Camiothécaire-biblioneur aux lectures éclectiques. Romans, essais, biographies et autobiographies, récits de voyage, bandes dessinées, nouvelles, chroniques, témoignages… des critiques selon l'humeur
Attiré par un dessin très graphique, une bichromie toute en aplats des plus réussies, j’ai découvert une bande dessinée aux messages d’une grande profondeur.Destins coréens de Laëtitia Marty et Jung, dessins de JungEn Corée du Sud, les mères célibataires sont victimes de fortes discriminations et de nombreux enfants nés hors mariage sont proposés à l’adoption. Jung, lui même adopté à l’âge de cinq ans, a réalisé une bande dessinée sur le sujet qui touchera Joy, jeune coréenne au moment où, enceinte, elle se retrouvera devant ce choix.
Un album magnifique tant pour ses qualités esthétiques que pour sa sensibilité à traiter de ce sujet
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Lors d'un séjour en Corée, j'ai fait une de ces rencontres qui ne laissent pas indemne, tant elles questionnent et bouleversent. Cette expérience invraisemblable a affecté mon propre quotidien mais a aussi changé la vie d'une lectrice...
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Dans ce récit de vie inspiré de la réalité, Joy, une jeune Coréenne, tombe enceinte après une relation éphémère.
Hantée par la honte et le poids des regards, elle s'apprête à faire adopter son enfant. Mais en passant devant une librairie, elle découvre la BD autobiographique d'un Coréen adopté. La rencontre avec son auteur bouleverse ses certitudes.
Il semblerait qu’Erida Bega sache tout faire ! Du violon, de la guitare, autrice, compositrice, interprète, shopping et… écrire. Et chaque fois avec talent !Et pour rentrer chez moi, je contourne l’ambassade de Chine de Erida BegaC’est tendre, doux, nostalgique et malicieux. Elle nous parle de l’enfance et de l’attachement. Mais aussi, fatalement, de cet instant où l’on quitte, on déménage, on émigre.
C’est l’enfance en Albanie, vue par les yeux d’une petite fille. Mais aussi de Genève, vue par les yeux d’une femme
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) À 19 h, ce jour-là
Souvent, je crains l'arrivée du soir. À 19 h, je ressens un creux à l'estomac. Certainement la faim. Je n'ai qu'une envie: partir du bureau vite, m'échapper. De l'air, de l'air ! Comme si j'avais retenu mon souffle la journée entière.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Le compte à rebours arrivait à son terme. Il fallait encore traverser le dernier jour dans des conditions supportables. J’avais vécu ce déménagement comme une milicienne dans des récits de guerre. Des sentiments homériques et audacieux bousculaient mon quotidien. J’imaginais ma grand-mère, jeune et belle, devant cette maudite grenade qui avait emporté sa jambe et sa jeunesse. Alors que je craignais les séquelles dans mon âme face au claquement définitif d’une simple porte.
Tirana, 1988. Alors qu’une jeune fille apprend que sa famille va déménager, c’est tout son équilibre qui vacille. Genève, trente ans plus tard, devenue femme, elle fait une rencontre impromptue à travers laquelle ressurgit l’Albanie communiste de son enfance. Un texte vif et frais, qui questionne avec malice le déracinement ainsi que le poids des souvenirs.
En 2021, Corinne rencontrait Laurence et huit mois plus tard Laurence nous quittait.
Projet de salon pour Laurence B. de Corinne Desarzens
En écho au Projet de salon pour Madame B, Corinne Desarzens à écrit cet hommage, souvenir d’une rencontre lumineuse sous une pluie battante.
Un tendre souvenir rouge vif, comme une boite d’allumettes En 2020, Laurence Boissier fabrique et envoie à Corinne Desarzens une boîte d’allumettes rouge contenant une petite banderole de fanions. Art&fiction vous propose ce talisman, à monter soi-même. Matériel: colle, ciseaux, ficelle de 50 cm Découpez selon les traits continus, pliez selon les traitillés Assemblez la boîte, collez les fanions sur la ficelle à de 5 cm d’intervalle Glissez la banderole dans la boîte, fermez et ouvrez à volonté.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Cette ville est un réseau d'X et d'Y, de croisements et de fourches, d'estuaires hésitants et de goulets sans issue, étagés sur différents niveaux, aucun parallèle à l'autre. Sans compter de nombreuses pentes abruptes ni les artères en V. pliées en deux et rallongeant le parcours.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) C'est rare d'écrire, de s'écrire et de recevoir par la poste une boîte d'allumettes peinte en rouge d'une personne extraordinaire, rencontrée sous une pluie battante, en avril 2021, décédée huit mois plus tard. Voici l'histoire d'une double révérence. D'un fauteuil. D'une reconnaissance.
