Faites vos jeux

Bien malgré lui, Victor va réunir ses enfants pour un huis-clos insulaire au milieu de la tempête.

En sortant sur le devant de la maison, la cafetière à la main, il la chercha des yeux et la découvrit en arrêt sur le côté de la façade, observant quelque chose au loin. Il se serait laissé découper en morceaux plutôt que de l'avouer, songea-t-il sans la quitter des yeux, mais il était amoureux, et pire que tout, ce n'était pas d'un amour d'adulte qu'il la chérissait, mais d'un amour d'adolescent, totalement fou, totalement inexplicable, impossible à gérer. On se croyait immunisé, tiré d'affaire, se méfiant des femmes, mais c'était une vraie rigolade.
Faites vos jeux de Philippe Djian

En donnant la parole à tour de rôle aux protagonistes et en multipliant les points de vues se décryptent les crispations, les colères, les non-dits. Et comme dans la tempête, les brèves accalmies ne laissent rien présager de trop doux pour cette famille disloquée.

La famille, c’est quoi ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Il arrivait parfois qu'il ne fasse rien de ses journées.
Absolument rien.
Il se réveillait aux aurores, se levait, s'habillait, se passait un peu d'eau sur le visage, puis revenait s'asseoir sur le bord de son lit, se rallongeait jusqu'au soir et attendait de se rendormir.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Avec les années, Victor est devenu jaloux de son indépendance et de la tranquillité que lui offre sa petite vie insulaire. Il est prêt à tout pour empêcher ses enfants de troubler son existence, surtout au moment où il retrouve un élan de jeunesse auprès de Magalie. Mais sa fille Édith et son fils Jonas, alertés par des mouvements bizarres sur les comptes de leur père, décident de mettre le cap sur son île.
Alors qu'une formidable tempête se déclenche, isolant du monde l'île et ses habitants, Victor, Édith et Jonas sont contraints de se parler, quitte à se confronter, pour trouver une façon de faire famille.

Avec ce roman choral, Philippe Djian propose un huis clos doux-amer sur fond de nature déchaînée.

Ubasute

Dans un style très poétique, Ubastute raconte un adieu à la vie.

Un jour, la maison est devenue pleine de toutes les absences. Vide d'enfants, vide d'époux, depuis de trop longues années, vide d'amants de passage dont je m'étais lassée. Vide.
Des traînées de rires et de larmes me font cortège dès le matin et j'ai quelquefois le sentiment que le plus grand risque est de me perdre.
Se perdre dans les placards des souvenirs, se perdre dans le silence immobile des journées pluvieuses, se perdre dans l'air figé des lendemains à inventer.
Ubasute de Isabel Gutierrez

Un livre qui se lit autant pour sa poésie, son rythme et sa douceur que pour son histoire. Une mère en fin de vie, malade, demande à son fils de la prendre sur son dos et de la porter à la montagne pour s’y éteindre.

Un moment pour évoquer sa vie en silence avec son fils.

Un livre plein d’émotions… un peu too much, peut-être

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un jour de très grand vent, un vent de fin d'automne sur la surface de ce monde.
Marie n'en finit pas de rincer son riz blanc.
Depuis ce matin, les branches du cerisier ont commencé à s'entrechoquer dans un bruit de cannes sèches.
C'est son temps.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Marie va mourir. Elle demande à son fils de la porter dans la montagne pour la déposer sous le Grand Rocher. Ce court périple est la dernière chance pour Marie de parler à son fils.

Ce roman autour de l'ubasute, cette tradition ancestrale du Japon qui voulait que l'on abandonne en montagne une personne âgée et malade, brosse le portrait d'une femme lumineuse. C'est un véritable hymne à la vie, à sa beauté et à sa cruauté.

