Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Florence continue de grandir et l’innommable chatouille de plus en plus… Mais c’est péché ! Comment manager ça avec tout le poids d’une éducation catholique pleine d’interdits ? Et les garçons sont bien intrigants. Mais que faire avec ? C’est mal ? Pucelle, vol 2 : Confirmée de Florence Dupré la Tour
Un deuxième volume plus sombre mais tout aussi génial au sein d’une famille empêtrée dans un religieux assez fondamentaliste avec un couple de parents bien mal en point.
L’histoire d’une ado en peine qui se retrouve confrontée à son désir, écrasée par la culpabilité et les tabous sans aucun mode d’emploi
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Dans la chaleur de la Guadeloupe, mes treize ans s'épanouissaient sous des latitudes peu désirables : l'âge ingrat.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Florence a quitté l'enfance et aborde les rivages de l'adolescence. À mesure que son corps change, c'est son regard sur son éducation et son rapport aux autres qui évoluent.
Peut-elle faire confiance aux hommes qui l'entourent ? Et que faire de toutes ces pulsions interdites, si désirables et coupables ? À mesure que Florence grandit, ce sont les adultes autour d'elle qui semblent rapetisser.
Dans ce premier tome qui raconte plus ou moins la même période que Cruelle ou Jumelle, Florence s’attache beaucoup plus à la découverte du monde en dessous de la ceinture. Un monde inconnu, sale et tabou ! Pucelle, vol 1 : Débutante de Florence Dupré la Tour
Alors, quand les premières règles arrivent…
Comme à son habitude, Florence s’attache à TOUT dire et parfois on lui en voudrait presque un peu de tant de sincérité. Mais pourtant, c’est bien là que se trouve toute la puissance de ses albums !
Une enfance au sein du patriarcat religieux, des tabous, de la toute puissance des hommes et de la docilité des épouses et des enfants. Mais aussi, une enfance avec Béné.
Un premier album fort qui casse bien des tabous et des non dits
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il courait dans la famille une savoureuse anecdote à propos d'une Grand-tante paternelle et maman se délectait souvent à nous la raconter.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture.
Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ».
Alors … Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.
Une sœur et deux frères qui ne se sont plus revus depuis un bail partent faire une surprise à leur père et fêter ses 70 ans. Mais il a disparu !
Orchidea de Cosey
Une bande dessinée sur les relations entre frères et sœurs, les non-dits, les rengaines, l’amour familial souvent maladroit…
Et ce père retrouvé (oui, je divulgache un tout petit peu, là) qui en ajoute une couche.
Et c’est touchant comme la famille
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Non, Miss Mac Nally, les petits pots de légumes ne se trouvent pas dans l'armoire : ils sont dans le réfrigérateur...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Presque une image de la sainte Famille. Papa, maman, sable, ciel avec étoiles ? du genre de celles qu'on suit pour aller porter la myrrhe et l'encens à qui vous savez. Du reste, voici l'enfant qui s'annonce, ivre de printemps comme un oiseau débutant, dans cette douce coquille qu'est le ventre d'une mère. Mais pas de Rois mages, ni grange, ni douce nuit de Noël. Ici, c'est l'Arizona aride, et seuls ses fils et sa fille recherchent le vieux Ellsworth Humelsine, parti avec Rosita Rose, la serveuse de bar du bout du monde. Jeu de cache-cache ? Sans doute, avec une règle vieille comme le monde : "Trouvez-moi, s'il vous plaît". Se retrouveront-ils, autour de la naissance de l'enfant, la petite Orchidea ?
Esther continue de grandir et, ma foi… commence à me lasser un peu. Les cahiers d’Esther, tome 8 : Histoires de mes 17 ans de Riad Sattouf
Certes, à 17 ans, il y a forcément un peu moins de fraîcheur et d’innocence qu’à 10, mais les ficelles m’ont semblé usée, les clichés éculés, le déroulement prévisible, les cases et les planches déjà trop vues. Avec quand-même quelques pleines pages très réussies !
Et que dire de cette auto-promo posée là ?
