Ma part de Gaulois

Le chanteur de Zebda raconte son enfance, la banlieue, le sexisme, l’immigration algérienne, la violence… Mais aussi, le théâtre, la musique et le bac et la culture qui permettent de rêver plus loin. C’est tendre et violent.

Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi
Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi

Un livre qui n’a malheureusement pas autant de ressort que ce qu’il raconte. Zut !

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
C'est l'année du baccalauréat pour Magyd, petit Beur de la rue Raphaël, quartiers nord de Toulouse. Une formalité pour les Français, un événement sismique pour l'« indigène ». Pensez donc, le premier bac arabe de la cité. Le bout d'un tunnel, l'apogée d'un long bras de fer avec la fatalité, sous l'incessante pression énamourée de la toute-puissante mère et les quolibets goguenards de la bande. Parce qu'il ne fait pas bon passer pour un « « intello » » après l'école, dans la périphérie du « vivre ensemble » - Magyd et ses inséparables, Samir le militant et Momo l'artiste de la tchatche, en font l'expérience au quotidien.

Entre soutien scolaire aux plus jeunes et soutien moral aux filles cadenassées, une génération joue les grands frères et les ambassadeurs entre familles et société, tout en se cherchant des perspectives d'avenir exaltantes. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l'arrivée au pouvoir de Mitterrand, cette chronique pas dupe d'un triomphe annoncé à l'arrière-goût doux-amer capture un rendez-vous manqué, celui de la France et de ses banlieues.

Avec gravité et autodérision, Ma part de Gaulois raconte les chantiers permanents de l'identité et les impasses de la république. Souvenir vif et brûlant d'une réalité qui persiste, boite, bégaie, incarné par une voix unique, énergie et lucidité intactes. Mix solaire de rage et de jubilation, Magyd Cherfi est ce produit made in France authentique et hors normes : nos quatre vérités à lui tout seul !

La petite fille sur la banquise

Un livre déchirant, dont on ne ressort pas indemne. Une enfance détruite, une vie déchiquetée.

La petite fille sur la banquise de Adélaïde Bon
La petite fille sur la banquise de Adélaïde Bon

Un viol dans une cage d’escaliers à neuf ans. Et vingts-trois ans après, enfin! Un suspect! Le coupable arrêté. Et avec le procès, la découverte de toutes les autres victimes. Toutes ? Combien de vies détruites par un seul homme ? Cinquante, cent, certainement plus encore.

Un choc ! Un récit bouleversant d’une grande sincérité. Un témoignage absolu sur une vie massacrée, les séquelles, l’appareil policier et judiciaire et la tentative de retrouver la vie.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Elle ne sent pas les méduses s'immiscer en elle ce jour-là, elle ne sait pas qu'elles vont la déporter de sa route, l'attirer vers des profondeurs désertes et inhospitalières, entraver jusqu'au moindre de ses pas, la faire douter de ses poings, rétrécir année après année le monde qui l'entoure à une poche d'air sans issue.

Personne ne la prévient, personne ne lui explique, le monde s'est tu. »
A.B.

Quand ses parents trouvent Adélaïde muette, pleurant sans savoir dire pourquoi, ils l'emmènent au commissariat et portent plainte contre X pour attouchements sexuels. Elle grandit sans rien laisser paraître, le sourire aux lèvres. Des années de souffrance et de solitude, à se battre contre les méduses.

Vingt-trois ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs, un suspect a été arrêté. Tout s'accélère

Qui a tué mon père

Le temps des colères s’apaise. Celle du père et celle du fils. Et enfin, il devient possible de se voir, se reconnaître.

C’est beau comme le début d’un je t’aime.

Qui a tué mon père de Édouard Louis
Qui a tué mon père de Édouard Louis

Mais aussi le témoignage de la misère qui broie et avilit. Un réquisitoire contre les politiques qui stigmatisent les faibles et tailladent les aides sociales.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
"L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique."

Farniente : le niçois

M’houis…

On suit Jacques Merenda dans le Nice des attentats. Une façon d’exprimer l’incompréhension et le désarroi ressenti suite aux attentats.

