C’est toujours un peu pénible avec ces recueils posthumes… il y a des fonds de tiroirs et il y a des pépites, on retrouve des petites merveilles oubliées et on y colle des pages dispensables que les auteurs auraient probablement préféré oublier.
Un sentiment mitigé, donc, avec ce recueil de nouvelles inédites…
Mais au moins, on y lit du Chessex. Du noir, de l’obsessionnel, du sexuel, de l’amusé, du puissant et du dérangeant.
Jacques Chessex était travaillé par la question du mal, du désir, du salut - que les paysages et montagnes vaudoises ne purent jamais enserrer ni résoudre.
Plusieurs des nouvelles de ce recueil se déroulent dans un espace clos : hôpital psychiatrique ou pensionnat.
Le Portier met en scène des jeunes filles dans un dortoir, s'abandonnant aux attouchements de Jonathan. Celui-ci, égaré, voit en elles des brebis, dont il est le berger et le consolateur.
Dans Le chat et l'argent du chat, une dame tente de racheter la vie d'un matou à un chauffeur de bus payé pour le noyer...
Chez Chessex, le monde de Dieu n'est jamais loin, mais inatteignable - et son calvinisme austère toujours transgressé : toute laideur peut devenir grâce, quand l'écriture et l'envie s'en mêlent.
Il y a dans ces pages une vitalité, un goût pour l'extase, pour l'amour sous toutes ses formes, et une écriture sublime, provocante et tendre, que n'oubliera jamais le lecteur - familier ou découvrant cette oeuvre