Non, pas sûr que je me laisserais tenter par le dernier opus
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je m'appelle Esther et j'ai 16 ans. J'habite toujours à Paris, dans le 17e arrondissement avec ma pure famille d'exception et je songe à arrêter mes études.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce huitième tome des Cahiers d'Esther, de Riad Sattouf, Esther est en première ! C'est bientôt le bac de français – AKA la condamnation à mort –, et Esther se pose des questions sur son avenir : pourquoi pas arrêter ses études en fait mdr ? Pour devenir libraire ? Vivre au milieu des livres ? Mais ça paie moins qu'Instagrameuse il paraît, c'est chaud... En attendant, elle prépare le BAFA, mais tout ne se passe pas comme prévu non plus...
Toujours accompagnée de son amie d'enfance, Cassandre, sa queen, d'Eva qui organise des grosses teufs sans le dire à ses darons ; et de Léa, en couple avec un dealer (mais " sensible " dans le fond en fait), elle survit au lycée Royal.
C'est alors que Poutine, le dictateur chauve, attaque l'Ukraine, et c'est la guerre. Et si ça nous arrivait ici en France aussi ?
L’écrivain a la soixantaine, il est marié et il a un chien et un chat. Et un frère schizophrène. Le roitelet de Jean-François Beauchemin
Et très simplement il raconte sa vie, son enfance, la maladie de son frère, la mort de leurs parents… Et ça semble tout simple et c’est pourtant beaucoup plus que ça. C’est toute la tendresse, l’amour, l’accompagnement, la vie, les oiseaux qui chantent, les crises, les peurs, le bonheur d’être là.
Un livre bouleversant
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il avait à peine treize ans (et moi quinze) lorsqu'il a sans le savoir planté les premières bornes de son terrible destin. Sur la ferme où on nous avait confié la tâche de ramasser les œufs et de distribuer le foin, une vache que nous connaissions bien s'est écroulée un matin sous nos yeux, prête à accoucher. Restés seuls sur les lieux en l'absence du fermier, mon frère et moi avons dû préparer nous- mêmes, dans une totale improvisation, la mise au monde du veau.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un homme vit paisiblement à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et le chat Lennon. Pour cet écrivain parvenu à l’aube de la vieillesse, l’essentiel n’est plus tant dans ses actions que dans sa façon d’habiter le Monde, et plus précisément dans la nécessité de l’amour. À intervalles réguliers, il reçoit la visite de son frère malheureux, éprouvé par la schizophrénie. Ici se révèlent, avec une indicible pudeur, les moments forts d’une relation fraternelle marquée par la peine, la solitude et l’inquiétude, mais sans cesse raffermie par la tendresse, la sollicitude.
Laure Murat est issue d’une grande famille de France. Noblesse, ascendance prestigieuse, châteaux et domaines, aristocratie… un monde où paraître est primordial, les codes omniprésents et intangibles et où la forme l’emporte sur le fond. Une famille que Proust, fréquentait et dont nombre de représentants servirent de modèles pour les personnages de ses romans. Proust, roman familial de Laure Murat
Laure Murat est également ouvertement homosexuelle et cela lui valut le bannissement familial.
Dans cet impressionnant essai biographique, elle parle d’elle, de sa famille et de Proust. Et ce petit journaliste du bout de la table sert ici de révélateur. A l’instar d’un bain photographique qui dévoile les ombres et la lumière, la recherche éclaire les propos de Laure Murat sur ce monde vide.
Un livre émouvant, drôle, accessible et érudit, éloquent et engagé. Le livre marquant de 2023 !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le diable se cache dans les détails
Il m'a fallu des années pour comprendre une chose très simple. Elle m'a sauté aux yeux lorsqu'un soir, regardant un épisode de Downton Abbey, j'ai découvert la scène où le maître d'hôtel sort un mètre devant la table dressée pour le dîner afin de mesurer la distance entre la fourchette et le couteau et de s'assurer que l'écart entre les couverts est le même pour chaque convive.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'À la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman.
J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie a changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. Il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles.
Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps.
Edith est malade et va mourir. Elle décide de se rendre en Suisse pour un suicide assisté avec Exit. Elle part avec son mari et ses enfants pour ce dernier voyage sans retour.
Le jour et l’heure de Carole Fives
En donnant une voix à chaque accompagnant-e, Carole Fives nous parle de la mort qui vient, des souvenirs, des relations de famille.