L’instant infime d’une respiration

S’il n’avait été si court, voilà un livre que j’aurais laissé tomber. Et pourtant ! Intrigué par la quatrième de couv’, j’ai persisté un petit peu et je me suis laissé prendre par ce père de famille, postier, avec quelques TOC et qui aime courir…

L'esprit comprend. Il comprend la vacuité de l'acte, du mouvement perpétuellement reconduit sans but autre que les kilomètres, de la mécanique trop bien huilée qui indéfiniment se meut sans raison que l'effort superflu et la performance vaine. L'usure des semelles à l'égal de l'usure de la vie, à peine de la poussière soulevée et déjà retombée, à peine d'infimes particules déplacées. Un chemin harassant, inutilement parcouru, une souffrance stérile, une énergie gaspillée. Et des résultats décevants, toujours décevants. Un travail d'arriérés qui nie l'être et ne valorise que la performance. Une famille-couperet, des ailes rognées, des jambes sciées, un cerveau lesté au sol, à ras de terre, qui désespère d'un envol ou d'un écrasement, et s'embourbe dans le quotidien.
Pourquoi courir ? Il aurait fallu fuir à temps. Mais pour aller où ?
L’instant infime d’une respiration de Catherine Bex

Jusqu’à sa rencontre avec Dieu.

L’histoire d’un délire mystique qui voit un homme sombrer en lui même.

Chronique d’une horreur

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Ils serrent. Surtout ils serrent. Sans secouer. Mais ils serrent.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Martin vit comme il court, court comme il vit. Avec une exigence extrême. Perfectionniste, introverti, il passe aux yeux de tous pour un homme travailleur et sportif, bon père et bon mari. Pourtant, Martin est faille, bloc fragile sur le ballant. Rattrapé insidieusement par la maladie, aspiré par l'idéal et obnubilé peu à peu par son sentiment d'impuissance face à Dieu, il perdra pied inexorablement. Jusqu'au drame.

S'inspirant de faits réels, L'instant infime d'une respiration tente de dépeindre la plongée d'un homme a priori banal dans la folie, une folie menant à la négation complète d'autrui.

Le dernier mot

Un livre en deux parties. Une femme qui sombre et se noie. Délires et paranoïa. La séparation avec sa fille, une mort suspecte, le suicide de son mari… Tout se bouscule, comme les mots. Parfois elle, des fois je… plus rien n’est clair. Un journal halluciné.

Ils ne savent pas. Personne ne sait. Et ne saura jamais. Moi non plus, peut-être. Tant de confusion, de clameurs dans ma tête. Comment comprendre. Débrouiller l'écheveau. Dénouer
les nœuds.
Je perds pied. Je sais.
Désarticulée, à présent. Fragmentée.
Le dernier mot de Gisèle Fournier

Puis vient la version de la fille qui trouve ce journal et qui commence avec des mots très durs sur sa mère.

Nous avons, lui et moi, décidé de t'accompagner chez un médecin. Mais tu as refusé : c'était les autres qui étaient malades, pas toi. Nous avons laissé faire, impuissants. Sachant bien qu'un jour où l'autre, inévitablement, tout cela te rattraperait. On ignorait simplement quand et comment.

Une brillante construction en miroir, la narration d’une descente qui ne cesse de chuter

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Elle regarde au loin. Très loin. Par-delà les montagnes. Elle ne voit rien. Peut-être n'a-t-elle plus de destin.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Une confusion extrême agite la narratrice : elle a d'abord soupçonné son mari d'avoir voulu l'assassiner. Maintenant qu'il a basculé par la fenêtre, elle ne sait plus quoi penser. Pourtant la peur et l'angoisse demeurent : des sentiments impossibles à partager, confiés à des cahiers où elle s'exprime tantôt à la première personne, tantôt spectatrice d'elle-même, dans un dédoublement vertigineux. Retrouver la paix lui sera-t-il possible ?

Avec une grande précision clinique et le souci du détail qui caractérise son style, Gisèle Fournier décrit le parcours d'une femme qui s'enfonce dans une dépression.

Voir Montauk

Une histoire de proche aidant. Une fille et sa mère dans la souffrance, la dépression et l’envie d’en finir.

Après, assise au coin de ton lit, ta paume chaude enlacée dans la mienne, je t'ai chuchoté dans le noir que c'est sûr, tu iras mieux, que nous voyagerons, que nous partirons où tu veux, ce qui te fera plaisir - voir l'océan tu me dis - tu veux voir l'océan, voir Montauk. 
Je ne connais pas Montauk, mais ce jour-là une promesse est scellée. Oui, Maman, nous irons à Montauk, évidemment.
Voir Montauk de Sophie Dora Swan

Une narration originale entre roman et poème, un style décousu qui exprime à lui tout seul le désarroi et la perte de repères.