Sylvain est croque-mort. Il redonne un semblant de vie aux corps dont il scrute les parfums. Mais lui-même est n’est plus trop vivant depuis une quinzaine d’année. C’est alors qu’il croise le chemin d’Alice, qui travaille à un doctorat sur les thanatopracteurs.
Le parfum des cendres de Marie Mangez
Un joli livre aux milles parfums et à la playlist fournie mais qui fait craindre rapidement à un énième feel-good au dénouement heureux (ou les amitiés et les rencontres pensent les plaies les plus profondes et où l’espoir reste toujours permis)
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Bernadette était allongée, paupières fermées, les bras sagement étendus le long du corps. Au cœur de ses joues sillonnées de rides, légèrement affaissées, on distinguait le creux des fossettes, centres névralgiques d'un visage encore animé par des années de sourire. Visage arborant désormais une expression sereine - Bernadette attendait que l'on s'occupe d'elle, remettant placidement son enveloppe charnelle aux soins d'autres mains que les siennes.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n'importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu'elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s'occupe tous les jours dans son métier d'embaumeur.
Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s'intéresse à son étrange profession. Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme : bourru, taiseux, il semble plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants. Elle sent qu'il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.
Doucement, elle va l'apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu'il cache depuis quinze ans.
Je conserve un souvenir émerveillé de la nouvelle de Stefan Zweig et pourtant trop flou pour évaluer la qualité de cette adaptation. En dehors de toute comparaison, donc, c’est un album rythmé, aux mille couleurs et au dessin très pop et flatteur. 24 heures de la vie d’une femme de Nicolas Otero, d’après le roman de Stefan Zweig
C’est peut-être juste ici que je me sens un peu gêné. Mon souvenir – si vague soit-il – était plus sépia et moins criard.
Et cette histoire magnifique et pleine de passion ainsi réactualisée avec un rendu rajeuni et très tonique m’a quand même laissé un peu… dubitatif
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Résidence Casa Blanca,
La Jolla, Côte californienne.
De nos jours.
Clarissa !!!
Clarissaaa !!!
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) « Cette scène était si bouleversante que j'eus honte de me trouver là. Malgré moi je me détournai, gênée d'avoir vu, comme au balcon d'un théâtre, le désespoir d'un inconnu ; mais soudain cette angoisse incompréhensible qui était en moi me poussa à le suivre. Vite, je me fis donner mon vestiaire et sans penser à rien de précis, tout machinalement, tout instinctivement, je m'élançai dans l'obscurité, sur les pas de cet homme. »
Après 25 ans de retraite et de voeux de silence, un chartreux (non, pas le chat, le moine) se retrouve à voyager dans le vrai monde pour un bref séjour à Paris.
Un bruit étrange et beau de Zep
L’occasion d’une rencontre.
Une bande dessinée tendre, douce et introspective au rythme lent et poétique. Une grosse réussite !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Pas besoin de dire « Là ! Il y a un bouquetin ! »
Pas besoin de dire qu'il est magnifique...
Vivre dans le silence nous réduit à l'essentiel.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Depuis 25 ans, William fait partie de l'ordre religieux des Chartreux. Mais un héritage l'oblige à se rendre à Paris où il est confronté à son ancienne vie. Sa rencontre avec Méry, jeune femme atteinte d'une maladie incurable et décidée à profiter de ses derniers jours, bouleverse et interroge ses choix et ses certitudes.
Il y a la forme et il y a le fond. La forme est superbe, l’édition, la typo, la mise en page, l’écriture et le style sont soignés, presque précieux.
Pour ce qui est du fond… désolé, je n’y ai pas compris grand-chose. Ébahi par le style, gêné par une lecture trop rapide ou handicapé par un manque de culture littéraire, religieuse ou historique je n’ai pas réussi à comprendre où Alice Bottarelli avait souhaité m’emporter.
Ombeline & Rodogune de Alice Bottarelli
Une histoire moyenâgeuse un peu surréaliste au drôle style impressionnant où je n’ai (je l’avoue) pas dû (su) comprendre ou saisir tout ce qui était proposé.
Imier, le saint patron des orphelins ?