Farniente : le niçois de Joann Sfarr
Farniente : le niçois de Joann Sfarr

Un peu confus, souvent truculent, parfois drôle

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
En cet après-midi de 14-Juillet, Jacques Merenda dit « Le Niçois » n'aspire qu'à un moment de complicité avec son fils Christian Lestrival qui lui a succédé à la tête de l'hôtel de ville. Le feu d'artifice est pour lui l'occasion idéale. Mais la douce soirée d'été bascule en tragédie effroyable quand la promenade des Anglais est frappée par une attaque terroriste des plus sanglantes. Incapable de faire face aux scènes d'horreur auxquelles il vient d'assister, Le Niçois, impuissant et submergé par la violence de ses émotions, ne voit qu'une échappatoire : quitter sa ville sous peine de commettre l'irréparable...

Un western crépusculaire

Viol, une histoire d’amour

Il y a des livres de Joyce Carol Oates qu’on lit en se demandant pourquoi s’infliger ça. Et plusieurs fois, je me suis demandé s’il fallait continuer. C’est monstrueux, c’est l’horreur pure !

Viol, une histoire d'amour de Joyce Carol Oates
Viol, une histoire d’amour de Joyce Carol Oates

Et c’est pourtant un magnifique livre sur la violence crasse, sur l’injustice judiciaire, le besoin de réparation et celui de l’oubli. Un livre qui résonne longtemps.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Ils étaient cinq. Ivres, camés. L'ordinaire de leurs samedis soir, quoi... Peut-être encore plus excités ce samedi-là, au soir du 4 juillet, la fête nationale. Vers minuit, la belle Tina Maguire a eu le tort de couper court à travers le parc pour rentrer plus vite chez elle avec sa gamine Bethie, 12 ans. Ils l'ont laissée pour morte dans le hangar à bateaux. Une tournante comme on n'ose pas en imaginer. Une abomination à laquelle a assisté, réfugiée derrière un tas de vieux canoës, la petite fille. Qui a pu finalement se traîner jusqu'à la route pour appeler au secours, et a sauvé ainsi sa mère.

Sauvé ? Pas des griffes d'avocats de haut vol, ni de l'incompétence des procureurs, ni des propos de certaines bonnes âmes : elle l'a bien cherché... en fait elle l'a cherché tout court. Ça lui pendait au nez...

Elle risque désormais de mourir vraiment, Tina. Et Bethie ne peut que prier pour l'intervention miraculeuse d'un ange vengeur. Justement il est là, dans l'ombre. Un flic épris de justice. Épris tout court. Le héros silencieux d'une histoire d'amour peu banale, racontée avec une éblouissante violence par une Joyce Carol Oates à son meilleur

La fabrique des pervers

Voilà bien un horrible livre. Ou plutôt, voilà bien un magnifique livre sur une horrible famille aux pères incestueux.

Depuis le dépeceur du Jardin des plantes, voilà trois générations, Sophie Chauveau parcourt une descendance de mâles abuseurs incestueux pour en arriver jusqu’à elle et sa cousine.

La fabrique des pervers de Sophie Chauveau
La fabrique des pervers de Sophie Chauveau

Un récit, une enquête glaçante (oui, bien plus qu’un petit froid dans le dos) au sein de sa propre famille que longtemps elle n’avait pas voulu regarder, sidérée, amnésiée par les abus de son père.

Un témoignage d’horreur

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Comprenant qu'elle était loin d'être la seule à avoir connu une enfance et une adolescence saccagées, Sophie Chauveau a enquêté pour dresser l'inventaire des victimes et des bourreaux de sa famille. La dynastie de pervers, qui commence avec le dépeceur du Jardin des Plantes pendant le siège de Paris, se poursuit sur trois générations.

Unique par l'ampleur de ce qu'il dévoile, son témoignage sur l'inceste est d'une force inouïe.

Voici le roman monstrueux d'une famille hors normes

Eleanor Oliphant va très bien

Ça ressemble à du feel-good… Et c’est quand même un petit peu plus que ça, même si elle va très bien. L’histoire dure, douce et tendre d’une inadaptée sociale au lourd passif. Une vie terne et perdue dans la solitude noyée à la vodka.

Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman
Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman

Avec une jolie dédicace aux amateurs peu soigneux des bibliothèques qui m’a fait bien sourire dans ce livre qui ne manque pas d’humour.

