps peut-on supporter deux amours inconditionnelles ? Pendant combien de temps une femme peut-elle vivre écartelée entre une passion amoureuse et un amour absolu pour ses enfants ?

Dans ce nouveau roman, Emma Becker regarde en face et dévoile sans complaisance les moments les plus dangereux, les plus intenses et les plus beaux d'une vie.

Elle ausculte ici le mal joli, cette traversée des plaisirs incandescents et des peines inavouables qui scandent un amour interdit. Et elle nous conte cette histoire d'amour, ou plutôt nous la fait vivre en temps réel, durant un printemps, un été et un automne.

Trois saisons privée des siens auprès de l'homme qu'elle aime, privée de lui auprès des siens.
Trois saisons dans la vie d'une femme.
Trois saisons d'extase et de déchirement.

Emma Becker va encore plus loin dans l'écriture de l'intime et jamais elle ne nous avait tendu un miroir aussi universel.