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Le petit Rodogune, dont l'éloignement de la mer et de son air iodé ainsi que le vent continu qui descend la vallée avaient eu sur le cerveau un effet dévastateur, le privant de certaines facultés de raison, comme à vrai dire un certain nombre d'autres habitants de la région, profita d'un instant de distraction de sa sœur qui avait craint que la soupe brusquement ne brûlât, s'échappa de la cuisine pour filer à travers le potager puis le champ où le second mari de sa mère entre deux gros bœufs était occupé au labour, sa mère le dos courbé sur un poireau le voyant courir, puis bientôt courant après lui, et criant, passa entre la charrue et les bœufs qui d'un même élan se retournèrent et se retrouvèrent avant celle-ci, inversion à la source d'un proverbial désordre et d'un affolement total des bêtes, qui quittèrent le chemin de terre puis le champ pour s'enfuir vers la grand-route au grand dam de leur propriétaire terrifié; l'enfant, les animaux, la charrue puis la mère criant affluèrent dans cet ordre courant sur la grand-route chassés comme par un furieux démon, lorsque saint Imier, pèlerin et missionnaire mais non encore saint en vérité au moment où commence ce récit, Imier donc, entrait pour la première fois dans la petite ville délicatement sise entre deux pans de collines, et pour une fois inondée de soleil.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Un naïf et un saint, un curé ventripotent, une pèlerine et un enfant, se heurtent et rebondissent dans un moyen âge extravagant, pétri d'anachronismes, affabulé des pieds à la tête. Un pied devant l'autre et la tête légère, pourtant, c'est ainsi qu'avancent ces quelques destinées accessoires, dont nous n'attraperons qu'un aperçu, un parfum, un éclair, un rien.
Une histoire d’amour au monastère tibétain de Chöd Gompa entre un petit blondinet et une jeune fille sauvée par une ourse, une tulku, cinquième réincarnation de la grande Lhahl.
Mais, c’est sans compter avec l’occupation chinoise ! Le Bouddha d’Azur, tome 2 de Cosey
Deux albums magnifiques pour une histoire d’amour impossible au milieu des montagnes, des monastères, du bouddhisme tibétain et des militaires.
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) ཨོཾ་མཎི་པད་མི་་ཧཱུྃ
Gloire au Joyau dans le Lotus !
En été dans l'Himalaya, lorsque la neige fond aux heures les plus chaudes, l'eau qui ruisselle fredonne d'étranges mélodies.
Hymnes d'hier, chansons de demain, plaisanteries polissonnes ou légendes oubliées.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Une histoire d’amour au monastère tibétain de Chöd Gompa entre un petit blondinet et une jeune fille sauvée par une ourse, une tulku, cinquième réincarnation de la grande Lhahl.
Mais, c’est sans compter avec l’occupation chinoise !
Deux albums magnifiques pour une histoire d’amour impossible au milieu des montagnes, des monastères, du bouddhisme tibétain et des militaires.
Alors que la plupart des images sont reprises d’un reportage télé sur des GI’s vétérans qui retournent au Viêt Nam et que la quasi totalité de l’album se passe lors d’une conversation téléphonique dont on ne voit qu’un seul des deux correspondants… Ça fonctionne !
Saïgon-Hanoï de Cosey
Comment et pourquoi cet album fonctionne alors qu’il ne s’y passe rien ? Je ne comprends pas trop. Mais c’est peut-être là tout le talent de Cosey, le miracle de la BD, le fantastique pouvoir de suggestion de ce média… mais ça marche et c’est même un très bon album de Cosey.
Un tour de force !
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Hello ?
...
Qui appelle ?
Felicity. Felicity Cosgrow. Je ne vous dérange pas ?
Colorado, décembre, de la neige et des routes fermées…
Deux femmes se rencontrent et c’est pas forcément très amical. Joyeux Noël, May ! de Cosey
Mais, petit à petit une complicité s’installe, une amitié, presque. Jusqu’à ce que… par une nuit enneigée avec le chant des loups…
Une histoire de rencontre, de parcours de vie, de destin, presque.
C’est beau, mais vraiment trop succin pour réussir à s’installer dans cet univers
Incipit (et peut-être un petit peu plus si entente) Rocky Mountains. Colorado.
Tu rêves encore de vos galopades, hein ? Comme chaque année à cette période.
4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc) Deux fillettes se perdent, deux femmes se retrouvent.
Juniper Univails ne recherchait que le calme lorsqu'elle décida de s'éloigner de sa famille pour travailler à son nouveau roman. Mais, bloquée par la neige, elle est incapable de rejoindre le chalet légué par sa mère. La voilà contrainte de rester dans la tranquille petite ville de Mize, au coeur des Rocky Mountains, dans le Colorado. Elle y fait bientôt la connaissance de Tallulah, jeune beauté locale, instable et dévergondée. Entre ces deux femmes que tout oppose, une complicité va bientôt naître. Et petit à petit cette complicité va se transformer en amitié, comme si elles s'étaient déjà rencontrées...