Une gentille famille de médecins et d’artistes, avec des voix trop uniformes qui manquent de relief pour donner suffisamment de contrastes à ce récit
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La veille, j'étais de garde. Vers vingt-deux heures, on m'a appelée pour une urgence. Un accouchement compliqué. La mère avait fait une grosse hémorragie. On avait réussi à sauver le bébé et je venais de la transférer en réa dans un autre hôpital. J'étais encore totalement là-dedans, dans « Toi et ton bébé, je vous en supplie, vous restez en vie ». Il faut toujours un certain temps après pour redescendre. C'est très addictif les urgences gynécologiques, les urgences en général... on voudrait continuer à sauver le reste du monde, en mode superhéros, mais on reste là, les bras ballants : y'a plus personne à sauver.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « On s'est tous retrouvés à la gare de la Part-Dieu vers sept-huit heures. Maman avait son rendez-vous en début d'après-midi et elle n'avait qu'une peur, le rater. Le GPS annonçait cinq heures de route. On est partis avec la Peugeot à sept places. Papa et Maman devant, et nous, les quatre enfants, derrière, comme à la belle époque. Il ne manquait que les scoubidous et les cartes Panini.
Papa a toujours eu une conduite assez brusque mais alors là, on aurait dit qu'il le faisait exprès. De la banquette arrière, je voyais Maman, à l'avant. Elle ne disait rien mais, à chaque fois que Papa freinait, ou accélérait, son visage se crispait. J'en avais mal pour elle. À un moment, il y a eu une énorme secousse, c'est sorti tout seul, je n'ai pas pu me retenir, mais c'est pas vrai ! Il va tous nous tuer ce con ! »
Edith se sait gravement malade. Elle a convaincu son mari et leurs quatre enfants de l'accompagner à Bâle, en Suisse, où la mort volontaire assistée est autorisée. Elle a choisi le jour et l'heure. Le temps d'un dernier week-end, chacun va tenir son rôle, et tous vont faire l'expérience de ce lien inextricable qui soude les membres d'une famille.
Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent
A en croire ce que j’avais appris, ce livre est un véritable tour de force, un exploit ! On m’avait dit (et j’avais cru) qu’il était impossible de raconter le bonheur. Ce livre magnifique vient casser ce mythe !
L’amour de François Bégaudeau
C’est beau et tendre, ça ne veut pas dire que des malheurs n’y ont pas leur place, mais c’est bien une histoire heureuse dont il s’agit. Pas même de suspense inutile, c’est inscrit au dos en première ligne, ce livre raconte deux vies, il raconte l’amour.
Un vrai bonheur !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) La première fois que Jeanne voit Pietro, c'est au gymnase où sa mère fait le ménage.
Quand c'est le jour de nettoyer les gradins, la mère embarque sa fille, on n'aura pas trop de quatre bras. Jeanne y gagne 20 francs, ça fait un petit complément à sa paye de l'hôtel. Et puis ça l'occupe.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr. »
F. B.
Il ne faut pas s’y tromper, derrière les codes feel-good de la couv’ ou du titre, se cache un autre type de livre. Pas forcément un livre d’horreur, trash ou que sais-je, mais les amateurs de jolies histoires qui finissent bien ne s’y retrouveront pas forcément.
Faire les sucres de Fanny Britt
L’histoire d’une middle-age crisis, à l’âge où un événement (pas forcément gravissime) peut tout faire dérailler. Un moment où les repères ne sont plus clairs, où l’usure des couples se fait ressentir et où le besoin de sens se fait prégnant. Un accident, la peur de mourir et voilà qu’Adam bascule emportant avec lui Marion, sa compagne.
Un livre qui – tout en restant choupinou – propose avec finesse – et quelques clins d’œils amusés – une jolie satire sociale en exposant quelques contrastes de préoccupations. Et comment ne pas sourire devant ce besoin de retour à la terre d’une personne à qui tout réussit ou face à l’abandon dans d’autres bras de son épouse délaissée. Et comment ne pas réagir devant leur incompréhension face aux douleurs qui leur font face ?
