Où vont les larmes quand elles sèchent

Jean est médecin et il voit passer bien des patients. A chaque fois, c’est une fenêtre sur leur intimité qu’ils ouvrent. Une tranche de vie qui se dévoile au travers d’une maladie transactionnelle.

Mon métier c'est de gratouiller dans la nature humaine comme dans ce qu'elle a de pire, mais je ne suis pas d'accord avec ceux qui t'expliquent que c'est dans le pire qu'elle est la meilleure. Globalement, je crois qu'on bataille tous comme on peut, et qu'on est tous paumés. D'une façon ou d'une autre, qu'on sache ou non pleurer.
Où vont les larmes quand elles sèchent de Baptiste Beaulieu

Au fil de ce livre d’une grande tendresse, c’est aussi le médecin qui se dévoile avec ses peurs, ses douleurs et ses culpabilités… Mais aussi ses convictions, son féminisme, son homosexualité et toutes ses rages et colères.

En vrai, là, je ris en pensant à ce que je vais vous dire, mais je crois que c'est la chose la plus vraie que j'aie jamais pensée. Les hommes ont beaucoup trop confiance en eux, bien plus que les femmes, parce qu'ils naissent avec des testicules et un pénis, c'est tout, même que c'est pour cette raison qu'ils se pensent légitimes a exercer un tel niveau de violence sur autrui en toute impunité. Faudrait que les nanas arrêtent toutes de simuler l'orgasme, pour que les mecs sachent une bonne fois pour toutes combien ils sont irrémédiablement nuls. C'est une idée comme ça. Le début d'une utopie révolutionnaire qui commencerait par là: cesser de mentir aux hommes au sujet de leur insondable médiocrité.

Alors oui, c’est parfois un peu mielleux-mélo-sirupeux, mais c’est aussi souvent bien drôle. La vie d’un médecin qui ne peut pas sauver tous ses patients et qui peine aussi à se sauver lui-même

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
C'est un petit cabinet médical. On y accède après avoir traversé un couloir en crépi beige, très beige, puis longé un patio fleuri, très fleuri. Parfois, ça sent les fleurs séchées, parfois rien du tout.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n'a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu'au soir, ils débordent de la salle d'attente, dans le couloir, sur le patio.

Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes.

Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé

Beigbeder, c’est un peu le cousin parisien, un peu foufou, talentueux et médiatique, celui qui ose, qui a du succès, le nez poudré sur le dancefloor avec des femmes magnifiques à ses côtés. Insouciant et émerveillé.
Mais, voilà le temps d’ouvrir les yeux. Qui suis-je, qu’ai-je fait ?
Et tiens, pourquoi pas, au moment de voir arriver l’heure du jugement dernier : – Suis-je quelqu’un de bien ?
Et là, Frédéric s’est senti un peu poussé dans le dos par les événements. Il a eu besoin de crier : Oui, je suis un chic type !

Je voudrais achever ces confessions d'un hétérosexuel sur une note primesautière. Ni l'anesthésiant colombien, ni la religion catholique, ni la discipline des marsouins ne sont parvenus à me guérir de ma pire addiction : le sexe. Je suis d'accord avec toutes les féministes les plus radicales. L'hétérosexualité est une horreur. Le désir nous taraude constamment. Ne pensez jamais qu'un homme est autre chose qu'un sexe en quête de plaisir, une main en quête de sein, une peau avide de caresser, une bouche qui veut mordre un cou.
Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé de Frédéric Beigbeder

Mais c’est quand même un peu énervant ! Voilà un exemple typique de l’homme blanc privilégié en train de crier : oui, je me rends bien compte, mais non, mais oui, mais non.

Allons, encore un effort, un peu d’introspection. Car, à l’en croire, effectivement, il n’a pas vraiment fait de mal (et en tout cas pas ce dont on salit ses murs, il est important de le souligner).Et d’ailleurs, plusieurs fois, il nous montre qu’il a été ce chic type qu’il aime aimer.

Un livre plaintif d’un auteur effectivement un peu dépassé par les événements. Tiens ! d’ailleurs, Frédéric, vous m’avez un peu fait penser à ce maladroit de Jean Roscoff.

Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente)
- Papa, pourquoi ils ont fait ça ?
Nous sommes un matin de 2018 et je ne sais que répondre à Oona, ma fille de trois ans.
- C'est compliqué, chérie.
- C'est qui qui a fait ça ? C'est des méchants?
- Mais non, ne t'inquiète pas, c'est juste une blague.
Ma maison et ma voiture sont couvertes d'insultes roses. Le mur blanc de mon domicile basque est tagué de graffitis me traitant de violeur et de salaud.


4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Longtemps j'ai cru que la vie était une fête ; passé la cinquantaine, la vie est un interminable lendemain de cuite.

J'ai toujours voulu être transgressif sans savoir que j'étais conformiste. Aujourd'hui, je me sens mieux dans un monastère augustinien qu'au bordel, et les militaires m'amusent plus que les fashionistas. Mais se confesser dans un livre ne garantit aucune absolution ; passez votre chemin si vous cherchez ici autre chose qu'un homme qui tente de se comprendre. »
Frédéric Beigbeder

Ce prochain amour

Quelles phrases géniales, quelles envolées mémorables ! Chaque début de chapitre est travaillé, ciselé et millimétré, ciblé et percutant ! La première page est à elle seule un chef d’oeuvre !

Ce prochain amour de Nora Benalia

L’histoire d’une femme qui s’est abandonnée à son couple et qui, finalement (trop tardivement ?), a décidé de reprendre sa vie. Mais est-ce possible encore, où sont les hommes et qui sont-ils réellement, quelles sont les règles ?

Une dénonciation (et une démonstration) du patriarcat, de la violence, de la difficulté de sortir des schémas imposés et du manque de couilles de la moitié de la population (qui était pourtant celle qui devrait en avoir)

Un livre avec malgré tout certaines longueurs et une certaine confusion dans la seconde partie à laquelle j’ai moins accroché

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
La narratrice a renoncé à son métier, élevé seule ses trois enfants et été menacée de mort par leur père. Refusant de se laisser abattre, poussée par la rage, elle se bat au quotidien, bien décidée à obtenir vengeance

Les couilles sur la table

Comme un état des lieux du féminisme actuel, vu par le prisme des masculinités.

Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon

Et tout y passe, de l’intimité de la sexualité et du corps jusqu’au problématiques sociales ou éducationnelles en passant par la famille et la charge mentale, la violence, les relations de dominations et de soumission…

Et pour aller plus loin (ou plutôt pour remonter aux origines du projet), le podcast Les couilles sur la table

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Synthèse de deux ans d'interventions de chercheurs et de chercheuses, au cours du podcast éponyme, sur la masculinité et ses effets, la virilité ou encore le rapport des hommes à l'amour, à la domination et à la violence de genre