Chez Mam (à faire)
inspirer ouvrir le courrier trier suffoquer vider le lave-vaisselle le frigo jeter les légumes fanés les fruits ramollis le lait caillé ark aérer la chambre défaire le lit taper les coussins la tête contre le mur partir une brassée expirer frotter les plaies arroser le ficus l'orchidée l'oranger ouvrir des albums photos brailler fumer changer les draps sortir les poubelles le recyclage tourner en rond fermer le routeur
étendue sur le plancher
tirer la plug
abolir le bruit

Un relation fille-mère réunies par la violence de la maladie

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
un jour d'été, un jour de joie
deux ans ça se fête tu me diras
je ferai tout pour être là
nous sommes trois jours avant


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
De retour dans son pays natal après une longue absence, une femme prend soin de sa mère tombée malade. La veille de son hospitalisation, sa fille lui fait une promesse : l’emmener à Montauk, quand tout ira mieux. Mais comment voguer jusque-là ?

Boussole pour éviter la chute et déjouer l’urgence, l’écriture dessine la route vers ce lieu inconnu, au détour des trajets et des souvenirs réveillés par les souffrances de la mère. Montauk se révèle être une utopie du calme, du bruit aboli, de la parole retrouvée. Un lieu où, enfin, entre une mère et une fille, tout est simple.

Journal d’une tempête, Voir Montauk est une déclaration d’amour, où l’ironie et la poésie fendent la glace clinique des hôpitaux.

"mais il faut d’abord que j’apprenne ta mort, que j’apprenne à te laisser mourir, que j’arrête de dire non comme le font toujours les mamans"

Les battantes

Une histoire de village, d’Italie et de guerre. Une histoire de haines ancestrales, de jalousies, de rivalités et… au milieu, un terreau fertile pour les amours interdites des jeunesses qui se découvrent.

Les plus petits mangeaient à contrecoeur mais mangeaient. La tentation était trop forte. Les grands résistaient, se montrant au-dessus de ces bestialités terrestres. Au mieux, ils picoraient.
Qu'il s'agisse de repas de fête ou ordinaires, le rituel était le même: porcelaine fine, argenterie, nappes damassées, cristal de Daum.
Même en temps de guerre, paraît-il, l'étiquette avait été respectée. Dans des assiettes peintes à la main, ciselées d'or, on consommait les miettes que la campagne offrait en période de disette. Mais avec des couverts en argent et des mains propres, la misère vous semble moins misérable, proférait zio Umberto d'un air supérieur.
Ces repas se déroulaient plus ou moins en silence, peu de mastication, aucun plaisir puisque le plaisir, nous le savions, était réservé aux besogneux et aux indigents.
Les battantes de Simona Brunel-Ferrarelli

Malgré plusieurs époques et leur traitement un peu brouillon (ou trop emmêlé pour moi), le style et la passion emportent ce livre très touchant.

Il ne manque qu’un balcon pour se croire à Vérone…

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Lundi 6 septembre 1943
Premier jour d'école. Je ne sais pas si je tiendrai. Ils m'ont amené leurs gosses avec une méfiance de paysans obtus et coincés. C'est parce que je ne suis pas d'ici. Et que je suis une femme.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"Dans ma famille, aucun évènement, pas même la guerre, ne pouvait enfreindre les certitudes d’un nom qui se savait fort pour sa discrétion, sa respectabilité. Aucune faute, commise ou non, ne serait jamais avouée. On trouverait le moyen de l’étouffer, de la rendre invisible et non advenue.
C’est ainsi que les histoires de famille, racontées à demi-mot par des tantes radoteuses, réchappées à l’enclos du silence pendant les fugues de mon enfance, constituèrent, à l’insu de tous, les vraies bases de mon éducation."
Âpre et rude est la vie à Rocca Patrizia ; frustres et obtus sont ses habitants. Dans cette atmosphère où l’on s’observe, se toise et se jalouse évoluent les familles du village. Leurs liens se dévoilent subtilement au fil des pages. Simona Brunel-Ferrarelli redonne vie avec fougue à cette Italie d’autrefois, aussi dramatique qu’envoûtante. Un roman que porte une écriture musicale et charnelle.

Noyade

Voilà clairement le livre le plus américain d’une autrice suisse que j’ai pu lire.