Cliché ? Oui, mais bien pris, avec le bon angle et sans trop de douceur malgré tout
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Il l'asseyait sur un tabouret placé près du ventilateur et elle le regardait faire. Il versait d'abord le sucre dans la grande marmite de cuivre, dont Celia pensait qu'elle se transformait en timbale d'orchestre, le soir venu. Parfois, pour lui faire plaisir, il décrochait une des grandes cuillères de bois qui pendaient au mur et tapait de toutes ses forces sur la surface arrondie de la marmite. Un timbre profond, vibrant, s'en échappait, qui captivait Celia. Alors elle applaudissait et disait encore ! Encore ! Et son grand-père s'exécutait.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Faire les sucres, au Québec, c'est exploiter une érablière. Obsédé par le retour à la terre, Adam achète la propriété de la famille Sweet dans l'espoir qu'une nouvelle vocation le sauvera de ses torts et de la vacuité de sa vie de restaurateur vedette. Parallèlement, sa femme Marion délaisse peu à peu ses manières douces et son cabinet de dentiste. Aux États-Unis, à quelques centaines de kilomètres au sud, la jeune Celia voit son île natale, où sa mère tient une boutique de taffys, envahie par des touristes sans gêne.
Comment vont s'entrecroiser le destin de ce couple de Montréalais à qui tout réussit, installés - Jusqu'à tout récemment, du moins - dans leur certitude d'être bons et modernes, et celui de la jeune femme ?
Dans ce roman choral, l'odeur délicieusement réconfortante du sirop d'érable se mêle à l'âpreté des fonds marins. Il y a du Virginia Woolf chez Fanny Britt, qui, cinglante et tendre, creuse la question de nos privilèges et de nos illusions, balayées par les vagues du ressentiment et de la souffrance sociale.
Un livre hypnotique, dur, aride, sec, limite désagréable et malaisant. Un livre qu’il faut reprendre à plusieurs fois, déposer, reposer et laisser poser. un livre à la rythmique hallucinée qui nous plonge dans la folie d’un deuil. Flore à perdu sa mère et elle ne s’en remet pas. Médicaments, psy, alcool… rien n’y fait, la spirale semble sans fin.
Fleurs de crachat de Catherine Mavrikakis
Ajoutez un frère absent et un autre schizophrène (ou approchant, je n’ai pas vraiment compris) qui squatte la cave avec des amis, un travail de chirurgienne dans un milieu hostile (ou est-ce Flore que tout agresse ?), une fille de quatre ans…
Un livre difficile d’accès, mais qui brillamment raconte une femme qui sombre
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Je gâche tout. C'est comme ça. Moi, Flore Forget, indigne fille de feu Violette Hubert, ma mère, je dois bien l'avouer, je pourris tout. Je fais tout foirer, tout tourner. Une mauvaise mayonnaise. C'est ce que je fais de la vie. Je saccage, je ravage, je ruine, je pulvérise. Je rêve follement d'éradiquer le facile. Je plastronne fièrement avec mon air de pimbêche, de soldate amarante et ma gueule ramenarde de G.I. goulue. Je pense éperdument arracher la vie au fumier sur lequel elle croît si bien, la salope. Je me prends pour un grand vent, une rafale, un raz-de-marée, un noroît, une tourmente. Je fais dans le jugement dernier.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) La chirurgienne toxicomane Flore Forget ne fait pas dans la dentelle. Quand sa mère, Violette Hubert, meurt un Vendredi saint dans le même hôpital où elle termine une opération, Flore se met à vaciller dans le brouillard profond qui l’enveloppe, entre la crise de nerfs et un grave délire névrotique. Et lorsque s’ajoute à cette fin du monde le retour de son frère aîné, Florent, surnommé « l’Fêlé », avec dans ses bagages les morceaux d’un puzzle familial ravagé par les atrocités de la Seconde Guerre, rien, mais rien ne va plus.
On comprend alors que le délire verbal – décapant et survolté et révolté et incendiaire – de Flore est le seul espoir qui lui reste, avec sa fille de quatre ans, Rose, à qui elle voudrait épargner sa propre douleur de vivre et la sauver du désastre général. Elle entreprend ainsi une plongée dans les profondeurs de l’identité familiale pour y circonscrire son identité personnelle, et peut-être se libérer du poids du monde qui l’écrase davantage chaque jour.