Et une méchante coquille de la traductrice, Aline Azoulay-Pacvoñ qui failli clore cette lecture prématurément. Madame, lorsque les docteurs (esses!) sont des femmes… parlez d’elles, s’il vous plait.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Dotée d'une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu'elle les pense, sans fard, sans ambages. Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Eleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d'une bouteille de vodka.

Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ».

Mais tout change te jour où elle s'éprend du chanteur d'un groupe de rock à la mode. Décidée à conquérir l'objet de son désir, Eleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés va lui faire repousser ses limites.

Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Eleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d'un ami...

Underground Railroad

Un bouquin qui pue la violence et le racisme de l’esclavage du Sud des États-Unis. L’esclave est force de travail, marchandise, bien dont l’homme blanc nanti dispose à sa guise. Une société entière bâtie sur l’exploitation, l’humiliation et l’asservissement haineux de l’autre, du faible. Oui, ça pue !

Underground Railroad de Colson Whitehead
Underground Railroad de Colson Whitehead

Mais Cora et Caesar s’échappent ! Et les fugitifs rencontrent l’histoire. Celle de l’Underground Railroad, une organisation clandestine qui aida des dizaines de milliers d’esclaves à fuir le Sud pour se réfugier dans les états du Nord ou au Canada. Mais le chemin est long et dangereux, la traque impitoyable.

Reste un livre qui, malgré tout ça, n’a pas réussi à m’accrocher. Parfois, ça ne prend pas. Crotte.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d'avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu'elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s'enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.

De la Caroline du Sud à l'Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d'esclaves qui l'oblige à fuir, sans cesse, le « misérable coeur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.

L'une des prouesses de Colson Whitehead est de matérialiser l'« Underground Railroad », le célèbre réseau clandestin d'aide aux esclaves en fuite qui devient ici une véritable voie ferrée souterraine, pour explorer, avec une originalité et une maîtrise époustouflantes, les fondements et la mécanique du racisme.

À la fois récit d'un combat poignant et réflexion saisissante sur la lecture de l'Histoire, ce roman, couronné par le prix Pulitzer, est une oeuvre politique aujourd'hui plus que jamais nécessaire

I am Not Your Negro

Le livre d’un film documentaire de Raoul Peck sur James Baldwin. Conçu autour de ses citations, interviews, extraits de discours et d’écrits sur le racisme et la ségrégation aux États-Unis.

I am not your negro de James Baldwin et Raoul Peck
I am not your negro de James Baldwin et Raoul Peck

Très (trop) court et prenant, militant et pédagogique. Pour voir ou revoir le film.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
« Ce que les Blancs doivent faire, c'est essayer de trouver au fond d'eux-mêmes pourquoi, tout d'abord, il leur a été nécessaire d'avoir un « nègre », parce que je ne suis pas un « nègre ». Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu'il vous en faut un. »
James Baldwin

Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d'un livre sur l'Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr. Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s'aidant des notes prises par l'écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire - salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars - aujourd'hui devenu un livre, formidable introduction à l'oeuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d'humanité de l'histoire des Noirs aux États-Unis et de l'aveuglement de l'Occident

Là où naissent les ombres

Un western très noir, avec des phrases aussi courtes que l’esprit des épaisses brutasses qui parcourent ce livre.

Là où naissent les ombres de Colin Winette
Là où naissent les ombres de Colin Winette

Pas de plan, pas de scénario, pas d’idées. Peut-être un infime questionnement du genre où dormir ce soir voir à plus long terme, qui tuer ou comment survivre.

4e de couv, résumé de l'éditeur ou trouvé ailleurs (pas de moi, donc)
Brooke et Sugar se disent frères et sont chasseurs de primes. Partout où ils passent, ils sèment effroi et désolation. Contraints de quitter la ville après une tuerie particulièrement violente, ils se réfugient dans les bois. Un matin, à leur réveil, ils trouvent à leurs côtés un mystérieux garçon amnésique. Ils l'appellent Bird et en font leur mascotte. Lors d'une expédition punitive dans un village, les deux frères sont capturés par la police locale et mis en prison. Brooke parvient à s'enfuir, mais Sugar, sorte de bête humaine, sale et effrayante, reste derrière les barreaux.

Là où naissent les ombres est un western acide et désespéré auquel seuls une veuve, un orphelin et un nourrisson apportent une touche d'humanité