OK, Pour le côté ricain, le livre se passe au États-Unis et la riche famille Haynes qui se prélasse au bord de la piscine donnent immédiatement un ton à la Bret Easton Ellis (la coke en moins), ou alors une famille à la Meet Joe Black (les névroses en plus). Mais il y a plus que ça. L’écriture, le style et récit très scénarisé, quasi cinématographique qui navigue constamment entre différentes périodes brosse un tableau très étasunien de cette famille dysfonctionnelle.

Elizabeth suit des yeux le saladier, qui passe de main en main avec une lenteur accablante. Si elle avait organisé ces festivités, famille ou pas, jamais il ne lui serait venu à l'esprit de procéder ainsi. Ce chaos l'exaspère. Les plats s'entrechoquent, partent dans des directions opposées, sont reposés au centre de la table avant que chacun ait pu se servir. Quant aux convives, qui tachent la nappe et laissent des portions inégales, ils se servent sans aucune délicatesse. Il y a trop de choix, pour ne froisser personne, et le contenu des assiettes révèle des obsessions diététiques qu'Elizabeth juge absurdes.
Noyade de Céline Spierer

Une très belle réussite que cette noyade dans une famille étouffée par les secrets et les non-dits

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Dans la lumière déclinante de l'après-midi, les gouttes d'eau, brièvement suspendues dans l'air, prennent l'apparence de minuscules perles étincelantes. Une série d'empreintes de pieds humides, en bordure de la piscine, s'évapore lentement sous la chaleur de juillet. Depuis la terrasse résonne le tintement des couverts contre les assiettes, des chaises qu'on déplace.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Les enfants Haynes et leurs conjoints sont réunis autour d'Elizabeth, la matriarche charismatique. En apparence, la dynastie incarne la success-story américaine. Mais à vouloir se conformer à cette image de réussite, ils se sont enfermés dans des rôles de composition. Combien de temps pourront-ils encore taire leurs mensonges et leurs trahisons sans en payer le prix ? Accepteront-ils de tomber les masques dès lors qu'une tragédie les frappe ?

Le travail m’a tué

Des débuts merveilleux avec des étoiles dans les yeux et des paillettes au coeur jusqu’à la chute sur le carrelage de l’entreprise. Enfin, chute… Suicide, pour être précis.

Le travail m’a tué de Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande, dessins de Grégory Mardon

L’histoire d’un employé au sein d’une grosse entreprise qui, au fil des restructurations, des plans, des changements managériaux et structurels, le presse, et le presse encore plus dans une vertigineuse perte de sens et d’injonctions délirantes.

Un album très bien monté qui démontre au fil des planches la progressive perte de contrôle de Carlos.

Une entreprise responsable ET coupable !

Le suicide au travail a fait irruption dans le monde médiatique avec une première «vague» en 2006 chez Renault, puis une deuxième en 2008-2009 chez France Telecom. Pendant une saison, le sujet a été à la une. Le problème n’est pas né avec cette médiatisation, et il ne s’est pas arrêté avec elle : il y a encore eu dix suicides et six tentatives chez Renault entre 2013 et 2017, et cela sur seulement quatre des onze sites du groupe (chiffres donnés par les syndicats). Quelques victoires juridiques ont accompagné cette reconnaissance : la plus spectaculaire a été la condamnation de Renault pour «faute inexcusable» en 2009 dans l’affaire l’opposant à la veuve d’Antonio B., un salarié s’étant suicidé en 2006. C’était devant le tribunal de la sécurité sociale. En mai 2019 s’est ouvert le procès au pénal de France Telecom, devenu depuis Orange, dont sept dirigeants se sont retrouves en correctionnelle pour «harcèlement moral» et «complicité de harcèlement moral», une première qui n’a pas manqué de remettre le problème sur le devant de la scène.
Hubert Prolongeau

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Tribunal des affaires de sécurité sociale.
Les voilà : Mme Perez et son avocate.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
1 - Rester toujours égal avec ma N +1 et toujours valider avec le N + 2
2 - Rester maître de soi
3 - Attendre patiemment la fin des réunions
4 - Etre prudent
5 - Ne pas être stressé par le temps
6 - Attendre la validation du N + 2...
7 - Ne pas communiquer
8 - Avoir confiance
9 - Ne rien écrire mais parler...
10 - Construire ma vie. Ma famille. Ma femme. Mon enfant.

Rature

Mi nouvelle, mi album et vraie réussite, cette rature est très loin d’en être une. Cette histoire sublimée par les dessins envoutants et oniriques de Lucille Clerc nous emporte dans les tourments d’un père.

Parfois il avait de drôles de pensées. Des pensées de père triste. Inconsolable. Faible. Couillon. Meurtri. Oui s'en voulait. Il se disait qu'il aurait mieux valu que le fils disparaisse vraiment ce jour là. Que la mer le prenne et ne le relâche pas. Le tue pour de bon. Au moins il aurait su. Il aurait su ou il était. Mort. Bien mort. Dans les nuages ténébreux d'algues et de limons. Dans les courants bleu de Prusse. Dans les fonds sans fond. Cobalt. Gris. Transi. Flottant. Mort agité. Cadavre-cauchemar dévoré. Tandis que là, Il ne savait rien. Rien. Et cela le rongeait. Comme le sel sur une plaie. Le visage sur la lèvre blessée. Enfant. Mon enfant. Mon fils.
Rature de Philippe Claudel et illustrations de Lucille Clerc

Un pêcheur taiseux. De ceux qui ne savent pas dire autrement qu’avec leurs actes.

Et la mer, violente, impitoyable et généreuse.

Mais comment dire certaines choses quand on a pas appris à parler… A son fils, sa femme… ?

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est toujours la même chose quand on s'approche. Quand on s'approche vraiment d'elle. On est attiré. Aspiré.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Le Rature est toujours le premier bateau à quitter le port, et le dernier à y rentrer. Celui qui en est le patron est maladroit avec les mots, mais il sait que sur son fileyeur, il est à son exacte place, opérant les gestes millénaires, retirant du ventre immense de la mer de quoi nourrir les hommes, sous les nuages gris, les soleils et les étoiles. Le jour où il a emmené son fils pour la première fois, il s'en souvient comme dans un rêve. Son fils, grand désormais, et qui aurait dû être marin pêcheur, comme lui, et comme son père avant lui. Et pourtant, le fils est parti un jour. Avec la rage et la colère.

Cela fait combien de temps déjà ? Faut-il donc qu'il compte les semaines, les mois et les années, à s'en faire mal ? Et faut-il espérer son retour ?

Lucille Clerc a exploré toutes les nuances déployées par le texte de Philippe Claudel pour lui faire écho et l'accompagner à travers dessins, gravures, photos... Comment traduire le froid, le manque, la tristesse mais aussi l'amour, la force des liens, la transmission, la joie de la complicité. Ses illustrations incarnent magnifiquement toute la sensibilité du récit.

Jumelle, tome 2 : Dépareillées

À première vue, on pourrait se dire que Florence dessine toujours la même histoire. La sienne, de sa naissance à ses dix-huit ans.

Certes, c’est pas tout faux. Mais c’est bien réducteur.

Jumelle, tome 2 : Dépareillées de Florence Dupré la Tour

A chaque opus (il semblerait que celui-ci sonne définitivement la fin de cette trilogie en 5 volumes), Florence change l’axe de son regard, propose d’autres facettes, approfondit d’autres douleurs et d’autres bonheurs.

Alors, certes, l’adolescence n’est que rarement une grosse tranche du paradis, mais pour elle, ce fut l’âge de la séparation, de la rupture, du découpage, cisaillage et tronçonnage. La grosse boucherie de la séparation d’avec sa sœur jumelle, Béné

Jumelle, tome 1 : Inséparables

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
Quelques jours avant notre rentrée au collège, notre avion décolla vers une île mystérieuse.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dans Dépareillées, Florence Dupré la Tour continue de raconter la grande histoire d'amour de sa vie : celle qu'elle a vécue avec sa jumelle. Mais après la fusion parfaite de la petite enfance vient, au moment de l'adolescence, le drame de la séparation.

Florence va vivre le cauchemar annoncé, elle va devoir sortir du « on » pour fabriquer et affronter un « je ». Elle va devoir vivre seule la confusion des sentiments et des attirances sexuelles, et réussir une chose inhabituelle chez le commun des mortels : renaître.

Après Cruelle et Pucelle, Florence Dupré la Tour clôt avec Jumelle son triptyque sur l'enfance. Férocement libre et puissamment drôle, c'est une oeuvre autobiographique majeure.